BERLIN : La chancelière allemande Angela Merkel s'est dite mardi ouverte, sous condition, à l'idée d'utiliser dans l'UE le vaccin anti-Covid russe, sujet à controverses, après la parution de résultats scientifiques positifs sur son efficacité.
Au total, au moins 101 317 005 injections de vaccin ont été réalisées dans au moins 77 pays ou territoires, selon un comptage de l'AFP mardi. Les pays à revenu élevé, qui n'hébergent que 16% de la population mondiale, concentrent 65% des doses administrées.
Israël est, de loin, le plus en avance, plus d'un tiers de sa population (37%) ayant déjà reçu au moins une dose. En valeur absolue, ce sont les Etats-Unis, pays le plus touché par la pandémie (plus de 443 000 morts), qui font la course en tête, avec 32,2 millions de doses administrées à 7,9% de leur population.
Selon des résultats publiés mardi dans la revue médicale The Lancet et validés par des experts indépendants, le vaccin Spoutnik V, au sujet duquel la Russie avait été accusée de manquer de transparence, est efficace à 91,6% contre les formes symptomatiques du Covid-19.
« Les résultats rapportés ici sont clairs et le principe scientifique de cette vaccination est démontré », ont estimé deux spécialistes britanniques dans un commentaire joint à l'étude du Lancet.
L'UE sur la sellette
Critiquée comme d'autres dirigeants européens pour la lenteur des vaccinations par rapport à des pays comme le Royaume-Uni ou les Etats-Unis, la chancelière allemande a déclaré que »tous ceux qui obtiennent une autorisation de l'EMA (Agence européenne des médicaments) seront absolument bienvenus, j'ai parlé précisément de ce point avec le président russe » Vladimir Poutine.
Mme Merkel a aussi entrouvert la porte au vaccin chinois, soulignant qu'un pays comme « la Serbie vaccine plus vite » que le reste de l'Europe « avec le vaccin chinois ».
Les 40 000 premières doses de Spoutnik V sont arrivées mardi en Hongrie, premier pays de l'UE à l'avoir autorisé. L'Agence européenne des médicaments ne s'est pas encore prononcée.
Outre la Russie, ce vaccin a été homologué dans 16 pays: d'ex-républiques soviétiques restées proches comme le Bélarus et l'Arménie, des alliés comme le Venezuela et l'Iran, mais aussi la Corée du Sud, l'Argentine, l'Algérie, la Tunisie ou le Pakistan.
Dans la tourmente, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dû défendre mardi sa stratégie de vaccination devant les principaux groupes politiques au Parlement européen, lors d'une série d'auditions à huis clos.
Elle s'était auparavant exprimée dans plusieurs journaux européens, rappelant que « la Commission et les Etats membres étaient d’accord pour ne pas transiger avec les exigences de sécurité et d’efficacité qui sont liées à l’autorisation d’un vaccin ».
Dans l'UE, 12,7 millions de doses de vaccins ont été administrées à 2,3% de la population. Malte est en tête (5,4% de la population), suivie du Danemark (3,2%) et de la Pologne (3,1%).
Comme l'a fait le gouvernement allemand lundi, le président français Emmanuel Macron a réuni mardi les grands acteurs pharmaceutiques européens pour les encourager à accroître et accélérer la production de vaccins.
Sur la chaîne TF1, il a promis que « d'ici la fin de l'été, nous aurons proposé un vaccin à tous les Français qui le souhaitent », t le début de la production de vaccins dans des usines françaises fin février ou début mars.
L'annonce par plusieurs laboratoires d'une augmentation de leurs livraisons devrait permettre une accélération de la vaccination dans l'UE.
L'allemand BioNTech a annoncé lundi une accélération des livraisons à l'UE du vaccin développé avec l'américain Pfizer, promettant jusqu'à 75 millions de doses supplémentaires au deuxième trimestre. Pfizer estime que les ventes de son produit atteindront 15 milliards de dollars cette année.
Le britannique AstraZeneca, qui subit les foudres des dirigeants européens en raison de retards, va finalement augmenter de 30% au premier trimestre les livraisons de son vaccin, autorisé vendredi dernier sur le marché européen.
Les autorités sanitaires françaises et suédoises ont indiqué mardi qu'elles ne recommandaient pas l'AstraZeneca aux plus de 65 ans, faute de données disponibles sur son efficacité dans cette classe d'âge.
Adieu « Captain Tom »
En Europe, l'Italie et la Pologne ont assoupli lundi leur dispositif anti-Covid et rouvert leurs musées, mais leurs voisins continuent de durcir les mesures restrictives, notamment en matière de voyages, pour lutter contre une pandémie qui a fait plus de 2,2 millions de morts à ce jour et repart à cause des variants du coronavirus.
Le gouvernement espagnol va ainsi limiter strictement les vols en provenance d'Afrique du Sud et du Brésil durant deux semaines, tandis que l'Ecosse va imposer une « quarantaine encadrée » aux voyageurs arrivant de l'étranger.
En France, où les frontières ont été fermées aux pays extérieurs à l'UE, les premiers résultats en région parisienne de l'enquête sur la présence des variants plus contagieux du Covid-19 « ne sont pas bons », selon les autorités sanitaires, qui évoquent « une croissance exponentielle ».
Le Portugal, épicentre de l'épidémie ces derniers jours en Europe, a fait appel à l'aide internationale pour soulager ses hôpitaux saturés.
Les Pays-Bas ont prolongé mardi la plupart des restrictions anti-Covid jusqu'au 2 mars. Les écoles primaires et garderies rouvriront néanmoins lundi, et les magasins non essentiels pourront proposer de la vente à emporter le 10 février.
La Roumanie va également rouvrir lundi la plupart de ses écoles, fermées depuis le 9 novembre.
Pays le plus touché d'Europe (plus de 106 000 morts), le Royaume-Uni pleure le décès mardi, à l'âge de 100 ans, du vétéran britannique de la Seconde guerre mondiale Tom Moore, adulé pour avoir réuni une somme record pour les soignants (37 millions d'euros!) pendant le premier confinement du printemps. « Captain Tom » avait été testé positif au Covid-19 et hospitalisé dimanche.