RAMALLAH: L'Autorité palestinienne a débuté mardi la vaccination en Cisjordanie occupée auprès du personnel médical, après avoir reçu 2 000 vaccins d'Israël, sous pression de l'ONU et d'ONG pour faciliter cette campagne en territoires palestiniens.
Dimanche, le gouvernement israélien avait annoncé son intention de fournir 5 000 doses de vaccins à l'Autorité palestinienne qui a confirmé le lendemain avoir reçu 2 000 doses du vaccin Moderna de la part de l'Etat hébreu.
« Nous avons envoyé 5 000 doses aux Palestiniens (...) Nous ne sommes pas une île, nous ne sommes pas la Nouvelle-Zélande ou l'Australie, nous vivons aux côtés des Palestiniens, et ils viennent travailler ici », a déclaré mardi soir à Jérusalem le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
« Nous avons commencé aujourd'hui et dès demain nous allons envoyer des vaccins dans la bande de Gaza (...) notre plus grande priorité est de vacciner le personnel médical, en particulier ceux qui travaillent dans les unités de soins intensifs », a déclaré de son côté, à Ramallah, la ministre palestinienne de la Santé, Mai al-Kaila.
« Même si la quantité de vaccins reçue ne nous permet de vacciner que 1.000 personnes (une personne devant recevoir deux doses, NDLR), nous commençons avec ceux qui sont en première ligne avec les patients, en attendant le reste des vaccins », a indiqué Ali Abed Rabbo, directeur général du ministère de la Santé palestinien.
Mardi en début de soirée, des médecins palestiniens ont confirmé que la vaccination venait bien de débuter, tandis que la télévision officielle diffusait les premières images montrant des membres du personnel médical se faisant vacciner, le visage barré d'un masque sanitaire.
L'Autorité palestinienne avait indiqué début janvier que les quatre contrats pour l'achat de vaccins à l'étranger, dont le russe Spoutnik V, permettraient de couvrir 70% de la population palestinienne.
Mi-février
L'Autorité palestinienne, qui siège en Cisjordanie, espère en recevoir au moins 50 000 autres d'ici mi-février après avoir signé plusieurs contrats avec des laboratoires étrangers.
La plupart des vaccins qui doivent être délivrés aux Palestiniens le seront grâce au dispositif « Covax » d'aide aux pays les plus pauvres, mis en place par l'Organisation mondiale de la santé et l'Alliance pour les vaccins (Gavi), avait indiqué lundi le Premier ministre Mohammed Shtayyeh.
Celui-ci avait affirmé qu'une partie des vaccins serait allouée aux Palestiniens de la bande de Gaza, enclave de deux millions d'habitants séparée géographiquement de la Cisjordanie par Israël et sous contrôle du mouvement islamiste Hamas.
Le ministère palestinien de la Santé a officiellement recensé environ 108 300 personnes contaminées par le virus dont 1 325 décès, en Cisjordanie occupée, où vivent 2,8 millions de Palestiniens. A Gaza, le mouvement islamiste Hamas au pouvoir a recensé 51 670 malades du Covid-19, dont 523 décès.
« Les stocks de vaccins à l'Autorité palestinienne seront partagées de façon équitable », entre la Cisjordanie et Gaza, a indiqué le docteur Majdi Dheir, haut responsable au ministère de la Santé dans cette enclave.
« Le vaccin sera gratuit et optionnel », a-t-il ajouté disant toutefois viser la vaccination d'environ 60% des deux millions d'habitants de Gaza, territoire où 40% de la population a moins de 15 ans.
Rôle d'Israël ?
Le nouveau coordinateur de l'ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, a appelé la semaine dernière Israël, qui a déjà vacciné 3,2 millions de ses citoyens, à faciliter la vaccination des Palestiniens contre le Covid-19, évoquant les « obligations d'Israël en vertu du droit international ».
Selon Human Rights Watch (HRW), Israël a « l'obligation », à titre de puissance « occupante », de « fournir » des vaccins aux 2,8 millions de Palestiniens en Cisjordanie occupée et aux deux millions d'habitants de la bande de Gaza, sous blocus israélien.
Selon Alan Baker, ex-diplomate israélien ayant travaillé sur le processus de paix israélo-palestinien d'Olso dans les années 90, Israël n'a « aucune obligation de fournir des vaccins aux Palestiniens » car ces accords « transféraient les pouvoirs » en matière de santé aux Palestiniens.
« Mais je pense qu'il s'agit avant tout d'une question éthique, plus que politique ou économique », a rétorqué mardi Ali Abed Rabbo, le directeur général du ministère de la Santé palestinien.