PARIS: des dizaines de condamnés pour terrorisme pris en charge et aucune récidive: des programmes de déradicalisation expérimentés depuis quatre ans par le gouvernement affichent des résultats «rassurants», selon une étude d'un centre de recherche parue lundi.
Les programmes personnalisés de désengagement et de réinsertion des djihadistes mis en place par le gouvernement depuis quatre ans (RIVE, puis PAIRS) sont-ils un succès? Après avoir étudié leurs résultats, Marc Hecker, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri), se garde de donner une réponses définitive.
Mais dans l'étude qu'il a menée d’août 2019 à octobre 2020, il souligne que ces deux dispositifs en milieu ouvert affichent jusqu'ici «un résultat rassurant»: «parmi les dizaines de condamnés pour faits de terrorisme suivis», «aucun n’a récidivé».
Ce bilan permet de nuancer la situation dans un pays qui «s'est engagé tardivement» dans la déradicalisation, un sujet qui «pâtit d’une mauvaise réputation tenace», des tentatives peu concluantes d'avant 2016 ayant donné lieu à des «dérives», souligne-t-il.
RIVE (Recherche et intervention sur les violences extrémistes) a été mis en place en 2016 et a pris en charge 22 personnes. PAIRS (Programmes d'accompagnement individualisé et de réaffiliation sociale) lui a succédé en 2018 et en a jusqu'ici encadré 120.
Ces dispositifs accompagnent individuellement en milieu ouvert des «radicalisés» qui nécessitent un accompagnement renforcé mais pas - ou plus - une incarcération, donc pas ceux considérés comme particulièrement dangereux.
Désormais installé à Paris, Marseille, Lyon et Lille, PAIRS est un discret programme pluridisciplinaire et modulable encadré par des travailleurs sociaux, des conseillers en insertion professionnelle, des psychologues et des médiateurs du fait religieux.
Sur les 64 détenus pour des actes de terrorisme en lien avec la mouvance islamiste (TIS) pris en charge par PAIRS, «seul un est retourné en détention», mais «pour des faits de délinquance», non pour du terrorisme, note M. Hecker.
Quant aux détenus de droit commun susceptibles d'être considérés comme présentant un risque important de radicalisation violente (DCSR) passés par PAIRS, neuf ont été réincarcérés», et «pour des raisons généralement davantage liées à leur passé délinquant qu’à la radicalisation».
«La conclusion de cette étude est encourageante et incite à poursuivre» et améliorer ce type de dispositifs, souligne M. Hecker, à l'heure où la remise en liberté des détenus pour des affaires liées au terrorisme inquiète dans l'opinion.
Plus de 500 détenus «TIS» et plus de 1 110 «DCSR» sont actuellement incarcérés dans les établissements pénitentiaires français, selon l'administration pénitentiaire.