Cela fait déjà plus de sept mois que nous avons entendu parler du coronavirus (COVID-19) pour la première fois. La pandémie a rapidement mis le monde a l’arrêt, nous a tous enfermés pour plusieurs semaines, a fait des centaines de milliers de morts et a entraîné la perte de millions d’emplois. Alors que nous apprenons encore à cohabiter avec le virus et que nous essayons d’apporter un sentiment de normalité dans nos vies, ce virus vicieux a veillé à ne rien laisser comme avant.
De toutes les industries affectées, l’industrie de l’aide a été la plus sévèrement touchée. Tandis que les pays du monde entier se sont mobilisés pour se soutenir mutuellement en envoyant du matériel et des professionnels médicaux, d’autres secteurs qui font partie de l’industrie de l’aide n’ont pas été soutenus. Alors, qu’est-il arrivé à l’industrie de l’aide et comment les plus défavorisés seront-ils affectés ?
La pandémie de coronavirus a non seulement créé une crise économique et sanitaire, mais elle a aussi abouti à l’une des pires crises humanitaires depuis la Seconde guerre mondiale. Elle a gravement nui au secteur humanitaire au cours des derniers mois. À mesure que les cas de virus augmentent, presque tous les gouvernements réorientent leurs fonds d'aide internationale, réduisent leurs efforts à l'étranger et concentrent leur attention sur leurs propres pays. Cela comprend des aides monétaires, de la nourriture, des fournitures, des travailleurs humanitaires et bien plus encore.
Au cours des derniers mois, les efforts dans le secteur de la santé ont subi des changements drastiques, passant du financement de programmes préventifs, de vaccins contre les maladies évitables telles que la polio et la rougeole, et de programmes de nourriture et de nutrition, jusqu’à la réponse à leur propres défis sanitaires et sécuritaires durant la pandémie. Des convois et des groupes d’aide ont également vu leurs efforts interrompus en raison de la fermeture des frontières et des restrictions de voyage, ce qui rend encore plus difficile d’atteindre les groupes vulnérables dans les régions éloignées.
En outre, des défis mondiaux concernant la santé des femmes ont été directement impactés — en particulier ceux qui soutiennent la santé maternelle, la planification familiale, les grossesses et la protection contre la violence sexiste. L’impact a été immédiatement ressenti lorsque les familles étaient confinées et que les cas de violence conjugale et de maltraitance ont commencé à grimper.
La ramification de ces tendances pourrait être catastrophique, à court terme comme à long terme. En Afghanistan, par exemple, des infections par la polio ont été signalées dans des zones précédemment déclarées indemnes de la maladie après l'arrêt des programmes de vaccination. Toujours en raison du coronavirus, Oxfam — l’une des plus grandes organisations de développement au monde qui se concentre sur la réduction de la pauvreté dans le monde — a annoncé en mai la fermeture de 18 de ses bureaux de pays, affectant environ 1 450 membres du personnel du programme et 700 organisations partenaires.
La pandémie de coronavirus a non seulement créé une crise économique et sanitaire, mais elle a aussi abouti à l’une des pires crises humanitaires depuis la Seconde guerre mondiale
Le nombre de personnes qui subiront la famine pourraient presque doubler, de 135 millions à 265 millions, selon le Programme alimentaire mondial de l’ONU. La crise aggravera la situation dans les pays en situation d’insécurité alimentaire extrême, tels que le Yémen, le Nigéria et le Soudan du Sud. De plus, « les pertes économiques mondiales feront probablement passer 34,3 millions de personnes supplémentaires sous le seuil de pauvreté extrême en 2020 », d’après un rapport publié par l’ONU. En outre, dans un rapport révisé, la Banque mondiale a publié de nouveaux chiffres estimant que, dans le pire des cas, environ 100 millions de personnes pourraient tomber dans l'extrême pauvreté. Ce tableau est particulièrement décevant pour l'Afrique subsaharienne, l'Inde et l'Asie du Sud.
En raison de la grave pénurie de fonds et de matériel et de la crise économique en plein essor, les grands donateurs ont été contraints de réévaluer leur aide et devront très probablement réduire ou suspendre complètement leur soutien. Cependant, il est aujourd'hui plus critique que jamais d'augmenter notre aide humanitaire plutôt que de la réduire.
D’abord, les organisations, les bénéficiaires et les groupes vulnérables ciblés dépendaient fortement de l’assistance internationale, et la suspension des programmes d’aide aggraveront une situation déjà difficile. La réduction des programmes d'aide à la santé, à l'éducation et à la sécurité pourrait mettre des populations entières au risque de maladies, de malnutrition et de déplacement. De plus, une baisse de l'aide pourrait signifier que les communautés deviennent encore plus vulnérables au virus, et une épidémie au sein de ces communautés pourrait être très difficile à contrôler, mettant ainsi le reste du monde en danger.
Le monde est toujours sous le choc de la pandémie de coronavirus. Plusieurs experts ont déduit que les pires effets restent à venir, car de nombreuses politiques d’allègement et d’aide sociale expireront cet été. Alors que certains pays ont toujours du mal à contrôler le virus, d’autres se heurtent à la possibilité d’une nouvelle vague. La combinaison de toutes ces inquiétudes a mis les donateurs dans une position difficile en ce qui concerne la priorisation des besoins dans leurs pays. La réduction ou la suppression de l’aide et l’assistance n’est pas un luxe que nous pouvons nous permettre, surtout après les séquelles du coronavirus. Il est temps de souligner une fois de plus l’importance de nos efforts continus et de notre soutien au bien commun afin d’assurer que nous survivons tous à la pandémie.
Asma I. Abdulmalik est une fonctionnaire et auteure émiratie intéressée par les questions de développement et d’égalité des sexes.
Twitter : @Asmaimalik
L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français
Ce texte est la traduction d'un article paru sur ArabNews.com