PARIS: Dans une rare tribune commune, les patrons de Suez et Veolia, leaders mondiaux des services à l'environnement, appellent jeudi la France à mieux investir dans les infrastructures, notamment celles de l'eau.
"La ‘percée verte’ aux élections municipales de dimanche représente, pour les industriels de l'environnement que nous sommes, une bonne nouvelle à saluer, et un formidable défi à relever", soulignent le PDG de Veolia Antoine Frérot et le directeur général de Suez Bertrand Camus, dans ce texte publié par Les Echos.
"Nous accueillons avec enthousiasme le travail de la Convention citoyenne pour le climat. Nous sommes prêts à assumer toute notre part. Cependant, si la gestion des déchets et la transition vers une économie circulaire sont abordées, l'eau et la biodiversité sont insuffisamment prises en compte", écrivent-ils.
Pour eux, "la France passerait à côté d'une opportunité majeure de créer des dizaines de milliers d'emplois non délocalisables et de contribuer significativement à la transition écologique mondiale, si elle ne s'appuyait pas davantage sur ses industriels pionniers des services de l'environnement".
Or "le sous-investissement dans nos infrastructures environnementales (eaux, déchets) dégrade notre qualité de vie en même temps qu'il décourage les industriels français de l'environnement à investir pour conserver leur leadership mondial dans cette industrie stratégique", estiment-ils.
Le patron de Veolia, numéro un du secteur, et celui de Suez, numéro deux, évaluent les subventions annuelles supplémentaires nécessaires d'ici à 2025 "à 3,3 milliards d'euros pour l'eau, 1,75 milliard d'euros pour le traitement des déchets et 450 millions d'euros pour l'air".
"Avec ces sommes mesurées (27,5 milliards d'euros sur cinq ans), représentant environ 0,1 % du PIB annuel de la France, nous pouvons transformer la qualité de l'air que nous respirons, de l'eau que nous buvons et qui irrigue nos sols et nos cultures, de la terre dont nous ne sommes que des locataires. En ancrant la France dans l'économie circulaire, il est possible de réduire de près de 5% les émissions nationales annuelles de CO2 et d'économiser la consommation d'énergie d'environ 18 réacteurs nucléaires", assurent-ils.
Avec ce plan, "plusieurs dizaines de milliers d'emplois directs et indirects pourraient être créés en France d'ici à 2025, tout en fortifiant une filière d'excellence française", affirment les dirigeants de ces deux groupes français, qui emploient près de 350.000 personnes dans le monde dont 81.000 en France.