Au Maroc, d’anciens détenus devenus nouvelles stars de YouTube

Une entrée de la prison de Kénitra, au nord de Rabat, au Maroc. (Abdelhak Senna/AFP
Une entrée de la prison de Kénitra, au nord de Rabat, au Maroc. (Abdelhak Senna/AFP
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Publié le Vendredi 29 janvier 2021

Au Maroc, d’anciens détenus devenus nouvelles stars de YouTube

  • Ilyas Korrari, sensation sur YouTube, parle à cœur ouvert à ses milliers d'abonnés, "c'est comme une thérapie"
  • La direction de l'administration pénitentiaire (DGAPR) a indiqué "ne pas accorder d'importance à ces chaînes YouTube, préférant ne pas réagir aux "mensonges qu'elles véhiculent"

RABAT, Maroc : "Il fallait être un as pour vendre, comme moi, de la drogue en prison". Mohamed Moustadraf n'est jamais à court d'anecdotes quand il évoque sa vie dans les prisons du Maroc, face caméra sur sa chaîne YouTube.

Comme cet ancien trafiquant de drogue ayant passé au total 23 ans en détention, une vingtaine d'ex-détenus marocains cumulent des millions de vues en s'exprimant sur la plateforme vidéo pour sensibiliser les jeunes aux risques de la vie criminelle.

Ils racontent l'univers impitoyable du milieu carcéral: dangereuses rivalités entre détenus, guerres contre les fonctionnaires des services pénitentiaires, mauvais traitements, surpeuplement.

"En prison comme dehors, je gagnais beaucoup d'argent mais il me manquait une seule chose: ma liberté. Aujourd'hui j'essaie d'en profiter et de partager mon expérience (...), surtout avec les jeunes", lance, solennel, M. Moustadraf alias "Slaoui".

Ilyas Korrari, autre sensation sur YouTube, parle à cœur ouvert à ses milliers d'abonnés, "c'est comme une thérapie".

"Avant, les gens m'évitaient, me regardaient de travers ou pire avaient peur de moi (...). J'avais tellement de haine en moi (...) mais la caméra m'a guéri", explique à l'AFP cet ancien trafiquant de stupéfiants, T-shirt moulant, cheveux gominés et barbe impeccablement taillée.

Cet homme de 38 ans décide de "changer radicalement de vie" à sa dernière sortie de prison en 2018 et se met à partager des vidéos retraçant ses dix-sept années tumultueuses derrière les barreaux.

Sa chaîne compte plus de 240.000 abonnés et cumule plus de 21 millions de vues. S'il assure que ses revenus liés à YouTube sont "marginaux", son succès lui a donné des ailes: il y a un an, il a monté une petite société de production audiovisuelle.

"Changer le regard"

Mohamed Moustadraf a créé sa chaîne YouTube en 2019 pour "changer le regard des gens sur les anciens détenus" car "ce n'est pas parce qu'on a fait de la prison qu'on est une personne sans foi ni loi".

A 48 ans, ce père de trois enfants dit avoir "tourné la page de l'illégalité" après sa dernière sortie de prison en 2016. Il gagne désormais sa vie comme chef de chantier à Rabat.

Avec son bagout et sa dégaine style années 1980 -queue de cheval, survêtement, grosse montre dorée-, il cumule plus de treize millions de vues avec les vidéos diffusées depuis chez lui.

Il y raconte les problèmes structurels du milieu carcéral : prisonniers "entassés", surveillants "corrompus", micro-réseaux de trafic de drogue. Il alerte notamment sur les décès suspects et les violations des droits des détenus.

Selon lui, survivre en prison exige de "gravir les échelons, d'être endurant, de supporter la torture et les injustices". 

La direction de l'administration pénitentiaire (DGAPR) a indiqué "ne pas accorder d'importance à ces chaînes YouTube, préférant ne pas réagir aux mensonges qu'elles véhiculent". Tout en assurant "accorder beaucoup d'intérêt aux vidéos publiées par des familles de détenus contenant des plaintes ou des allégations de maltraitance".

Réclusion volontaire

Les récits sur YouTube résonnent pourtant avec les rapports officiels: la DGAPR qualifie le surpeuplement carcéral de "problème chronique" dans une note publiée en 2020. La surface moyenne par détenu est de 1,8 m2, selon la Cour des comptes.

Avec plus de 86.000 détenus en 2019, le taux d'occupation dépasse 250% de la capacité de certains établissements, précise le dernier rapport de l'Observatoire des prisons.

Cette ONG marocaine pointe aussi "le manque d'hygiène, la carence en personnel soignant" et l'accès "défaillant" aux soins de santé. Et près de 700 détenus ont déposé plainte pour "mauvais traitement" en 2019.

Pour Mohamed Bentazout, libéré en 2019 après plus de vingt ans de réclusion, "les chaînes d'anciens détenus ont comblé un vide, laissé par les médias officiels".

Condamné pour meurtre dans les années 1990, cet ancien boxeur de 57 ans a toujours clamé son innocence et tente d'obtenir une révision de son cas.

Ses apparitions sur YouTube lui ont permis de toucher un "large public au Maroc et dans le monde". Les images sont frappantes car, pour dénoncer une "injustice criante", il vit depuis sa libération dans une cellule minuscule construite sur la terrasse de la maison familiale.


Décès de Daniel Bilalian, ex-présentateur des JT de France Télévisions, à 78 ans

Daniel Bilalian, ex-présentateur des journaux télévisés d'Antenne 2 puis France 2, est décédé mercredi à 78 ans des suites d'une maladie, a annoncé jeudi sa famille à l'AFP.  Figure de l'audiovisuel bien connue des téléspectateurs pendant plus de 40 ans, il avait aussi été patron du service des sports de France Télévisions. (AFP)
Daniel Bilalian, ex-présentateur des journaux télévisés d'Antenne 2 puis France 2, est décédé mercredi à 78 ans des suites d'une maladie, a annoncé jeudi sa famille à l'AFP. Figure de l'audiovisuel bien connue des téléspectateurs pendant plus de 40 ans, il avait aussi été patron du service des sports de France Télévisions. (AFP)
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  • Le journaliste a été successivement grand reporter, présentateur et rédacteur en chef des journaux de 13h00 et de 20h00, et a également produit les magazines "Star à la barre" et "Mardi soir"
  • Né le 10 avril 1947 à Paris d'un père arménien et d'une mère originaire du Pas-de-Calais, Daniel Bilalian avait débuté sa carrière au quotidien l'Union de Reims en 1968

PARIS: Daniel Bilalian, ex-présentateur des journaux télévisés d'Antenne 2 puis France 2, est décédé mercredi à 78 ans des suites d'une maladie, a annoncé jeudi sa famille à l'AFP.

Figure de l'audiovisuel bien connue des téléspectateurs pendant plus de 40 ans, il avait aussi été patron du service des sports de France Télévisions.

Il avait pris sa retraite à l'automne 2016, à presque 70 ans, et avait depuis disparu des écrans.

Le journaliste a été successivement grand reporter, présentateur et rédacteur en chef des journaux de 13h00 et de 20h00, et a également produit les magazines "Star à la barre" et "Mardi soir".

Né le 10 avril 1947 à Paris d'un père arménien et d'une mère originaire du Pas-de-Calais, Daniel Bilalian avait débuté sa carrière au quotidien l'Union de Reims en 1968.

Il était entré à l'ORTF au bureau régional d'information de Reims en 1971, puis de Lille en 1972.

Daniel Bilalian avait ensuite rejoint la direction nationale d'Antenne 2 au service de politique intérieure, une "maison" qu'il ne quittera pas jusqu'à sa retraite.

 


Cannes: la compétition retrouve la vedette, hommage à la photographe gazaouie tuée

Fatima Hassouna. cette Gazaouie de 25 ans est la protagoniste d'un documentaire réalisé par l'Iranienne Sepideh Farsi qui sera projeté jeudi soir. (AFP)
Fatima Hassouna. cette Gazaouie de 25 ans est la protagoniste d'un documentaire réalisé par l'Iranienne Sepideh Farsi qui sera projeté jeudi soir. (AFP)
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  • Cette troisième journée sera aussi marquée par l'hommage rendu à la photographe palestinienne Fatima Hassouna, tuée par un missile israélien à Gaza le 16 avril
  • "Put your soul on your hand and walk", sélectionné à l'Acid, une section parallèle au Festival de Cannes, dévoile les échanges en visio entre la réalisatrice, réfugiée à Paris, et la photographe, chez elle à Gaza.

CANNES: Après Tom Cruise et la grosse machine hollywoodienne, le tapis rouge cannois remet les films en compétition à l'honneur jeudi, avec un premier long-métrage français, "Dossier 137" de Dominik Moll dans lequel figure Léa Drucker, et "Sirât" avec Sergi Lopez.

La présentation de "Dossier 137" se fera sans l'un de ses acteurs, écarté en raison d'un signalement pour des violences sexuelles présumées par le délégué général du festival Thierry Frémaux, une décision inédite en accord avec la production du film, selon une information de Télérama confirmée par l'AFP.

Cette troisième journée sera aussi marquée par l'hommage rendu à la photographe palestinienne Fatima Hassouna, tuée par un missile israélien à Gaza le 16 avril.

Cette Gazaouie de 25 ans est la protagoniste d'un documentaire réalisé par l'Iranienne Sepideh Farsi qui sera projeté jeudi soir.

"Put your soul on your hand and walk", sélectionné à l'Acid, une section parallèle au Festival de Cannes, dévoile les échanges en visio entre la réalisatrice, réfugiée à Paris, et la photographe, chez elle à Gaza.

Sa mort, ainsi que celle de toute sa famille à l'exception de sa mère, dans la frappe qui a détruit sa maison, a suscité une immense émotion dans le monde du cinéma.

Mardi, jour de l'ouverture du festival, une tribune signée par 380 artistes dont Pedro Almodovar, Richard Gere ou Susan Sarandon a appelé à "ne pas rester silencieux.se.s tandis qu'un génocide est en cours à Gaza".

Lors de la cérémonie d'ouverture, la présidente du jury Juliette Binoche a rendu un hommage appuyé à la jeune photographe, rappelant que "Fatima aurait dû être parmi nous ce soir".

Habitués de Cannes 

La star française et les huit autres jurés, qui dévoileront leur palmarès le 24 mai, découvriront jeudi deux autres films programmés en compétition.

Dans "Dossier 137" (1h55), de Dominik Moll, la Française Léa Drucker incarne une fonctionnaire de l'IGPN, la police des polices, chargée d'enquêter sur le cas d'un jeune homme blessé par un tir de LBD lors d'une manifestation de Gilets jaunes.

Avec ce film policier, le cinéaste révélé par "Harry, un ami qui vous veut du bien" revient à Cannes après avoir renoué avec le succès en présentant il y a trois ans sur la Croisette "La Nuit du 12", sans être en compétition pour la Palme d'or. Le film, qui abordait la question des violences faites aux femmes, avait ensuite remporté sept César, dont celui de meilleur film.

L'autre long-métrage du jour, "Sirât" (2h00), suit un père (Sergi Lopez) et son fils qui partent à la recherche de Mar, leur fille et soeur, disparue depuis plusieurs mois.

Leur quête les mène dans une free party perdue dans les montagnes du sud du Maroc, où le duo va rencontrer un groupe de ravers en route pour une dernière fête dans le fin fond du désert. Ils vont décider de les suivre, dans l'espoir de retrouver Mar.

L'Espagnol Oliver Laxe n'est lui non plus pas un inconnu à Cannes. Son dernier long métrage, "O que Arde" (Viendra le feu), avait été récompensé d'un prix du jury dans la section "Un certain regard" en 2019. En 2016, le cinéaste avait remporté le Grand prix de la Semaine de la critique pour "Mimosas, la voie de l'Atlas".


A Cannes, la dernière «Mission: Impossible» de Tom Cruise

L'acteur et producteur américain Tom Cruise arrive à la projection du film "Mission : Impossible - The Final Reckoning" lors de la 78ème édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 14 mai 2025. (AFP)
L'acteur et producteur américain Tom Cruise arrive à la projection du film "Mission : Impossible - The Final Reckoning" lors de la 78ème édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 14 mai 2025. (AFP)
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  • Après avoir conduit son héros aux quatre coins de la planète, c'est à Cannes que Tom Cruise a mis un point présenté comme final à "Mission: Impossible", en présentant le huitième volet d'une saga aux millions de fans
  • "Mission: Impossible - The Final Reckoning" a été décrit par ses producteurs comme l'ultime volet de cette franchise très rémunératrice, portée sur grand écran par Brian De Palma en 1996

CANNES: Après avoir conduit son héros aux quatre coins de la planète, c'est à Cannes que Tom Cruise a mis un point présenté comme final à "Mission: Impossible", en présentant le huitième volet d'une saga aux millions de fans.

"Mission: Impossible - The Final Reckoning" a été décrit par ses producteurs comme l'ultime volet de cette franchise très rémunératrice, portée sur grand écran par Brian De Palma en 1996.

Tom Cruise le trompe-la-mort a-t-il définitivement enterré Ethan Hunt ? A l'issue d'une projection d'une durée record de 02H49 au Palais des Festivals, le doute reste permis.

Dans le film, en salles en France le 21 mai et dans la même semaine dans le reste du monde, le héros poursuit sa lutte contre une impitoyable intelligence artificielle, appelée l'Entité, qui cherche à anéantir l'humanité en prenant le contrôle des principaux arsenaux nucléaires.

Le public a son lot de scènes d'action mais seulement au bout d'une heure, au terme de longues scènes introductives, un comble pour une série qui mise tout sur les cascades les plus folles, garanties sans trucage, de Tom Cruise.

Au rayon des nouveautés, dans cet opus écrit et tourné avant la réélection de Donald Trump, une Afro-américaine a été élue présidente des Etats-Unis, en la personne de l'ancienne directrice de la CIA Erika Sloane, jouée par Angela Bassett. Et intelligence artificielle mise à part, les ennemis restent les Russes.

Visuellement, le précédent opus, "Dead Reckoning" (2023), avait mis la barre haute, avec de mémorables scènes de combat dans un train chutant dans le vide ou un vertigineux saut à moto depuis une falaise.

"The Final Reckoning" relève le gant et propose une plongée dans une épave de sous-marin gisant au fond des abysses et un combat aérien à bord de bimoteurs.

De film en film, les cascades sont devenues "de plus en plus folles", a retracé l'acteur de 62 ans à Cannes. "Les gens peuvent avoir peur de l'inconnu, ça n'a jamais été mon cas (...) Qu'est-ce que je ressens face à la peur? Je me dis: +ouh, c'est stimulant+", a-t-il plastronné.

"L'aboutissement" 

La franchise dure "depuis 30 ans. C'est le premier film que j'ai officiellement produit et ça signifie tellement pour moi", s'est aussi souvenu Tom Cruise. "On s'est beaucoup amusés à la faire (...) et l'aboutissement intervient maintenant", a-t-il ajouté, aux côtés du réalisateur des derniers films, Christopher McQuarrie.

L'arrivée en costard noir et lunettes aviateur de l'une des dernières stars à pouvoir attirer sur son nom des millions de spectateurs en salles est une belle opération pour le plus grand des festivals de cinéma, au lendemain d'une ouverture très politique, dans un monde déchiré par les conflits et la montée des régimes autoritaires.

En moins de 24 heures, Cannes a accueilli un quota exceptionnel de légendes du cinéma, dont Robert De Niro, Leonardo DiCaprio, et donc Tom Cruise. Sa présence a électrisé le tapis rouge, où a retenti à plusieurs reprises la musique de "Mission: Impossible", signée Lalo Schifrin, jouée par un orchestre.

La journée a également été marquée par l'ouverture de la compétition, avec deux premiers films en lice pour la Palme d'or: "Sound of Falling", un drame allemand réalisé par une nouvelle venue, Mascha Schilinski, sur quatre générations de femmes, et "Deux procureurs", de Sergueï Loznitsa.

Ce dernier résonnera avec l'actualité: grand nom du cinéma ukrainien, le réalisateur remonte à l'époque des purges staliniennes et promet une plongée "dans un régime totalitaire qui ne dit pas son nom".

Dans les sections parallèles, l'émotion était au rendez-vous avec la projection, en ouverture de la Quinzaine des cinéastes, du film "Enzo".

Laurent Cantet, Palme d'or en 2008 avec "Entre les murs", l'a écrit et préparé avec son partenaire de travail de longue date Robin Campillo, distingué du Grand Prix à Cannes pour "120 battements par minute" en 2017.

Cantet est décédé à 63 ans en avril 2024, juste avant le tournage, et le film a donc été bouclé par Campillo, comme un ultime hommage à son ami disparu.