KHARTOUM : Des dizaines de Soudanais ont manifesté dimanche à Khartoum contre les difficultés économiques dans un pays de quelque 40 millions d'habitants asphyxiés par la cherté de la vie, a constaté un correspondant de l'AFP.
« On ne trouve pas une miche de pain à l'école pour le petit-déjeuner », s'est plaint le lycéen Hani Mohamed, qui participait à la manifestation vêtu de son uniforme scolaire.
Depuis la destitution en avril 2019 de l'ex-président Omar el-Béchir sous la pression de la rue, le Soudan s'est enfoncé dans une grave crise économique, héritée de l'ancien régime et menaçant la paix sociale et la fragile transition politique.
Des manifestants ont barré plusieurs axes principaux dans l'Est de la capitale et à Oumdourman, ville jumelle de Khartoum à l'ouest du Nil, « à l'aide de pierres, de troncs d'arbre, de carcasses de vieilles voitures et des pneus en feu », selon un correspondant de l'AFP sur place.
Par ailleurs, la police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser la foule, a ajouté la même source.
En raison de pénuries en tous genres, les Soudanais font quotidiennement plusieurs heures de queue devant les stations-service, les fours à pain ou encore les pharmacies pour des denrées de première nécessité. Et les coupures d'électricité sont fréquentes.
Le pays est miné par une dette colossale – 60 milliards de dollars (49,3 milliards d’euros) – et l'inflation a atteint 269% en décembre 2020, le tout accentué par la pandémie de Covid-19.
Depuis le mois dernier, les autorités de transition, qui ont adopté la semaine dernière le premier budget du pays depuis son retrait de la liste noire américaine des pays « soutenant le terrorisme », espèrent une amélioration de la situation économique.
Début janvier, le Soudan a notamment signé un protocole d'accord avec les États-Unis pour l'aider à rembourser sa dette auprès de la Banque mondiale.
En décembre 2018, le soulèvement populaire qui a chassé M. Béchir, avait notamment été déclenché entre autres par le triplement du prix du pain.