PARIS: Le verdict sur les effets du couvre-feu est attendu cette semaine, qui pourrait donc voir l'annonce de « mesures supplémentaires » appelées »confinement » si les données hospitalières ne baissent pas et si les variants du Covid-19 continuent de se propager.
Dans un entretien avec les lecteurs du journal Le Parisien paru dimanche, le ministre de la Santé Olivier Véran dit attendre « d'être fixé sur les effets du couvre-feu ». « On le sera la semaine prochaine », précise-t-il. « Si ça ne baisse pas et si les variants [du Covid-19]commencent à se diffuser partout », le gouvernement « prendra des mesures supplémentaires », prévient-il. »Et cela s'appelle le confinement ».
« Si on voit que le virus se remet à progresser fortement, on ferme. On le fera si on n'a pas le choix », poursuit M. Véran. Le confinement « qu'on a instauré en octobre a été efficace. Mais je peux vous dire qu'il n'y a pas de plan caché, ni de scénario préécrit ».
Les hôpitaux français comptaient samedi près de 25.900 patients malades du Covid-19, dont quelque 2 900 dans un état grave (et donc en service de réanimation). Des chiffres stables par rapport à la veille, après plusieurs jours d'une lente progression. Redescendu début décembre, le nombre des hospitalisations reste depuis sur un plateau compris entre 24.000 et un peu moins de 26 000.
L'Elysée a indiqué qu'un conseil de défense aurait lieu la semaine prochaine, à une date pas encore dévoilée.
Du côté des écoles, à l'heure actuelle, « la situation permet la continuité scolaire. Mais nous sommes vigilants », assure le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer au journal JDD. « Tout notre travail consiste à éviter cette hypothèse (d'une fermeture des établissements), même si elle reste concevable en cas de nécessité absolue. L’école reste essentielle pour nos enfants », ajoute-t-il.
Par ailleurs, depuis la nuit de samedi à dimanche, présenter un test PCR négatif est devenu obligatoire pour les voyageurs en provenance de l'Union européenne (UE) dans les ports et aéroports français. Le décret a été publié au Journal officiel de dimanche.
L'obligation de présenter un test négatif réalisé 72 heures avant s'appliquait déjà depuis la mi-janvier aux voyageurs en provenance des autres pays.
Les contrôles ont lieu dans les ports et aéroports principalement, soit actuellement quelque 62.000 personnes par semaine selon le ministre délégué chargé des Transports Jean-Baptiste Djebbari. Mais les travailleurs frontaliers et le transport terrestre en sont exemptés.
Des vaccins réguliers?
A Roissy-Charles-de-Gaulle, où des barnums destinés aux tests ont été installés au terminal qui regroupe les vols européens, cette nouvelle règle « ne va pas changer grand chose », a expliqué une source aéroportuaire.
La plupart de ces voyageurs ont déjà un test, les autres pourront effectuer un test antigénique sur place, et « la seule inconnue sera le temps d’attente », a-t-elle précisé.
Sur le front du vaccin, le Premier ministre, Jean Castex, a pu se réjouir samedi que le pays ait franchi le seuil du million de vaccinés contre le virus responsable du Covid-19, au moins avec une première injection.
Fixé pour la fin janvier, ce palier a été franchi quatre semaines après le début de la campagne française de vaccination.
Ces vaccinés font partie des publics prioritaires (personnes âgées en Ehpad ou de plus de 75 ans, soignants de plus de 50 ans...), et le taux de vaccination de la population s'échelonne de 0,2% en Guyane à 2,3% en Bourgogne-Franche-Comté.
Au-delà, la ministre déléguée à l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, s'est dite « raisonnablement confiante » que la France dépasse son objectif de vacciner »15 millions de personnes » d'ici au mois de juin, et a tenu à rassurer sur les livraisons de doses: plus de 1,9 million ont déjà été reçues.
Cela suffira-t-il à faire face au virus et à ses variants ? « L’urgence absolue est de vacciner les plus fragiles avec les vaccins dont on dispose pour les protéger contre la maladie », estime le médecin Yves Lévy, directeur de l’Institut de recherche vaccinale (VRI) au CHU Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), dans une interview au JDD. « On peut penser (que ces vaccins) vont rester en partie efficaces » face aux nouveaux variants, ajoute-t-il.
« Cependant, cela pose la question à long terme de la nécessité d’adapter les vaccins aux mutations déjà apparues ou à venir. Il faut donc nous préparer à l’éventualité de devoir revacciner de façon régulière. Et donc, sans doute, à mettre au point de nouveaux vaccins, comme nous le faisons chaque année pour la grippe », poursuit le médecin.
Pour lui, l'idée d'atteindre une « immunité de groupe » est « illusoire » et bloquer l'arrivée du mutant anglais est « mission impossible ». Face aux variants, « le confinement reste l’arme la plus efficace », affirme ce spécialiste.