DAKAR: La jeune Sénégalaise étudiant à Paris et dont la disparition a mis son pays en émoi dit aller bien et avoir fait « une petite pause pour retrouver (ses) esprits », dans des échanges publiés par un proche.
Les mots rendus publics sur les réseaux sociaux jeudi soir par le ministre de l'Eau Serigne Mbaye Thiam, qui a pris l'étudiante sous son aile, sont la première manifestation de vie fiable et publique de la part de Diary Sow depuis sa disparition début janvier.
L'étudiante de 20 ans inscrite en classe préparatoire au prestigieux lycée parisien Louis-Le-Grand a aussi eu une « prise de contact » avec la police judiciaire, a dit une source proche du dossier en France. Elle « va bien » et est « libre de ses mouvements et (de ses) choix », a dit cette source.
Dans ce que le ministre présente comme une lettre suivie de plusieurs échanges ces derniers jours et qu'il dit rendre publics avec l'accord de la jeune femme et sa famille, Diary Sow dit avoir cherché une sorte de « répit salutaire » sans être capable d'en expliquer la raison. Elle se déclare surprise et « désolée » de l'émotion qu'elle a causée.
« Ce tweet est bien de moi », a confirmé le ministre. La disparition a donné lieu à beaucoup d'informations erronées et d'infox.
Parmi les questions laissées sans réponse, les échanges ne disent rien de l'endroit où se trouve la jeune femme issue d'un milieu modeste et érigée dans son pays comme l'incarnation de l'excellence et de la réussite scolaires. Ils révèlent la peur qu'elle a eue de prévenir ses proches de sa prise de distance, et celle aujourd'hui de reprendre contact avec eux.
« Si je ne m’étais pas manifestée jusqu’à présent, c’est pour la simple raison que j’étais dans l’impossibilité de le faire », dit-elle.
« J'ai laissé assez d’indices derrière moi pour qu’on sache que je partais de mon plein gré. Je ne me cache pas. Je ne fuis pas. Considère cela comme une sorte de répit salutaire dans ma vie », dit-elle à son mentor.
« Profondément désolée »
Celle qui fut distinguée meilleure élève du Sénégal en 2018 et 2019 et qui a ajouté à sa notoriété nationale en publiant un roman assure ne pas avoir cédé à la pression, ni aux doutes. « Je n’ai pas disjoncté à cause du confinement ou de la prépa », dit-elle.
La médiatisation de sa disparition a suscité beaucoup de commentaires dans son pays sur la pression exagérée qu'exercerait dans la société sénégalaise l'exigence de réussite envers les jeunes gens.
« Ceux qui cherchent une explication rationnelle à mon acte seront déçus puisqu’il n’en a aucune », dit-elle. Elle parle de « désir irrépressible, irraisonné et si profondément irrationnel », et n’aurait « jamais cru que (son) nom allait alimenter autant de débats, qu’autant de gens allaient s’inquiéter ».
Elle prie son mentor « de rassurer les gens qui me cherchent. Je vais bien, je suis en sécurité. Sache que je suis terriblement, profondément désolée ».
Après son bac en 2019, Diary Sow a obtenu une bourse d'excellence qui lui a permis d'intégrer la classe préparatoire de Louis-Le-Grand, où elle étudie physique, chimie et ingénierie.
Selon une association d'étudiants sénégalais à Toulouse, la jeune femme a passé les vacances de fin d'année dans cette ville du sud-ouest de la France chez sa meilleure amie, étudiante en médecine. Mais elle ne s'est pas présentée le 4 janvier à la reprise des cours à Louis-Le-Grand, absence qui ne lui ressemblait pas selon ses proches.
Sa disparition a été signalée le 7 janvier et les milieux étudiants sénégalais se sont mobilisés pour la retrouver. Le président sénégalais Macky Sall lui-même a donné des instructions à cette fin, selon l'ambassadeur du Sénégal en France, Maguette Sèye.
Une enquête avait été ouverte en France pour disparition »inquiétante ». Une source proche du dossier se voulait cependant rasurante ces derniers jours et disait que la thèse du départ volontaire était privilégiée.