Coronavirus: le Sénégal, une "success story" à confirmer

Désinfection de la paroisse de Saint Paul de Grand Yoff à Dakar le 31 octobre 2020, la veille de la réouverture des églises du Sénégal après plusieurs mois de fermeture pour aider à freiner la propagation du coronavirus. (Seyllou / AFP)
Désinfection de la paroisse de Saint Paul de Grand Yoff à Dakar le 31 octobre 2020, la veille de la réouverture des églises du Sénégal après plusieurs mois de fermeture pour aider à freiner la propagation du coronavirus. (Seyllou / AFP)
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Publié le Vendredi 27 novembre 2020

Coronavirus: le Sénégal, une "success story" à confirmer

  • Dès les premiers cas, le Sénégal a fermé ses frontières, ses écoles et ses mosquées, et imposé un couvre-feu nocturne, dispositions aujourd'hui levées
  • Le Sénégal, "c'est l'un des pays modèles en termes de mise en œuvre des mesures de prévention du Covid-19 et ils en ont récolté les fruits", a récemment reconnu un responsable pour l'Afrique de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS)

DAKAR, Sénégal : Les mesures de prévention prises rapidement au Sénégal n'expliquent peut-être pas à elles seules le fort recul du Covid-19, estiment des responsables sénégalais, qui se demandent si une immunité collective a discrètement vu le jour.

Le pays ouest-africain de 16 millions d'habitants a enregistré environ 16.000 cas et 331 décès. Seule une poignée de malades sont en soins intensifs, selon le ministère de la Santé.

Si l'épidémie avait suivi les courbes de l'Europe, le Sénégal aurait compté environ 100 fois plus de morts.

Dès les premiers cas, le Sénégal a fermé ses frontières, ses écoles et ses mosquées, et imposé un couvre-feu nocturne, dispositions aujourd'hui levées. Les patients ont été pris en charge et les cas contacts isolés dans des hôtels.

Le Sénégal, "c'est l'un des pays modèles en termes de mise en œuvre des mesures de prévention du Covid-19 et ils en ont récolté les fruits", a récemment reconnu un responsable pour l'Afrique de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Nsenga Ngoy.

Ce sont les "interventions humaines" comme le port du masque ou la distanciation sociale qui ont marché et continueront à jouer un rôle "capital", insiste-t-il.

Pour Abdoulaye Bousso, un des responsables de la riposte au Sénégal, ce sont effectivement les stratégies d'endiguement qui, dans un premier temps au moins, ont permis au système de santé sénégalais de ne pas s'effondrer.

Mais depuis, une "fatigue" s'est installée et plus grand monde ne porte le masque.

Effet des grippes saisonnières

Les Sénégalais ont célébré fin juillet la "Tabaski" et, deux mois après, le "Magal", autre grande fête musulmane brassant les foules.

Or, ces rassemblements n'ont pas déclenché de vagues de contamination, et c'est donc "peut-être la question de l'immunité qu'il faut mettre en avant", estime le Dr Bousso.

"On se rend bien compte qu'en Afrique en général et au Sénégal en particulier, on n'a pas les morts qu'on aurait dû avoir", confirme un spécialiste de terrain, Massamba Sassoum Diop, président de l'organisation SOS Médecins Sénégal.

L'urgentiste avance qu'une "immunité croisée" a vu le jour au Sénégal. Il l'explique par les infections respiratoires qui sévissent régulièrement à travers la population en mai-juin et septembre, périodes où les climatisations tournent au maximum.

Relativement bénignes, elles sont dues à quatre types de coronavirus. Les résidents du Sénégal développeraient donc une immunité contre cette famille de virus, qui se serait également montrée efficace lorsque le Covid-19 est apparu en mars, estime le Dr Diop.

Le nouveau coronavirus se serait ensuite répandu massivement, d'avril à août, au sein d'une population majoritairement jeune et qui n'a généralement pas développé de symptômes graves.

Sans faire de bruit, "environ 60% de la population" aurait acquis cette immunité, dit-il.

Le fait de vivre en Afrique a joué un rôle bien plus prééminent que l'origine ethnique ou la génétique, dit-il.

Corollaire létal ?

Il en veut pour preuve que les populations noires meurent de manière disproportionnée en Europe ou aux Etats-Unis, tandis que les Européens, Libanais ou Chinois vivant au Sénégal meurent beaucoup moins que dans leur pays d'origine.

L'immunité croisée ou collective a "un support scientifique en virologie et en immunologie". Elle demeure cependant une hypothèse non encore prouvée, admet-il.

Une étude sérologique en cours devrait fournir de premières indications sur sa validité dans les prochaines semaines, dit-il.

Le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, se veut plus réservé.

Si les chiffres sont si bas, "nous pouvons dire sans risque de nous tromper que c'est dû à l'efficacité de la riposte parce que l'immunité collective ne peut pas être une stratégie de riposte. Si l'immunité collective était LA stratégie de riposte, le corollaire serait un nombre de morts extrêmement important parce qu'on ne ferait rien", tempère-t-il.

Pour les spécialistes sénégalais, comme pour l'OMS, pas question en tout cas de céder à l'euphorie qui pointe dans les médias locaux, ne serait-ce que parce qu'on ignore la durée d'une immunité si elle existe.

Transposer l'hypothèse à des régions où les populations sont plus âgées et plus à risque est dangereux. "Si on l'applique directement en Europe, c'est 3 ou 4 millions de morts supplémentaires, et aux Etats-Unis, peut-être 8 ou 10 millions", avertit Massamba Diop.

En attendant, le ministre exhorte à rester vigilant. Les recherches à sa disposition laissent penser que le Sénégal sera épargné par une deuxième vague de contaminations, "mais nous travaillons toujours dans ce qu'on appelle l'hypothèse pessimiste". (AFP)

 


Afghanistan: rare visite du chef suprême taliban à Kaboul

Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
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  • Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement
  • Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables

KABOUL: Le chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada, qui vit reclus dans son fief de Kandahar (sud), a fait une rare visite à Kaboul pour s'adresser à tous les gouverneurs des provinces afghanes, a-t-on appris vendredi de source talibane.

Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables, dont les gouverneurs des 34 provinces.

Cette visite entourée du plus grand secret de l'émir, dont une seule photo a jamais été rendue publique, lui a permis d'insister auprès des gouverneurs sur la priorité "à accorder à la religion sur les affaires du monde" et "à promouvoir la foi et la prière parmi la population".

L'émir a déclaré que l'obéissance était "une obligation divine", toujours selon Al Emarah, et appelé à "l'unité et à l'harmonie".

"Le rôle de l'émirat est d'unir le peuple", a insisté Hibatullah Akhundzada, et celui des gouverneurs "de servir le peuple".

Les gouverneurs ont été ainsi encouragés à "accorder la priorité à la loi islamique plutôt qu'à leurs intérêts personnels", et à lutter contre "le favoritisme" ou "le népotisme".

"La motivation de cette visite" de l'émir à Kaboul "semble être de rappeler la discipline, notamment la discipline financière", décrypte une source diplomatique occidentale. "Il est ici question de renforcer la discipline et l'unité".

Cette visite pourrait également être motivée par "une préoccupation au sujet des troubles du Badakhshan et de la manière dont ils sont gérés". Dans cette province du nord-est, plusieurs paysans cultivant du pavot malgré son interdiction ont été tués par des unités antinarcotiques talibanes au début du mois.

Les autorités afghanes ont par ailleurs réprimé des manifestations de nomades sédentarisés kouchis dans la province du Nangarhar (est) et sont confrontées à des attentats meurtriers réguliers du groupe jihadiste Etat islamique, particulièrement à Kaboul.

Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement. Si les décrets du leader suprême font autorité, les analystes font toutefois état de voix discordantes s'élevant du clan des responsables afghans plus "pragmatiques".

"A chaque fois qu'il y a des craquements ou des désaccords, Kandahar intervient et rappelle à chacun la nécessité de renforcer l'unité", conclut la source diplomatique.

L'émir n'était venu qu'une fois auparavant à Kaboul depuis le retour des talibans au pouvoir et ne s'exprime très rarement depuis son accession à la fonction suprême en 2016.

Le mystérieux mollah avait prononcé son dernier discours public le 10 avril dans une mosquée de Kandahar lors de la prière de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, mais aucune photo de lui n'avait circulé.

 

 


Sánchez annoncera mercredi la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien

Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
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  • M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai
  • Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a indiqué vendredi qu'il annoncerait mercredi prochain la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien, affirmant que celle-ci n'aurait donc pas lieu le 21 mai, mais "les jours suivants".

"Nous sommes en train de nous coordonner avec d'autres pays pour pouvoir faire une déclaration et une reconnaissance communes", a déclaré M. Sánchez, lors d'une interview à la chaîne de télévision La Sexta, pour expliquer pourquoi l'Espagne ne procèderait pas à cette reconnaissance dès mardi, date évoquée notamment par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai.

M. Sánchez n'a pas précisé les pays avec lesquels son gouvernement était en discussions à ce sujet, mais il avait publié en mars à Bruxelles un communiqué commun avec ses homologues irlandais, slovène et maltais dans lequel ils faisaient part de la volonté de leur quatre pays de reconnaître un Etat palestinien.

Le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin, a confirmé mardi que Dublin "(reconnaîtrait) l'Etat de Palestine avant la fin du mois", sans toutefois indiquer de date ni dire si d'autres pays se joindraient à l'Irlande.

Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche.

M. Sánchez doit comparaître le lendemain devant le Congrès des députés pour faire le point sur divers sujets d'actualité, dont la politique de Madrid au Proche-Orient et la reconnaissance d'un Etat palestinien, sujet sur lequel l'Espagne est en pointe.

"Je pense que je serai en mesure le 22 (...) de clarifier devant le Parlement la date à laquelle l'Espagne reconnaîtra l'Etat palestinien", a-t-il dit.

"Sérieux doutes 

M. Sánchez est devenu au sein de l'UE la voix la plus critique vis-à-vis du gouvernement israélien et de son offensive militaire dans la bande de Gaza contre le mouvement palestinien Hamas.

Le conflit actuel a été déclenché le 7 octobre par une attaque surprise du Hamas dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, dans leur grande majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

L'offensive militaire lancée en riposte par Israël a causé la mort d'au moins 35.303 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Evoquant la situation à Gaza, M. Sánchez a de nouveau sévèrement critiqué vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Interrogé sur le fait de savoir s'il considérait les évènements de Gaza comme un génocide, le chef du gouvernement espagnol a évité de répondre, mais a déclaré, à trois reprises, avoir de "sérieux doutes" sur le respect des droits humains par Israël.

Il a aussi établi un parallèle entre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza.

"Nous défendons la légalité internationale", a-t-il dit. "En Ukraine, logiquement, on ne peut pas violer l'intégrité territoriale d'un pays, comme le fait la Russie (...). Et en Palestine, ce que l'on ne peut pas faire, c'est ne pas respecter le droit humanitaire international, comme le fait Israël".

La politique de Madrid, a-t-il conclu, "est appréciée par la communauté internationale, aussi bien du point de vue du gouvernement ukrainien que du point de vue de la communauté arabe".

 

 


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.