Alors que les sanctions les paralysent, les commerçants iraniens cherchent une issue de secours

Des tas de tapis moelleux de fabrication iranienne recouvrent les sols d’un centre commercial de la ville de Dohuk, dans le nord de l'Irak, qui accueille des commerçants de l'Iran voisin. (AP)
Des tas de tapis moelleux de fabrication iranienne recouvrent les sols d’un centre commercial de la ville de Dohuk, dans le nord de l'Irak, qui accueille des commerçants de l'Iran voisin. (AP)
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Publié le Vendredi 22 janvier 2021

Alors que les sanctions les paralysent, les commerçants iraniens cherchent une issue de secours

  • 24 entreprises venues de 15 villes iraniennes se sont installées cette semaine dans la ville de Dohuk, dans la région nord de l'Irak, dirigée par les Kurdes
  • Des dizaines de milliers de pèlerins iraniens visitent chaque année les Lieux saints de Najaf et Karbala et stimulent le secteur naissant du tourisme en Irak

DOHUK, IRAK: Des tas de tapis moelleux recouvrent les sols d'un centre commercial du nord de l'Irak qui accueille des commerçants de l'Iran voisin. Ces derniers espèrent que leurs précieux objets artisanaux pourront constituer un moyen de sortir de la pauvreté, l'économie étant touchée dans leur pays par des sanctions américaines paralysantes.

«Notre monnaie est tellement dévaluée que, quand nous arrivons dans ce pays – en plus, bien sûr, de l'échange culturel –, c'est plus rentable pour nous d’un point de vue financier», déclare l'Iranien Ramiyar Parwiz, originaire de Sanandaj, organisateur de l'exposition. «L'argent que nous recevons, qu’il soit en dollars ou en dinars, a beaucoup plus de valeur que chez nous.»

Les 24 entreprises venues de 15 villes iraniennes se sont installées cette semaine dans la ville de Dohuk, dans la région nord de l'Irak, dirigée par les Kurdes. De Sanandaj à Bijar, ils ont apporté de luxueux tapis, et d'Ispahan, de Yazd et de Hamadan, des pierres précieuses, du cuivre et de la poterie.

L’Iran fait partie des plus grands partenaires commerciaux de l’Irak. Cette coopération s’est encore développée depuis 2018 dans le cadre de la politique de l’administration Trump en Iran, qui a vu les États-Unis se retirer de l’accord nucléaire de Téhéran conclu en 2015 avec les puissances mondiales et imposer des sanctions punitives au pays.

Des dizaines de milliers de pèlerins iraniens visitent chaque année les lieux saints de Najaf et Karbala et stimulent le secteur naissant du tourisme en Irak. Plus de cent camions transportent chaque jour des matériaux de construction, de la nourriture, des médicaments et des appareils en Irak.

La dépendance vis-à-vis des marchés irakiens n'a fait que s'aggraver avec la détérioration des conditions économiques en Iran. Les sanctions des États-Unis empêchent les entreprises américaines et étrangères de traiter avec l'Iran, affectant les secteurs énergétique, maritime et financier de ce pays et entraînant un tarissement des investissements étrangers.

 

En bref

C'est la première année que les commerçants s'aventurent à Dohuk – ville qui partage des liens économiques plus étroits avec la Turquie voisine –, dans l'espoir d'attirer de nouveaux clients et de créer une plus grande demande de produits iraniens.

Ce sont les exportations de pétrole qui ont été les plus durement atteintes et l’économie iranienne s’est contractée, affichant des prévisions mornes pour l’avenir. Le chômage a augmenté et les populations rurales ont été durement touchées.

Cette exposition, organisée par des entreprises iraniennes, a généralement lieu chaque année dans la ville de Sulimaniyah, qui borde l'Iran. C'est la première année que les commerçants s'aventurent à Dohuk – ville qui partage des liens économiques plus étroits avec la Turquie voisine –, dans l'espoir d'attirer de nouveaux clients et de créer une plus grande demande de produits iraniens.

L’organisateur de cet événement déclare que le fait de venir exposer à Dohuk traduit un grand désespoir: «Il y a une énorme pression sur les gens [en Iran] et le coût de la vie est incroyablement élevé. Nous n'avons pas les moyens d'acheter quoi que ce soit, pas même des médicaments…»

Pour les hommes d'affaires iraniens qui traversent des moments difficiles, l'Irak a toujours offert l'espoir d'un répit. Hajji Tousi, un homme d'affaires de Mashhad, vend ses beaux tapis moins chers que les commerçants locaux. «Les tapis qui sont vendus ici entre 300 et 350 dollars [1 dollar=0,82 euro], nous les vendons, nous, à 200 dollars», déclare-t-il. Il sait que les dollars qu'il ramènera chez lui en Iran le garderont à flot.

Mais, à la consternation de nombreux commerçants iraniens, l’impact des problèmes économiques de l’Irak est bien visible: l’exposition attire de nombreux visiteurs, qui néanmoins n’ont pas les moyens d’acheter. «Ils accueillent chaleureusement cette exposition, mais des problèmes économiques les empêchent de faire des achats», confie Maryam Mradi, une femme d'affaires de Sanadaj.

L'Irak est aux prises avec une crise de liquidités sans précédent, provoquée par la faiblesse des prix du pétrole. Cela a réduit de moitié les caisses de l’État et conduit le gouvernement à emprunter sur les réserves de devises de la Banque centrale pour payer les salaires.

Certains des vendeurs iraniens n’étaient pas sûrs que leurs produits seraient bien reçus à Dohuk comme dans d'autres régions d'Irak, où les marques turques dominent les marchés. «La population demande principalement des produits turcs», explique Shireen Mohammed, une résidente locale.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Liban: un mort dans une frappe israélienne dans le sud

Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
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  • Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban
  • Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban

GHAZIYEH: Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant viser combattants et infrastructures du mouvement islamiste libanais soutenu par l'Iran.

"Le raid mené par l'ennemi israélien contre une voiture sur la route Saïda-Ghaziyeh a fait un mort", a indiqué le ministère de la Santé.

Après la frappe, le véhicule tout-terrain a pris feu, provoquant un nuage de fumée noire dans le ciel, selon un journaliste de l'AFP sur place. L'armée libanaise a bouclé la zone et les pompiers sont intervenus pour maîtriser les flammes.

La frappe n'a pas été revendiquée dans l'immédiat, mais l'armée israélienne a affirmé avoir tué plusieurs combattants du Hezbollah parmi lesquels des "commandants" cette semaine dans le sud du pays.

Après le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque du Hamas sur le sol israélien, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël, tirant des roquettes sur le territoire israélien, disant agir ainsi en soutien aux Palestiniens.

En septembre 2024, le conflit a dégénéré en guerre ouverte avec des bombardements israéliens intenses au Liban qui ont décimé la direction du Hezbollah et fait plus de 4.000 morts, selon les autorités.


Explosion au port de Beyrouth: première comparution d'un ex-ministre

Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
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  • Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020
  • En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques

BEYROUTH: Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.

En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques.

Une série d'actions en justice avaient en outre été intentées contre lui par des responsables politiques et fonctionnaires cités dans l'enquête, notamment l'ancien ministre de l'Intérieur, Nohad al-Machnouk, soupçonné de "négligence et manquements".

Le juge a repris en février ses investigations, après l'élection de Joseph Aoun à la présidence de la République et la nomination d'un Premier ministre réformateur, Nawaf Salam, qui se sont tous deux engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire.

Selon la source judiciaire qui a requis l'anonymat, l'interrogatoire a porté sur un rapport que M. Machnouk avait reçu le 5 avril 2014, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, concernant la "détention d’un navire dans les eaux territoriales libanaises, dont l’équipage avait demandé à être autorisé à reprendre la mer".

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale libanaise.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium acheminées par navire, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités libanaises, qui étaient au courant des dangers encourus, ont rejeté toute enquête internationale.

L'enquête avait notamment été suspendue après les accusations de partialité du juge proférées par le Hezbollah, désormais très affaibli par sa dernière guerre contre Israël fin 2024. Le parti qui dominait la vie politique libanaise avait demandé le renvoi de M. Bitar.

Deux juges de la direction des enquêtes de Paris sont attendus à Beyrouth à la fin du mois, pour présenter à M. Bitar les éléments recueillis par la justice française, trois ressortissants français figurant parmi les victimes, selon une source judiciaire.

Le 11 avril, deux anciens hauts responsables de la sécurité avaient également comparu pour la première fois devant M. Bitar.


Cellule terroriste: Amman partage les détails de l’enquête avec Beyrouth

Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
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  • Beyrouth ne sait pas si des citoyens libanais sont impliqués dans un groupe de fabrication de missiles
  • Les services de renseignement de l'armée arrêtent deux Palestiniens pour contrebande d'armes à la frontière libano-syrienne

BEYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a été informé, mercredi, par le roi Abdallah de Jordanie des résultats de l'enquête sur une cellule de fabrication de missiles découverte en Jordanie. Deux membres de cette cellule avaient été envoyés au Liban pour y suivre une formation.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a exprimé la «pleine disposition du Liban à la coordination et à la coopération» entre les deux pays et a chargé le ministre de la Justice Adel Nassar de travailler avec son homologue jordanien, en coopération avec les agences de sécurité et judiciaires, sur les enquêtes et l'échange d'informations.

Une source judiciaire a déclaré à Arab News que les services de renseignement de l'armée libanaise «suivaient de près l'affaire de la cellule terroriste et nous ne savons pas encore si des Libanais sont impliqués».

«Cette agence a demandé à la Jordanie de lui fournir des informations concernant les enquêtes, de s'appuyer sur les enquêtes libanaises et, dans le cas où une implication libanaise serait prouvée, l'affaire serait alors renvoyée à la justice libanaise», a déclaré cette personne.

Parallèlement, les services de renseignement de l'armée libanaise ont déclaré avoir arrêté deux Palestiniens dans la ville de Sidon, dans le sud du pays, pour «commerce et contrebande d'armes militaires à travers la frontière libano-syrienne, et ont saisi plusieurs armes et munitions militaires en leur possession».

Le commandement de l'armée a déclaré que les détenus faisaient l'objet d'une enquête sous la supervision du pouvoir judiciaire.

Les médias ont rapporté que les deux hommes étaient des membres de l'appareil de sécurité du mouvement Hamas à Sidon.

Aucune agence de sécurité officielle n'a confirmé l'existence d'un lien entre les arrestations et la cellule jordanienne.

Mardi, l'agence de presse jordanienne a cité des responsables des services de renseignement qui ont déclaré qu'«une série de complots visant la sécurité nationale du pays ont été déjoués et 16 personnes soupçonnées de préparer des actes de chaos et de sabotage ont été arrêtées».

Les plans prévoyaient la production de missiles à l'aide de matériaux locaux et de composants importés. Des explosifs et des armes à feu ont été découverts, ainsi qu'un missile dissimulé prêt à être utilisé.

Les 16 suspects sont soupçonnés d'avoir participé à la mise au point de drones, d'avoir recruté et formé des individus au niveau national et d'en avoir envoyé d'autres à l'étranger pour qu'ils y poursuivent leur formation.

Selon les déclarations des suspects, deux membres de la cellule – Abdallah Hicham et Muath al-Ghanem – ont été envoyés au Liban pour coordonner leurs activités avec une figure importante de l'organisation et recevoir une formation.

En décembre, l'armée libanaise a lancé un processus de désarmement des factions palestiniennes situées à l'extérieur des camps de réfugiés palestiniens. Ces factions, fidèles à l'ancien régime syrien, étaient principalement basées dans la région de la Békaa, le long de la frontière avec la Syrie, et dans la région méridionale.

Le Premier ministre Nawaf Salam a exprimé «l'entière solidarité du Liban avec la Jordanie dans la lutte contre les complots qui menacent sa sécurité et sa stabilité» et sa «volonté de coopérer avec les autorités jordaniennes en cas de besoin concernant les informations selon lesquelles certaines personnes impliquées dans ces complots ont reçu une formation au Liban», selon son bureau de presse.

Lors du lancement du projet de réhabilitation de la route de l'aéroport de Beyrouth, M. Salam a déclaré que les questions de sécurité sur la route de l'aéroport étaient «en cours d'examen avec le ministre de la Défense Michel Menassa et le ministre de l'Intérieur Ahmed Hajjar».

Au cours des dernières 48 heures, la municipalité de Beyrouth a entrepris des efforts pour retirer des rues de la capitale les drapeaux des partis et les images des politiciens et des chefs de partis, en particulier ceux qui sont associés au Hezbollah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com