Sous l'ère Biden, à quoi doivent s’attendre les Arabes ?

Le président Joe Biden a prêté serment pour devenir le 46e président des États-Unis, lors de la 59e inauguration présidentielle à Washington, le mercredi 20 janvier 2021 (Photo, AP).
Le président Joe Biden a prêté serment pour devenir le 46e président des États-Unis, lors de la 59e inauguration présidentielle à Washington, le mercredi 20 janvier 2021 (Photo, AP).
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Publié le Dimanche 24 janvier 2021

Sous l'ère Biden, à quoi doivent s’attendre les Arabes ?

  • Un sondage panarabe YouGov commandé par Arab News à la fin de l'année dernière indiquait que Joe Biden était le candidat préféré à la présidence des États-Unis
  • Les conseillers de Biden seraient bien avisés de tenir compte des points de vue de la région dans l'élaboration de la politique de l'administration au Moyen-Orient

LONDRES: Joe Biden est devenu le 46e président des États-Unis en novembre dernier, après avoir battu Donald Trump lors d’une élection dont le résultat n'a manifestement pas réussi à guérir un pays accablé par les divisions politiques. Trump n’a pas assisté à la cérémonie d’investiture mercredi.

Et pour compliquer encore plus les choses, l’ampleur de la crise du coronavirus et les risques accrus liés à la sécurité ont jeté une ombre sur la cérémonie qui a vu Biden et Kamala Harris prêter serment pour devenir président et vice-présidente, respectivement.


Lire le rapport complet « L’ère Biden : qu’en attendent les Arabes ? » de Arab News Research & Studies Unit


Entre une économie vacillante et un fossé qui n’a pas fini de se creuser entre les lignes partisanes, Biden sera certainement débordé. Mais les questions relatives à la politique étrangère devraient garder leur ordre de priorité, compte tenu de son long mandat comme président et membre sénior de la commission des affaires étrangères du Sénat.

En ce qui concerne le Moyen-Orient, Biden aura sa juste part de défis. Près de la moitié (49%) des personnes interrogées dans une enquête panarabe, menée à la fin du mois de septembre de l'année dernière par Arab News en partenariat avec l’institut de sondage électronique YouGov, estiment que ni Biden ni Trump ne sont nécessairement bons pour la région.

Toutefois, cela ne signifie pas que Biden ne peut pas se libérer de l'héritage de l'administration Obama, dans laquelle il a occupé le poste de vice-président pendant deux mandats. Les conseillers de Biden feraient bien d’écouter les points de vue du monde arabe pour façonner la politique de la nouvelle administration au Moyen-Orient.

Une majorité (58%) des personnes sondées par Arab News-YouGov a déclaré que Biden devrait abandonner l'approche de son ancien patron, Barack Obama envers la région.

Le sondage, qui a touché des habitants dans 18 pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, a montré que la politique d’Obama reste peu populaire auprès des Arabes, déçus par son échec à livrer le «nouveau départ» promis lors de son discours à l’Université du Caire en 2009.

L'étude «Les élections américaines de 2020 - Que veulent les Arabes?», Publiée le 25 octobre 2020 – indique aussi que 44% des Arabes considèrent l'autonomisation des jeunes comme un moteur fondamental du développement mondial et pensent que l’autonomisation des jeunes devrait être une priorité absolue pour l’administration Biden.

La déception des Arabes face à l’administration Trump est tout à fait compréhensible. En janvier 2017, il a signé un décret interdisant aux ressortissants étrangers de sept pays à majorité musulmane de se rendre aux États-Unis pendant 90 jours. L'interdiction a suspendu l'entrée des réfugiés syriens pour une durée indéterminée, et a interdit l’accès aux autres réfugiés pendant 120 jours.

Le décret a créé un environnement de peur parmi les étudiants des pays arabes, ce qui a poussé beaucoup d’entre eux à rechercher d’autres choix d'enseignement supérieur en Europe. Lors du premier confinement du coronavirus en juillet, quand les cours sont devenus virtuels, l'administration Trump a réclamé l'annulation de tous les visas délivrés aux étudiants internationaux qui poursuivent leurs études aux États-Unis.

Cette mesure a été abandonné à la suite de la pression des universités, qui gagnent des millions de dollars en frais de scolarité des étudiants étrangers, et des entreprises américaines qui embauchent souvent des travailleurs hautement qualifiés qui commencent leur carrière en Amérique, après avoir obtenu leur diplôme dans les meilleures universités du pays. Biden n’aura pas à se soucier de ces décisions malencontreuses,  et il est peu probable que les Arabes lui en tiennent rigueur.

Près de la moitié des personnes interrogées à l'enquête panarabe estiment que ni Biden ni Trump ne sont nécessairement bons pour la région (Photo, AP).

Cela dit, il existe des politiques de l'ère Trump qui donneront certainement à Biden une longueur d'avance dans ses relations avec des concurrents stratégiques et des acteurs malveillants.

En ce qui concerne l’approche de Washington à l’égard de l’Iran. Une grande proportion des personnes interrogées dans l’enquête panarabe, 49% en Arabie saoudite, 53% en Irak et 54% au Yémen, étaient tous favorables au maintien des sanctions strictes et de la posture de guerre de adoptés par Trump.

Il faut noter que les personnes sondées en Irak et au Yémen, deux pays qui maintiennent des relations intimes avec l'Iran en ce sens où ils sont envahis par les milices satellites de Téhéran, sont fortement en faveur du maintien de la même ligne dure de l’administration Trump.

L'enquête montre par ailleurs que des opinions arabes mitigées sur l'élimination par les États-Unis en janvier 2020 du puissant commandant militaire iranien, Qassem Soleimani, chef de la Force Qods, la section du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien responsable des opérations militaires extraterritoriales et clandestines.

Néanmoins, dans l’ensemble, les résultats suggèrent un rejet généralisé de la stratégie du président Obama qui a répondu en fin de compte aux ambitions de Téhéran à travers l’accord nucléaire de 2015, connu sous le nom de Plan d’action global conjoint (PAGC), et a fermé les yeux sur les plans régionaux et le programme expansionniste du régime iranien.

Cet accord nucléaire était considéré par Israël et les alliés arabes de Washington comme une carte blanche au CGRI afin maintenir la cadence des ravages en Syrie, au Yémen, en Irak et au Liban ainsi qu’en Palestine.

Trump a retiré les États-Unis du PAGC en 2017, et a commencé une politique de «pression maximale» qui a, sans aucun doute, incité Téhéran à opter pour une politique défensive, à la fois stratégiquement et financièrement.

Le secrétaire d'État américain nouvellement désigné, Anthony Blinken, a déclaré cette semaine lors de son audition de confirmation devant la commission des relations étrangères du Sénat que la nouvelle administration avait «la responsabilité urgente» de faire son possible afin d’empêcher l'Iran d'acquérir une arme nucléaire. Il a de plus ajouté qu’un nouvel accord pourrait aborder les «activités perturbatrices» de l’Iran dans la région ainsi que ses missiles.

Comme Nadim Shehadi, membre associé à Chatham House à Londres, l'a écrit récemment: «L'Iran adopte une stratégie claire de guerre perpétuelle contre les États-Unis et, par l'intermédiaire de ses mandataires du CGRI, qui œuvrent, sans cesse, à détruire des états pour mettre en place des institutions alternatives et prendre ainsi le contrôle de ces nations.

La bonne nouvelle est que Biden n'a pas à choisir entre le retrait ou la capitulation. Trump lui a préparé la voie au sujet de l'Iran. Biden doit pour le moment simplement jouer pour gagner, dans l'intérêt des États-Unis et de leurs alliés et partenaires, et, à long terme, pour la sécurité, la stabilité et la prospérité du Moyen-Orient.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Première réunion à Paris entre Américains, Européens et Ukrainiens, rendez-vous à Londres

(De gauche à droite) Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiha, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy et le directeur politique du ministère allemand des Affaires étrangères Gunter Sautter posent pour une photo au Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères après avoir participé à une réunion diplomatique à Paris, le 17 avril 2025.
(De gauche à droite) Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiha, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy et le directeur politique du ministère allemand des Affaires étrangères Gunter Sautter posent pour une photo au Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères après avoir participé à une réunion diplomatique à Paris, le 17 avril 2025.
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  • De premières discussions sur l'Ukraine impliquant Américains, Européens et Ukrainiens, se sont déroulées jeudi à Paris
  • Le président français Emmanuel Macron a salué sur X une "discussion positive et constructive" sur l'Ukraine

PARIS: De premières discussions sur l'Ukraine impliquant Américains, Européens et Ukrainiens, se sont déroulées jeudi à Paris, avant une prochaine réunion à Londres, au moment où les négociations de cessez-le-feu initiées par Washington piétinent et où les Européens veulent imposer leur voix.

Le président français Emmanuel Macron a salué sur X une "discussion positive et constructive" sur l'Ukraine, estimant que "nous partageons tous la même volonté de paix", plus de trois ans après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022.

"Les échanges se poursuivront dès la semaine prochaine à Londres", a-t-il précisé, estimant que "la coordination entre alliés est cruciale", alors que les Européens craignent depuis des semaines d'être mis à l'écart des négociations.

"La nouveauté (...) c'est qu'aujourd'hui à Paris, les Etats-Unis, l'Ukraine et les Européens se sont retrouvés autour d'une même table" pour évoquer les pistes vers "une paix juste et durable", a souligné le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot lors d'une brève allocution.

Les Etats-Unis "ont compris qu'une paix juste et durable, une paix durable, ne peut être atteinte qu'avec le consentement et la contribution des Européens", a insisté le ministre interrogé plus tard sur la chaîne LCI. Tout dialogue avec Moscou sera subordonné au fait qu'elle accepte un "cessez-le-feu sans condition et immédiat".

- Echange Rubio-Lavrov -

De son côté, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, présent à Paris, a appelé son homologue russe Sergueï Lavrov pour lui faire part des intenses échanges de la journée, avant même de s'exprimer publiquement.

Il a transmis le "même message" à Moscou qu'aux Européens et aux Ukrainiens, selon un communiqué du département d'Etat: "l'accueil encourageant réservé à Paris au cadre américain montre que la paix est possible si toutes les parties s'engagent à parvenir à un accord".

Les deux hommes "ont convenu de la nécessité de maintenir des canaux de communication rapides, en particulier à la lumière des réunions prévues la semaine prochaine entre des fonctionnaires américains et européens et des représentants ukrainiens", a pour sa part indiqué le ministère des Affaires étrangères russe sur Telegram.

Concernant la réunion de Paris, la présidence ukrainienne a salué "une discussion constructive et positive", avant de souligner "l'importance du volet humanitaire, notamment le retour des enfants ukrainiens déplacés de force en Russie et la libération des prisonniers de guerre et des otages civils".

Depuis Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait plus tôt accusé l'émissaire américain Steve Witkoff, qui a aussi participé aux échanges, d'avoir "adopté la stratégie russe".

M. Witkoff, proche ami du président américain Donald Trump, est l'interlocuteur du président russe Vladimir Poutine dans les négociations de cessez-le-feu, et avait déjà été accusé par Kiev de reprendre les éléments de langage du Kremlin.

Moscou, pour sa part, a accusé les Européens de vouloir "poursuivre la guerre" et a estimé que "de nombreux pays" tentaient de "perturber" le dialogue bilatéral renaissant entre Moscou et Washington.

C'est dans ce climat tendu, et alors que la guerre continue à faire rage sur le terrain - dix personnes ont été tuées par des frappes russes en Ukraine jeudi - que les réunions se sont enchaînées à Paris.

Outre les Américains, une délégation ukrainienne de haut niveau dont le chef de la diplomatie Andriï Sybiga, et des conseillers à la sécurité britannique et allemand, ont également participé aux échanges à Paris.

Depuis que le président Trump a effectué un rapprochement spectaculaire avec Vladimir Poutine et dit tenter d'obtenir un cessez-le-feu en Ukraine, les Européens ont été quasiment exclus des discussions.

Le président Emmanuel Macron s’est entretenu avec Volodymyr Zelensky à l’issue des réunions, après lui avoir parlé par téléphone en amont des discussions.

Le président ukrainien avait appelé jeudi matin à faire "pression" sur le Kremlin pour "mettre fin à (la) guerre et garantir une paix durable".

- Flou sur les garanties de sécurité -

Ce troisième déplacement en Europe du secrétaire d'Etat américain intervient alors que des négociations, lancées par l'administration Trump pour une trêve dans le conflit ukrainien qui a débuté en février 2022, peinent à progresser.

Sous la pression de Washington, Kiev avait accepté une cessation sans conditions des combats pour 30 jours, ignorée par la Russie.

Steve Witkoff a rencontré le président russe pour la troisième fois début avril. Lundi, il a déclaré que les discussions étaient "sur le point" de permettre des avancées.

Paris et Londres ont de leur côté monté une "coalition des volontaires", composée d'une trentaine de pays alliés de l'Ukraine travaillant notamment à la création d'une "force de réassurance" destinée à garantir un éventuel cessez-le-feu et empêcher toute nouvelle attaque de la Russie.

Mais un contingent militaire multinational en cas de paix, souhaité par Kiev, est une ligne rouge pour Moscou. Et le sujet n'a pas été abordé en détail dans les compte-rendus émis jeudi par la France. "Les Américains sont prêts à discuter de la question des garanties de sécurité", s'est borné à dire la présidence française.

En parallèle, le ministre américain de la Défense Pete Hegseth a exhorté jeudi son homologue français Sébastien Lecornu, en visite à Washington, à "augmenter les dépenses militaires" et à assumer, avec d'autres pays de l'Otan, "la responsabilité principale de la défense conventionnelle de l'Europe", selon le Pentagone.


Accord entre l'UE et le Mercosur: l'effet Trump fait monter la pression sur la France

Le militant agricole français Jérôme Bayle (C-R) marche vers les gendarmes français devant des véhicules arrêtés lors d'une manifestation contre l'accord de libre-échange Mercosur de l'Union européenne, à la frontière entre la France et l'Espagne, près de Fos, le 10 février 2025. (AFP)
Le militant agricole français Jérôme Bayle (C-R) marche vers les gendarmes français devant des véhicules arrêtés lors d'une manifestation contre l'accord de libre-échange Mercosur de l'Union européenne, à la frontière entre la France et l'Espagne, près de Fos, le 10 février 2025. (AFP)
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  • Les tensions commerciales avec les Etats-Unis offrent un nouvel argument aux Etats européens favorables au traité de libre-échange avec l'Amérique latine
  • Le Mercosur est "un sujet de flottement entre la France et l'Allemagne", reconnaît aussi la ministre française de l'Agriculture Annie Genevard

BRUXELLES: Et si l'accord avec le Mercosur était adopté par l'UE grâce à Donald Trump?

Les tensions commerciales avec les Etats-Unis offrent un nouvel argument aux Etats européens favorables au traité de libre-échange avec l'Amérique latine, et la pression monte sur la France.

Le futur chancelier allemand Friedrich Merz s'est engouffré dans la brèche. "L'équilibre du monde se déplace et nous les Européens avons besoin très rapidement" de nouveaux partenaires commerciaux, a-t-il insisté sur la chaîne ARD.

Avant de lancer une pierre dans le jardin de l'Elysée: Emmanuel Macron aurait "maintenant tendance" à regarder plus favorablement l'accord avec les pays latino-américains du Mercosur, s'est avancé Merz.

A Paris, qui redoute une nouvelle fronde agricole, on dément tout changement de pied. "Le projet d'accord n'a pas changé et n'est donc pas acceptable en l'état", assure une source diplomatique.

Le Mercosur est "un sujet de flottement entre la France et l'Allemagne", reconnaît aussi la ministre française de l'Agriculture Annie Genevard. Mais hors de question de "sacrifier l'agriculture française sur l'autel d'un accord à tout prix", lance-t-elle, en mettant en avant des risques pour des filières comme la volaille, le boeuf ou le sucre.

L'avenir de ce traité de libre-échange pourrait être au coeur des tractations entre Paris et Berlin, qui veulent profiter de l'arrivée de Merz pour relancer le couple franco-allemand.

Et à la Commission européenne comme au Parlement, nombreux soulignent que le changement de la donne commerciale avec les Etats-Unis pèse dans la balance.

En Autriche par exemple, le ministre de l'Economie Wolfgang Hattmannsdorfer est désormais ouvertement favorable à l'accord, même si son pays reste officiellement opposé au traité.

A Paris, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, soutient ce rapprochement UE/Mercosur pour "amortir les chocs" liés à la politique commerciale de Donald Trump.

De son côté, la Commission européenne milite sans cesse pour une diversification tous azimuts des débouchés commerciaux, tant les incertitudes sont nombreuses avec les Etats-Unis.

"Dans un monde instable", l'intérêt du traité avec le Mercosur est "très clair", a répété l'exécutif européen le 10 avril.

- "Avant la fin de l'été" -

Cet accord de libre-échange avec l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay devrait notamment permettre à l'Union européenne d'exporter plus facilement ses voitures, machines, produits pharmaceutiques ou spiritueux.

En retour, il faciliterait les exportations sud-américaines de viande, sucre, riz, miel ou soja, ce qui alarme les filières concernées en Europe.

La Commission compte rassurer "tous les Etats membres" et veut présenter un texte au Parlement "avant la fin de l'été", a affirmé un de ses porte-paroles Olof Gill.

Mais les eurodéputés restent divisés. "On ne sait pas de quel côté la pièce va tomber" en cas de vote, reconnaît la centriste française Marie-Pierre Vedrenne (Renew).

Cette élue, qui a toujours été plutôt ouverte au Mercosur, trouve "à titre personnel, qu'on ne peut plus rester dans une logique d'opposition primaire. Vu l'état du monde, ce ne serait pas très sérieux et responsable", argue-t-elle.

Sauf que la ligne du président Macron "n'a pas changé", convient la parlementaire. "Ca s'est beaucoup cristallisé en France". L'opposition au Mercosur est "devenue un sujet d'union nationale".

Aux yeux d'un fonctionnaire européen, en France, sur le Mercosur "rationnellement ça devrait bouger" mais "politiquement ça ne peut pas bouger" car "le gouvernement tomberait" s'il soutient cet accord contesté par des élus de tous bords, estime-t-il.

Pour être approuvé, le traité doit d'abord recevoir l'aval de quinze Etats membres représentant au moins 65% de la population européenne.

Au sein des 27, la France espérait jusqu'ici réunir une minorité de blocage --au moins quatre Etats représentant plus de 35% de la population de l'UE-- contre le traité Mercosur. Mais "vu le contexte, elle ne l'aura probablement pas", pronostique déjà une source à la Commission.

S'il est validé, l'accord serait soumis au Parlement européen, où son adoption demeure incertaine.

Côté calendrier, dans les chancelleries comme chez les eurodéputés, on considère que rien ne se passera tant que la Pologne, hostile au Mercosur, occupe la présidente tournante du Conseil de l'UE.

Mais les Polonais passent le témoin début juillet au Danemark, qui pourrait mettre ce dossier inflammable à l'ordre du jour.


Rubio jeudi à Paris pour des discussions sur l'Ukraine

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
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  • Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine
  • Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien"

WASHINGTON: Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine notamment, a annoncé le département d'Etat, au moment où les relations entre les Etats-Unis et l'Europe sont tendues.

M. Rubio sera accompagné de l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, pour des "discussions avec leurs homologues européens afin d'avancer l'objectif du président Trump de mettre fin à la guerre entre l'Ukraine et la Russie et d'arrêter la tuerie", selon un communiqué.

Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien", selon une source diplomatique.

Traditionnellement, les secrétaires d'Etat américains sont reçus à l'Elysée mais aucune rencontre avec le président Emmanuel Macron n'a été annoncée pour le moment.

Il s'agira du troisième déplacement en Europe de M. Rubio depuis sa prise de fonctions après sa participation à la conférence sur la sécurité à Munich mi-février et une réunion de l'Otan à Bruxelles en mars.

Tandis que M. Rubio sera à Paris, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu sera lui à Washington jeudi où il s'entretiendra avec le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth.

Outre l'épineux dossier des droits de douane, qui avive les tensions entre Washington et les capitales européennes, l'administration Trump ne cesse d'augmenter sa pression sur les Européens accusés d'abuser des Etats-Unis notamment dans le cadre de l'Otan.

Les négociations à l'initiative de Donald Trump en vue d'un cessez-le-feu général entre Kiev et Moscou n'ont pour l'instant pas abouti, l'attaque russe dimanche contre Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, ayant causé la mort d'au moins 35 civils, venant rappeler selon Washington et Paris l'urgence à trouver une issue au conflit.

L'émissaire du président américain avait affirmé lundi, trois jours après une nouvelle rencontre avec le chef de l'Etat russe Vladimir Poutine, que les pourparlers étaient "sur le point" de permettre des avancées.

La France et le Royaume-Uni sont tout particulièrement engagés dans les discussions en vue d'apporter des garanties de sécurité pour l'Ukraine en cas de cessez-le-feu.

Les entretiens à Paris interviennent, par ailleurs, au moment où de rares discussions entre Téhéran et Washington sur le programme nucléaire de l'Iran ont eu lieu samedi dernier dans le sultanat d'Oman, et qu'un nouveau round est prévu le 19 avril à Rome, toujours sous la médiation d'Oman.

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent de longue date l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.