Investiture de Biden: Le «soulagement» de l’Allemagne et l’«amitié» de l’Europe, le Kremlin sceptique

Gabriel Attal, Secrétaire d'État auprès du Premier ministre, Porte-parole du Gouvernement (Photo, AFP)
Gabriel Attal, Secrétaire d'État auprès du Premier ministre, Porte-parole du Gouvernement (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 20 janvier 2021

Investiture de Biden: Le «soulagement» de l’Allemagne et l’«amitié» de l’Europe, le Kremlin sceptique

  • «L'ère d'un autre tyran arrive à son terme et aujourd'hui est le dernier jour de son règne affreux», a déclaré M. Rohani
  • Selon Antony Blinken, l'Iran est prêt à agir sur la base du principe du donnant-donnant à condition que Washington fasse le premier pas

BERLIN/BRUXELLES/TEHERAN/PARIS: Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a fait part mercredi de son « grand soulagement » à quelques heures de l'investiture de Joe Biden au poste de président des Etats-Unis, assurant que ce sentiment était partagé par  « beaucoup de monde » en Allemagne. 

« Nous nous réjouissons que les Etats-Unis en tant que partenaire indispensable soit à l'avenir de nouveau à nos côtés sur de nombreuses questions: dans le combat commun et solidaire contre la pandémie de Covid-19, la protection mondiale du climat, sur les questions de sécurité », a notamment détaillé le chef d'Etat allemand dans un message vidéo. 

L'UE SALUE SON «AMI» JOE BIDEN ET LUI PROPOSE UNE NOUVELLE ALLIANCE

De son côté, l'Europe a annoncé avoir « de nouveau un ami » à la Maison Blanche et invite le président américain Joe Biden à Bruxelles afin de « construire un pacte fondateur nouveau » pour les relations transatlantiques, ont déclaré mercredi les présidents des institutions européennes.

Téhéran se réjouit du départ du « tyran » Trump 

A Téhéran, place aux réjouissances puisque l’Iran a salué mercredi le départ du « tyran » Donald Trump, jugeant que « la balle est dans le camp » du nouveau président américain Joe Biden pour un éventuel retour de Washington à l'accord sur le nucléaire iranien. 

« L'ère d'un autre tyran arrive à son terme et aujourd'hui est le dernier jour de son règne affreux », a déclaré M. Rohani en conseil des ministres, à quelques heures de l'investiture de M. Biden comme 46e président des Etats-Unis. 

« Tout au long de ses quatre années (à la Maison Blanche, M. Trump) n'a porté d'autres fruits que ceux de l'injustice et de la corruption et (il) n'a apporté que des problèmes à son propre peuple et au reste du monde », a ajouté le président iranien dans cette allocution télévisée. 

« Trump est mort, sa carrière politique aussi, mais le PAGC est vivant », a déclaré M. Rohani, dont le pays répète être prêt à revenir immédiatement au respect plein et entier de l'accord si les Etats-Unis lèvent toutes les sanctions édictées contre l'Iran depuis 2018.  

Lors d'une audition en vue de sa confirmation par le Sénat, Antony Blinken --choisi par M. Biden pour être son ministre des Affaires étrangères-- a jugé mardi que la politique de M. Trump avait rendu l'Iran « plus dangereux ». 

M. Blinken a confirmé la volonté du président élu de faire revenir les Etats-Unis rapidement dans le giron de l'accord de Vienne mais il a conditionné cela à un retour préalable de l'Iran au respect strict de ses engagements. Or Téhéran demande avant toute chose la levée des sanctions américaines et le respect par Washington de toutes ses obligations. 

« M. Biden doit savoir qu'il est de sa responsabilité de lever ces sanctions », a déclaré le ministre des Affaires iranien Mohammad Javad Zarif à la sortie du conseil des ministres, ajoutant que c'était pour l'Iran un point »non négociable ». 

« Aujourd'hui, la balle est dans le camp des Etats-Unis », a encore déclaré M. Rohani devant le cabinet. 

Selon lui, l'Iran est prêt à agir sur la base du principe du donnant-donnant à condition que Washington fasse le premier pas. 

« Ils doivent revenir à la légalité, (au respect de leurs) engagements, aux règles internationales », a-t-il dit. 

L'AMÉLIORATION DES RELATIONS RUSSO-AMÉRICAINES DÉPEND DE BIDEN

Le Kremlin a jugé que l'amélioration des relations entre la Russie et les Etats-Unis dépendait uniquement de la »volonté politique » du président élu Joe Biden, qui doit prêter mercredi serment à Washington. 

« Au Kremlin, personne ne se prépare à cette investiture. Cela ne changera rien pour la Russie qui, comme c'est le cas depuis déjà de longues années, poursuivra son existence en cherchant de bonnes relations avec les Etats-Unis », a affirmé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. 

Lors d'un point presse, il a ajouté que « la volonté politique » nécessaire pour raviver les liens entre les deux pays « dépendra de Monsieur Biden et de son équipe ». 

Paris salue les engagements « extrêmement importants » de Biden 

Le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal a jugé mercredi les engagements de Joe Biden de réintégrer les Etats-Unis dans l'Organisation mondiale de la santé et l'accord de Paris »extrêmement importants », Paris comptant relever avec lui »des défis colossaux ». 

« Nous sommes impatients de bâtir avec le président Biden une relation forte, utile, renouvelée », a-t-il dit à l'issue du Conseil des ministres, renouvelant ses »félicitations » au nouveau président américain et à la vice-présidente Kamala Harris, à quelques heures de la cérémonie d'investiture. 

« Nous avons des objectifs et des défis colossaux à relever ensemble », a-t-il poursuivi, en citant la gestion de la pandémie de Covid-19, pour laquelle l'annonce par Joe Biden d'une réintégration de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) par les Etats-Unis est »extrêmement importante ». 

« Les engagements de Joe Biden de réintégrer l'accord de Paris pour le climat sont extrêmement importants », a-t-il aussi considéré, « et donc c'est tout à fait enthousiasmant pour le travail que nous aurons à mener avec les États-Unis dans les prochains mois », a-t-il assuré. 


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.