Génocide arménien : la diaspora en France réclame des sanctions contre les négationnistes

Un homme nettoie un mur extérieur du Centre commémoratif national arménien à Decines-Charpieu, près de Lyon, le 1er novembre 2020, où des étiquettes de graffitis en lettres jaunes pro-turques ont été peintes pendant la nuit. (AFP)
Un homme nettoie un mur extérieur du Centre commémoratif national arménien à Decines-Charpieu, près de Lyon, le 1er novembre 2020, où des étiquettes de graffitis en lettres jaunes pro-turques ont été peintes pendant la nuit. (AFP)
Short Url
Publié le Lundi 18 janvier 2021

Génocide arménien : la diaspora en France réclame des sanctions contre les négationnistes

  • Vingt ans après la reconnaissance par la France du génocide arménien par les Turcs en 1915, la diaspora arménienne estime qu'il est encore trop facile de tenir des propos négationnistes
  • 1,5 million d'Arméniens chrétiens ont trouvé la mort entre 1915 et 1916 sous l'Empire ottoman

PARIS : Vingt ans après la reconnaissance par la France du génocide arménien par les Turcs en 1915, la diaspora arménienne estime qu'il est encore trop facile de tenir des propos négationnistes et réclame des sanctions pour leurs auteurs.

« Je ne boude pas le plaisir de cette reconnaissance mais au nom de la liberté d'expression, la France autorise à dire "un crime a été commis mais vous pouvez le nier" », estime auprès de l'AFP Jacques Ouloussian, 77 ans, fils de rescapés du génocide et président de l'association pour la recherche et l'archivage de la mémoire arménienne (ARAM). 

« Article 1 : la France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915 ».

Si ces quelques mots, votés par l'Assemblée nationale française le 18 janvier 2001 et promulgués onze jours plus tard, sont sans ambiguïté, la pénalisation des contrevenants est en revanche moins évidente.

Le Conseil Constitutionnel en France a ainsi, au nom de la liberté d'expression, jugé inconstitutionnel une loi adoptée par le Parlement en janvier 2012 dont l'objectif était la lutte contre le racisme et la répression de la contestation de l'existence du génocide arménien.

« C'est ça qui reste un peu en travers de la gorge », admet Sevane Mardirossian, présidente de la Croix Bleue des Arméniens de France.

1,5 million d'Arméniens chrétiens ont trouvé la mort entre 1915 et 1916 sous l'Empire ottoman, dirigé par des Turcs musulmans. Des survivants ont trouvé refuge en France où la diaspora compte désormais près de 600 000 personnes.

« La Turquie reconnaît formellement les souffrances que les Arméniens vécurent », ont déclaré à l'AFP les autorités turques à Paris. « Ce que la Turquie conteste est la qualification de "génocide" (...). Rien ne permet d'affirmer que le gouvernement ottoman ait organisé l'extermination des Arméniens ».

Toutefois, de nombreux historiens et universitaires ont conclu que la déportation et le massacre des Arméniens pendant la Première Guerre mondiale répondait à la définition juridique du génocide.

Le génocide est reconnu par une trentaine de pays dont les États-Unis, depuis décembre 2019.

Aujourd'hui, si le président français Emmanuel Macron a récemment instauré le 24 avril une journée nationale de commémoration du génocide, jour symbolique marquant le lancement de celui-ci par l'état-major turc, la France est toutefois « attendue sur d'autres terrains bien plus graves (comme) la pénalisation de la négation du génocide des Arméniens », insiste Hayk Keshishian, élève-avocat.

Dans le viseur de la diaspora, les propos négationnistes et appels à la haine tenus notamment par les groupe ultra-nationaliste turc des « Loups Gris », dissous en novembre par le gouvernement français.

Plusieurs affrontements ont eu lieu cette année entre ce groupe et des membres de la communauté arménienne, notamment vers Décines-Charpieu, dans l'Est de la France où des lieux de mémoires arméniens ont été vandalisés.

Pour l'ambassade turque à Paris, « les événements de 1915 font (...) l'objet d'un "débat historique" appelant la protection de la liberté d'expression ».

Rancœur

« Le négationnisme auquel nous sommes confrontés aujourd'hui n'est rien d'autre que la conséquence de cette idéologie nationaliste extrême », assure Hovhannès Guevorkian, représentant en France de la république autoproclamée du Nagorny Karabakh, peuplée d'Arméniens, théâtre fin 2020 d'un conflit de plusieurs semaines avec l'Azerbaïdjan, fidèle allié d'Ankara.

Plusieurs associations arméniennes ont dit craindre sur ce territoire un « deuxième génocide ».

Les affrontements se sont soldés par une défaite du Nagorny Karabakh, contraint de céder d'importants territoires à l'issue d'un cessez-le-feu signé sous le parrainage de Moscou.

Et du côté de la diaspora, on déplore que la France ne se soit pas davantage mobilisée.

« Je fais partie d'une génération qui a entendu année après année des présidents français (...) déclarer que l'histoire du génocide arménien exigeait (...) une vigilance absolue pour que ce qui s'est produit en 1915 ne se renouvelle plus (...). Et qu'avons-nous constaté ? Un plan d'épuration des Arméniens du Haut-Karabakh », fustige Jules Boyadjian, président du Comité de défense de la cause arménienne (CDCA).

La France, co-présidente du « groupe de Minsk » chargé de longue date de chercher une solution au conflit entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, a proclamé sa neutralité dans le conflit pour préserver son rôle de médiateur, mais les parlementaires ont, eux, voté des résolutions favorables à la reconnaissance du Haut-Karabakh.


France: l'adoption d'un budget compromise après le rejet des députés

Les résultats du vote sur le projet de loi de finances pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, tôt dans la matinée du 22 novembre 2025. (AFP)
Les résultats du vote sur le projet de loi de finances pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, tôt dans la matinée du 22 novembre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’Assemblée nationale a rejeté massivement en première lecture le budget 2026, renvoyant le texte au Sénat et illustrant l’extrême fragmentation politique depuis la dissolution de 2024
  • Le gouvernement minoritaire, sous pression pour réduire un déficit public record, peine à trouver une majorité, malgré l’espoir d’un compromis sur fond de tensions entre blocs politiques

PARIS: Les députés français ont rejeté à la quasi-unanimité en première lecture le budget de l'État pour 2026, dans la nuit de vendredi à samedi, un vote inédit depuis des décennies qui augure mal d'une adoption avant la fin de l'année.

Après des semaines de débats parfois houleux sur la fiscalité du patrimoine, ou celle des grandes entreprises, 404 députés ont rejeté la partie "recettes" du texte (un seul a voté pour), emportant ainsi l'ensemble du projet de loi, sans même étudier la partie "dépenses".

En vertu des procédures parlementaires françaises, ce vote renvoie le texte initial du gouvernement à la chambre haute du Parlement, qui s'en saisira la semaine prochaine.

Dans un paysage politique très facturé depuis la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par le président Emmanuel Macron en 2024, la difficulté à adopter un budget de l'Etat constitue le sujet majeur à l'origine de la chute des derniers Premier ministres.

Le gouvernement minoritaire de Sébastien Lecornu, un proche d'Emmanuel Macron, se trouve pourtant sous forte pression pour réduire le déficit public, le plus élevé de la zone euro, dont l'ampleur inquiète les marchés financiers.

L'Assemblée avait déjà rejeté en 2024 le budget de l'État, de manière inédite depuis l'adoption de la Ve République en 1958. Mais c'est une première qu'il le soit avec une telle ampleur.

Les groupes de gauche et l'extrême droite ont voté contre, ceux du camp gouvernemental se sont divisés entre votes contre et abstentions. Seul un député centriste a voté en faveur du texte.

- Compromis? -

Si l'exécutif espère toujours une adoption avant la fin de l'année, cela apparaît comme une gageure, en terme de délais comme en terme de majorité pour le voter.

Minoritaire, le quatrième gouvernement en moins d'un an et demi, le sixième depuis la réélection de M. Macron en mai 2022, avait promis de laisser le dernier mot au Parlement pour éviter une censure.

Mais la recherche d'un compromis reste très difficile entre un camp présidentiel fracturé, une gauche traversée de tensions et une extrême droite favorable à une union des droites.

Si elle a vu dans le "plus long débat budgétaire" de la Ve République, un "travail utile", la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a aussi déploré un "certain nombre de mesures inconstitutionnelles, irréalistes ou inapplicables".

Dans le viseur du camp gouvernemental, plusieurs hausses d'impôts, dont un "impôt universel" sur les multinationales, une hausse de taxe sur les rachats d'action, ou une contribution sur les dividendes.

Avec elles, le déficit passerait à "4,1%" du PIB (contre un objectif à 4,7% dans le texte initial), sans elles il serait de "5,3%", a estimé Amélie de Montchalin.

Sur X, elle a dénoncé l'"attitude cynique" des "extrêmes", se disant cependant "convaincue" de la possibilité d'un compromis.

"Le compte n'y est pas", a lancé le chef de files des élus socialistes, Boris Vallaud, estimant les "recettes" insuffisantes pour "effacer" des économies irritantes sur les politiques publiques.

Le PS continuera toutefois à "chercher le compromis", a-t-il assuré.

Les socialistes, qui avaient accepté de ne pas censurer le Premier ministre en échange notamment de la suspension de la réforme des retraites, espéraient que les débats permettent d'arracher une taxe sur le patrimoine des ultra-riches. Mais les propositions en ce sens ont été rejetées.

Si le Parlement ne se prononce pas dans les délais, le gouvernement peut exécuter le budget par ordonnance. Une loi spéciale peut aussi être votée permettant à l'Etat de continuer à percevoir les impôts existants l'an prochain, tandis que ses dépenses seraient gelées, en attendant le vote d'un réel budget.


Narcobanditisme: la porte-parole du gouvernement sera à la marche blanche samedi à Marseille

La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat". (AFP)
La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat". (AFP)
Short Url
  • "Au-delà des actes forts et des engagements du ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux, l'État et singulièrement le gouvernement devaient marquer, symboliquement et humblement, leur soutien et leur solidarité lors de ce rassemblement
  • "Les réflexes partisans n'ont pas leur place dans une telle marche et dans un tel combat", a estimé Mme Bregeon, espérant que les participants seraient "le plus nombreux possible" samedi

PARIS: La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a annoncé vendredi qu'elle irait à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, soulignant que sa présence devait illustrer le "soutien de l'Etat".

Le jeune homme de 20 ans a été assassiné le 13 novembre par deux hommes à moto, et la justice étudie la piste d'"un crime d'intimidation" lié au militantisme de son frère.

"Le gouvernement sera présent et je me rendrai samedi à Marseille en compagnie de mon collègue Vincent Jeanbrun, qui est ministre de la Ville et du Logement", a déclaré Maud Bregeon sur TF1 vendredi, ajoutant que ce drame avait "profondément choqué tous nos concitoyens".

La porte-parole a assuré que son déplacement serait fait "humblement, avec la modestie et la pudeur que cet événement nécessite, sans communication sur place".

Il s'agit, selon elle, de "marquer l'engagement total du gouvernement et le soutien de l'État, du président de la République et du Premier ministre, à cette famille et aux proches de Mehdi Kessaci".

"Au-delà des actes forts et des engagements du ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux, l'État et singulièrement le gouvernement devaient marquer, symboliquement et humblement, leur soutien et leur solidarité lors de ce rassemblement où habitants, élus locaux et nationaux feront bloc contre le narcotrafic", a précisé l'entourage de Maud Bregeon à l'AFP.

La porte-parole retrouvera à Marseille de nombreuses autres personnalités politiques, dont beaucoup issues de gauche, comme Olivier Faure (PS) ou Marine Tondelier (les Ecologistes).

"Les réflexes partisans n'ont pas leur place dans une telle marche et dans un tel combat", a estimé Mme Bregeon, espérant que les participants seraient "le plus nombreux possible" samedi.

Si les courants politiques s'accordent sur le constat, ils s'opposent sur les voies à suivre pour contrer le narcotrafic.

Le député LFI du Nord Ugo Bernalicis a ainsi affirmé sur franceinfo que "ce qu'on demande au gouvernement, c'est pas tant la participation à cette marche, c'est de faire en sorte que les moyens soient à la hauteur des enjeux". Et "le compte n'y est pas", a-t-il dit.

Il a notamment appelé à s'attaquer au "cœur du problème" en légalisant le cannabis, dont la vente est "le moteur financier" des trafiquants, selon lui.

Le député insoumis des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard, qui sera présent samedi, a exhorté à un "changement de doctrine complet", demandant par exemple plus de moyens pour la police judiciaire.

"Plutôt que d'envoyer des policiers chasser le petit consommateur, je pense au contraire qu'il faut concentrer les moyens dans le démantèlement des réseaux de la criminalité organisée", a-t-il dit.

Quant à la suggestion du maire de Nice Christian Estrosi d'engager l'armée contre le narcotrafic, Maud Bregeon a rappelé que ce n'était "pas les prérogatives de l'armée" et "qu'on a pour ça la police nationale, la gendarmerie nationale, la justice de la République française".


Une centaine de personnes en soutien à un directeur d'école menacé de mort

Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme. (AFP)
Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme. (AFP)
Short Url
  • Cet enseignant a porté plainte le 14 octobre "pour des faits de menace de mort datant du 10 octobre", a affirmé jeudi le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet. Le rectorat a également porté plainte
  • "On reproche simplement au collègue d'être un homme et d'encadrer des jeunes enfants", a déploré Mickaël Bézard, du syndicat Force Ouvrière (FO) des écoles, présent devant l'établissement

RENNES: Un rassemblement de soutien d'environ 150 personnes se tenait vendredi matin devant une école maternelle située à Rennes, dans l'ouest de la France, dont le directeur a été menacé de mort par une famille refusant que leur fillette soit encadrée par un homme.

Cet enseignant a porté plainte le 14 octobre "pour des faits de menace de mort datant du 10 octobre", a affirmé jeudi le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet. Le rectorat a également porté plainte.

Selon des sources syndicales, la famille n'aurait pas toléré que l'instituteur accompagne la fillette aux toilettes.

"On reproche simplement au collègue d'être un homme et d'encadrer des jeunes enfants", a déploré Mickaël Bézard, du syndicat Force Ouvrière (FO) des écoles, présent devant l'établissement.

"Il n'y a pas d'aspect religieux derrière tout ça" a insisté Fabrice Lerestif, un autre représentant de ce syndicat à l'échelle départementale, reprenant les termes du ministre français de l'Éducation, Édouard Geffray, en marge d’un déplacement la veille près de Lyon (centre-est).

Environ 150 personnes, dont des enseignants d'écoles voisines et une trentaine de parents d'élèves, étaient présents devant l'école, fermée pour la journée. "Soutien à notre collègue", "Parents unis! Respect et soutien total à nos enseignants", clamaient deux pancartes accrochées aux grilles.

Parmi les parents d'élèves, Pierre Yacger est venu avec ses enfants soutenir l'équipe éducative "en qui on a pleinement confiance". Concernant le directeur, "on n'a jamais eu de retour négatif", a-t-il affirmé.

Choqué, l'enseignant est depuis en arrêt de travail. Il est "meurtri par la situation" qui a "eu un impact fort sur l'ensemble de l'école", alors qu'il s'agit d'un établissement "où tout se passe bien", a précisé Mickaël Bézard.

Le corps enseignant demande que la fillette, toujours scolarisée dans cette école, soit changée d'établissement, "pour retrouver aussi un climat serein", a-t-il poursuivi.

"Cette enfant, peut-être, va être scolarisée ailleurs", a estimé Gaëlle Rougier, adjointe à l'éducation à la municipalité de Rennes. "Il va bien falloir poursuivre une médiation avec la famille", a-t-elle ajouté.