LONDRES: Le 15 juillet 2016, un groupe d’officiers militaires tente de renverser le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan. Les comploteurs présumés sont accusés d'être des partisans du religieux exilé Fethullah Gulen. Parmi eux le brigadier général Semih Terzi, qui a mené l’assaut contre le quartier général des forces spéciales à Ankara. Lors de l’attaque, il est tué par le sergent Omer Halidesmir, sous les ordres du lieutenant-général Zekai Aksakalli.
C’est le récit de l’histoire officielle. Mais selon le site web anti-Erdogan Nordic Monitor, la raison du meurtre de Terzi ne serait pas liée à l’attaque du quartier général des forces spéciales, mais aurait pour origine d’autres motifs, selon des extraits d’un jugement obtenus par le site.
Nordic Monitor affirme en effet que lors d’une audience devant la dix-septième Haute Cour pénale d'Ankara en mars 2019, le colonel Firat Alakus – membre du Commandant des forces spéciales et condamné à la prison à vie pour avoir participé à la tentative de putsch contre Erdogan - a affirmé que Semih Terzi aurait été victime d’un meurtre prémédité par le lieutenant-général Zekai Aksakalli et le chef du commandement des forces spéciales de la Turquie. Semih Terzi avait en effet découvert que le Qatar transférait de l’argent vers des groupes extrémistes en Syrie par l’intermédiaire de la Turquie, notamment via Zekai Aksakalli.
Alakus a témoigné que Terzi avait découvert qu'Aksakalli travaillait secrètement avec l'agence de renseignement turque (MIT) pour mener des opérations illégales en Syrie à des fins personnelles. « Terzi était au courant du financement fourni à la Turquie par le Qatar pour l’achat d’armes et de munitions pour l’opposition, syrienne. ll savait combien d’argent était en fait utilisé par des fonctionnaires et combien avait été détourné » a déclaré le colonel dans la salle d’audience.
Il s'est opposé à ce que les services de renseignement turcs fournissent des armes et entraînent des factions syriennes extrémistes, présentées à l’époque comme des combattants de l'opposition modérée. Firat Alakus a également affirmé que Semih Terzi était informé de l’implication de la Turquie dans la contrebande de pétrole en provenance de Syrie.
« Le meurtre de Semih Terzi s’explique par le piège conçu par Zekai Aksakalli, qui ne voulait pas que de tels faits soient révélés », a affirmé le colonel.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur ArabNews.com