PARIS: Un nouveau service pour les commémorations nationales, "France mémoire", qui se veut indépendant de l'Etat et du monde politique, a été créé par l'Institut de France, au moment où la célébration mémorielle est omniprésente et objet de controverses.
"À partir de 2021, la mission des commémorations nationales est assurée par l’Institut de France. Le nouveau service sera indépendant de l’État (...) et s’ouvrira résolument au débat historique, en faisant place à la pluralité des points de vues, a annoncé samedi un communiqué du Quai Conti.
France Mémoire proposera des contenus en ligne --synthèses, illustrations, émissions de radio en téléchargement gratuit-- pour une cinquantaine d'anniversaires marquants (cinquantenaires et centenaires), et organisera colloques, spectacles, expositions, etc.
Ce nouveau service remplace une mission du ministère de la Culture qui s'était d'abord appelée "célébrations nationales", puis, après une première polémique en 2011 autour de l'écrivain collaborationniste Louis-Ferdinand Céline, avait changé de nom pour l'appeler "commémorations nationales". Une nouvelle controverse, cette fois autour de l'écrivain d'extrême-droite Charles Maurras en 2018, avait fait renoncer à cette mission.
"L'idée est venue de recréer un service dans une structure indépendante des gouvernements successifs, et dont le temps ne serait pas celui des élections. Et l'Institut s'est révélé la solution la plus naturelle pour relancer cette instance", a expliqué à l'AFP l'historien Yves Bruley, vice-président de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE), nommé à la tête de ce nouveau service.
Cette solution fait suite à une longue recherche et marque une "sortie de crise" depuis 2018, s'est-il félicité.
A l'Institut, qui, avec ses cinq académies, représente le savoir et les arts sous diverses formes, "les sujets mémoriels, même s'ils dépendent du politique, peuvent être à l'abri des aléas de la politique", a-t-il remarqué. Mais France mémoire, a-t-il souligné, ne se substituera pas à l'Etat "qui a sa propre politique mémorielle, à laquelle le président Emmanuel Macron attache beaucoup d'importance".
Avec France Mémoire, a expliqué M. Bruley, il n'y aura plus comme avant "de liste de commémorations historiques qui donnait aux gens l'impression que l'Etat voulait leur imposer une version officielle de l'Histoire". Les évènements retenus seront moins nombreux: ce seront à la fois des "commémorations" pour certains thèmes qui ne font pas polémique et des "anniversaires" pour les personnages ou évènements qui nécessitent des débats.
Sur le site internet, des liens permettront de faire connaître de riches évènements régionaux comme les célébrations autour de La Fontaine à Château-Thierry ou autour de Flaubert en Normandie.