Élections palestiniennes prévues en mai et juillet, les premières en 15 ans

Le président Mahmoud Abbas porte un masque de protection alors qu'il assiste à une réunion des dirigeants palestiniens pour discuter de l'accord des Émirats arabes unis avec Israël pour normaliser les relations, à Ramallah en Cisjordanie occupée par Israël, le 18 août 2020. (AFP)
Le président Mahmoud Abbas porte un masque de protection alors qu'il assiste à une réunion des dirigeants palestiniens pour discuter de l'accord des Émirats arabes unis avec Israël pour normaliser les relations, à Ramallah en Cisjordanie occupée par Israël, le 18 août 2020. (AFP)
Short Url
Publié le Samedi 16 janvier 2021

Élections palestiniennes prévues en mai et juillet, les premières en 15 ans

  • Le président palestinien Mahmoud Abbas a annoncé vendredi l'organisation d'élections législatives et présidentielle en mai et juillet prochains, les premières depuis 2005
  • Le mouvement armé Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, s'est félicité de cette annonce et a estimé que « le peuple palestinien a le droit absolu de choisir ses propres dirigeants et représentants »

RAMALLAH: Le président palestinien Mahmoud Abbas a annoncé vendredi l'organisation d'élections législatives et présidentielle en mai et juillet prochains, les premières depuis 2005, dans un contexte de rapprochement entre son parti laïc, le Fatah, et ses rivaux islamistes du Hamas.

Le mouvement armé Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, s'est félicité de cette annonce et a estimé que « le peuple palestinien a le droit absolu de choisir ses propres dirigeants et représentants ».

La dernière présidentielle palestinienne a eu lieu en janvier 2005 et les dernières législatives en janvier 2006, avant que les divisions intestines entre le Hamas et le Fatah ne figent la vie politique palestinienne.

M. Abbas, chef de l'Autorité palestinienne basée à Ramallah en Cisjordanie occupée, a publié « un décret présidentiel sur la tenue d'élections générales en trois étapes », selon un communiqué publié en soirée par l'agence de presse officielle palestinienne Wafa.

Les législatives sont prévues le 22 mai et la présidentielle le 31 juillet, d'après le texte. L'élection des membres du Conseil national palestinien, le Parlement de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), se tiendra le 31 août.

En septembre 2020, le Fatah et le Hamas s'étaient entendus sur l'organisation d'élections « d'ici six mois », dans le cadre d'un dialogue entre les factions palestiniennes visant à unir leurs forces face aux accords de normalisation conclus, sous l'égide de l'administration américaine de Donald Trump, entre Israël et des pays arabes ces derniers mois.

« En toute transparence »

« Nous avons œuvré ces derniers mois pour surmonter les obstacles et parvenir » à une telle annonce, a déclaré le Hamas dans un communiqué, appelant à des élections « libres où l'électeur peut s'exprimer sans pressions et sans restrictions, en toute transparence ».

Lors d'une rencontre avec le président de la Commission électorale Hanna Nasser à Ramallah, M. Abbas a demandé à la commission et aux organes gouvernementaux de « lancer une campagne électorale démocratique dans toutes les régions de Palestine, y compris à Jérusalem-Est », selon Wafa.

Il n'était pas clair dans l'immédiat si Israël, qui occupe et a annexé Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville, autorisera les habitants palestiniens à voter.

Les Palestiniens ambitionnent de faire de la partie orientale de Jérusalem la capitale de l'État auquel ils aspirent. Mais Israël considère Jérusalem comme sa capitale « unifiée et indivisible ».

L'annonce de M. Abbas « était très attendue, c'est une étape très importante pour lancer le processus électoral », a estimé Arif Jaffal, directeur de l'Observatoire de la démocratie et des élections du monde arabe Al-Marsad, interrogé par l'AFP.

Nouveau mandat ?

M. Abbas, 85 ans, qui avait à plusieurs reprises promis la tenue d'élections, n'a pas indiqué vendredi s'il allait être candidat à sa propre succession.

En 2005, après la fin de la seconde Intifada, le soulèvement palestinien contre l'armée israélienne, et la mort du leader historique palestinien Yasser Arafat, M. Abbas avait remporté la présidentielle.

Un an plus tard, ses rivaux du Hamas ont remporté les élections législatives.

Le Fatah de M. Abbas et les islamistes du Hamas d'Ismaïl Haniyeh se sont ensuite affrontés dans les rues de Gaza. Le Hamas a alors pris le contrôle de l'enclave en 2007, tandis que le Fatah s'est imposé en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Jusqu'au mois de septembre, les deux mouvements sont restés à couteaux tirés.

Deux millions de Palestiniens vivent dans la bande de Gaza, enclave paupérisée sous blocus israélien.

En Cisjordanie, où gouverne l'Autorité palestinienne de M. Abbas, plus de 2,8 millions de Palestiniens vivent auprès de plus de 450 000 colons israéliens.

La bande de Gaza et la Cisjordanie sont séparés par le territoire israélien.

Plusieurs élections municipales ont été organisées depuis 2005 mais seulement en Cisjordanie et sans la participation de certaines factions comme le Hamas.


Au Liban, la plupart des sites militaires du Hezbollah ont été cédés à l'armée dans le sud du pays

L'armée libanaise est entrée mercredi dans la ville de Hawsh Al-Sayyid Ali, à la frontière orientale du Liban avec la Syrie. (X/@mdbarakat)
L'armée libanaise est entrée mercredi dans la ville de Hawsh Al-Sayyid Ali, à la frontière orientale du Liban avec la Syrie. (X/@mdbarakat)
Short Url
  • « Sur les 265 positions militaires du Hezbollah identifiées au sud du fleuve Litani, le mouvement en a cédé environ 190 à l'armée », a indiqué la source, qui a requis l'anonymat.
  • Le président libanais, Joseph Aoun, dont l'élection a été permise par l'affaiblissement du Hezbollah, a affirmé lundi que la question devait être résolue « par le dialogue », car le « Hezbollah est une composante libanaise ».

BEYROUTH : Selon une source proche du mouvement pro-iranien, l'AFP a appris samedi que la plupart des sites militaires du Hezbollah dans le sud du Liban avaient été placés sous le contrôle de l'armée libanaise.

« Sur les 265 positions militaires du Hezbollah identifiées au sud du fleuve Litani, le mouvement en a cédé environ 190 à l'armée », a indiqué la source, qui a requis l'anonymat.

Dimanche, une émissaire américaine en visite à Beyrouth a exhorté les autorités libanaises à accélérer le désarmement du Hezbollah.

« Nous continuons d'exhorter le gouvernement à aller jusqu'au bout pour mettre fin aux hostilités, ce qui inclut le désarmement du Hezbollah et de toutes les milices », a déclaré Morgan Ortagus sur la chaîne locale LBCI. 

Le président libanais, Joseph Aoun, dont l'élection a été permise par l'affaiblissement du Hezbollah, a affirmé lundi que la question devait être résolue « par le dialogue », car le « Hezbollah est une composante libanaise ».

« Nous allons bientôt élaborer une stratégie de défense nationale dans ce cadre », a-t-il ajouté.

Le Hezbollah est le seul groupe libanais à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la « résistance » contre Israël.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël en tirant des roquettes à partir du sud du Liban pour soutenir son allié palestinien.

Ces hostilités ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2006 avec des bombardements israéliens intenses au Liban, principalement contre les bastions du Hezbollah, dont la direction a été quasiment décimée. La guerre a fait plus de 4 000 morts.

Israël, qui a maintenu sa présence militaire au Liban dans cinq points « stratégiques » le long de la frontière, continue de mener régulièrement des frappes au Liban, disant viser des infrastructures et des membres du Hezbollah.


Gaza : une délégation du Hamas est attendue au Caire samedi pour discuter d'une trêve

Des Palestiniens prient pour l'Aïd Al-Adha près des ruines de la mosquée Al-Al Rahma détruite par les frappes aériennes israéliennes à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 juin 2024. Le Hamas a déclaré qu'il était prêt à conclure un accord global pour la paix à Gaza. (Reuters)
Des Palestiniens prient pour l'Aïd Al-Adha près des ruines de la mosquée Al-Al Rahma détruite par les frappes aériennes israéliennes à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 juin 2024. Le Hamas a déclaré qu'il était prêt à conclure un accord global pour la paix à Gaza. (Reuters)
Short Url
  • « Nous espérons que cette rencontre permettra d'avancer concrètement vers un accord mettant fin à la guerre a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat.
  • « Mais les contacts et les discussions avec les médiateurs sont en cours », a-t-il affirmé.

LE CAIRE : Une délégation du Hamas est attendue samedi au Caire pour des discussions avec les médiateurs égyptiens en vue d'une nouvelle trêve dans la bande de Gaza, a indiqué à l'AFP un responsable du mouvement islamiste palestinien.

« Nous espérons que cette rencontre permettra d'avancer concrètement vers un accord mettant fin à la guerre et à l'agression, et garantissant le retrait complet des forces d'occupation de la bande de Gaza », a déclaré ce responsable sous couvert d'anonymat, en référence à Israël.

Selon lui, le Hamas n'a reçu aucune nouvelle offre de trêve, malgré des informations de médias israéliens rapportant que l'Égypte et Israël avaient échangé des projets de documents portant sur un accord de cessez-le-feu et de libération d'otages.

« Mais les contacts et les discussions avec les médiateurs sont en cours », a-t-il affirmé.

La délégation est conduite par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du Hamas, a-t-il précisé.

Selon le Times of Israel, la proposition égyptienne prévoirait le retour en Israël de 16 otages, huit vivants et huit morts, en échange d'une trêve de 40 à 70 jours ainsi que de la libération d'un grand nombre de prisonniers palestiniens.


Reconnaissance de l'État palestinien : de nombreuses conditions à réunir pour que la France agisse

Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique » (Photo AFP)
Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique » (Photo AFP)
Short Url
  • - Le projet du président français : « Je défends le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, comme celui des Israéliens à vivre en paix et en sécurité, l'un et l'autre reconnus par leurs voisins », a résumé Emmanuel Macron. 
  • Il a dévoilé le projet d'une telle reconnaissance par Paris dans une « dynamique collective », impliquant la reconnaissance de l'État d'Israël par les pays avoisinants.

PARIS : Toute reconnaissance de l'État palestinien par la France ne contribuera à mettre la solution des deux États avec Israël sur les rails que si elle réunit une myriade de conditions qui semblent pour le moment inatteignables.

Emmanuel Macron a répété vendredi dans un message posté sur X en français, anglais, arabe et hébreu que la seule solution au conflit israélo-palestinien était « politique ». Les obstacles sont de taille.

- Le projet du président français : « Je défends le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, comme celui des Israéliens à vivre en paix et en sécurité, l'un et l'autre reconnus par leurs voisins », a résumé Emmanuel Macron. 

L'an passé, il avait déclaré que la reconnaissance d'un État palestinien n'était pas un tabou, à condition que ce geste symbolique soit « utile ».

Mercredi, il a dévoilé le projet d'une telle reconnaissance par Paris dans une « dynamique collective », impliquant la reconnaissance de l'État d'Israël par les pays avoisinants.

La conférence pour les deux États, prévue en juin à New York sous l'égide de la France et de l'Arabie saoudite, doit être « un tournant », a-t-il dit. 

Des frontières à définir 

« Les attributs juridico-politiques de l'État palestinien en question n'existent pas aujourd'hui. C'est une pure fiction diplomatique », souligne néanmoins David Khalfa, de la Fondation Jean-Jaurès à Paris.

« Pour qu'un État palestinien soit viable, il faut une continuité territoriale entre Gaza et la Cisjordanie », note Karim Bitar, enseignant à Sciences Po Paris. Or, « on ne voit pas aujourd'hui le gouvernement israélien accepter d'entamer un processus de décolonisation, de mettre un terme à l'occupation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, et de demander aux 700 ou 800 000 colons israéliens de quitter ces territoires occupés », dit-il. 

Une autre question épineuse est celle du désarmement du Hamas, qui a perpétré les attentats sanglants du 7 octobre 2023 en Israël et provoqué les représailles meurtrières de l'armée israélienne à Gaza.

Israël a fait de l'éradication du groupe sa priorité. 

Démilitarisation du Hamas et exfiltration

Quoiqu'affaibli, le groupe « a réussi à recruter des milliers de jeunes miliciens » et dispose encore d'un arsenal lui permettant de « mener des actions de guérilla contre les soldats israéliens et de réprimer dans le sang les leaders de la contestation anti-Hamas à Gaza », observe-t-il.

S'agissant de l'exfiltration de certains cadres du Hamas, la question est complexe à explorer avec ceux qui parlent au Hamas, reconnaît-on à Paris. Comment les exfiltrer et vers quelle destination, en plus du Qatar et de la Turquie ? Des interrogations  qui restent sans réponse actuellement. 

Revitaliser l'Autorité Palestinienne

« Les Israéliens doivent être convaincus que le Hamas va être désarmé, qu'il est exclu de la gouvernance de Gaza et que l'Autorité palestinienne va réellement se réformer », a expliqué à l'AFP une source diplomatique française.

Cela passe par le renforcement de la légitimité de l'Autorité palestinienne, alors que la popularité du Hamas augmente au sein de la population. 

Normalisation avec Israël

Selon Hasni Abidi, enseignant au Global Studies Institute de l'Université de Genève, il faut un changement de personnel politique en son sein pour qu'une Autorité palestinienne revitalisée soit en mesure d'assurer une gouvernance crédible dans la bande de Gaza. Or, ses dirigeants ne manifestent aucun désir de passer la main, ce qui permet à Israël d'entretenir l'idée qu'ils n'ont pas d'interlocuteur crédible.

La source diplomatique rappelle que la normalisation est un processus et pas un acte isolé. Elle souligne que ce processus peut se faire progressivement et que d'autres pays peuvent participer. Cependant, la France est réaliste et ne s'attend pas à un règlement immédiat du conflit israélo-palestinien.