DUBAÏ : En Égypte comme dans une grande partie du reste du monde, le secteur de la construction lutte contre les effets de ralentissement de la pandémie de coronavirus.
Alors même que sa capitale, Le Caire, rouvre avec prudence après le confinement national, les entreprises de construction sont confrontées à une série de défis tels que le bouleversement lié au télétravail, qui entraîne une baisse de leur productivité.
C’est du moins l’avis de Radwa Rostom, la fondatrice de Hand Over, une entreprise de conception et de construction qui a pour objectif d’intégrer des bâtiments durables aux blocs architecturaux égyptiens.
Elle explique que sa mission consiste à «transformer l'industrie de la construction en créant une alternative durable et rentable, ainsi qu'en défendant une approche de développement communautaire par le biais de projets sociaux».
Créée en 2015, cette entreprise, qui compte dix personnes, a déjà livré avec succès une série de projets, comme un centre communautaire pour bédouins à Sainte-Catherine, en collaboration avec l’association «Catherine Exists», une école communautaire dans la périphérie de Gizeh, avec l'ONG Man Ahyaha, et le siège écologique d'une nouvelle start-up agricole.
Radwa Rostom affirme que Hand Over poursuivra une nouvelle série de projets, malgré le fait que certains clients aient rencontré des problèmes de financement en raison des effets économiques du coronavirus. «Cela n’a pas toujours été simple, mais nous essayons d’être visionnaires et de regarder vers l’avenir. Le virus ne restera pas indéfiniment», confie-t-elle.
Les mois à venir verront le début de la phase deux du centre communautaire bédouin: l’ajout d’une unité éducative. Hand Over travaille également sur la construction d’une maison de retraite et envisage de construire une école communautaire en Haute-Égypte, avec des fonds qui proviennent des campagnes de responsabilité sociale des entreprises locales.
EN BREF
La technique du pisé
Cette technique est une alternative à l'utilisation du béton et de l'acier. Moins onéreuse, elle est également adaptée aux climats chauds.
La fondatrice de Hand Over explique encore: «Nous utilisons des matériaux durables disponibles dans notre communauté et nous nous efforçons de montrer comment les utiliser à bon escient. Nous impliquons la communauté dans la construction afin qu'elle acquière également de nouvelles connaissances qu'elle pourra utiliser elle-même.
La plupart des projets de développement actuels de Hand Over sont administrés en collaboration avec des ONG locales, mais Hand Over joue aussi un rôle dans le marché de la construction commerciale durable. «Certains de nos projets en partenariat avec des ONG étant en suspens, nous avons entamé des discussions prometteuses avec des sociétés immobilières dans le but d’obtenir des contrats de conception et de construction professionnels. Nous sommes par ailleurs en discussion avec la communauté croissante des promoteurs de l’écotourisme en Égypte», fait savoir Radwa Rostom.
Hand Over utilise des procédés de construction innovants, tels que la technique du pisé. L'entreprise promeut également le concept de durabilité dans la conception et utilise des ressources naturelles comme la lumière du soleil. «La technique du pisé est une alternative moins chère à l'utilisation du béton et de l'acier. Elle est adaptée aux climats chauds car elle offre une bonne isolation.»
En utilisant des matériaux et des ouvriers locaux, les coûts de construction de Hand Over sont réduits et les revenus redirigés vers la communauté. Les projets de l'entreprise sont souvent structurés autour d'un système de «support mural», ce qui signifie que le bâtiment dépend d'un mur pour le support; c’est un type de solution économique.
Dans les mois à venir, Hand Over étudiera la proposition des services de conseil, tels que la simulation d'efficacité énergétique, destinée à soutenir davantage l'industrie locale de la construction. L'entreprise cherche également à fournir au secteur des «blocs» (briques) fabriqués à partir de matériaux durables.
Selon Radwa Rostom, le secteur de la construction égyptien en est encore à ses débuts, pour ce qui concerne l'adoption de solutions durables. «Il reste tellement de sensibilisation à faire. Nous avons encore du travail pour montrer comment les bâtiments peuvent être érigés de manière durable, dès le début du processus», prévient-elle.
«Nous voulons montrer qu'il est possible d'utiliser des matériaux durables et des motifs qui utilisent des ressources naturelles, tout en encourageant l'embauche locale afin de soutenir la communauté», conclut la fondatrice de Hand Over.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com