WUHAN: des experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sont arrivés jeudi en Chine pour enquêter sur les origines de la pandémie, tandis que le comité d'urgence de l'agence onusienne se penche sur les nouveaux variants du coronavirus.
Comme quasiment partout dans le monde, la résurgence du Covid-19 frappe aussi la Chine, où la maladie a été signalée pour la première fois fin 2019 à Wuhan (centre).
Ce pays avait largement maîtrisé l'épidémie, mais a recensé jeudi son premier décès dû au virus depuis mai, dans la province du Hebei où plusieurs villes ont été confinées récemment après l'apparition de foyers de contaminations, et 138 nouvelles contaminations, le bilan quotidien le plus élevé depuis mars.
Cette nouvelle mort intervient au moment où une équipe de scientifiques de l'OMS est arrivée jeudi à Wuhan. Elle sera chargée de remonter aux origines du Covid-19, dès que sera écoulée la quarantaine de deux semaines à laquelle sont soumis les experts.
Deux membres de l'équipe de l'OMS sont encore à Singapour pour refaire des tests Covid, après avoir été testés positifs.
La visite est ultra-sensible pour le pouvoir chinois, qui cherche à écarter toute responsabilité dans la pandémie qui a fait au moins 1.979.596 morts dans le monde, selon un comptage de l'AFP jeudi.
Le comité d'urgence de l'OMS, qui se retrouve normalement tous les trois mois, s'est réuni jeudi après-midi avec deux semaines d'avance pour discuter de «deux sujets urgents», selon le directeur général de l'organisation, Tedros Adhanom Ghebreyesus : «Le premier, c'est l'apparition récente de variants du virus SARS-CoV-2 et le second, c'est l'usage potentiel de certificats de vaccinations et de tests pour les déplacements internationaux».
Des recommandations pour l'OMS et les pays membres seront rendues publiques à l'issue de la réunion, probablement vendredi.
Particulièrement contagieux, les variants britannique et sud-africain du coronavirus essaiment : 50 pays et territoires ont détecté la souche initialement repérée en Grande-Bretagne et 20 ont signalé le variant sud-africain, selon l'OMS, pour qui cette évaluation est probablement sous-estimée.
Une troisième mutation originaire d'Amazonie brésilienne, dont le Japon a annoncé dimanche la découverte, est analysée et pourrait affecter la réponse immunitaire, indique l'OMS, évoquant «un variant inquiétant».
- Nouvelle vague mondiale -
Comme en Chine, une nouvelle vague de contaminations frappe un peu partout.
En Asie toujours, le Japon a étendu mercredi son état d'urgence en vigueur dans la région du grand Tokyo à sept départements supplémentaires, avec notamment une fermeture en soirée des bars et restaurants.
Confronté à la pire flambée de cas et au pire bilan en Europe avec près de 85 000 morts, le Royaume-Uni, reconfiné en raison de la propagation du variant plus contagieux du virus, a enregistré mercredi 1 564 morts, son pire bilan quotidien.
Sur le continent, le Portugal s'est résolu à un nouveau confinement général à partir de vendredi, le virus s'y propageant de manière accélérée (plus de 10 500 nouveaux cas mercredi pour 10 millions d'habitants).
En Italie, le gouvernement a prolongé l'état d'urgence jusqu'au 30 avril. Le Vatican a fait savoir que le pape François, 84 ans, et le pape émérite Benoît XVI, 93 ans, avaient été vaccinés.
En France, de nouvelles mesures, dont l'extension probable du couvre-feu, seront dévoilées jeudi soir face à la hausse du nombre des contaminations (plus de 23 000 mercredi).
L'Allemagne voisine (25 164 nouveaux cas et 1 244 morts ces dernières 24 heures, un record absolu) pourrait bientôt faire de même: l'Institut Robert Koch, chargé de la veille épidémiologique, a plaidé jeudi pour un renforcement des restrictions, alors que les écoles, les lycées, les magasins non essentiels, les bars et les restaurants sont déjà fermés.
En Turquie, la campagne de vaccination a débuté jeudi avec le vaccin chinois CoronaVac, administré au personnel soignant dans différentes régions. «Nos concitoyens ne doivent pas s'inquiéter au sujet de la vaccination. Tous les vaccins disponibles en Turquie sont sûrs», a assuré Recep Demirhan, médecin-chef d'un hôpital d'Istanbul.
Confronté à une progression exponentielle des cas, le Liban entame jeudi un strict confinement de onze jours, alors que certains hôpitaux commencent à manquer de lits.
La Tunisie se reconfine également pour quatre jours, de jeudi à dimanche, face à une situation épidémiologique «très dangereuse», selon les autorités sanitaires.
- Ruée sur les vaccins -
Les Etats-Unis restent le pays le plus touché tant en nombre de morts (384 784) que de cas (plus de 23 millions). Avec trois morts par minute, ils ont enregistré mardi un nouveau record de décès quotidien (4 470), redescendu mercredi à 3 912.
Ils ont annoncé mercredi avoir vacciné dix millions de personnes, sur 28 millions de doses administrées au total dans 46 pays selon l'OMS.
En Russie, le président Vladimir Poutine a ordonné d'entamer dès la semaine prochaine la vaccination de toutes les catégories de population, affirmant que le vaccin Spoutnik-V conçu par son pays était le «meilleur».
Face à la propagation de l'épidémie, les gouvernements se précipitent pour acquérir et fournir le plus rapidement des vaccins.
Le Royaume-Uni veut lancer «dès que possible» une vaccination 24 heures sur 24. L'objectif est de vacciner d'ici mi-février les plus de 70 ans et les soignants, soit environ 15 millions de personnes.
L'Union africaine a obtenu 270 millions de vaccins anti-Covid pour le continent, dont la plupart des pays n'ont pas les moyens de les financer, a annoncé mercredi soir l'Afrique du Sud, qui assure la présidence tournante de l'organisation.
Mais l'OMS, appelant à la «solidarité», a déploré jeudi que 95% des doses ont été utilisées dans dix pays seulement.
Il est nécessaire que «tous les pays capables de contribuer, de donner et de soutenir l'accès et le déploiement équitables des vaccins le fassent», a affirmé le directeur Europe de l'OMS, Hans Kluge.