ROME : L'Italie se retrouve, en pleine pandémie, face au risque d'une chute de son gouvernement, qui de l'aveu même mercredi du Premier ministre Giuseppe Conte ne serait pas comprise par le pays durement éprouvé par le Covid.
Son gouvernement est au bord de l'implosion après des semaines de critiques lancées par l'ancien Premier ministre Matteo Renzi, leader d'Italia Viva, un petit parti dont le soutien est crucial pour sa survie.
«Une crise ne serait certainement pas comprise par la pays», a déclaré à la presse M. Conte, alors que l'Italie affronte «une situation si complexe, si difficile avec tant de défis» et que la crise sanitaire a déjà tué près de 80 000 personnes dans la péninsule.
«Je travaille à l'élaboration d'un programme pour la fin de la législature», a-t-il ajouté, lançant un appel à travailler «de manière constructive» en vue de «retrouver une meilleure cohésion des forces de la majorité».
Matteo Renzi a convoqué à 17H30 (16H30 GMT) une conférence de presse au cours de laquelle il pourrait annoncer la démission des deux ministres représentant son parti et son départ de la coalition.
M. Conte pourrait pour sa part demander un vote de confiance au Parlement, espérant ainsi obtenir suffisamment de voix au sein de l'opposition pour compenser le départ du parti de Renzi, même si cette option reste peu probable, le chef du gouvernement estimant avoir besoin d'une majorité «solide» sans chercher «une voix par-ci une voix par-là».
Sans les 18 sénateurs d'Italia Viva, Conte aurait besoin de nouveaux soutiens au Sénat, mais sa majorité est en revanche suffisamment large à la chambre basse.
Une autre hypothèse serait un nouveau gouvernement Conte. Le Premier ministre pourrait démissionner et obtenir un nouveau mandat du président de la République Sergio Mattarella avec une équipe remaniée. M. Conte s'est d'ailleurs entretenu mercredi à sa demande avec le président Mattarella.
«Incompréhensible»
Ce remaniement serait un moyen d'apaiser Renzi en accordant à son parti des ministères plus importants, mais pour cela les deux hommes devraient dépasser leurs antagonismes personnels.
Matteo Renzi s'en est pris au gouvernement sur sa gestion de la pandémie et son plan pour dépenser les plus de 200 milliards d'euros que l'Union européenne doit octroyer à l'Italie dans la cadre de son méga-plan de relance.
Une nouvelle version de ce plan a été adoptée mardi soir en conseil des ministres, mais les deux ministres d'Italia Viva se sont abstenues.
Les deux poids-lourds de la coalition, le Mouvement 5 Etoiles (MS, antisystème) et le Parti démocrate (centre gauche), ont jusqu'ici soutenu M. Conte et mis en garde contre l'instabilité politique.
«Franchement, en pleine pandémie, une crise serait vraiment incompréhensible et dangereuse», a ainsi estimé mardi le ministre de l'Economie Roberto Gualtieri (PD).
L'Italie, troisième économie de la zone euro et premier pays européen durement touché par la pandémie, a imposé un long confinement lors de la première vague et affronte maintenant sa pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale.
Une crise gouvernementale pourrait en outre entraver l'adoption d'un nouveau plan d'aides publiques de plusieurs milliards d'euros pour soutenir les secteurs affectés par les fermetures dues au virus.
Selon le ministre de la Santé, 12 des 20 régions italiennes risquent de se voir imposer des restrictions plus sévères dans le sillage d'une aggravation de leur situation sanitaire, notamment l'augmentation du nombre de malades dans les services de réanimation.
«Une nouvelle tempête est en train de se lever sur toute l'Europe», a-t-il déploré. «Le virus sera maîtrisé grâce aux vaccins mais actuellement il continue à circuler avec une force croissante (...) Les prochains mois seront très difficiles et nous ne devons pas penser que nous sommes hors de danger».