BEYROUTH : La visite au Liban de magistrats français pour rencontrer Carlos Ghosn dans le cadre de deux enquêtes le concernant en France, prévue à l'origine la semaine prochaine, a été reportée à cause du confinement renforcé pour lutter contre le coronavirus, ont indiqué mardi ses avocats.
Depuis sa fuite fin 2019 du Japon où il devait être jugé pour malversations financières présumées, le magnat déchu de l'automobile est bloqué au Liban.
«Du fait d'un confinement total (...) au Liban (...), il a été décidé de reporter la venue des magistrats français à une date ultérieure (...) d'un commun accord entre les magistrats français et libanais et les avocats», a indiqué à l'AFP Jean Tamalet, du cabinet King & Spalding, s'exprimant au nom des avocats de l'ex-patron de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors.
Le Liban impose à partir de jeudi un couvre-feu total pendant onze jours, assorti d'une limitation des vols en provenance de pays considérés à haut risque, pour tenter d'endiguer la propagation en flèche du nouveau coronavirus.
Les juges et les avocats sont autorisés à travailler à distance uniquement sur des affaires urgentes ou liées à la libération de détenus.
M. Ghosn, détenteur de trois nationalités (française, libanaise et brésilienne) et qui fait l'objet d'une demande d'arrestation d'Interpol, reste hors d'atteinte des juges japonais car le Liban n'extrade pas ses ressortissants.
La justice libanaise lui a interdit de quitter le pays.
Des sources proches du dossier avaient indiqué fin décembre à l'AFP que M. Ghosn devait rencontrer à Beyrouth du 18 au 22 janvier plusieurs juges d'instruction français, sous la bannière de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), dans le cadre de deux enquêtes judiciaires le concernant en France.
Elles portent, entre autres, sur des dépenses douteuses engagées de son temps par Renault et par RNBV, filiale néerlandaise de Renault-Nissan.
L'administration fiscale française s'intéresse également à sa domiciliation fiscale aux Pays-Bas quand il était patron de l'alliance.
Depuis sa fuite au Liban, M. Ghosn, 66 ans, mène une vie discrète et confortable. Il a retrouvé son élégante villa rose, nichée dans le quartier chic d'Achrafieh, au coeur de la capitale libanaise.