PARIS: Décidé à montrer que le Covid n'écrase pas tout, Emmanuel Macron réunit mercredi le gouvernement en séminaire pour fixer l'agenda des réformes des prochains mois et prouver sa détermination à continuer à « agir et transformer » à l'approche de la présidentielle de 2022.
« Il y a l'urgence mais aussi tout le reste... », résume un conseiller du chef de l'Etat en faisant allusion à la crise sanitaire qui bouleverse l'action de l'exécutif depuis près d'un an.
Mercredi matin, cette urgence sera traitée au cours d'un conseil de défense, avec à la clé un éventuel durcissement du couvre-feu qui serait annoncé jeudi. Il sera suivi par un conseil des ministres plus court que d'habitude avant le séminaire, qui réunit les 30 ministres mais aussi les 12 secrétaires d'Etat dirigés depuis six mois par Jean Castex.
Il s'agit de discuter des « grandes priorités » des six premiers mois de 2021 car « nos concitoyens attendent de nous, légitimement » d'en « faire une année utile, c'est-à-dire une année de combat, de relance, d'ambition », a expliqué Emmanuel Macron en annonçant en décembre la tenue du séminaire.
Le 5 janvier, il enfonçait le clou en jugeant « très important » de ne « jamais perdre le fil de ce qu'on fait car, sinon, on ne fait que courir après les événements et on ne règle jamais les problèmes ».
Le chef de l'Etat est déterminé à « agir jusqu'aux derniers jours » du quinquennat, assure l'un de ses proches. Avec une priorité : pouvoir présenter »des résultats concrets » aux Français.
Mais « attention » à ne pas lancer des « débats surréalistes », prévient le président du Sénat Gérard Larcher (LR). Car « plus la période de crise est importante, plus il faut se concentrer sur la crise, qu'elle soit sanitaire, économique, sociale. Ça doit être notre priorité des priorités », souligne-t-il.
Il interroge ainsi sur l'utilité de débattre de l'introduction de la proportionnelle pour les législatives de 2022 - un projet qui a du plomb dans l'aile - ou d'un référendum pour intégrer la défense du climat dans la Constitution.
Ecologie et sécurité
Annoncé par Emmanuel Macron en décembre, cette révision constitutionnelle devrait être présentée le 20 janvier en conseil des ministres, avant une possible consultation des Français entre septembre et décembre.
Parallèlement, le Parlement examinera au printemps le projet de loi climat, issu de la Convention citoyenne, qui doit servir à Emmanuel Macron à tenter de convaincre des Français sceptiques que personne avant lui « n'a fait autant » pour l'écologie.
Une autre priorité du chef de l'Etat est d'affirmer sa fermeté sur les dossiers régaliens avec les projets de loi sur la sécurité globale et contre le séparatisme islamiste, qui seront également examinés dans les prochains mois.
Ces textes, censés répondre aux préoccupations des électeurs de droite d'Emmanuel Macron, ont provoqué un certain malaise chez ceux issus de la gauche. Pour les rassurer, l'exécutif va mettre en avant des mesures pour promouvoir « l'égalité des chances », comme le lancement d'une plate-forme contre les discriminations.
Emmanuel Macron entend également poursuivre ses déplacements consacrés aux réformes sociales, à l'image de celui fait le 5 janvier à Tours sur les pensions alimentaires.
Le séminaire pourrait en revanche acter l'impossibilité de lancer dans les prochains mois plusieurs autres réformes, comme celles de la dépendance et de la décentralisation, mais aussi celle, plus emblématique, des retraites. « Il y a toujours dans un passage gouvernemental des choses que l'on arrive pas à faire aboutir, ça en fait partie », a reconnu lundi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, tout en réaffirmant la nécessité d'une telle réforme.
Au cours du séminaire, la ministre de la transformation et de la fonction publiques, Amélie de Montchalin, présentera un baromètre en ligne permettant d'évaluer l'avancée de 25 réformes prioritaires. Car, a-t-elle assuré dimanche dans le JDD, les Français « n'en peuvent plus des promesses » et « veulent des résultats dans leur quotidien ». « La crise sanitaire ne sera pas un prétexte, une excuse à la relégation de nos engagements de 2017 », a-t-elle assuré.