Macron adresse ses voeux aux Français pour espérer tourner la page de la dissolution

Malgré l'arrivée le 13 décembre de son allié historique François Bayrou à Matignon, dernier soubresaut d'une année politique scandée par les crises, Emmanuel Macron entend donc conserver une posture en retrait de "président qui préside", laissant le gouvernement gouverner. (AFP)
Malgré l'arrivée le 13 décembre de son allié historique François Bayrou à Matignon, dernier soubresaut d'une année politique scandée par les crises, Emmanuel Macron entend donc conserver une posture en retrait de "président qui préside", laissant le gouvernement gouverner. (AFP)
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Publié le Mardi 31 décembre 2024

Macron adresse ses voeux aux Français pour espérer tourner la page de la dissolution

  • "Ce sont ses huitièmes voeux" depuis son arrivée à l'Elysée en 2017, mais "les premiers dans un rôle un peu différent", relève-t-on dans son entourage
  • Cette année, il sera "davantage dans un rôle de garant"

PARIS: Emmanuel Macron présente mardi soir ses voeux aux Français pour 2025 dans la traditionnelle allocution télévisée de la Saint-Sylvestre, dans l'espoir de tourner la page d'une année marquée par sa dissolution ratée et la perte d'une grande part de son influence.

"Ce sont ses huitièmes voeux" depuis son arrivée à l'Elysée en 2017, mais "les premiers dans un rôle un peu différent", relève-t-on dans son entourage.

"Auparavant, il était un président qui gouvernait", donnant l'impulsion aux politiques publiques qui occupaient une part importante de ce discours du Nouvel-An, explique un conseiller. Cette année, il sera "davantage dans un rôle de garant".

Malgré l'arrivée le 13 décembre de son allié historique François Bayrou à Matignon, dernier soubresaut d'une année politique scandée par les crises, Emmanuel Macron entend donc conserver une posture en retrait de "président qui préside", laissant le gouvernement gouverner. Comme c'est le cas depuis que son camp a perdu les élections législatives anticipées de l'été à la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale.

"L'ombre de la dissolution va peser sur ces vœux", car le président "est vraiment cornerisé" et doit tenter de "redonner un élan" à son second quinquennat, explique à l'AFP Philippe Moreau Chevrolet, professeur en communication à Sciences Po.

S'il a déjà esquissé un timide mea culpa début décembre, il va peut-être tenter d'ouvrir de nouvelles perspectives, pour éloigner la petite musique de certains de ses opposants qui jugent inéluctable sa démission avant la fin de son mandat, en 2027.

C'est la première fois que le chef de l'Etat s'exprime depuis qu'il a nommé le centriste comme Premier ministre, puis un gouvernement de poids lourds, avec le retour de Manuel Valls, Elisabeth Borne ou Gérald Darmanin.

Une équipe qui s'appuie sur le même attelage fragile et minoritaire au Parlement entre la macronie et le parti Les Républicains qui avait soutenu le précédent Premier ministre de droite Michel Barnier, finalement censuré trois mois après sa nomination. Le gouvernement Bayrou s'expose donc au même risque d'être renversé par les députés de gauche et d'extrême droite.

"Grands enjeux" 

Il y a un an, lors de ses voeux, le président de la République annonçait une année de "fiertés françaises", avec le 80e anniversaire du débarquement allié en Normandie, les Jeux olympiques de Paris et la réouverture de Notre-Dame cinq ans après l'incendie. Autant de paris réussis.

Mais il évoquait aussi une année de "réarmement de la Nation" pour faire face aux défis à venir.

Et là, 2024 n'a pas tenu ses promesses.

Les crises et les déconvenues se sont enchaînées: fronde paysanne inédite qui lui a valu un passage houleux au salon de l'agriculture, émeutes en Nouvelle Calédonie sur fond d'impasse institutionnelle que sa visite express dans l'archipel n'est pas parvenue à résoudre, coup d'arrêt à la réindustrialisation du pays et procès en mauvaise gestion des finances publiques. Et l'année se termine sur la désolation et la colère à Mayotte, dévastée par le cyclone Chido.

A l'international, la guerre se poursuit en Ukraine et à Gaza, même si Emmanuel Macron a remporté quelques succès diplomatiques, en contribuant à un cessez-le-feu au Liban entre Israël et le mouvement chiite Hezbollah, ou en réunissant à Paris son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky avec le président élu des Etats-Unis Donald Trump.

Sur le plan politique, la tentative de relance avec la nomination du jeune Gabriel Attal à Matignon, en janvier, n'a pas porté ses fruits, et le camp macroniste a essuyé une défaite sévère aux élections européennes de juin, loin derrière le Rassemblement national.

Dans la foulée, Emmanuel Macron a donc décidé de dissoudre à la surprise générale, ouvrant la plus grave crise politique de la Ve République. Sans majorité à l'Assemblée, fracturée en trois blocs qui ne s'entendent pas, le pays semble ingouvernable et entame 2025 sans budget voté malgré des déficits importants.

Rentré de quelques jours de repos au fort de Brégançon sur la Méditerranée, le président va donc revenir sur ces "difficultés géopolitiques ou de politique intérieure", selon son entourage.

Mais il devrait s'en tenir aux "grands enjeux", sans dicter de solutions comme il a pu le faire par le passé.


En France, le gouvernement n'interdira pas le port du voile lors de sorties scolaires

Bruno Retailleau, ministre français de l'intérieur (Photo AFP)
Bruno Retailleau, ministre français de l'intérieur (Photo AFP)
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  • Le nouveau gouvernement français, dirigé par François Bayrou, ne reprendra pas les propositions d'interdiction du voile pour les accompagnatrices de sorties scolaires
  • Bruno Retailleau veut "interdire aux femmes musulmanes qui portent (le voile) de faire des études supérieures", "soit exactement ce qu’on reproche à juste titre aux talibans", a déclaré le député (LFI, gauche radicale) Antoine Léaument. 

PARIS : Le nouveau gouvernement français, dirigé par François Bayrou, ne reprendra pas les propositions d'interdiction du voile pour les accompagnatrices de sorties scolaires et les étudiantes à l'université formulées par son ministre de l'Intérieur, a indiqué mercredi sa porte-parole.

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (parti Les Républicains, droite) a lui-même précisé qu'il « s'agissait de sa position personnelle et que ce sujet, n'ayant probablement pas une majorité au Parlement, n'était pas un sujet qui serait abordé par le gouvernement dans l'état actuel de la majorité parlementaire », a relevé la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, lors d'un compte-rendu du Conseil des ministres.

Lundi, dans le quotidien français Le Parisien, Bruno Retailleau estimait que « les accompagnatrices de sortie scolaire n'ont pas à être voilées », expliquant que le voile est « un étendard pour l’islamisme, et un marqueur de l'infériorisation de la femme par rapport à l’homme ».

"Les sorties scolaires, c’est l’école hors les murs", a-t-il martelé en appelant à changer la loi. Il s'est aussi prononcé pour l'interdiction du port du voile à l'université, s'attirant dans les deux cas de vives critiques à gauche de l'échiquier politique.

Bruno Retailleau veut "interdire aux femmes musulmanes qui portent (le voile) de faire des études supérieures", "soit exactement ce qu’on reproche à juste titre aux talibans", a déclaré le député (LFI, gauche radicale) Antoine Léaument. 


68 % des Français sont mécontents de la composition du gouvernement Bayrou, selon un sondage

La ministre française de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche Agnès Pannier-Runacher, la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard, la ministre française de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Elisabeth Borne, le Premier ministre français François Bayrou, Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, ministre de l'Outre-mer, arrivent avec d'autres membres du gouvernement au palais présidentiel de l'Élysée à Paris le 3 janvier 2025, pour leur premier conseil des ministres depuis leur nomination le 24 décembre 2024. (Photo AFP)
La ministre française de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche Agnès Pannier-Runacher, la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard, la ministre française de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Elisabeth Borne, le Premier ministre français François Bayrou, Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, ministre de l'Outre-mer, arrivent avec d'autres membres du gouvernement au palais présidentiel de l'Élysée à Paris le 3 janvier 2025, pour leur premier conseil des ministres depuis leur nomination le 24 décembre 2024. (Photo AFP)
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  • À la critique sur sa composition s'ajoute celle sur ses débuts : 64 % estiment que le gouvernement et ses premières décisions vont dans la mauvaise direction.
  • Mais une large majorité de Français (71 %) souhaite que le gouvernement et le Parti socialiste fassent des compromis et trouvent un accord sur la réforme des retraites.

PARIS : Selon un sondage Elabe publié mercredi pour BFMTV, près de sept Français sur dix (68 %) se disent mécontents de la composition du gouvernement de François Bayrou.

À la critique sur sa composition s'ajoute celle sur ses débuts : 64 % estiment que le gouvernement et ses premières décisions vont dans la mauvaise direction.

Mais une large majorité de Français (71 %) souhaite que le gouvernement et le Parti socialiste fassent des compromis et trouvent un accord sur la réforme des retraites.

Ils sont 62 % à considérer qu'il faudrait revenir à la situation précédente, c'est-à-dire à l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans.

Toujours selon cette étude, parmi les dix chantiers qui attendent le gouvernement à court et moyen terme, 60 % des personnes interrogées estiment qu'il doit en priorité répondre à la crise des urgences à l’hôpital (60 %), constituer un budget pour 2025 (46 %) et répondre à la crise agricole (42 %).

À titre de comparaison, 59 % des Français étaient mécontents de la composition du gouvernement Barnier le 25 septembre, selon un sondage Elabe publié quatre jours après sa formation.

François Bayrou a fait ses débuts à Matignon avec une cote de popularité historiquement basse : 66 % des Français se disaient mécontents, selon un baromètre publié en décembre, dix jours après sa nomination.

Enquête menée en ligne les 7 et 8 janvier auprès d'un échantillon de 1 001 personnes représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur : entre 2,8 et 3,1 points.


Macron se rend au Royaume-Uni jeudi pour une rencontre avec Starmer

Président français Emmanuel Macron
Président français Emmanuel Macron
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  • Les deux dirigeants doivent échanger sur l'Ukraine, l'immigration illégale ou encore le développement de l'intelligence artificielle, a annoncé Downing Street.
  • Les dirigeants discuteront également de l'organisation du sommet franco-britannique qui doit se tenir au Royaume-Uni en 2025.

LONDRES : Jeudi, le président français Emmanuel Macron se rendra au Royaume-Uni pour un entretien avec le Premier ministre britannique Keir Starmer. Les deux dirigeants doivent échanger sur l'Ukraine, l'immigration illégale ou encore le développement de l'intelligence artificielle, a annoncé Downing Street.

Keir Starmer recevra Emmanuel Macron à Chequers, la résidence de campagne des Premiers ministres britanniques, située dans le Buckinghamshire, au nord-ouest de Londres.

« La rencontre sera consacrée aux domaines de coopération entre les deux pays et aux défis mondiaux communs, notamment le soutien à l'Ukraine, la technologie et l'intelligence artificielle, la croissance économique ainsi que la lutte contre l'immigration illégale », a indiqué un porte-parole de Downing Street.

Les dirigeants discuteront également de l'organisation du sommet franco-britannique qui doit se tenir au Royaume-Uni en 2025.

Cette rencontre intervient alors que plusieurs dirigeants européens s'inquiètent des interventions récurrentes du milliardaire américain Elon Musk dans la politique de plusieurs pays d'Europe, en particulier en Allemagne et au Royaume-Uni.

Lundi, Keir Starmer a mis en garde contre « ceux qui propagent mensonges et désinformation », tandis qu'Emmanuel Macron a regretté de voir le propriétaire de X, devenu proche de Donald Trump, soutenir « une internationale réactionnaire » en Europe et s'immiscer « directement » dans les élections à venir en Allemagne.

Alors que le président élu Donald Trump doit regagner la Maison Blanche dans quelques jours, les Européens s'interrogent sur les conditions des futures négociations de paix entre la Russie et l'Ukraine, alors que le président élu a promis de mettre un terme rapide à la guerre.

Enfin, malgré des efforts restés vains, Paris et Londres peinent à endiguer le phénomène des « small boats », ces traversées clandestines de la Manche depuis le nord de la France.

En mars dernier, la France et le Royaume-Uni ont signé un nouvel accord en vertu duquel Londres contribue financièrement au renforcement de la surveillance des plages françaises et à la lutte contre les réseaux de passeurs.

Depuis l'arrivée du travailliste à Downing Street en juillet, le président français et le Premier ministre britannique se sont vus à plusieurs reprises, notamment lors du sommet de la Communauté politique européenne (CPE) organisé au Royaume-Uni cet été.

Keir Starmer a également participé à Paris aux commémorations de l'armistice de 1918, le 11 novembre dernier, alors que la France et le Royaume-Uni célébraient en 2024 les 120 ans de l'Entente cordiale, accord signé en 1904 pour aplanir les différends coloniaux entre les deux puissances.