DAMAS : Des propos récents de la cheffe du Bureau des affaires de la femme au sein des nouvelles autorités syriennes ont suscité un tollé dimanche sur les réseaux sociaux et parmi la société civile.
Aïcha al-Debs, présidente du tout nouveau « Bureau des affaires de la Femme » à Damas, a été interrogée cette semaine par la télévision turque TRT au sujet de « l'espace » qui sera donné aux associations féministes.
La responsable, seule femme au sein du gouvernement de transition, a expliqué que si l'action de ces organisations « soutenait le modèle que nous allons construire, alors elles seraient les bienvenues : je ne vais pas ouvrir le passage à quiconque n'est pas d'accord avec moi ».
Elle a invité les femmes syriennes, qu'elles soient en exil ou dans le pays, « à se réunir autour d'une même table pour étudier le modèle » dont la Syrie souhaite se doter pour renforcer la place de la femme et ses droits.
« Pourquoi adopter un modèle laïc ou civil ? Nous allons mettre en place un modèle propre à la société syrienne et ce sont les femmes syriennes qui le réaliseront », a-t-elle déclaré.
S'adressant aux femmes syriennes — sunnites, druzes, alaouites ou chrétiennes —, elle a insisté sur le fait que « nous sommes toutes égales » et a invité « celles qui ont des diplômes et de l'expérience » à se tourner vers les institutions gouvernementales pour un emploi.
Mais elle a également appelé les femmes à « ne pas outrepasser les priorités de leur nature créée par Dieu », à savoir « leur rôle éducatif au sein de la famille », des propos qui ont provoqué de vives réactions.
« Tu peux parler de ta propre pensée (...) dans ta maison, mais ne nous impose pas ta pensée qui veut qu'on reste à la maison », a dénoncé sur Facebook Batraa Abo Aljadayel.
« Non à une nouvelle répression culturelle, politique (...) une répression des libertés publiques et individuelles. »
L'actrice Aliaa al-Saïd a elle aussi exprimé son indignation sur X : « Nous avons été emprisonnées pour pouvoir exprimer notre opinion, nous avons été déplacées, nos maisons ont été détruites, pour qu'à la fin tu viennes nous dire ce qui est permis et ce qui ne l'est pas ? »
Dimanche, pour tenter de calmer l'indignation, le chef de la diplomatie syrienne, Assaad Hassan al-Chibani, a affirmé sur X que les autorités « se tiendraient aux côtés » des femmes et soutiendraient « pleinement leurs droits ».
« Nous croyons au rôle actif de la femme au sein de la société, et nous avons confiance en ses capacités et ses compétences », a-t-il précisé. « La femme syrienne a lutté des années durant pour une patrie libre préservant sa dignité et son statut. »