PARIS : Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a annoncé dimanche sur France Inter que, pour la première fois depuis 12 ans, une mission diplomatique française se rendrait mardi à Damas, en Syrie.
L'objectif des quatre diplomates envoyés en Syrie sera de « reprendre possession de nos emprises sur place », « établir de premiers contacts » avec les nouvelles autorités et « mesurer les besoins urgents de la population » au plan humanitaire, a-t-il précisé.
Il s'agira également de « vérifier si les déclarations de cette nouvelle autorité, plutôt encourageantes et qui n'est apparemment pas impliquée dans des exactions, se traduisent effectivement par des actions sur le terrain ».
Samedi, Jean-Noël Barrot s'est rendu à Aqaba, en Jordanie, pour rencontrer des responsables américains, européens, arabes et turcs afin d'évoquer la transition en Syrie après le renversement de Bachar al-Assad, chassé le 8 décembre par des rebelles islamistes.
À l'issue d'une offensive de onze jours, une coalition de factions rebelles emmenées par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a pris le contrôle d'une grande partie du pays aux forces gouvernementales, mettant ainsi fin à un demi-siècle de pouvoir de la famille Assad.
Le nouveau Premier ministre chargé de la transition jusqu'au 1^(er) mars, Mohammad al-Bachir, a promis un État de droit et de « garantir les droits de tous », face aux inquiétudes de la communauté internationale.
La rencontre d'Aqaba a permis d'établir les conditions auxquelles la communauté internationale peut engager le dialogue avec les nouveaux maîtres du pays, à savoir notamment le « respect des minorités », « des droits de l'homme », « des droits des femmes », le fait qu'« aucune exaction [ne soit] acceptable », « la lutte contre Daesh et le terrorisme », a affirmé M. Barrot.
« Vis-à-vis des nouvelles autorités à Damas, nous n’avons aucune naïveté, nous connaissons le passé de certains de ces groupes islamistes », a-t-il poursuivi, expliquant que la France suivra la période qui s'ouvre « avec beaucoup de vigilance ».
« Sur le plan de la sécurité, les armes doivent se taire et la menace terroriste, qui reste très présente, doit être contenue », a-t-il dit.
« Sur le plan politique, les autorités de fait doivent céder la place à une autorité de transition représentative de l'ensemble des confessions et des communautés de la Syrie, qui puisse progressivement faire avancer le pays vers l'élaboration d'une nouvelle Constitution, puis vers d'éventuelles élections », a ajouté le ministre.
Enfin, a-t-il précisé, « nous nous mobilisons de manière inconditionnelle pour l’aide humanitaire qui doit continuer à parvenir aux Syriens qui en ont besoin », le conflit ayant causé d'importants « déplacements de populations ».