Bayrou entame ses consultations à Matignon

Le nouveau Premier ministre français François Bayrou regarde la cérémonie de passation des pouvoirs avec son prédécesseur à l'hôtel Matignon à Paris, le 13 décembre 2024.  (Photo AFP)
Le nouveau Premier ministre français François Bayrou regarde la cérémonie de passation des pouvoirs avec son prédécesseur à l'hôtel Matignon à Paris, le 13 décembre 2024. (Photo AFP)
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Publié le Samedi 14 décembre 2024

Bayrou entame ses consultations à Matignon

  • François Bayrou entame ses consultations en vue de constituer un gouvernement, en recevant à Matignon les présidents des deux chambres parlementaires ainsi que le premier président de la Cour des comptes, le gouverneur de la Banque de Frnce.
  • Lors de la traditionnelle passation de pouvoir vendredi, le centriste a assuré ne rien ignorer « de l'Himalaya qui se dresse devant nous.

PARIS : Samedi, François Bayrou entame ses consultations en vue de constituer un gouvernement, en recevant à Matignon les présidents des deux chambres parlementaires ainsi que le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, et le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.

Pierre Moscovici est arrivé à Matignon aux alentours de 10 h 45, comme l'a constaté l'AFP.

La rencontre avec la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet est fixée à 11 h 30 et celle avec son homologue du Sénat Gérard Larcher à 18 h, a indiqué Matignon, le lendemain de la nomination du nouveau Premier ministre, qui succède à Michel Barnier (LR) à la tête du gouvernement, trois mois seulement après son arrivée.

Lors de la traditionnelle passation de pouvoir vendredi, le centriste a assuré ne rien ignorer « de l'Himalaya qui se dresse devant nous, des difficultés de toute nature », promettant de « ne rien cacher, ne rien négliger et ne rien laisser de côté ».

Au lendemain de la dégradation de la note souveraine de la France par l'agence Moody's, qui estimait que la « fragmentation politique » du pays est peu propice au rétablissement rapide des finances publiques, M. Bayrou doit aussi recevoir le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.

Sans majorité à l'Assemblée, le Premier ministre doit maintenant s'atteler à la composition de son gouvernement, qu'il veut compact et dominé par des personnalités expérimentées.

Âgé de 73 ans, le chef du gouvernement doit composer avec une Assemblée qui pourrait le faire tomber si les voix de la gauche s'unissent à celles du Rassemblement national, comme lors de la motion qui a mis fin au bail de Michel Barnier.

Comme prévu, le Nouveau Front populaire ne participera pas à ce gouvernement. Mais les membres du groupe ne s'accordent pas sur le degré de critiques envers François Bayrou.

LFI déposera ainsi, dès que possible, une motion de censure, qualifiant ce choix de « nouveau bras d'honneur à la démocratie » par son coordinateur Manuel Bompard.

De son côté, la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, a affirmé samedi sur France Inter qu'elle ne souhaitait pas « censurer a priori » le gouvernement de François Bayrou, mais qu'elle commençait déjà « à avoir des a priori de censure ».

À droite, Les Républicains ont conditionné leur participation au gouvernement au « projet » que leur présentera le nouveau Premier ministre.

« Nous ne nous renierons pas », a prévenu l'eurodéputé LR François-Xavier Bellamy sur France Inter, citant comme priorités de son parti l'immigration, la sécurité, l'agriculture, la fiscalité ou encore la dette du pays.


Situation politique : la quasi-totalité des partenaires sociaux réclament le retour de la « stabilité »

Sans définitivement promettre de signer, plusieurs organisations dont la CFDT et le Medef ont jugé l'accord «équilibré» (Photo, AFP).
Sans définitivement promettre de signer, plusieurs organisations dont la CFDT et le Medef ont jugé l'accord «équilibré» (Photo, AFP).
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  • Ce communiqué, adressé à l'AFP, est d'une grande rareté puisqu'il est signé par l'ensemble des dirigeants des organisations patronales et syndicales, entremêlant ainsi les représentants du patronat et des syndicats.
  • Intitulé « À l'attention de nos élus et responsables politiques », et marqué des logos de toutes les organisations signataires, le communiqué prend acte de l'instabilité dans laquelle a basculé notre pays.

PARIS : Mardi, sept des huit représentants des organisations patronales et syndicales ont signé un communiqué commun appelant au retour de « la stabilité, la visibilité et la sérénité » et soulignant que le paritarisme peut « apporter des réponses concrètes ».

Ce communiqué, adressé à l'AFP, est d'une grande rareté puisqu'il est signé par l'ensemble des dirigeants des organisations patronales et syndicales, entremêlant ainsi les représentants du patronat et des syndicats. Il est signé par le Medef, la CPME et l'U2P côté patronat, ainsi que par la CFDT, FO, la CFTC et la CFE-CGC côté syndicats. Seule la CGT ne l'a pas signé.

Intitulé « À l'attention de nos élus et responsables politiques », et marqué des logos de toutes les organisations signataires, le communiqué prend acte de l'instabilité dans laquelle a basculé notre pays et du risque d'une crise économique aux conséquences sociales dramatiques.

« D’ores et déjà, ajoutent les signataires, des projets d’investissements sont gelés, les intentions d’embauche sont révisées, les défaillances d’entreprises de toutes tailles se multiplient, atteignant un niveau inconnu depuis longtemps. »

« Il est de notre devoir de vous alerter sur les risques qu'une telle instabilité génère », ajoutent-ils.

« C’est pourquoi nous appelons, au nom de la confiance que les millions de salariés et chefs d’entreprise que nous représentons placent en nous et de l’esprit de responsabilité qui nous guide, à retrouver au plus vite le chemin de la stabilité, de la visibilité et de la sérénité », ajoute le texte.

Les signataires soulignent aussi que « la voie du paritarisme, qui passe par le dialogue, la négociation collective et la construction de compromis, est en capacité d’apporter des réponses concrètes » à cette situation, rappelant en avoir fait la démonstration récemment.

Mandatés par Michel Barnier, censuré le 4 décembre à l'Assemblée nationale, les partenaires sociaux, qui ont généralement un dialogue beaucoup plus apaisé que les politiques malgré leurs divergences de points de vue, ont par exemple trouvé ces dernières semaines un accord sur l'assurance-chômage.

« Les acteurs sociaux que nous sommes sommes déterminés à participer pleinement aux transformations de notre société, confrontés à une situation budgétaire et à des mutations sans précédent, qu’elles soient technologiques, géostratégiques, démographiques ou climatiques », écrivent les signataires.

Ils concluent en affirmant que « les interlocuteurs sociaux seront comme toujours au rendez-vous du dialogue et de la responsabilité ».

Si ce communiqué commun est une nouveauté, les différentes organisations tirent séparément le signal d'alarme sur les risques économiques et sociaux qu'engendre l'instabilité de la situation politique actuelle depuis plusieurs semaines.


Guerre à Gaza: nouvelle plainte en France pour torture et génocide visant un soldat franco-israélien

Au coeur de la plainte, une vidéo publiée notamment le 19 mars sur X par Younis Tiwari, un militant de la cause palestinienne qui se présente comme journaliste palestinien, et montrant selon lui une scène qui se serait déroulée dans la bande de Gaza. (AFP)
Au coeur de la plainte, une vidéo publiée notamment le 19 mars sur X par Younis Tiwari, un militant de la cause palestinienne qui se présente comme journaliste palestinien, et montrant selon lui une scène qui se serait déroulée dans la bande de Gaza. (AFP)
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  • Une première plainte simple avait été classée début septembre par le parquet national antiterroriste (Pnat), compétent en matière de crimes de guerres et crimes contre l'humanité
  • D'après une source judiciaire, le Pnat avait considéré que les faits apparaissaient "insuffisamment caractérisés". "Les éléments versés à l'appui de la plainte n'étant pas suffisants pour établir l'existence d'éventuels actes matériels de complicité"

PARIS: Une nouvelle plainte pour torture, crimes de guerre, génocide et complicité à l'encontre d'un soldat franco-israélien qui serait l'auteur d'une vidéo montrant dans des conditions dégradantes des hommes présentés comme des prisonniers palestiniens a été déposée à Paris, ont annoncé mardi des organisations de défense des droits humains.

Une première plainte simple avait été classée début septembre par le parquet national antiterroriste (Pnat), compétent en matière de crimes de guerres et crimes contre l'humanité.

D'après une source judiciaire, le Pnat avait considéré que les faits apparaissaient "insuffisamment caractérisés". "Les éléments versés à l'appui de la plainte n'étant pas suffisants pour établir l'existence d'éventuels actes matériels de complicité", avait ajouté cette source.

"Nos organisations se constituent partie civile pour combattre l'inertie du parquet", affirment dans leur communiqué la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et ses organisations membres palestiniennes et françaises Al-Haq, Al Mezan, Palestinian Centre for Human Rights (PCHR) et la Ligue des droits de l'homme (LDH).

Au coeur de la plainte, une vidéo publiée notamment le 19 mars sur X par Younis Tiwari, un militant de la cause palestinienne qui se présente comme journaliste palestinien, et montrant selon lui une scène qui se serait déroulée dans la bande de Gaza.

Un homme apparaît entravé, les yeux bandés, semblant porter une corde autour du cou et vêtu d'une combinaison blanche ouverte laissant apparaître le haut de son corps. Il est descendu d'un véhicule par des soldats en tenue militaire kaki.

On y entend une voix parlant français dire "t'as vu ces enculés, mon neveu ? (...) il s'est pissé dessus. Je vais te montrer son dos, tu vas rigoler, ils l'ont torturé pour le faire parler", au milieu d'un flot d'insultes.

Dans la vidéo de moins d'une minute, sont aussi filmés plusieurs hommes, yeux bandés et couverts de la même combinaison. Ils sont entassés dans ce qui semble être un fourgon et doivent, selon les associations, être considérés comme "des prisonniers de guerre".

"Vous étiez contents le 7 octobre, bande de fils de putes", lance encore la voix, en référence à l'attaque inédite du mouvement islamiste palestinien Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.208 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza.

L'offensive israélienne a fait au moins 45.028 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon les dernières données lundi du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

"Urgent que la France enquête" 

D'après les éléments recueillis par les plaignants, le soldat visé par la plainte aurait reconnu être l'auteur de la vidéo.

En assistant aux faits et en les filmant, ce soldat franco-israélien s'est rendu coupable, a minima, de complicité de torture, de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de génocide, accusent les plaignants.

"Il est urgent que la France enquête, poursuive et punisse ses ressortissants impliqués dans des crimes internationaux, y compris dans le génocide à Gaza", a déclaré Shawan Jabarin, directeur général de l'association Al-Haq, cité dans le communiqué.

Au travers de témoignages qu'ils ont recueillis, les plaignants relatent dans leur plainte consultée par l'AFP un contexte généralisé d'atteintes à l'intégrité physique et de traitements humiliants et dégradants à l'égard des prisonniers palestiniens.

Les associations s'appuient sur des rapports d'organes de l'ONU documentant les mauvais traitements, assimilés à de la torture: violences physiques (coups, noyades simulées, chocs électriques, brûlures de cigarettes...) ainsi que des violences sexuelles et psychologiques.

"Face à l'ampleur des crimes commis, l'enquête menée par la CPI ne suffit pas. Chaque Etat qui peut exercer sa compétence doit ouvrir des enquêtes judiciaires", défendent dans le communiqué Mes Clémence Bectarte et Alexis Deswaef, avocats d'une partie des plaignants.

La Cour pénale internationale (CPI) a émis le 21 novembre des mandats d'arrêt à l'encontre de Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la défense Yoav Gallant - limogé quelques jours plus tôt - et le chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deif, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Israël a fait appel.


Mayotte : Retailleau insiste sur la nécessité de légiférer en matière d'immigration

Le ministre français de l'Intérieur sortant Bruno Retailleau (C), entouré du ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de l'Outre-mer, François-Noël Buffet (G) et du préfet français de La Réunion Patrice Latron (D), lors d'une conférence de presse sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, à Saint-Denis-de-la-Réunion, le 16 décembre 2024.  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur sortant Bruno Retailleau (C), entouré du ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de l'Outre-mer, François-Noël Buffet (G) et du préfet français de La Réunion Patrice Latron (D), lors d'une conférence de presse sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, à Saint-Denis-de-la-Réunion, le 16 décembre 2024. (Photo AFP)
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  • L'archipel de Mayotte, touché par un cyclone dévastateur, ne pourra pas être reconstruit « sans traiter la question migratoire », a affirmé mardi le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau.
  • « Il faudra légiférer pour que la France reprenne le contrôle de son immigration à Mayotte, comme partout sur le territoire national », conclut-il.

MAYOTTE, FRANCE : L'archipel de Mayotte, touché par un cyclone dévastateur, ne pourra pas être reconstruit « sans traiter la question migratoire », a affirmé mardi le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau, appelant à « légiférer » sur ce sujet.

« L'État est mobilisé depuis la première heure pour secourir les victimes et éviter que d'autres crises n'ajoutent encore au malheur, mais il faut déjà penser au jour d'après », écrit-il sur son compte X.

« On ne pourra pas reconstruire Mayotte sans traiter la question migratoire avec la plus grande détermination », ajoute-t-il, estimant que l'archipel de l'océan Indien est « le symbole de la dérive que les gouvernements ont laissé s'installer sur cette question ».

« Il faudra légiférer pour que la France reprenne le contrôle de son immigration à Mayotte, comme partout sur le territoire national », conclut-il.

Une position qui a suscité de vives réactions à gauche. « Les Mahoraises et les Mahorais comptent leurs morts, et le ministre de l'Intérieur ne trouve rien de mieux à faire que de sombrer dans l'ignominie », a ainsi fustigé sur X la présidente du groupe La France insoumise (LFI), Mathilde Panot.

Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, a qualifié le ministre démissionnaire d'« obsessionnel indécent et inconséquent » sur le même réseau social.

Même son de cloche pour la députée écologiste Léa Balage El Mariky, qui a également critiqué « l'indécence sans limite » de M. Retailleau.

Mayotte, le département le plus pauvre de France, compte officiellement 320 000 habitants, « mais on estime qu'il y a 100 000 à 200 000 personnes de plus, compte tenu de l'immigration illégale », indiquait lundi à l'AFP une source proche des autorités. Selon l'Insee, près de la moitié de la population est composée d'immigrés venus des Comores voisines ou d'autres pays d'Afrique.

Le cyclone Chido a ravagé ce territoire de l'océan Indien samedi, où environ un tiers de la population vit dans des conditions précaires.

Pour l'heure, le bilan officiel s'élève à 21 morts à l'hôpital, mais les autorités redoutent « plusieurs centaines » de morts, voire « quelques milliers ».

Une course contre la montre est engagée pour venir en aide aux sinistrés de l'archipel, où l'eau et la nourriture viennent à manquer et dont l'unique hôpital a été endommagé.