RIYAD : Le géant saoudien Aramco voit sa puissance financière consacrée par les plus hautes instances de notation mondiale. Moody's et Fitch viennent d'attribuer leurs meilleures notes au nouveau programme de papier commercial de 10 milliards de dollars lancé par le mastodonte de l'énergie sur le marché américain.
Dans le détail, Moody's gratifie Aramco d'une notation Prime-1 pour le court terme, tout en confirmant son Aa3 pour le long terme assorti d'une perspective stable. Un verdict qui atteste de la capacité exceptionnelle du groupe à faire face à ses obligations financières.
Dans la foulée, Fitch Ratings décerne un F1+, sa note souveraine, saluant la robustesse intrinsèque d'Aramco en matière de trésorerie et sa remarquable résilience financière.
Ce programme d'envergure, calibré à 10 milliards de dollars, permettra au géant saoudien d'émettre des titres de créance à échéance maximale de 270 jours.
Les papiers commerciaux, ces instruments de dette court terme non garantis, sont couramment utilisés par les grands groupes pour gérer leur trésorerie au quotidien et financer leurs projets immédiats.
"La position de liquidité d'Aramco est exceptionnelle", souligne Moody's. "Les réserves de trésorerie consolidées conjuguées aux flux opérationnels dépassent largement les besoins en financement du groupe pour les 12 à 18 mois à venir, qu'il s'agisse du service de la dette, des investissements ou des dividendes."
Au 30 septembre, le groupe disposait d'une trésorerie colossale de 69 milliards de dollars.
Les projections sont tout aussi impressionnantes: selon l'agence, Aramco devrait générer 180 milliards de dollars de fonds opérationnels d'ici mars 2026. Une manne qui couvrira aisément les 16 milliards d'échéances de dette, les 85 milliards d'investissements prévus et 140 milliards de dividendes sur la période.
En complément, le groupe dispose d'une ligne de crédit renouvelable multi-tranches de 10 milliards de dollars, mobilisable jusqu'en avril 2029.
Fitch fait chorus à cet optimisme, mettant en exergue la solidité du profil financier d'Aramco, fruit d'une gestion prudente, de coûts de production parmi les plus bas du secteur et d'une génération de trésorerie particulièrement robuste.
"Aramco se distingue par l'ampleur de sa production, l'immensité de ses réserves, une structure de coûts optimale et une stratégie d'expansion réussie dans l'aval et la pétrochimie", précise Fitch Ratings.
L'agence ajoute : "Bien que le soutien de l'État soit acquis si nécessaire, la solidité financière historique d'Aramco l'a jusqu'ici rendu superflu, même si l'Arabie saoudite a démontré par le passé sa capacité à épauler ses entités stratégiques."
La note Aa3 attribuée par Moody's récompense l'excellence opérationnelle d'Aramco: maîtrise des grands projets, intégration verticale poussée, gestion financière rigoureuse et flexibilité remarquable, portée par des coûts d'extraction particulièrement compétitifs.
"Ces atouts garantissent une résilience face aux fluctuations des cours du pétrole et offrent un bouclier face aux défis de la transition énergétique, enjeu crucial pour le secteur pétrolier", souligne Moody's.
Les deux agences insistent sur la corrélation étroite entre les notes d'Aramco et la signature du Royaume.
Moody's rappelle que la note Aa3 du groupe reflète directement celle de l'Arabie saoudite, récemment rehaussée au même niveau en novembre. Tout mouvement de la note souveraine se répercuterait mécaniquement sur celle d'Aramco.
Les notations Aa3 sont réservées aux émetteurs présentant le plus faible risque de crédit et une capacité optimale à honorer leurs engagements à court terme.
"Une amélioration de la note souveraine entraînerait mécaniquement celle d'Aramco, sous réserve du maintien de sa rigueur financière. À l'inverse, toute pression baissière sur la note du Royaume affecterait celle du groupe", précise le rapport de Moody's.
Fitch confirme cette analyse, soulignant que la note A+ de l'Arabie saoudite, réaffirmée en février, témoigne de la capacité du Royaume à soutenir Aramco en cas de besoin.
Les deux agences saluent enfin l'agilité d'Aramco face aux variations du marché, notamment sa faculté d'ajuster sa politique de dividendes aux fluctuations des cours pétroliers. En 2024, le groupe a ainsi distribué un dividende de base de 81,2 milliards de dollars, conforté par sa robuste génération de trésorerie.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com