Le vote arabo-américain sera déterminant dans la course à la présidence entre Trump et Harris

Quel que soit le vainqueur du scrutin, les électeurs américains arabes et musulmans auront été à coup sûr aux commandes. (AFP)
Quel que soit le vainqueur du scrutin, les électeurs américains arabes et musulmans auront été à coup sûr aux commandes. (AFP)
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Publié le Mardi 05 novembre 2024

Le vote arabo-américain sera déterminant dans la course à la présidence entre Trump et Harris

  • L'enquête Arab News/YouGov révèle que les Arabo-Américains étaient divisés sur le choix des deux principaux candidats
  • C'est ce qui explique les efforts de dernière minute déployés par Kamala Harris et l'ancien président Donald Trump pour obtenir le vote des Arabo-Américains

LONDRES: Ils constituent une minorité d'environ 1%.

Lors du recensement américain effectué en 2020 – le premier à demander spécifiquement des informations sur les personnes originaires de la région Mena – seuls 3,5 millions des 334 millions de citoyens américains ont déclaré être d'origine moyen-orientale et nord-africaine.

Mais alors que les Américains se rendent aux urnes aujourd'hui pour choisir leur prochain président, ce 1% est sur le point d'avoir un impact de 100% sur l'une des élections américaines les plus importantes.

Personne ne prétend qu'il s'agit d'un groupe homogène. Culturellement, historiquement et linguistiquement, le terme «arabe» englobe des peuples aussi divers que les 22 nations qui composent la Ligue des États arabes.

Mais comme l'a révélé le mois dernier un sondage exclusif Arab News/YouGov, à l'approche de l'élection présidentielle américaine de 2024, tous les Américains d'origine arabe sont unis – dans la douleur, l'indignation et la déception face à la performance de l'administration américaine actuelle concernant les événements choquants qui ont eu lieu à Gaza et au Liban au cours de l'année écoulée.

L'enquête a également révélé que les Arabo-Américains se préparaient à voter en nombre sans précédent, ce qui souligne l'importance de leur vote dans les swing-states aujourd'hui pour Kamala Harris et Donald Trump.

Toutefois, l'enquête a également révélé que les Arabo-Américains étaient divisés sur le choix des deux principaux candidats.

C'est ce qui explique les efforts de dernière minute déployés par Kamala Harris et l'ancien président Donald Trump pour obtenir le vote des Arabo-Américains.

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L'enquête Arab News/YouGov a révélé à quel point le soutien traditionnel des Américains d'origine arabe au parti démocrate s'est effrité à cause de la question palestinienne. (AFP)

Jusqu'à la dernière minute, la course électorale a été trop serrée pour être décidée. C'est pourquoi, dans les États clés qui abritent les plus grandes concentrations d'Arabo-Américains, leurs votes sont d'une importance primordiale.

Dimanche, Harris était à Detroit, où elle a dit: «C’est un honneur pour moi d'obtenir le soutien de nombreux dirigeants arabo-américains qui représentent les intérêts et les préoccupations de la communauté arabo-américaine.»

Elle a également répété une phrase qu'elle a souvent prononcée au cours de la campagne, cherchant à se distancier de la perception selon laquelle l'administration Biden n'a pas réussi à contrôler Israël au cours de l'année écoulée.

«Le nombre de Palestiniens innocents qui sont morts est inadmissible», a-t-elle déclaré.

L'enquête Arab News/YouGov a révélé à quel point le soutien traditionnel des Américains d'origine arabe au parti démocrate s'est atténué à cause de la question palestinienne.

En octobre, Harris a rencontré des dirigeants communautaires à Flint, dans le Michigan, dans une tentative évidente de faire comprendre que, bien qu'elle ait été vice-présidente, elle n'est pas Biden.

Mais certains d'entre eux ont décliné l'invitation à rencontrer Harris et tous ceux qui ont participé à une réunion virtuelle avec le conseiller à la sécurité nationale de Harris, Phil Gordon, n'ont pas été rassurés par cette ouverture.

Ali Dagher, un dirigeant de la communauté libano-américaine qui n'a pas participé à la réunion, a qualifié la démarche de Harris auprès de la communauté arabe de «trop faible et trop tardive».

Vendredi, c'était au tour de Trump d'assurer aux 200 000 électeurs arabo-américains de l'État qu'il était de leur côté.

Dans des messages publiés sur des panneaux d'affichage le long des autoroutes du Michigan, Trump s'est présenté comme un partisan de la paix au Moyen-Orient, en qualifiant Harris de pro-Israël. Les sceptiques y ont vu une curieuse fantaisie de la part d'un homme dont le bilan en tant que président est entièrement pro-israélien et ne se sont pas laissés berner.

«Nous ne sommes pas naïfs quant à ce qu'il représente pour notre communauté», a déclaré à la BBC Rexhinaldo Nazarko, directeur de l'association de défense des droits de l'homme du Michigan, American Muslim Engagement and Empowerment Network (Réseau d'engagement et d'autonomisation des musulmans américains).

Nazarko et sans doute beaucoup d'autres Arabo-Américains n'ont pas oublié le «Muslim ban» de Trump en 2017, sa reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël et ses accords d'Abraham, largement perçus dans le monde arabe comme privilégiant Israël et traitant les Palestiniens avec condescendance.

Quoi qu'il en soit, plusieurs Arabo-Américains influents se sont déclarés en faveur de Trump, notamment Amer Ghalib, le maire de Hamtramck, près de Détroit. Il a déclaré que sa décision de soutenir l'ancien président était «une combinaison de déception et d'espoir» – déception à l'égard de la gestion de la situation au Moyen-Orient par Biden et «espoir qu'un changement apportera la paix au Moyen-Orient et nous avons constaté que le président Trump est si déterminé à cet égard».

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Des manifestants protestent en soutien aux Palestiniens tués à Gaza devant le Musée national arabo-américain à Dearborn, dans le Michigan. (AFP)

Toutefois, l'un des derniers sondages réalisés auprès des électeurs américains suggère que Harris commence à devancer Trump dans cinq des sept États clés.

Mais c'est dans les trois États restants que l'élection risque d'être gagnée ou perdue, notamment dans le Michigan, où les deux candidats sont au coude à coude avec exactement 47% des voix chacun.

Ces résultats reflètent presque exactement ceux du sondage Arab News/YouGov, publié la semaine dernière, qui a également révélé que le vote des Arabo-Américains est pratiquement polarisé. Interrogés sur le candidat pour lequel ils étaient le plus susceptibles de voter, 45% ont répondu Trump, tandis que 43% ont opté pour Harris.

Il s'agit là d'une grande surprise, d'autant plus que 40% des personnes interrogées se décrivent comme des démocrates naturels, 28% seulement comme des républicains et 23% comme des indépendants.

Le sondage montre clairement combien d'Américains d'origine arabe semblent avoir changé d'allégeance, passant des démocrates aux républicains, en réponse à la déception engendrée par la gestion d'Israël par l'administration Biden et par la catastrophe de Gaza.

On saura bientôt si Harris a réussi à se défaire de cette association parmi les électeurs arabo-américains.

Qu'elle l'ait fait ou non, et quel que soit le candidat qui siègera à la Maison Blanche en janvier à la suite du vote d'aujourd'hui, l'élection présidentielle de 2024 est déjà historique pour les Arabo-Américains. Leur adhésion sans réserve au processus démocratique américain – qui dépasse de loin celle de l'ensemble de l'électorat américain – a été d'une ampleur sans précédent, reflétant non seulement leur préoccupation pour leurs pays d'origine, mais aussi leur engagement dans la politique américaine.

Car il ne faut pas s'y tromper: bien que le monde les classe comme des Américains arabes, ils se considèrent comme des Arabes américains et leur intérêt pour le pays qui peut se targuer d'être le plus grand creuset d'immigrants au monde est aussi profondément ancré que n'importe quel autre.

En 2023, Dearborn, dans le Michigan, est devenue la première ville américaine à majorité arabe. Le fait que ce soit le cas et que les Arabes du Michigan aient été en mesure de jouer un rôle aussi essentiel dans la sélection du prochain président des États-Unis est dû à quelque chose d'aussi américain que le modèle T Ford – littéralement.

Au début du XXe siècle, il n'y avait rien d'autre que des terres agricoles à Dearborn et dans ses environs. En 1908, Henry Ford a commencé à produire ses voitures révolutionnaires Model T à Détroit, et parmi les premiers ouvriers qu'il a embauchés sur la chaîne de production se trouvaient des Arabes qui venaient d'émigrer de Syrie.

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Joe Biden s'est retiré en juillet pour permettre à sa vice-présidente, Kamala Harris, de participer à l'élection. (AFP)

Ils ont été suivis par d'autres, principalement originaires de Palestine, du Liban, d'Irak et du Yémen, qui se sont tous installés à Dearborn et dans ses environs, travaillant pour la gigantesque usine Ford qui y a vu le jour et où la société a toujours son siège aujourd'hui.

Il y a eu 21 présidents depuis que les premiers immigrants arabes ont commencé à travailler sur les chaînes de production du modèle T de Ford dans le Michigan, il y a 116 ans. Lorsque les derniers bureaux de vote fermeront dans le Michigan aujourd'hui à 21 heures (heure de l'Est), leurs descendants auront la satisfaction de savoir que, dans la course au 47e président des États-Unis, ils auront été résolument aux commandes.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Syrie: la cheffe de la diplomatie de l'UE s'attend à un accord «aujourd'hui» sur l'assouplissement des sanctions

La cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Kaja Kallas, a dit s'attendre à une décision des 27 lundi sur un assouplissement des sanctions contre la Syrie. (AFP)
La cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Kaja Kallas, a dit s'attendre à une décision des 27 lundi sur un assouplissement des sanctions contre la Syrie. (AFP)
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  • L'Union européenne veut aider à la reconstruction du pays ravagé par la guerre et nouer des relations avec ses nouveaux dirigeants qui plaident régulièrement pour la levée de ces sanctions
  • "Nous allons décider aujourd'hui de suspendre certaines sanctions qui s'appliquent au secteur de l'énergie, du transport ou des institutions financières", a précisé le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot

BRUXELLES: La cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Kaja Kallas, a dit s'attendre à une décision des 27 lundi sur un assouplissement des sanctions contre la Syrie.

"Nous nous attendons à une décision aujourd'hui afin d'élaborer une feuille de route pour alléger les sanctions", a-t-elle déclaré à Bruxelles, avant un conseil des ministres des Affaires étrangères.

L'Union européenne veut aider à la reconstruction du pays ravagé par la guerre et nouer des relations avec ses nouveaux dirigeants qui plaident régulièrement pour la levée de ces sanctions.

"Nous allons décider aujourd'hui de suspendre certaines sanctions qui s'appliquent au secteur de l'énergie, du transport ou des institutions financières", a précisé le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.

"Ces suspensions dans les sanctions doivent avoir pour contrepartie une transition politique qui associe toutes les Syriennes et tous les Syriens", a-t-il ajouté.

Ces mesures avaient été imposées au gouvernement de Bachar al-Assad et à des pans entiers de l'économie syrienne durant la guerre civile.

Certains Etats membres ont toutefois exprimé des réserves sur le retrait des sanctions, réclamant des gages concrets de la part du nouveau pouvoir syrien dans sa transition politique.

 


Un ex-soldat canadien détenu par les talibans en Afghanistan libéré

Le moral de David Lavery est "bon", a réagi sur X Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères du Canada. (Reuters)
Le moral de David Lavery est "bon", a réagi sur X Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères du Canada. (Reuters)
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  • Deux autres Américains, George Glezmann, ancien mécanicien aéronautique, et Mahmood Habibi, naturalisé américain, restent cependant détenus en Afghanistan
  • "Je viens d'apprendre que les talibans détiennent plus d'otages américains que ce qui a été rapporté", a cependant écrit samedi le nouveau secrétaire d'Etat américain Marco Rubio, menaçant de mettre à prix la tête des dirigeants talibans

DOHA: Un ancien soldat canadien arrêté par les autorités talibanes en novembre 2024 à Kaboul a été libéré dimanche après plus de deux mois de captivité, dans le cadre d'un accord négocié par le Qatar, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.

David Lavery a "quitté l'Afghanistan et se trouve désormais à Doha" au Qatar, a précisé cette source sous couvert d'anonymat. Selon elle, sa libération a été obtenue "à la suite d'une demande du gouvernement canadien au Qatar".

Des médiateurs qataris, en collaboration avec des responsables canadiens, ont mobilisé leurs contacts en Afghanistan pour permettre l'envoi d'une équipe médicale à Kaboul, évaluer l'état de santé de M. Lavery et lui apporter les soins nécessaires. Ils ont également facilité des communications entre lui et sa famille, a ajouté cette source.

"Après une percée dans les négociations, M. Lavery est désormais à Doha où il a retrouvé ses proches. A son arrivée, il a subi un examen médical", a-t-elle souligné.

Le moral de David Lavery est "bon", a réagi sur X Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères du Canada.

"Merci à mon homologue qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, d'avoir facilité la libération de notre citoyen canadien", a-t-elle poursuivi.

En 2021, cet ex-soldat s'était illustré en aidant environ cent Afghans à fuir Kaboul lors du retrait chaotique des forces américaines et alliées.

Vétéran de l'armée canadienne, il aurait été un membre clé de la Force opérationnelle interarmées 2, une unité d'élite des opérations spéciales.

Ces dernières années, il gérait une société de sécurité privée à Kaboul.

Sa libération intervient peu après celle de deux citoyens américains détenus par les talibans, en échange d'un combattant afghan incarcéré aux Etats-Unis, dans un autre accord négocié là encore par le Qatar.

Ryan Corbett, détenu depuis 2022, et William McKenty, ont ainsi été échangés contre Khan Mohammed, condamné pour narco-terrorisme par un tribunal américain. Le ministère des Affaires étrangères afghan l'a présenté comme "un combattant afghan emprisonné en Amérique".

Deux autres Américains, George Glezmann, ancien mécanicien aéronautique, et Mahmood Habibi, naturalisé américain, restent cependant détenus en Afghanistan.

"Je viens d'apprendre que les talibans détiennent plus d'otages américains que ce qui a été rapporté", a cependant écrit samedi le nouveau secrétaire d'Etat américain Marco Rubio, menaçant de mettre à prix la tête des dirigeants talibans.


Ukraine: un mort, 16 blessés dans une frappe russe à Zaporijjia

Des habitants s'abritent dans une station de métro après une alerte au raid aérien à Kiev, le 22 janvier 2025, lors de l'invasion russe de l'Ukraine. Photo d'illustration (AFP)
Des habitants s'abritent dans une station de métro après une alerte au raid aérien à Kiev, le 22 janvier 2025, lors de l'invasion russe de l'Ukraine. Photo d'illustration (AFP)
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  • Depuis novembre, l'Ukraine craint une offensive vers cette ville qui se trouve à environ 35 kilomètres des positions russes et à 50 kilomètres de la centrale nucléaire du même nom, occupée par la Russie depuis 2022
  • L'armée russe a avancé récemment dans le nord-est de l'Ukraine, tandis que les forces ukrainiennes occupent une petite partie de la région russe de Koursk

KIEV: Une frappe russe dans la ville de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine, a fait un mort et 16 blessés dans la nuit de mercredi à jeudi, a indiqué le gouverneur de la région.

"Une attaque russe au missile sur Zaporijjia a tué une personne", un homme de 47 ans, a écrit sur Telegram Ivan Fedorov, ajoutant qu'une fillette de deux mois figurait parmi les blessés et publiant des images d'immeubles résidentiels éventrés.

Il a précisé que la région avait été la cible de 361 frappes sur 10 localités en 24 heures, dont quatre au missile sur la ville de Zaporijjia et 188 aux drones.

L'armée russe a intensifié ces derniers mois ses attaques sur le sud de l'Ukraine et multiplié ses frappes sur Zaporijjia, une ville qui comptait 700.000 habitants avant la guerre.

Depuis novembre, l'Ukraine craint une offensive vers cette ville qui se trouve à environ 35 kilomètres des positions russes et à 50 kilomètres de la centrale nucléaire du même nom, occupée par la Russie depuis 2022.

L'armée russe a avancé récemment dans le nord-est de l'Ukraine, tandis que les forces ukrainiennes occupent une petite partie de la région russe de Koursk.

Alors que l'offensive russe doit entrer fin février dans sa quatrième année, les deux camps se sont efforcés ces derniers temps de cimenter leurs positions en vue du retour à la Maison Blanche de Donald Trump.

Investi lundi, ce dernier a assuré mercredi qu'il n'aurait "pas d'autre choix que d'imposer de hauts niveaux de taxes, de droits de douane et de sanctions sur tout ce que la Russie vend aux Etats-Unis et à d'autres pays" si Moscou ne concluait pas d'accord avec l'Ukraine "maintenant".

Les Etats-Unis ont déjà imposé plusieurs salves de sanctions et embargos sur les importations depuis la Russie, qui se sont très nettement réduites, passant de 4,3 milliards de dollars de janvier à novembre 2023, à 2,9 milliards sur la même période l'an dernier.