Réfugiés en France, des Libanais racontent les bruits de la guerre, la peur et les insomnies

Des manifestants participent à une manifestation de soutien au peuple libanais alors que les attaques israéliennes intenses dans l'est, le sud et le sud de Beyrouth ont tué des centaines de personnes et forcé de nombreuses personnes à fuir leurs maisons, sur la place de la République, à Paris, le 29 septembre 2024. (AFP)
Des manifestants participent à une manifestation de soutien au peuple libanais alors que les attaques israéliennes intenses dans l'est, le sud et le sud de Beyrouth ont tué des centaines de personnes et forcé de nombreuses personnes à fuir leurs maisons, sur la place de la République, à Paris, le 29 septembre 2024. (AFP)
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Publié le Samedi 26 octobre 2024

Réfugiés en France, des Libanais racontent les bruits de la guerre, la peur et les insomnies

  • Après quasiment un an d'échanges de tirs frontaliers avec le Hezbollah, Israël a entamé au Liban le 23 septembre une intense campagne de frappes aériennes contre les fiefs de cette organisation
  • Au moins 1.580 personnes ont été tuées au Liban depuis le 23 septembre, d'après un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. L'ONU recense quelque 800.000 déplacés

PARIS: "J’entendais toujours les avions qui franchissent le mur du son, les drones israéliens", raconte à l’AFP Joumana Sleiman-Haidar, Libanaise récemment arrivée en France pour fuir la guerre ravageant son pays. "J’ai développé une phobie".

A Paris depuis le 2 octobre, soit dix jours après le démarrage de l'intense campagne de frappes aériennes de l'armée israélienne contre les fiefs du groupe pro-irainen Hezbollah au Liban, Joumana, 50 ans, cheveux teintés de roux et sourire bienveillant, pensait rester quelques jours en France avec son mari Jihad, le temps d'une visite à leurs enfants. Ils ont finalement repoussé leur retour.

"On ne pouvait plus rester là-bas, parce qu'on ne pouvait ni aller au travail ni rester à la maison", s'attriste Jihad depuis l'appartement que lui prêtent ses enfants, à Boulogne, en proche banlieue parisienne. "On entendait tout le temps les bombardements, presque tous les jours".

Le couple habitait Zalqa, petite ville proche de Beyrouth, où vivre sereinement était devenue impossible. "On ne peut pas s’habituer à la guerre. Ma femme, lorsqu’elle entend un avion ici, elle se cache dans la salle de bain", raconte tristement Jihad, 64 ans.

A l'instar du couple, Christelle Kabboul, à Paris depuis le 13 octobre pour poursuivre sa thèse, ressent encore l'impact du conflit, même à l'abri dans son quotidien parisien.

"En France, les bruits de la ville, du métro qui passe, des portes qui claquent me surprennent à chaque fois", dit-elle d'une voix tremblante. "Au Liban, je n’arrivais pas à dormir. Maintenant, je fais des cauchemars d'enfants qui meurent, de bombardements et aussi des insomnies".

La jeune femme de 29 ans n'était qu'à quelques kilomètres des frappes israéliennes qui ont tué le 27 septembre le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah.

"J’ai entendu une succession de bombardements", se souvient-elle. "C’était comme un séisme", poursuit-elle avant de confier sa "peur" et son "impuissance". "Je me suis juste réfugiée sous mon bureau".

Engagée dans un collectif qui soutient les déplacés libanais à Beyrouth, Christelle dit avoir longuement hésité à retrouver Paris, où la "culpabilité" d'avoir quitté son pays l'étreint désormais.

- 'Traumatisée' -

Après quasiment un an d'échanges de tirs frontaliers avec le Hezbollah, Israël a entamé au Liban le 23 septembre une intense campagne de frappes aériennes contre les fiefs de cette organisation, puis le 30 une offensive terrestre dans le sud.

Israël dit vouloir éloigner le Hezbollah de sa frontière et mettre un terme aux tirs de roquettes ayant forcé au déplacement 60.000 Israéliens. Le Hezbollah, affirmant agir en soutien au Hamas, avait ouvert un front contre Israël le 8 octobre 2023, au lendemain de l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

Christelle et le couple Sleiman-Haidar font partie des quelques Libanais qui ont pu venir en France, parce qu'ils y font leurs études ou car ils avaient obtenu un visa en amont de l'intensification de la guerre.

Mi-octobre, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot faisait état de quelque 3.000 ressortissants français ayant "regagné la France" en raison du conflit.

Alors que la France, via M. Barrot, affirmait encore mercredi qu'elle "ne ferait pas défaut" au Liban, et que la diplomatie française se bat, pour l'instant sans grand succès, pour un cessez-le-feu, les Libanais rencontrés dans l'Hexagone s'agacent pourtant que leurs proches ne puissent solliciter de visas.

Telle Yara Gharbieh, à Perpignan depuis un an, qui a essayé pendant plus d’un mois d’obtenir un rendez-vous pour faire venir sa mère et sa petite sœur en France. Sans succès. Le site de TLScontact, seul organisme habilité à délivrer des visas français pour les Libanais, semble ouvrir des créneaux au compte-goutte, a constaté l'AFP.

"On pensait que la France était avec nous", s'énerve-t-elle, quand sa famille, "traumatisée", a dû fuir Nabatiyeh, dans le sud du Liban, du fait des frappes israéliennes.

Interrogé par l'AFP, le ministère français des Affaires étrangères fait état d'agents du consulat de Beyrouth "pleinement mobilisés" pour les ressortissants français, le service des visas étant "concentré sur les priorités du moment". Une mesure "temporaire", indique-t-il, sans plus de précision.

Au moins 1.580 personnes ont été tuées au Liban depuis le 23 septembre, d'après un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. L'ONU recense quelque 800.000 déplacés.


Le chef de l'opposition israélienne propose que l'Égypte assume la responsabilité de Gaza

 Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio (R) serre la main du leader de l'opposition israélienne Yair Lapid à Jérusalem le 16 février 2025. (Photo par Evelyn Hockstein / POOL / AFP)
Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio (R) serre la main du leader de l'opposition israélienne Yair Lapid à Jérusalem le 16 février 2025. (Photo par Evelyn Hockstein / POOL / AFP)
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  • « La solution consiste à confier à l'Égypte la gestion de la bande de Gaza pour une durée de huit ans, avec une option de prolongation jusqu'à quinze ans », a déclaré l'ancien Premier ministre israélien.
  • « L'Égypte dirigera une force de paix en partenariat avec les États du Golfe et la communauté internationale pour la gestion et la reconstruction de Gaza », selon M. Lapid.

WASHINGTON : Le chef de l'opposition israélienne, Yaïr Lapid, a proposé  mardi que l'Égypte assume la responsabilité de la bande de Gaza pour huit ans une fois la guerre entre Israël et le Hamas terminée, en échange d'un allégement massif de sa dette.

« La solution consiste à confier à l'Égypte la gestion de la bande de Gaza pour une durée de huit ans, avec une option de prolongation jusqu'à quinze ans », a déclaré l'ancien Premier ministre israélien devant un cercle de réflexion à Washington.

« Dans le même temps, sa dette extérieure sera remboursée par la communauté internationale et les alliés régionaux », a-t-il dit, en faisant valoir la situation économique en Égypte, qui est « au bord du gouffre », et le risque d'une déstabilisation de ce pays qui pourrait « tomber aux mains des Frères musulmans ou pire ».

« L'Égypte dirigera une force de paix en partenariat avec les États du Golfe et la communauté internationale pour la gestion et la reconstruction de Gaza », dévasté par la guerre provoquée par l'attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023, a poursuivi M. Lapid devant la « Fondation pour la défense des démocraties (FDD) ».

Il a ajouté que cela permettrait de créer les conditions d'une « autogestion » dans la bande de Gaza, actuellement contrôlée par le Hamas, qui deviendrait ainsi « totalement démilitarisée ».

Selon lui, ce plan n'est pas « en contradiction » avec celui du président américain Donald Trump, qui a proposé de prendre le contrôle du territoire palestinien et d'y déplacer ses 2,4 millions d'habitants, en Jordanie et en Égypte.

Son projet a suscité un tollé international, mais Israël l'a soutenu.

« Il convient de noter que la proposition ne contredit pas l'idée présentée par le président Trump selon laquelle les États-Unis et la communauté internationale reconstruiront Gaza », a ainsi affirmé M. Lapid.

« Bien au contraire. Elle crée les conditions nécessaires à la reconstruction de Gaza. »

Il suggère également que « l'Égypte prenne le contrôle de la bande de Gaza par le biais d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, y compris la sécurité intérieure et les affaires civiles ».

Des pays du Golfe, l'Égypte et la Jordanie ont tenu vendredi dernier un sommet « informel » à Ryad pour discuter d'un plan alternatif au projet de Donald Trump, mais très peu de détails ont filtré.

Un autre sommet arabe est prévu en Égypte le 4 mars.

Selon l'ONU, le coût de la reconstruction de la bande de Gaza est estimé à plus de 53 milliards de dollars.

Une trêve fragile entre Israël et le Hamas est en vigueur dans le territoire palestinien depuis le 19 janvier.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a suspendu samedi la libération de 620 prisonniers palestiniens, prévue par l'accord, qui devait suivre celle de six otages israéliens par le Hamas.


« Peut-être la dernière chance » pour la solution à deux États, israélien et palestinien, estime l'ONU

Bâtiment des Nations unies et drapeaux (Photo iStock)
Bâtiment des Nations unies et drapeaux (Photo iStock)
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  • Les transformations en cours au Proche-Orient représentent « peut-être notre dernière chance » d'aboutir à la solution à deux États, israélien et palestinien, a estimé mardi une responsable de l'ONU.
  • « Les peuples de la région peuvent sortir de cette période dans la paix, la sécurité et la dignité. Mais cela peut aussi être notre dernière chance de parvenir à la solution à deux États », a-t-elle averti.

NATIONS -UNIES:  Les transformations en cours au Proche-Orient représentent « peut-être notre dernière chance » d'aboutir à la solution à deux États, israélien et palestinien, a estimé mardi une responsable de l'ONU. Elle a notamment mis en garde contre les appels à l'annexion de la Cisjordanie occupée.

« Le Moyen-Orient vit aujourd'hui une transformation rapide, à l'ampleur et l'impact incertains, mais qui représente une opportunité historique », a déclaré devant le Conseil de sécurité Sigrid Kaag, émissaire de l'ONU pour le processus de paix dans la région.

« Les peuples de la région peuvent sortir de cette période dans la paix, la sécurité et la dignité. Mais cela peut aussi être notre dernière chance de parvenir à la solution à deux États », a-t-elle averti.

Dans ce contexte, la poursuite de la colonisation en Cisjordanie, les opérations militaires israéliennes dans ce territoire palestinien occupé, ainsi que les « appels à l'annexion » représentent une « menace existentielle » pour la perspective d'un État palestinien viable et indépendant, et donc pour la solution à deux États, a-t-elle insisté.

La reprise des hostilités à Gaza doit par ailleurs être évitée à tout prix, a-t-elle ajouté, appelant les parties à conclure les négociations sur la deuxième phase de l'accord de trêve.

La résolution du conflit ne pouvant être que « politique », la communauté internationale doit s'assurer que « Gaza reste une partie intégrante d'un futur État palestinien » et que l'unité de Gaza et de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, soit assurée.

« Il ne peut être question de déplacements forcés », a enfin affirmé Sigrid Kaag, alors que le président américain Donald Trump a dévoilé un plan qui envisage une prise de contrôle de Gaza et le déplacement de sa population hors du territoire.

« Les Palestiniens doivent pouvoir reprendre leur vie, reconstruire et construire un avenir pour Gaza », a-t-elle plaidé.

Selon une première estimation rapide de l'ONU, de la Banque mondiale et de l'UE, le coût de la reconstruction de la bande de Gaza ravagée par l'offensive israélienne en représailles après l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 s'élèverait à 53 milliards de dollars.


L'Arabie saoudite réclame davantage d'attention portée aux droits de l'homme en Palestine

Hala Al-Tuwaijri, la présidente de la Commission saoudienne des droits de l'homme, prononce un discours lors du sommet de haut niveau de la 58ᵉ session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève. (SPA)
Hala Al-Tuwaijri, la présidente de la Commission saoudienne des droits de l'homme, prononce un discours lors du sommet de haut niveau de la 58ᵉ session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève. (SPA)
Hala Al-Tuwaijri, la présidente de la Commission saoudienne des droits de l'homme, prononce un discours lors du sommet de haut niveau de la 58ᵉ session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève. (SPA)
Hala Al-Tuwaijri, la présidente de la Commission saoudienne des droits de l'homme, prononce un discours lors du sommet de haut niveau de la 58ᵉ session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève. (SPA)
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  • Le responsable saoudien des droits de l'homme a souligné l'engagement de Vision 2030 en faveur de l'égalité et de la paix dans le monde lors d'une session de l'ONU à Genève.

RIYAD :  l'Arabie saoudite a appelé à une plus grande attention sur la situation des droits de l'homme en Palestine et dans les autres territoires arabes occupés lors d'une réunion de l'ONU en Suisse.

Le Royaume a également réaffirmé son engagement inébranlable en faveur de la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Cette déclaration fait partie du discours prononcé par la présidente de la Commission saoudienne des droits de l'homme et chef de la délégation du Royaume, Hala Al-Tuwaijri, lors du segment de haut niveau de la 58e session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève.

Mme Al-Tuwaijri a déclaré que l'Arabie saoudite avait procédé à des réformes significatives en matière de droits de l'homme, sous l'impulsion de la Vision 2030, qui repose sur les principes d'égalité, de non-discrimination et de droit au développement.

« Cette vision a permis d'autonomiser les femmes, les jeunes et les groupes vulnérables, notamment les personnes handicapées, les personnes âgées et les travailleurs migrants, tout en améliorant la qualité de vie de tous », a déclaré M. Al-Tuwaijri.

« En outre, la Vision 2030 a accru l'efficacité des autorités compétentes pour accueillir des initiatives et des événements mondiaux majeurs, en plaçant les personnes et leurs droits au cœur des priorités nationales. »

M. Al-Tuwaijri a souligné l'engagement du Royaume à renforcer son cadre législatif, qui a mis en place un système juridique solide pour protéger et faire respecter les droits de l'homme.

Grâce à de vastes réformes juridiques et à de nouvelles lois, l'Arabie saoudite a renforcé la protection de tous les individus. Le Royaume accueille désormais une société diversifiée avec plus de 15 millions d'étrangers de plus de 60 nationalités, représentant plus de 44 % de la population, qui jouissent de leurs droits dans le cadre des normes les plus élevées de protection juridique.

Mme Al-Tuwaijri a réaffirmé l'engagement de l'Arabie saoudite à promouvoir la paix et la sécurité internationales, guidée par ses valeurs fondamentales et son adhésion à la Charte des Nations unies.

Elle a également souligné le soutien du Royaume aux causes justes et son rôle proactif dans la résolution de crises mondiales, notamment ses efforts dans le cadre de la crise ukrainienne.

La médiation menée par le prince héritier Mohammed bin Salman a notamment abouti à plusieurs échanges de prisonniers réussis entre la Russie et l'Ukraine, a déclaré Mme Al-Tuwaijri.

« Pour que les droits de l'homme soient universellement défendus, nous devons cultiver des sociétés fortes en affrontant les pratiques néfastes qui sapent l'harmonie sociale, notamment le mépris des religions, les discours de haine et l'affaiblissement des valeurs familiales », a-t-elle conclu.

Mme Al-Tuwaijri a réaffirmé l'engagement du Royaume à approfondir la coopération avec les mécanismes des droits de l'homme des Nations unies, soulignant l'importance de respecter les différentes valeurs et d'embrasser la diversité culturelle et civilisationnelle pour protéger et promouvoir les droits de l'homme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com