La présidence de la COP29 publie ses engagements en matière de climat et en appelle à une action mondiale avant le sommet.

Les déclarations et les engagements de la présidence de la COP29 sont alignés sur sa stratégie à deux piliers pour l'année, qui se concentre sur l'augmentation de l'ambition climatique et la simplification de l'action sectorielle. (COP29)
Les déclarations et les engagements de la présidence de la COP29 sont alignés sur sa stratégie à deux piliers pour l'année, qui se concentre sur l'augmentation de l'ambition climatique et la simplification de l'action sectorielle. (COP29)
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Publié le Lundi 21 octobre 2024

La présidence de la COP29 publie ses engagements en matière de climat et en appelle à une action mondiale avant le sommet.

  • Les documents, qui font partie du programme d'action de la COP29, définissent les voies à suivre par les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux pour renforcer leurs engagements en matière de climat.
  • L'appel à la trêve de la COP29 a déjà recueilli le soutien de 127 pays et de plus de 1 100 acteurs non étatiques.

RIYADH : La présidence de la COP29 a publié les versions finales de neuf déclarations et engagements importantes avant le prochain sommet des Nations unies sur le climat, qui se tiendra à Bakou, en Azerbaïdjan, en novembre.

Ces documents, qui font partie du programme d'action de la COP29, tracent la voie à suivre par les parties prenantes, gouvernementales et non gouvernementales, pour renforcer leurs engagements en matière de climat.

En invitant un large éventail d'acteurs à approuver ces documents, la présidence vise à catalyser des actions significatives au-delà des négociations officielles de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.

Le programme d'action de la COP29, présenté pour la première fois en septembre, vise à compléter le processus de négociation officiel en proposant des initiatives concrètes destinées à accroître l'ambition dans les secteurs clés du climat.

Bien qu'elles ne fassent pas partie du cadre officiel de la CCNUCC, ces déclarations et ces engagements ont pour but d'inspirer une action collective dans divers secteurs de la société, renforçant ainsi l'objectif général du sommet : accroître l'ambition climatique.

Maintenant que les textes définitifs sont disponibles, les parties prenantes ont la possibilité de les approuver formellement avant leur lancement officiel au cours du sommet.

Parmi les documents publiés figurent des initiatives clés telles que la version finale de l'appel à la trêve de la COP29, l'engagement en faveur du stockage mondial de l'énergie et des réseaux énergétiques, ainsi qu'une série de déclarations axées sur des secteurs allant du tourisme à l'énergie hydrogène et à la gestion de l'eau.

L'appel à la trêve de la COP29 a déjà recueilli le soutien de 127 pays et de plus de 1 100 acteurs non étatiques. Cet appel à la trêve demande la cessation des conflits pendant la COP29, dans le but de réduire les émissions militaires et de promouvoir la paix mondiale parallèlement à l'action en faveur du climat.

L'une des initiatives centrales, le Global Energy Storage and Grids Pledge, est particulièrement ambitieuse, puisqu'elle vise à multiplier par six la capacité mondiale de stockage de l'énergie, pour la porter à 1 500 GW.

Il s'agit d'une étape cruciale dans la transition vers les énergies renouvelables, car l'amélioration du stockage et de l'infrastructure des réseaux est essentielle pour gérer les sources d'énergie intermittentes telles que l'énergie éolienne et solaire.

Les documents visent ainsi à encourager les gouvernements à intégrer ces engagements dans leurs stratégies climatiques nationales, tout en fournissant un cadre aux acteurs non étatiques pour qu'ils alignent leurs efforts sur les objectifs climatiques mondiaux.

Ces initiatives couvrent un large éventail de secteurs, de la transformation numérique à l'énergie verte en passant par la réduction des émissions de méthane provenant des déchets organiques.

Outre ces engagements, la présidence publiera également un programme détaillé d'événements pour le sommet, visant à galvaniser l'action climatique mondiale. Ces événements réuniront les principales parties prenantes pour des discussions approfondies et serviront de plateformes pour le lancement des différentes déclarations.

Le pays hôte, l'Azerbaïdjan, devrait jouer un rôle central pour assurer le succès de ces événements, qui devraient faire avancer les engagements mondiaux en matière de climat.

Mukhtar Babayev, président désigné de la COP29, a souligné l'importance de ces engagements en déclarant qu'ils constituent des outils essentiels pour faire progresser l'action climatique. Selon M. Babayev, même si la signature de ces engagements ne suffira pas à réaliser les transformations nécessaires, ils sont essentiels pour envoyer des signaux clairs au marché, orienter les investissements financiers et encourager un sens collectif de la responsabilité.

Il a souligné le soutien rapide à l'appel à la trêve de la COP29 comme un exemple prometteur de la façon dont l'action climatique et la paix mondiale sont interconnectées.

Bien que distinctes des négociations officielles de la CCNUCC, ces initiatives sont conçues pour offrir des possibilités supplémentaires d'action climatique, en particulier pour les acteurs non étatiques qui jouent un rôle essentiel dans la réponse mondiale au changement climatique.

La présidence de la COP29 encourage toutes les parties prenantes à examiner les textes finaux et à envisager de approuver ces initiatives climatiques, qui visent collectivement à accélérer les progrès vers la réalisation des objectifs fixés par l'Accord de Paris.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Dans l'est ukrainien pilonné par les drones, les routes se couvrent de filets

Depuis des mois, Moscou attaque les hommes et les véhicules avec de petits drones FPV ("First Person view", ou "vue subjective" en français). Dotés d'une caméra embarquée, ces engins permettent à leurs pilotes de voir les images du terrain en direct comme s'ils étaient à bord.  Ces drones restent identiques à ceux que l'on trouve dans le commerce, mais sont équipés d'explosifs. (AFP)
Depuis des mois, Moscou attaque les hommes et les véhicules avec de petits drones FPV ("First Person view", ou "vue subjective" en français). Dotés d'une caméra embarquée, ces engins permettent à leurs pilotes de voir les images du terrain en direct comme s'ils étaient à bord. Ces drones restent identiques à ceux que l'on trouve dans le commerce, mais sont équipés d'explosifs. (AFP)
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  • Ces drones restent identiques à ceux que l'on trouve dans le commerce, mais sont équipés d'explosifs
  • Si, après trois ans d'invasion meurtrière de l'Ukraine par la Russie, leur utilisation est devenue courante des deux côtés, leur nombre et leur portée ne cessent d'augmenter

DOBROPILLIA: Sur l'autoroute de Dobropillia, dans l'est ukrainien, une voiture gît, un trou béant en guise de moteur, les portières constellées d'éclats: elle vient d'être touchée par un drone russe, à plus de 25 km du front.

Depuis des mois, Moscou attaque les hommes et les véhicules avec de petits drones FPV ("First Person view", ou "vue subjective" en français). Dotés d'une caméra embarquée, ces engins permettent à leurs pilotes de voir les images du terrain en direct comme s'ils étaient à bord.

Ces drones restent identiques à ceux que l'on trouve dans le commerce, mais sont équipés d'explosifs.

Si, après trois ans d'invasion meurtrière de l'Ukraine par la Russie, leur utilisation est devenue courante des deux côtés, leur nombre et leur portée ne cessent d'augmenter.

Pour s'en prémunir, le commandant Denis et son équipe couvrent les routes du Donbass de kilomètres de filets verts, montés sur des poteaux de quatre mètres, donnant à l’ensemble des allures de courts de tennis géants qui s'étend à travers champs.

"Quand un drone heurte le filet, sa course est court-circuitée et il ne peut pas cibler les véhicules", explique, sous un soleil de plomb, le jeune commandant de brigade du génie de 27 ans.

Une protection efficace, selon les soldats ukrainiens, même si les pilotes russes arrivent à pénétrer les filets par des ouvertures et attendent, depuis l'intérieur, le passage de véhicules pour attaquer.

L'armée russe recouvre également ses axes routiers pour abriter les lignes d'approvisionnement proches du front, selon un rapport du ministère russe de la Défense datant d'avril.

Les yeux vers le ciel 

"C'est la guerre des drones", résume Denis. Son équipe et lui sont protégés par des soldats équipés de fusils à pompe chargés d'abattre les FPV, qui ont déjà grièvement blessé plusieurs de ses hommes. "Même les civils ont fini par s'habituer", lâche le commandant.

Sous les filets, une voiture soviétique fonce, un drapeau blanc accroché à l'antenne, dans l'espoir de ne pas être prise pour cible.

Serveuse dans un petit café-supérette à Dobropillia, Olga a fini par prendre d'étonnants réflexes : "Quand je conduis, j'ouvre les vitres pour éviter les éclats de verre si jamais le drone me touche", explique-t-elle à l'AFP avec un naturel déconcertant.

Olga, 45 ans, garde aussi son sac sur le siège à côté d'elle "pour pouvoir sauter rapidement" de la voiture en cas d'attaque.

Derrière son comptoir, la blonde aux yeux bleu électrique écoute les récits de ses clients, victimes des attaques quotidiennes.

"J'ai été poursuivi par un FPV sur 200 mètres", raconte l'un, "il est tombé devant moi", décrit l'autre en faisant des gestes vers le ciel.

Nouvelle tactique 

Le danger ne se limite pas aux routes. Depuis début juillet, l'armée russe a commencé à utiliser ses drones FPV pour frapper la ville de Dobropillia.

Selon les soldats ukrainiens, c'est la première fois qu'une ville aussi éloignée du front est massivement et quotidiennement touchée, révélant de nouvelles tactiques russes.

Pourtant, les rues semblent paisibles, des mères de famille font leurs courses avec leurs enfants. Mais, quand elles n'ont pas les yeux en l'air pour tenter d'apercevoir des drones, elles les gardent rivés au téléphone, pour s'informer sur la messagerie Telegram de la présence de FPV au-dessus de la ville.

Soudain, un sinistre zonzonnement de drone emplit l'atmosphère. Tout le monde se précipite dans les magasins et s'accroupit, les visages déformés par la peur.

La menace passée, une femme sort timidement de son abri, le nez vers le ciel, puis reprend ses sacs de courses laissés au sol et repart comme si de rien n'était. Un spectacle angoissant devenu quotidien.

L'échoppe voisine de celle d'Olga a récemment été touchée par un FPV, laissant sa propriétaire dans le coma. Une atmosphère "effrayante" s'est installé en ville, décrit-elle.

"Maintenant, on sursaute à chaque courant d'air", raconte Olga à l'AFP. "La journée passe, la nuit passe, et on est content de se réveiller, avec encore des bras et des jambes".

Tous en danger 

Malgré les attaques sur les routes, Olga reçoit ce dont elle a besoin pour faire tourner son petit café, les fournisseurs faisant un détour par des chemins plus éloignés du front.

Mais elle ne sait pas pour combien de temps: "tout est en suspens maintenant, nous vivons au jour le jour", dit-elle.

Chaque jour, les victimes  affluent dans le petit hôpital de la ville. Selon son directeur, Vadym Babkov, les FPV "n'épargnent ni les travailleurs médicaux ni les civils".

Comme les routes "ne sont pas encore couvertes à 100 %" par les filets, les ambulances doivent prendre des détours de plusieurs kilomètres, diminuant l'espoir de survie des patients, explique l'homme de 60 ans.

"Maintenant, nous sommes tous en danger", conclut Vadym, sombre.


Inde: les pilotes rejettent les premières conclusions sur l'accident du vol 171 d'Air India

Dans un premier rapport publié samedi, le Bureau indien d'enquête sur les accidents aériens (AAIB) a révélé que l'alimentation en kérosène des deux réacteurs de l'avion avait été interrompue juste après son décollage d'Ahmedabad.  Cette coupure des interrupteurs a causé une brusque perte de puissance des deux moteurs de l'avion, qui est tombé sur des bâtiments proches de l'aéroport en causant 260 morts. (AFP)
Dans un premier rapport publié samedi, le Bureau indien d'enquête sur les accidents aériens (AAIB) a révélé que l'alimentation en kérosène des deux réacteurs de l'avion avait été interrompue juste après son décollage d'Ahmedabad. Cette coupure des interrupteurs a causé une brusque perte de puissance des deux moteurs de l'avion, qui est tombé sur des bâtiments proches de l'aéroport en causant 260 morts. (AFP)
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  • L'enregistreur des conversations du cockpit a indiqué que l'un des pilotes avait demandé à l'autre "pourquoi il a coupé l'alimentation en carburant" et que ce dernier avait répondu "qu'il ne l'a pas fait", a toutefois précisé l'AAIB
  • Les enquêteurs n'ont pas publié la retranscription exacte de leur dialogue

NEW DELHI: Deux associations de pilotes de ligne indiens ont vivement rejeté les résultats préliminaires de l'enquête sur l'accident du Boeing 787 d'Air India le 12 juin dans le nord-est de l'Inde, qui suggèrent la possibilité d'une erreur humaine.

Dans un premier rapport publié samedi, le Bureau indien d'enquête sur les accidents aériens (AAIB) a révélé que l'alimentation en kérosène des deux réacteurs de l'avion avait été interrompue juste après son décollage d'Ahmedabad.

Cette coupure des interrupteurs a causé une brusque perte de puissance des deux moteurs de l'avion, qui est tombé sur des bâtiments proches de l'aéroport en causant 260 morts.

Le document de l'AAIB ne tire pour l'heure aucune conclusion ni ne pointe aucune responsabilité .

L'enregistreur des conversations du cockpit a indiqué que l'un des pilotes avait demandé à l'autre "pourquoi il a coupé l'alimentation en carburant" et que ce dernier avait répondu "qu'il ne l'a pas fait", a toutefois précisé l'AAIB.

Les enquêteurs n'ont pas publié la retranscription exacte de leur dialogue.

"Nous avons le sentiment que l'enquête suit une piste qui présume la responsabilité des pilotes et nous nous y opposons fermement", a réagi l'Association des pilotes de ligne indiens (ALPA).

L'ALPA, qui revendique 800 membres, a regretté le "secret" qui entoure l'enquête et regretté de ne pas y être associée en tant qu'"observatrice".

Une autre organisation, l'Association des pilotes commerciaux indiens (ICPA), s'est pour sa part déclarée "très perturbée par ces spéculations (...) notamment celles qui insinuent de façon infondée l'idée du suicide d'un pilote".

"Une telle hypothèse n'a aucune base en l'état actuel de l'enquête", a poursuivi l'ICPA en réaction aux propos d'experts suggérant que la catastrophe pourrait être le fruit du suicide d'un pilote.

La catastrophe aérienne, la plus meurtrière depuis 2014 dans le monde, a causé la mort de 241 passagers et membres d'équipage du Boeing 787, ainsi que 19 autres personnes au sol.

Un passager a miraculeusement survécu.

 


Russie: le suicide apparent d'un ministre sème la peur au sein de l'élite

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin. (AFP)
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  • Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement
  • Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours

SAINT-PETERSBOURG: Le suicide probable du ministre russe des Transports, Roman Starovoït, annoncé peu après son limogeage lundi par Vladimir Poutine sur fond d'allégations de corruption, a profondément choqué l'élite politique, où chacun redoute de faire les frais de la chasse aux profiteurs.

Ses funérailles ont eu lieu vendredi dans un cimetière de Saint-Pétersbourg en présence de sa famille et de collègues, mais en l'absence de M. Poutine qui n'a pas non plus participé à la cérémonie d'adieu jeudi.

Si les circonstances de la mort de Roman Starovoït, âgé de 53 ans, restent floues, les médias russes ont évoqué une enquête pour corruption le visant, assurant qu'il devait être arrêté prochainement.

Limogé par le président Vladimir Poutine, il s'est probablement donné la mort, selon les premiers résultats de l'enquête, qui est en cours.

"C'est une grande perte pour nous, très inattendue. Nous sommes tous choqués", a déclaré à l'AFP Vassilissa, 42 ans, l'épouse d'un collègue de M. Starovoït, lors de la cérémonie de jeudi.

"Il était tellement actif, joyeux, il aimait énormément la vie. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver", ajoute cette femme, les larmes aux yeux.

Après avoir déposé devant le cercueil de grands bouquets de roses rouges, des anciens collègues de M. Starovoït, en costumes sombres, sont repartis très vite dans leurs luxueuses voitures noires.

Dans une ambiance très lourde rappelant les funérailles dans le film culte "Le Parrain" de Francis Ford Coppola, d'autres personnes interrogées par les journalistes de l'AFP dans la foule ont refusé de parler.

"Bouc émissaire" 

Roman Starovoït avait été gouverneur de la région russe de Koursk, frontalière de l'Ukraine, avant d'être promu ministre à Moscou en mai 2024, trois mois avant que les troupes ukrainiennes ne prennent le contrôle d'une petite partie de ce territoire lors d'une offensive surprise. Une attaque qui avait été un revers pour le Kremlin.

Son successeur à la tête de cette région, Alexeï Smirnov, a lui été arrêté au printemps pour le détournement des fonds destinés à renforcer les fortifications à la frontière. Celle-là même que les Ukrainiens ont traversé facilement, pour n'être repoussés que neuf mois plus tard.

Les autorités "ont essayé de faire de lui (Roman Starovoït) un bouc émissaire", accuse auprès de l'AFP Andreï Pertsev, analyste du média indépendant Meduza, reconnu "indésirable" et interdit en Russie.

L'incursion ukrainienne "s'est principalement produite parce qu'il n'y avait pas assez de soldats pour protéger la frontière", mais c'était "plus facile de rejeter la faute sur un responsable civil", explique-t-il.

L'affaire Starovoït s'inscrit dans une vague récente de répression visant de hauts responsables soupçonnés de s'être enrichis illégalement pendant l'offensive russe en Ukraine. Et selon des analystes, si les scandales de corruption on toujours existé en Russie, la campagne militaire a changé les règles du jeu politique.

"Il existait des règles auparavant, selon lesquelles les gens savaient: une fois qu'ils montaient suffisamment haut, on ne les embêtait plus", estime M. Pertsev. "Mais elles ne fonctionnent plus."

"On ne vole pas" 

Alors que Vladimir Poutine promettait régulièrement de s'attaquer à la corruption - étant lui même accusé de s'être enrichi illégalement par ses détracteurs -, les rares arrestations médiatisées ont été davantage utilisées pour cibler des opposants ou résultaient de luttes internes entre les échelons inférieurs du pouvoir en Russie.

Depuis l'offensive en Ukraine lancée en février 2022, "quelque chose dans le système a commencé à fonctionner de manière complètement différente", souligne la politologue Tatiana Stanovaïa du Centre Carnegie Russie Eurasie, interdit en Russie en tant qu'organisation "indésirable".

"Toute action ou inaction qui, aux yeux des autorités, accroît la vulnérabilité de l'État face aux actions hostiles de l'ennemi doit être punie sans pitié et sans compromis", estime Mme Stanovaïa en définissant la nouvelle approche du pouvoir.

Pour le Kremlin, la campagne en Ukraine est une "guerre sainte" qui a réécrit les règles, confirme Nina Khrouchtcheva, professeure à The New School, une université de New York, et arrière-petite-fille du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev.

"Pendant une guerre sainte, on ne vole pas (...) on se serre la ceinture et on travaille 24 heures sur 24", résume-t-elle.

Signe des temps, plusieurs généraux et responsables de la Défense ont été arrêtés pour des affaires de détournement de fonds ces dernières années. Début juillet, l'ancien vice-ministre de la Défense Timour Ivanov a été condamné à 13 ans de prison.

Cette ambiance, selon Mme Stanovaïa, a créé un "sentiment de désespoir" au sein de l'élite politique à Moscou, qui est peu susceptible de s'atténuer.

"À l'avenir, le système sera prêt à sacrifier des figures de plus en plus en vue," avertit-elle.