Rencontre mercredi entre Macron et Biden sur le Proche-Orient et l'Ukraine

Le président français Emmanuel Macron a salué lundi le « courage » et le « sens du devoir » de son homologue américain Joe Biden, et a appelé à l'« esprit de partenariat » entre les deux pays. (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron a salué lundi le « courage » et le « sens du devoir » de son homologue américain Joe Biden, et a appelé à l'« esprit de partenariat » entre les deux pays. (Photo AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 25 septembre 2024

Rencontre mercredi entre Macron et Biden sur le Proche-Orient et l'Ukraine

  • Le président français Emmanuel Macron va rencontrer son homologue américain Joe Biden mercredi en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York pour évoquer la situation au Proche-Orient et en Ukraine, a annoncé l'Elysée.
  • A la demande de la France, le Conseil de sécurité de l'ONU doit se pencher en urgence mercredi soir sur la menace de déflagration générale au Proche-Orient.

NEW-YORK : Le président français Emmanuel Macron va rencontrer son homologue américain Joe Biden mercredi en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York pour évoquer la situation au Proche-Orient et en Ukraine, a annoncé l'Elysée.

Le chef de l'Etat français s'entretiendra au préalable avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

A la demande de la France, le Conseil de sécurité de l'ONU doit se pencher en urgence mercredi soir sur la menace de déflagration générale au Proche-Orient avec l'extension du conflit entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, qui s'étend désormais au Liban.

Le président français qui s'est entretenu mardi soir avec son homologue iranien Massoud Pezeshkian, a appelé l'Iran à "soutenir une désescalade générale" au Proche-Orient.

Joe Biden a martelé de son côté mardi qu'une "guerre généralisée" n'était "dans l'intérêt de personne" et réaffirmé, tout comme la France, qu'une "solution diplomatique" restait "possible".

Il a aussi déclaré que la Russie avait échoué dans son invasion de l'Ukraine et exhorté les Nations unies à maintenir leur soutien à Kiev jusqu'à ce qu'elle soit victorieuse.

Un haut responsable américain a assuré que d'intenses "discussions" étaient en cours sur la suite du soutien à l'Ukraine, dans l'objectif de s'assurer que le pays dispose de ce dont il a besoin.


A Paris, les Libanais regardent, choqués et impuissants, leur pays plonger dans la guerre

Un nuage de fumée apparaît lors d'une frappe aérienne israélienne dans la région de Haboush, au sud du Liban, le 25 septembre 2024. (AFP)
Un nuage de fumée apparaît lors d'une frappe aérienne israélienne dans la région de Haboush, au sud du Liban, le 25 septembre 2024. (AFP)
Short Url
  • Depuis trois jours, les frappes massives qui visent les bastions du mouvement islamiste, allié du Hamas palestinien, ont fait au moins 558 morts
  • Rencontré un peu plus tôt dans son restaurant libanais du centre de Paris, Georges Yazbek partage ce constat: "nous avions déjà essayé d'alerter via les réseaux sociaux sur ce qui se passait à Gaza (...) mais personne ne regarde et personne ne s'en soucie

PARIS: Depuis trois jours, Gaëlle Loutfi "ne lâche plus" son téléphone: à plus 3.000 km de chez elle, la jeune Libanaise venue étudier à Paris il y a un mois regarde, impuissante, défiler les images de destruction et les visages de victimes des bombardements israéliens.

"Mes parents ont dû quitter leur maison en catastrophe hier soir", raconte l'étudiante de 21 ans, assise sur les marches de la Maison du Liban, où le calme verdoyant du campus de la cité universitaire internationale semble irréel, en comparaison avec ce que vivent ses proches restés à Beyrouth.

Depuis trois jours, les frappes massives qui visent les bastions du mouvement islamiste, allié du Hamas palestinien, dans le sud et l'est du Liban ainsi que dans la banlieue sud de Beyrouth, ont fait au moins 558 morts et jeté des dizaines voire des centaines de milliers de personnes sur les routes.

"Plus personne ne se sent en sécurité nulle part", abonde un autre étudiant en master, Charbel Tohmé, 24 ans, qui enrage devant l'inaction des Occidentaux et de l'ONU face à l'"agression" en cours. "A force de soutenir Israël, le sentiment d'impunité est total. Ils attendent quoi, que le Liban soit totalement détruit pour réagir?"

Rencontré un peu plus tôt dans son restaurant libanais du centre de Paris, Georges Yazbek partage ce constat: "nous avions déjà essayé d'alerter via les réseaux sociaux sur ce qui se passait à Gaza (...) mais personne ne regarde et personne ne s'en soucie. C'est pareil pour le Liban".

"Nous ne pouvons rien y faire et c'est la pire chose, nous mourons de l'intérieur", lâche-t-il avec amertume.

- "Malédiction" -

Ce sentiment d'abandon, Odette Helou-Chesnot le connaît bien: elle a grandi en pleine guerre civile, celle qui a fait 150.000 morts entre 1975 et 1990. Et puis il y a eu d'autres crises, comme en 2006, le conflit de 33 jours avec Israël, déjà, qui revient "comme une malédiction, sauf que c'est sans doute plus grave cette fois".

A l'époque, cette art-thérapeute de 47 ans avait cofondé l'Association libanaise des victimes du terrorisme pour apporter, avec d'autres spécialistes, un soutien psychologique à ses compatriotes traumatisés.

En plus de la prise en charge des anciens patients, une cellule de crise a été mise en place ces jours-ci, et des collectes de médicaments sont organisées via les réseaux sociaux pour venir en aide aux hôpitaux sur place, débordés par l'afflux de blessés graves.

"Nous sommes inondés d'appels de mères en détresse qui ne savent pas où aller, ni comment expliquer à leurs enfants ce qui se passe", raconte-elle. "Je suis obligée d'annuler mes autres rendez-vous pour faire face à l'urgence."

Quant à l'acheminement de containers vers le Liban, "on est bloqués parce que beaucoup de compagnies aériennes ont suspendu leurs vols vers Beyrouth. On rassemble ce qu'on peut pour l'instant, et on verra plus tard", dit-elle avec fatalisme.

Sur Facebook, les Libanais de la diaspora multiplient eux aussi les appels aux dons de médicaments et d'argent pour aider les familles ayant dû fuir leurs foyers.

- Rancœurs tenaces -

Mais derrière la dénonciation unanime des "crimes israéliens" et la nécessaire solidarité face à la tragédie, les rancœurs restent profondes à l'égard des dirigeants et partis libanais, accusés d'avoir mis le pays à genoux par une gestion politique calamiteuse et une corruption généralisée.

Ces dernières années ont été marquées par la gigantesque explosion au port de Beyrouth du 4 août 2020, qui a fait plus de 200 morts, et l'une des pires crises économiques au monde depuis 1850, avec près de 80% de la population vivant désormais sous le seuil de pauvreté selon l'ONU.

"Ils n'ont cessé d'attiser les tensions religieuses, ils ont mis le pays en faillite, et encore une fois, c'est la population qui sert de bouclier humain", dénonce un autre étudiant devant la Maison du Liban, qui refuse de donner son nom "pour ne pas causer de problème" à sa famille au Liban.

Michel, un retraité en vacances à Paris, en veut au Hezbollah d'avoir entraîné son pays dans la guerre en ouvrant un nouveau front avec Israël, dont l'armée est déjà engagé dans une vaste offensive à Gaza, "à cause d'un conflit qui ne nous regarde pas".

Mais à 75 ans, il en a vu d'autres et reste malgré tout optimiste. "La guerre nous a déjà tout pris, et à chaque fois nous avons tout recommencé à zéro", dit-il en souriant. "Le Liban se relèvera, une fois de plus".


Macron a appelé son homologue iranien à soutenir "une désescalade générale" au Proche-Orient (Elysée)

Le président français Emmanuel Macron s'adresse à la presse à son arrivée à la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse à la presse à son arrivée à la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) rencontre le président iranien Masoud Pezeshkian (D) en marge de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) rencontre le président iranien Masoud Pezeshkian (D) en marge de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2024. (AFP)
Short Url
  • Le président français Emmanuel Macron a rencontré son homologue iranien Massoud Pezeshkian mardi en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York
  • Emmanuel Macron a exhorté son homologue iranien à libérer "sans délai" les trois ressortissants français "arbitrairement retenus otages dans les prisons iraniennes depuis deux ans."

Nations unies, États-Unis: Le président français Emmanuel Macron a rencontré son homologue iranien Massoud Pezeshkian mardi en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, alors que la communauté internationale redoute une "guerre généralisée" au Proche-Orient, a annoncé l'Elysée.

L'entretien a débuté vers 19H30 (23H30 GMT), a constaté un photographe de l'AFP. Le chef de l'Etat français, arrivé mardi à la mi-journée à New York, doit prendre la parole mercredi à la tribune de l'ONU.

Emmanuel Macron s'est déjà entretenu à deux reprises cet été par téléphone avec Massoud Pezeshkian en pleine escalade militaire entre l'Iran et ses alliés d'une part et Israël de l'autre.

Le 7 août, il a exhorté son pays à "sortir de la logique de représailles" et à "tout faire pour éviter une nouvelle escalade militaire" dans la région, après l'assassinat du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran.

Le 29 juillet, il lui avait déjà tenu ce discours, appelant l'Iran à "cesser son soutien aux acteurs déstabilisateurs".

L'escalade a atteint de nouveaux sommets ces derniers jours au Liban où des frappes israéliennes contre le mouvement islamiste Hezbollah, soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, ont fait plus de 550 morts lundi.

Le chef de l'Etat iranien a affirmé mardi que le Hezbollah ne pouvait "pas rester seul" face à Israël, un pays selon lui "défendu, soutenu et approvisionné par les pays occidentaux".

Le président américain Joe Biden, premier soutien militaire d'Israël, a martelé pour sa part à la tribune de l'ONU qu'une "guerre généralisée (n'était) dans l'intérêt de personne".

A la demande de la France, un Conseil de sécurité d'urgence aura lieu sur cette crise mercredi.

Par ailleurs, Emmanuel Macron a exhorté son homologue iranien à libérer "sans délai" les trois ressortissants français "arbitrairement retenus otages dans les prisons iraniennes depuis deux ans."

Déplorant leurs conditions de détention "indignes", le président français a répété que c'était un "impératif préalable à toute amélioration de la relation bilatérale avec la France".

Le couple formé par Cécile Kohler et Jacques Paris avaient été arrêtés en mai 2022, accusés d'être des espions, de même qu'un prénommé Olivier, dont le nom de famille n'a pas été rendu public.

La diplomatie française qualifie ces prisonniers d'"otages d'Etat".

L'Iran est accusé d'arrêter sans motif des Occidentaux et de s'en servir comme monnaie d'échange lors de négociations d'Etat à Etat.

L'an passé, Téhéran avait libéré deux Français Benjamin Brière et Bernard Phelan qui a aussi la nationalité irlandaise. En juin dernier, c'est Louis Arnaud qui avait été libéré.


Le gouvernement Barnier déjà empêtré dans ses contradictions

Short Url
  • Le gouvernement de Michel Barnier s'est déjà pris les pieds mardi dans les multiples contradictions de cette coalition bancale entre la droite et le centre.
  • Le jeune titulaire de Bercy a d'abord déclaré sur France Inter qu'il était ouvert à collaborer avec tous les partis "dans l'arc républicain", dont il a exclu le RN.

PARIS : Recadrage sur le positionnement à l'égard du Rassemblement national, passe d'armes entre l'Intérieur et la Justice... Le gouvernement de Michel Barnier s'est déjà pris les pieds mardi dans les multiples contradictions de cette coalition bancale entre la droite et le centre.

Autant de sujets qui devraient s'inviter, dans une ambiance électrique, à la réunion des chefs des groupes parlementaires du "socle commun" qui soutiennent l'exécutif autour du Premier ministre, prévue mercredi après-midi à Matignon.

Trois jours après la nomination du gouvernement, le premier couac concerne le ministre macroniste de l'Economie, Antoine Armand, formellement rappelé à l'ordre par Michel Barnier, sur le sujet sensible de la relation au RN.

Le jeune titulaire de Bercy a d'abord déclaré sur France Inter qu'il était ouvert à collaborer avec tous les partis "dans l'arc républicain", dont il a exclu le RN. Réaction outrée de la cheffe des députés du parti arrivé en tête du premier tour des législatives, Marine Le Pen, qui en a appelé publiquement à Michel Barnier.

Ce dernier a été nommé par Emmanuel Macron après avoir eu l'assurance que le RN n'additionnerait pas ses voix à la gauche pour le censurer immédiatement. De fait, son sort est en partie entre les mains du parti lepéniste.

Il a donc appelé son ministre "pour lui rappeler les règles", "à savoir le respect des électeurs" et "des responsables politiques représentés à l'Assemblée nationale et au Sénat", selon son entourage.

Et Antoine Armand a été contraint de rectifier le tir en promettant de recevoir "prochainement" tous les partis représentés au Parlement, dont le RN.

- Pas des "clones" -

Le locataire de Matignon a aussi téléphoné à Marine Le Pen pour "rectifier" la position de son ministre, selon Eric Ciotti, allié du RN. "On a le pouvoir de faire recadrer un ministre qui dit n'importe quoi", s'est félicitée sur BFMTV la députée lepéniste Alexandra Masson.

"Il faut vraiment n'avoir aucune dignité pour accepter de se faire recadrer par l'extrême droite sans réagir", a commenté sur la même chaîne le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard.

Certains députés de l'aile gauche macroniste ont aussi exprimé leur indignation, avant d'être accusés par le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon de n'avoir "ni convictions ni conscience" et d'être "les passe-plats du RN".

Si le nouveau Premier ministre a donné à ses troupes le mot d'ordre "plus de travail et moins de communication", les fissures éclatent déjà au grand jour.

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau martèle sa volonté de "rétablir l'ordre" et d'appliquer une ligne à droite toute sur l'immigration et la politique pénale, quitte à hérisser une partie de ses nouveaux partenaires du camp présidentiel, en plus de la gauche.

Dès lundi soir, le ténor du parti Les Républicains est allé sur les plates-bandes du ministre de la Justice Didier Migaud en appelant à "changer une politique pénale qui, depuis très longtemps, a laissé s'installer ce droit à l'inexécution des peines".

Réplique immédiate du garde des Sceaux, qui se trouve aussi être la seule prise venue de la gauche d'un gouvernement qui penche à droite: Bruno Retailleau "doit savoir que la justice est indépendante dans notre pays" et "ça n'est pas toujours exact" de prétendre que la justice "ne condamne pas suffisamment".

"On n'est pas un gouvernement de clones. C'est normal qu'il y ait des échanges", a relativisé la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Mais mardi matin, c'est aussi la présidente macroniste de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui est montée au créneau pour affirmer qu'incarcérer les personnes condamnées à de courtes peines "dans des maisons d'arrêt surpeuplées", "ça ne marchera pas" pour prévenir la récidive et favoriser la réinsertion.

Elle a aussi mis en garde contre un "contournement" du Parlement si le gouvernement choisissait de réformer par décret l'aide médicale d'Etat (AME) pour les étrangers en situation irrégulière, comme l'envisage le nouveau ministre.

Le principe même de revenir sur l'AME est contesté par une partie de la coalition au pouvoir comme par la gauche. Ce "n'est pas un sujet d'attractivité pour l'immigration mais un enjeu de santé publique", a répliqué la députée Agnès Firmin Le Bodo, du parti Horizons d'Edouard Philippe.

Toutes ces questions seront abordées vendredi à un séminaire gouvernemental préalable à la déclaration de politique générale de Michel Barnier le 1er octobre devant le Parlement.

Pour la préparer, le Premier ministre a entamé mardi des rencontres avec les partenaires sociaux.