Le droit international interdit de "piéger" des objets civils, insiste l'ONU

Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix. (Capture d'écran/UNTV)
Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix. (Capture d'écran/UNTV)
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Publié le Samedi 21 septembre 2024

Le droit international interdit de "piéger" des objets civils, insiste l'ONU

  • L'utilisation d'appareils "piégés" ayant l'apparence d'objets "inoffensifs" pourrait constituer un "crime de guerre", a dénoncé vendredi le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk
  • Le ministre des Affaires étrangères libanais Abdallah Bou Habib, qui avait fait le déplacement, s'en est lui pris directement pris à Israël, qu'il a qualifié d'"Etat voyou"

Nations unies, États-Unis: L'utilisation d'appareils "piégés" ayant l'apparence d'objets "inoffensifs" pourrait constituer un "crime de guerre", a dénoncé vendredi le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, devant le Conseil de sécurité où le Liban a accusé Israël de "terrorisme".

"Le droit international humanitaire interdit l'utilisation d'appareils piégés ayant l'apparence d'objets inoffensifs", a déclaré Volker Türk lors d'une réunion demandée par l'Algérie après l'explosion simultanée cette semaine de bipeurs, talkies-walkies et autres appareils de transmission du Hezbollah au Liban.

"C'est un crime de guerre de commettre des violences destinées à propager la terreur parmi les civils", a-t-il ajouté.

"La guerre a des règles", a-t-il martelé, répétant son appel pour une enquête "indépendante, rigoureuse et transparente".

"Cibler de façon simultanée des milliers d'individus, que ce soit des civils ou des membres de groupes armés, sans savoir qui est en possession des appareils concernés, de leur localisation et de leur environnement au moment de l'attaque, viole le droit humanitaire international et, le cas échéant, le droit humanitaire international", a-t-il insisté.

"Il est ainsi difficile de concevoir comment, dans ces circonstances, de telles attaques pourraient être conformes aux principes clés de distinction, de proportionnalité et de précaution".

"Ces attaques représentent un nouveau développement dans la guerre, où les appareils de communication deviennent des armes (...). Cela ne peut pas être la nouvelle normalité", a-t-il lancé.

- "Terrorisme" -

Le ministre des Affaires étrangères libanais Abdallah Bou Habib, qui avait fait le déplacement, s'en est lui pris directement pris à Israël, qu'il a qualifié d'"Etat voyou".

"Faire exploser à distance des appareils de communication de façon collective, sans aucun égard pour ceux qui les portent ou qui est autour est une méthode de guerre sans précédent dans sa brutalité et sa terreur, ciblant des milliers de personnes d'âges différents vaquant à leurs occupation dans leurs maisons, dans la rue, à leur travail, dans les centres commerciaux, est tout simplement du terrorisme", a-t-il déclaré.

"Au lieu de nous accuser, nous votre voisin pacifique, nous devriez prendre des mesures maintenant" contre le Hezbollah, a répondu l'ambassadeur israélien Danny Danon.

"Si vous continuez à ignorer l'agression du Hezbollah, vous aurez la responsabilité de la souffrance du peuple libanais", a-t-il ajouté, assurant qu'Israël ne voulait pas un "conflit plus large" mais seulement "protéger" ses citoyens.

Interrogé devant la presse sur la responsabilité éventuelle d'Israël dans les attaques aux bipeurs, il a indiqué ne pas vouloir faire de commentaire. "Mais je peux vous dire que nous ferons tout ce que nous pourrons pour cibler ces terroristes", a-t-il ajouté.

Avant la réunion, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU de son côté appelé à la "retenue maximale" de toutes les parties.

"Nous sommes très inquiets de l'intensification de l'escalade autour de la Ligne bleue (ligne de démarcation définie par l'ONU entre le Liban et Israël), y compris la frappe meurtrières aujourd'hui à Beyrouth. Nous appelons toutes les parties à la désescalade immédiatement. Tout le monde doit faire preuve d'une retenue maximale", a déclaré Stéphane Dujarric.

Après les explosions mardi et mercredi des appareils de transmission utilisés par des membres du Hezbollah, qui ont fait 37 morts et 2.931 blessés, les échanges de tirs se sont intensifiés depuis jeudi entre l'armée israélienne et le Hezbollah, mouvement islamiste soutenu par l'Iran.


Le chef de l'AIEA est attendu mercredi en Iran, selon un média officiel

Rafael Grossi, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), attend le début de la réunion du Conseil des gouverneurs à Vienne, en Autriche, le 9 septembre 2024. (Reuters)
Rafael Grossi, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), attend le début de la réunion du Conseil des gouverneurs à Vienne, en Autriche, le 9 septembre 2024. (Reuters)
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  • Le chef de l'agence onusienne « arrivera mercredi à l'invitation officielle de la République islamique d'Iran », a précisé IRNA.
  • Sa visite doit intervenir après la nouvelle victoire du républicain Donald Trump à la présidentielle américaine.

TEHERAN : Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, est attendu mercredi en Iran, a annoncé dimanche l'agence de presse officielle IRNA.

Le chef de l'agence onusienne « arrivera mercredi à l'invitation officielle de la République islamique d'Iran », a précisé IRNA.

Les rencontres de M. Grossi avec les hauts responsables iraniens auront lieu jeudi, a ajouté cette source.

Dans un communiqué, l'AIEA a confirmé une visite de M. Grossi « cette semaine » en Iran pour tenir « des réunions de haut niveau avec le gouvernement iranien » et mener « des discussions techniques sur tous les aspects ».

Sa visite doit intervenir après la nouvelle victoire du républicain Donald Trump à la présidentielle américaine.

Durant le premier mandat de Trump, les États-Unis se sont retirés en 2018 d'un accord international censé encadrer les activités atomiques de l'Iran en échange d'une levée des sanctions internationales.

Toutes les tentatives ont échoué ces dernières années pour raviver l'accord conclu en 2015 avec les pays européens de l'E3 (Paris, Londres, Berlin), les États-Unis, la Russie et la Chine.

Le programme nucléaire iranien n'a eu de cesse de monter en puissance, même si Téhéran nie vouloir se doter de la bombe atomique.

Selon l'AIEA, la République islamique a considérablement augmenté ses réserves de matières enrichies, atteignant 60 %, un niveau proche des 90 % nécessaires pour élaborer une arme atomique.

Cependant, depuis la prise de fonction en août du nouveau président réformiste Massoud Pezeshkian, Téhéran a exprimé son souhait de relancer des négociations pour ranimer l'accord.

La dernière visite de M. Grossi en Iran remonte à mai. Il avait alors appelé à des mesures « concrètes » pour aider à renforcer la coopération sur le programme nucléaire iranien lors d'une conférence de presse dans la province d'Ispahan (centre), où se trouve l'usine d'enrichissement d'uranium de Natanz.

Fin septembre, M. Grossi avait affirmé que l'Iran semblait disposé à reprendre les négociations sur le nucléaire, mais qu'il refusait pour l'heure le retour sur ses sites des inspecteurs dont l'accréditation avait été retirée.

Depuis 2021, l'Iran a fortement réduit les inspections de ses sites nucléaires. Des caméras de surveillance ont été débranchées et l'accréditation d'un groupe d'experts a été retirée. Une situation que le patron de l'AIEA a constamment déplorée.

Rafael Grossi, dont les relations avec les autorités iraniennes se sont détériorées ces dernières années en raison de leur manque de coopération, devra probablement, lors de sa visite en Iran, faire pression pour que les inspecteurs bannis des sites puissent revenir.


Poutine promet un "soutien total" aux pays africains

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov (C), participe à la conférence ministérielle du forum de partenariat Russie-Afrique à l'université Sirius de Sotchi, le 10 novembre 2024. (Photo STRINGER / AFP)
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov (C), participe à la conférence ministérielle du forum de partenariat Russie-Afrique à l'université Sirius de Sotchi, le 10 novembre 2024. (Photo STRINGER / AFP)
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  • Le président russe Vladimir Poutine a promis dimanche un « soutien total » de Moscou aux pays africains, à l'occasion d'une conférence ministérielle Russie-Afrique qui se tenait à Sotchi (sud-ouest).
  • Avec cette conférence à Sotchi, le Kremlin entend apporter une nouvelle illustration du « monde multipolaire » qu'il veut promouvoir dans son face-à-face avec les Occidentaux.

SOTCHI : Le président russe Vladimir Poutine a promis dimanche un « soutien total » de Moscou aux pays africains, à l'occasion d'une conférence ministérielle Russie-Afrique qui se tenait à Sotchi (sud-ouest).

« Notre pays va continuer d'apporter son soutien total à nos amis africains dans différents domaines », a déclaré M. Poutine dans une adresse lue par son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, devant les participants à la conférence.

Il pourra s'agir du « développement durable, de la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme, des maladies épidémiques, du règlement des problèmes alimentaires ou des conséquences des catastrophes naturelles », selon la même source.

Cette conférence, organisée avec de hauts responsables de pays africains samedi et dimanche sur les rives de la mer Noire, fait suite à deux sommets Russie-Afrique, qui ont eu lieu en 2019 (Sotchi) et 2023 (Saint-Pétersbourg).

Selon M. Lavrov, grâce au « rythme qui a été donné » par ces deux sommets, les relations russo-africaines se renforcent « de plus en plus ».

« Nous voyons du progrès dans tous les domaines de la coopération », s'est-il félicité.

Avec cette conférence à Sotchi, le Kremlin entend apporter une nouvelle illustration du « monde multipolaire » qu'il veut promouvoir dans son face-à-face avec les Occidentaux.

Elle fait suite au sommet des BRICS en octobre à Kazan (Russie), où Vladimir Poutine avait voulu démontrer l'échec de la politique d'isolement et de sanctions engagée contre son pays par les pays occidentaux après l'assaut russe en Ukraine en février 2022.

Depuis plusieurs années, la Russie, qui fut un acteur incontournable en Afrique à l'époque soviétique, pousse ses pions dans les pays africains où la rhétorique russe contre « le néocolonialisme » et pour « un ordre mondial plus juste » trouve un écho favorable auprès d'une grande partie des responsables africains.


Élection de Trump : quel sera l'impact pour l'Afrique ?

 Donald Trump. President des États-Unis (Photo AFP)
Donald Trump. President des États-Unis (Photo AFP)
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  • Cette semaine, les pays africains l'ont rapidement félicité pour sa seconde élection, appelant à la coopération dans le respect mutuel.
  • En septembre, le général Michael Langley, chef du commandement militaire américain pour l'Afrique (Africom), a fait état de discussions avec d'autres partenaires africains afin de « réinitialiser et recalibrer » l'aide militaire américaine en Afrique.

LAGOS : Lors de son premier mandat à la Maison Blanche, Donald Trump avait suscité l'indignation en Afrique en parlant de « pays de merde ». Cette semaine, les pays africains l'ont rapidement félicité pour sa seconde élection, appelant à la coopération dans le respect mutuel.

Cependant, des questions demeurent quant à l'impact du programme isolationniste de Donald Trump sur l'Afrique, en particulier si son parti républicain contrôle la Chambre des représentants et le Sénat américains. Voici ce que l'on sait sur quelques sujets-clés.

- Commerce -

L'accord commercial African Growth and Opportunity Act (AGOA) est une pièce maîtresse des relations commerciales entre les États-Unis et l'Afrique. Ce traitement commercial préférentiel, lancé en 2000, permet aux pays africains d'exporter de nombreux produits vers les États-Unis sans droits de douane s'ils respectent une série de conditions (pluralisme politique, respect des droits humains, lutte contre la corruption, etc.).

L'AGOA couvre un large éventail de produits, allant de l'habillement à l'igname en passant par les voitures. L'Afrique du Sud est le plus grand exportateur non pétrolier de l'AGOA vers les États-Unis.

M. Trump a déjà promis d'imposer des droits de douane importants sur les importations étrangères, mais sa position sur l'avenir de l'AGOA, qui doit être renouvelée l'an prochain, n'est pas claire.

« Sous une administration Trump, avec son mantra "America First", la politique commerciale serait probablement insulaire et transactionnelle. Étant donné le scepticisme de Trump à l'égard des cadres multilatéraux, le maintien de l'AGOA pourrait être légitimement menacé », estime Ronak Gopaldas, consultant à l'Institut d'études de sécurité (ISS).

Si « l'Afrique peut ne pas figurer parmi les priorités » de Trump, « sa première administration avait poussé à la conclusion d'accords commerciaux avec certains pays africains triés sur le volet, ce qui suggère une préférence pour l'engagement bilatéral », note-t-il.

Autre question : la façon dont la concurrence entre l'Amérique trumpiste et la Chine se jouera en Afrique. Les États-Unis y soutiennent d'importants projets d'infrastructures, à commencer par l'ambitieux « couloir Lobito », un projet ferroviaire qui vise à relier la Zambie et la République démocratique du Congo (RDC) au port de Lobito en Angola, pour l'exportation de cuivre et de cobalt notamment.

Il vise à concurrencer la Chine, qui multiplie les infrastructures sur le continent pour garantir son approvisionnement en ressources naturelles.

- Sécurité et djihadisme -

Les forces américaines ont longtemps joué un rôle dans la formation et la lutte contre le djihadisme sur un continent où opèrent des combattants d'Al-Qaïda et de l'État islamique ainsi que leurs alliés.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait ordonné le retrait des troupes américaines de Somalie, où elles participaient à la lutte contre les rebelles islamistes shebab. Les États-Unis restent toutefois un soutien important du gouvernement de Mogadiscio.

Sous la présidence de Joe Biden, les forces américaines ont été contraintes de quitter le Niger en raison du gouvernement militaire de ce pays. La France a également retiré ses troupes du Sahel sous la pression de régimes putschistes qui se sont tournés vers la Russie.

En septembre, le général Michael Langley, chef du commandement militaire américain pour l'Afrique (Africom), a fait état de discussions avec d'autres partenaires africains afin de « réinitialiser et recalibrer » l'aide militaire américaine sur le continent.

Cependant, avec les incursions en Afrique du groupe de mercenaires russes Africa Corps, considéré comme le successeur de Wagner, et le renforcement des groupes armés islamistes au Sahel, quel rôle les forces américaines joueront-elles sous Trump ? Ce dernier a déjà critiqué les milliards de dollars dépensés par les États-Unis pour l'Ukraine.

- Incertitudes concernant l'aide -

Les États-Unis sont l'un des principaux fournisseurs d'aide à l'Afrique, avec 4 milliards de dollars (3,7 milliards d'euros) prévus en 2024, selon le département d'État. Lors de son premier mandat, Donald Trump avait proposé de réduire l'aide étrangère de plusieurs milliards de dollars, mais il s'était heurté à la résistance du Congrès américain.

Certains médias sud-africains se demandent déjà si le programme américain d'aide à la lutte contre le VIH, appelé Pepfar, se poursuivra.

- Climat -

L'Afrique est le continent qui subit le plus les conséquences du changement climatique, alors qu'il est celui qui y contribue le moins. Donald Trump ayant qualifié le changement climatique d'escroquerie, son administration pourrait freiner les tentatives de se tourner davantage vers des solutions énergétiques durables.

Lors de son premier mandat, M. Trump s'était retiré de l'accord de Paris visant à freiner le réchauffement climatique. Cette fois-ci, il s'est engagé à revenir sur les mesures écologiques prises par son prédécesseur.

« Le monde a expérimenté la première présidence Trump et le retrait américain de l'accord de Paris. Son retour (...) est un moment de profonde inquiétude dans la diplomatie climatique mondiale », explique Mohamed Adow, militant kényan et directeur de l'ONG Power Shift Africa, dans un communiqué.