Pour le Prince Turki, pas de normalisation israélo-saoudienne sans État palestinien

 Le prince Turki bin Faisal Al-Saud, ancien chef des services de renseignement et ancien ambassadeur saoudien aux États-Unis, s'exprime lors de la conférence sur la sécurité du Dialogue de Manama de l'IISS, à Manama, le 18 novembre 2023. (AFP)
Le prince Turki bin Faisal Al-Saud, ancien chef des services de renseignement et ancien ambassadeur saoudien aux États-Unis, s'exprime lors de la conférence sur la sécurité du Dialogue de Manama de l'IISS, à Manama, le 18 novembre 2023. (AFP)
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Publié le Samedi 14 septembre 2024

Pour le Prince Turki, pas de normalisation israélo-saoudienne sans État palestinien

  • Le Royaume a montré la voie en tentant de résoudre le conflit, selon l'ex-chef des services de renseignements
  • L'Occident n'a pas fait assez pour faire pression sur Israël ; "de simples paroles dures" n'ont "mené nulle part".

LONDRES : Il n'y aura pas de normalisation des liens entre l'Arabie saoudite et Israël tant qu'un État palestinien indépendant n'aura pas été créé, a averti le prince Turki Al-Faisal, ancien chef des services de renseignement du Royaume.

Lors d'une conférence donnée au centre de réflexion londonien Chatham House, l'ancien ambassadeur saoudien aux États-Unis a également évoqué le rôle de Washington dans le processus de paix, à l'approche du premier anniversaire de la guerre de Gaza, et la manière dont les pourparlers avant le déclenchement des hostilités avaient été globalement positifs.

Il a déclaré que les États-Unis souhaitaient vivement la reprise des négociations entre Israël et l'Arabie saoudite afin de renforcer la sécurité régionale et de nouer des liens économiques, mais que la position de Riyad était que "si Israël accepte l'existence d'un État palestinien, nous pourrons alors parler de normalisation avec Israël".

Le prince a ajouté : "Avant le 7 octobre [...] les discussions ont non seulement progressé dans ce sens, mais le Royaume a également invité une délégation palestinienne à venir discuter directement avec les Américains de ce qui pourrait mener à la création d'un État palestinien.

"Je ne suis pas au courant de ces discussions et je ne sais donc pas ce qui s'est passé entre les Palestiniens et les Américains, mais la position du Royaume a toujours été que nous ne parlerons pas au nom des Palestiniens. C'est à eux de le faire. Malheureusement, le 7 octobre (l'attaque du Hamas contre Israël) a mis fin à ces discussions".

Le prince Turki a déclaré que la création d'un État palestinien n'était pas seulement cruciale pour les liens entre Israël et l'Arabie saoudite, mais aussi pour ceux avec le reste du monde musulman.

"Un État palestinien est une condition essentielle pour que l'Arabie saoudite puisse normaliser ses relations avec Israël, mais ... du côté israélien, tout le gouvernement dit qu'il n'y a pas d'État palestinien", a-t-il ajouté.

Le prince Turki a déclaré que pour l'Arabie saoudite, une Palestine indépendante engloberait les frontières de 1967, y compris Jérusalem-Est.

Il a ajouté que le Royaume avait montré la voie en tentant de parvenir à une résolution pacifique du conflit, citant le plan de paix du roi Fahd de 1981 et l'initiative de paix arabe de 2002 proposée par le roi Abdallah.

Pendant la guerre de Gaza, "le Royaume a montré la voie au monde musulman, non seulement lors des sommets avec les Arabes, mais aussi avec le reste du monde musulman, ainsi que lors des missions diplomatiques qui ont eu lieu pour convaincre le monde qu'il fallait mettre fin aux combats, sous la direction du ministre saoudien des affaires étrangères", a déclaré le prince Turki.

"Le Royaume a été en première ligne pour condamner l'assaut israélien contre les Palestiniens, non seulement à Gaza mais aussi en Cisjordanie.

Il a critiqué les États-Unis et d'autres pays occidentaux pour ne pas avoir exercé davantage de pression sur Israël afin qu'il mette fin à la guerre, citant le fait que le Royaume-Uni n'a commencé que récemment à suspendre certaines licences d'exportation d'armes vers Israël après l'élection d'un nouveau gouvernement en juillet.

"J'aimerais que le Royaume-Uni fasse davantage", a-t-il déclaré. "Je pense, par exemple, que le Royaume-Uni devrait reconnaître l'État de Palestine. Cela aurait dû être fait depuis longtemps.

Le prince Turki a déclaré que les États-Unis pourraient exercer une pression directe sur le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, en raison des actions de son gouvernement et de son armée, et qu'ils devraient s'attaquer au financement et au lobbying des groupes et des individus favorables à Israël.

"Je pense que les États-Unis disposent d'outils considérables pour influencer Israël, mais qu'ils ne les utilisent pas, et pas seulement en refusant de fournir des armes et du matériel aux Israéliens", a ajouté le prince.

"Les États-Unis apportent une aide financière considérable à Israël. Si certains des privilèges dont jouit le lobby israélien, par exemple, aux États-Unis - des contributions non imposables à Israël - peuvent être retirés à ces lobbyistes israéliens, cela exercera une forte pression sur Israël".

Aux États-Unis, "vous devez vous enregistrer en tant que lobbyiste pour un pays spécifique, ou être poursuivi, si vous voulez parler pour ce pays, mais beaucoup d'organisations américaines le font pour Israël et continuent de bénéficier d'un statut non imposable parce qu'elles sont considérées comme ne représentant pas Israël en soi, mais simplement comme des groupements philanthropiques ou humanitaires", a-t-il ajouté.

"Les États-Unis disposent de nombreux outils, et pas seulement d'un discours sévère, qui semble ne nous avoir menés nulle part. Mais l'Amérique est-elle prête à le faire ? Comme je l'ai dit, je ne suis pas très optimiste à ce sujet.


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.