Guerre Israël-Hezbollah : les habitants du Liban-Sud face aux affres de l'attente

Dans les villes frontalières libanaises considérées comme le bastion du Hezbollah, les habitants restent sur le qui-vive, affectés quotidiennement par les bombardements et les frappes aériennes israéliennes. (AFP)
Dans les villes frontalières libanaises considérées comme le bastion du Hezbollah, les habitants restent sur le qui-vive, affectés quotidiennement par les bombardements et les frappes aériennes israéliennes. (AFP)
De la fumée s'échappe du site d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la périphérie du village de Kfar Hamam, dans le sud du Liban, le 9 août 2024. (AFP)
De la fumée s'échappe du site d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la périphérie du village de Kfar Hamam, dans le sud du Liban, le 9 août 2024. (AFP)
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Publié le Lundi 02 septembre 2024

Guerre Israël-Hezbollah : les habitants du Liban-Sud face aux affres de l'attente

  • Les habitants de la banlieue sud de Beyrouth, ainsi que des villes et des villages du Liban-Sud ont repris une routine semi-normale, mais ils demeurent prudents
  •  Par ailleurs, leurs valises sont prêtes au cas où ils seraient amenés à évacuer les lieux

BEYROUTH : Après des semaines de tension, les habitants de la banlieue sud de Beyrouth, ainsi que des villes et des villages du Liban-Sud ont repris une routine semi-normale, mais ils demeurent prudents. Par ailleurs, leurs valises sont prêtes au cas où ils seraient amenés à évacuer les lieux.

Depuis les représailles du Hezbollah à la suite de l'assassinat d'un haut commandant militaire et proche collaborateur de son chef, Hassan Nasrallah, les habitants craignent qu'Israël ne saute sur l'occasion pour lancer un assaut dévastateur contre le groupe chiite libanais soutenu par l'Iran.

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Des Libanais suivent, dans un café de la banlieue sud de Beyrouth, le 25 août 2024, le discours  télévisé du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Il annonce que l'attaque de son groupe contre Israël visait la base de Glilot, près de Tel-Aviv, au cours d'un échange de frappes avec Israël qui risquait de se transformer en une guerre à grande échelle. (AFP)

La riposte discrète du Hezbollah, en plus des insinuations d'Israël selon lesquelles il ne voulait pas d'une guerre à grande échelle, étaient en quelque sorte source de soulagement pour les habitants du Liban-Sud. Toutefois, nombre d'entre eux considèrent que ce répit n'est que temporaire et que le risque d'un futur conflit est élevé, en l'absence d'un accord visant à calmer les tensions à la frontière avec Israël et à mettre en place un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Le Hezbollah et Israël ont chacun revendiqué la victoire le 25 août, lorsque le premier a lancé des centaines de missiles et de drones contre le second en riposte à l'assassinat de Fouad Chokr le 30 juillet.

Le Hezbollah a lancé son assaut en deux temps, d'abord au moyen de 340 roquettes visant les bases militaires et de renseignement israéliennes, puis avec des drones ciblant la base de Glilot, près de Tel-Aviv. Israël a affirmé avoir déjoué les attaques de manière préventive, détruisant 90 % des roquettes du Hezbollah.

La courte confrontation de ce jour-là a été considérée comme mutuellement satisfaisante, permettant un retour au statu quo et aux règles d'engagement en vigueur depuis le 8 octobre 2023.

« Depuis le début, le Hezbollah a déclaré qu'il ne voulait pas la guerre, mais qu'il était prêt à faire face à toute agression israélienne », a déclaré une source proche du Hezbollah à Arab News, ajoutant que l'objectif du groupe était de protéger les civils libanais.

Les analystes et les experts ont une opinion quelque peu différente. Certains pensent que la forte présence militaire américaine dans la région a joué un rôle pour empêcher l'escalade. Le vote unanime du Conseil de sécurité des Nations unies en faveur d'une prolongation d'un an du mandat de la Finul a été perçu par les hommes politiques, dont le Premier ministre intérimaire Najib Mikati, comme un signe que la stabilité du Liban est une priorité internationale.

Le Liban est en proie à une crise financière qui a débuté en octobre 2019. Cette crise, considérée comme la plus grave au monde depuis le milieu du XIXe siècle, a créé des conditions de vie désastreuses pour la population.

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Sur cette photo prise le 27 juillet 2022, de longues files d'attente se forment devant une boulangerie dans la ville portuaire de Tripoli, au nord du Liban, alors qu'une crise économique de plusieurs années a vidé les caisses de l'État. (AFP)

En outre, les divisions politiques ont empêché l'élection d'un nouveau président et l'adoption des réformes économiques nécessaires pour que le Liban puisse prétendre à des prêts internationaux. Les analystes estiment que la dernière chose que le pays peut se permettre aujourd'hui est une guerre plus importante.

Pourtant, des questions subsistent. La résolution 1701 du Conseil de sécurité, qui a mis fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, peut-elle empêcher de futurs conflits, malgré les limites qui sont devenues évidentes au cours des 11 derniers mois ?

« On assiste à un retour aux schémas traditionnels de confrontation sur  le front sud », a déclaré à Arab News Ali Fadlallah, expert libanais en relations internationales. « L'affirmation selon laquelle Israël aurait anticipé l'attaque du Hezbollah était fausse. Les drones du Hezbollah ont atteint leurs cibles. La déclaration rapide d'Israël sur la fin de son opération militaire suggère que la réponse du Hezbollah a eu un effet dissuasif. »

Néanmoins, il reconnaît que les tensions transfrontalières sont élevées, même si elles se sont légèrement atténuées. « Je m'attends à ce que cette situation perdure jusqu'aux élections américaines de novembre », a-t-il déclaré.

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Des soldats israéliens évacuent un homme blessé à la suite d'une attaque transfrontalière menée par des combattants du Hezbollah au Liban, le 1er septembre 2024. (Reuters)

Israël a de bonnes raisons d'éviter une guerre à grande échelle avec le Hezbollah, du moins pour l'instant. Ses soldats se battent sur deux fronts depuis l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre, sans pouvoir détruire le groupe militant palestinien ni obtenir la libération des dizaines d'Israéliens toujours retenus prisonniers à Gaza.

Depuis le 8 octobre, l'armée israélienne n'a pas non plus réussi à repousser les combattants du Hezbollah à au moins 10 à 12 kilomètres de sa frontière afin de permettre le retour en toute sécurité de 80 000 personnes déplacées dans le nord d'Israël.

Dans ce contexte, la demande de cessez-le-feu d'Israël, plutôt que la cessation des hostilités prévue par la résolution 1701, est perçue comme le reflet d'une vision persistante du Liban-Sud en tant que front actif.

Citant les violations répétées par Israël de l'espace aérien et de la souveraineté du Liban, ainsi que les différends territoriaux le long de la frontière revendiquée par le Liban, M. Fadlallah a déclaré que la résolution 1701 était viciée dès le départ, puisque les forces de la Finul n'étaient stationnées que sur le sol libanais.

Toutefois, a-t-il ajouté,« malgré ses failles, la résolution 1701 reste le cadre le plus propice au maintien de la stabilité ».

La résolution 1701 a conduit au déploiement des forces de maintien de la paix de la Finul dans le sud du Liban pour surveiller un cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël. Cependant, certaines dispositions de la résolution n'ont toujours pas été respectées, notamment la pleine souveraineté du Liban sur les zones frontalières.

 

quelques chiffres

 

  • Plus de 130 civils tués au Liban depuis que le Hezbollah a entamé le combat avec Israël le 8 octobre 2023.
  • 110 000 Libanais déplacés des villages frontaliers par les combats entre le Hezbollah et Israël.
  • Plus de 90 % des réfugiés syriens et palestiniens au Liban vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Robert Wood, l'ambassadeur américain auprès des Nations unies, a récemment souligné ce qu'il a appelé les efforts continus du Hezbollah pour saper la résolution, menaçant à la fois le mandat de la Finul et la sécurité régionale.

« La résolution 1701 est le meilleur espoir de stabilité à la lumière de la guerre d'usure du Hezbollah », a déclaré Mohieddin Houshaimi, expert en droit international, dans un entretien accordé à Arab News.

Déconnectées des institutions de l'État libanais, les décisions unilatérales du Hezbollah n'ont pas protégé le pays de l'agression israélienne ou des déplacements de civils, a-t-il ajouté.

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Des soldats de la paix de la Finul sont postés près de Khiam, dans le sud du Liban, le 23 août 2024, alors qu'Israël et le Hezbollah continuent d'échanger des tirs. (AFP)

Au moins 130 civils ont été tués au Liban depuis que le Hezbollah a rejoint le combat contre Israël en tant que « front de soutien » le 8 octobre. Selon Imran Riza, coordinateur humanitaire des Nations unies au Liban, plus de 110 000 personnes ont été déplacées des villages frontaliers et 150 000 autres se trouvent dans un rayon de 10 kilomètres de la « Ligne bleue » contrôlée par les Nations unies dans certaines régions du Liban- Sud.

Houshaimi a mis en garde contre une situation sans issue, avec un engagement non réglementé et le Hezbollah qui sape l'autorité de l'État. « La résolution 1701 reste la clé de toute solution et la récente décision d'étendre le mandat de la Finul a pris une importance inhabituelle en raison de l'escalade de la situation », a-t-il déclaré.

Malgré les violations généralisées commises par le Hezbollah et Israël, il estime que la résolution 1701 conserve toute sa valeur, même si elle n'a pas réussi à gagner le plein respect de l'une ou l'autre des parties.

Fares Souaid, analyste politique et ancien député libanais, estime que le discours de Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, après l'élimination de Chokr par Israël, a clarifié certains points.

« Le Hezbollah a prouvé qu'Israël ne pouvait pas remporter de guerre sans le soutien des États-Unis, tout comme le Hezbollah et le Hamas ont besoin de l'Iran. Avec la communication indirecte entre les États-Unis et l'Iran, nous pourrions assister à une trêve temporaire », a-t-il déclaré.

M. Souaid a également insisté sur l'annonce de M. Nasrallah selon laquelle le Hezbollah avait déplacé son arsenal au nord du fleuve Litani avant l'assassinat de M. Chokr, affirmant que cela offrait à Israël une sorte de garantie de sécurité.

Dans ces conditions, M. Souaid estime qu'une guerre totale n'est pas imminente. Il considère plutôt les négociations indirectes entre les États-Unis et l'Iran comme une force motrice dans les développements futurs.

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Un portrait du commandant militaire du Hezbollah Fouad Chokr est exposé lors d'une manifestation dans la ville côtière libanaise de Sidon le 2 août 2024, pour dénoncer son assassinat lors d'une frappe aérienne israélienne. (AFP)

Néanmoins, vendredi en fin de journée, l'armée de l'air israélienne a frappé des structures militaires et des lanceurs qui appartiendraient au Hezbollah dans la région de Teir Harfa, dans le sud du Liban. Des avions de guerre ont également frappé Maryamine et Yaroun dans le sud du Liban, tandis que le Hezbollah a tiré une quarantaine de roquettes sur Israël, qui ont atterri en Haute Galilée.

« La guerre peut éclater à tout moment », a déclaré Bilal Abdullah, député du bloc politique du Rassemblement démocratique du Liban, ajoutant que les assassinats de Chokr à Beyrouth et du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran, laissaient présager qu'Israël pourrait prendre d'autres mesures unilatérales pour remodeler le paysage géopolitique de la région.

M. Abdullah a déclaré que la question palestinienne non résolue était une source d'instabilité depuis 1948. « Le fait de ne pas accorder aux Palestiniens leurs droits naturels alimente l'instabilité », a-t-il soutenu.

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Des Iraniens participent à la procession funéraire du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran, le 1er août 2024, avant son enterrement au Qatar. (AFP)

Malgré une baisse générale des tensions le long de la frontière sud, le Liban est confronté à deux possibilités : soit la conclusion d'un accord significatif avec les puissances internationales, soit le report d'une guerre inévitable, comme l'a suggéré le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant.

Entretemps, les habitants des villes frontalières touchées quotidiennement par les bombardements et les frappes aériennes israéliennes restent sur le qui-vive, craignant une nouvelle escalade. Récemment, des images de camions transportant des marchandises de la ville frontalière méridionale de Mays el-Jabal vers des zones plus sûres ont circulé, suscitant des inquiétudes quant à de futurs déplacements de population.

Certains affirment que ces départs équivalent à un déplacement permanent des résidents locaux hors d'une zone menacée par la guerre, mais le Hezbollah a rejeté cette théorie. Les militants du groupe ont qualifié l'évacuation de « mesure visant à minimiser les pertes » plutôt que d'abandon des villes frontalières.

Quoi qu'il en soit, les efforts diplomatiques intenses menés par l'Occident se poursuivent en vue de réduire les tensions et d'éviter des erreurs de calcul mortelles.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Macron à Beyrouth: soutien ferme aux Libanais et leurs nouveaux dirigeants, pour une ère nouvelle

Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
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  • Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité
  • C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry

PARIS: En se rendant à Beyrouth, quelques jours après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la désignation du nouveau premier ministre Nawaf Salam, le président français Emmanuel Macron a voulu confirmer que la France se tient fermement aux côtés du Liban et des Libanais, dans cette nouvelle ère qui s’ouvre.

C’est une ère porteuse de grands espoirs, pour un pays qui semblait voué au chaos, à cause de l’ineptie de sa classe politique et de ses luttes internes. C’est ce qu’il a voulu constater par lui-même en allant au contact des nouveaux dirigeants et du peuple libanais.

Mais c’est également une ère de défis complexes et difficiles, tant le Liban est fragilisé au niveau de ses institutions, de son économie et de son tissu social par des pratiques mercantiles et communautaires, les ingérences externes, puis récemment une guerre avec Israël qui a laissé une partie de son territoire en lambeaux.

Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité et consolider son unité.

C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry.

S’exprimant devant les journalistes à la suite de son tête-à-tête avec Aoun au palais présidentiel de Baabda il a souligné que la souveraineté passe par le respect du cessez-le-feu instauré entre le Liban et Israël le 26 novembre dernier et qu’il a qualifié de «succès diplomatique historique qui a permis de sauver des vies». Avec pour effet la nécessité de consolider le mécanisme de surveillance dont la France fait partie.

Cela implique une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus.

 Soulignant que « des résultats ont été obtenus » à ce niveau, Macron a estimé qu’ils « doivent se fédérer, se confirmer dans la durée », avec « un retrait total des forces israéliennes, et un monopole total de l'armée libanaise sur les armes ».

C'est pourquoi ajoute Macron « nous soutenons, avec force la montée en puissance des forces armées libanaises et leur déploiement dans le sud du pays » tout en continuant à « consolider l'appui international en matière d'équipement de formation, et de soutien financier ».

Cet effort est soutenu par, la France à titre bilatéral et « je sais aussi que nos amis, l'arabie saoudite le Qatar les pays de la région sont prêts à faire davantage » ajoute-t-il, tout en travaillant « avec vous à la démarcation de la ligne bleue pour dégager une solution pérenne au bénéfice de la sécurité de tous ».

Macron a par ailleurs rappelé que cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban, et que le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, « constitue aussi un enjeu majeur ». 

L’autre pilier étant la prospérité au bénéfice de tous, il exprimé l’espoir d’une formation rapide du nouveau gouvernement pour mener à bien cette tâche et subvenir à l’urgence humanitaire qui n’est pas révolue.

La nécessité de réformer

La France assure t-il veille à ce que les engagements pris le 24 octobre à Paris soient tenus et qu'ils se traduisent matériellement au profit des populations déplacées par la guerre, Mais « au-delà des réponses d'urgence, la communauté internationale doit anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures des habitations détruites par la guerre, tout particulièrement au sud, où le million de déplacés libanais sont rentrés pour trouver leur maison et leur village réduits en cendres ».

À ce propos Macron a précisé qu’une conférence internationale pour la reconstruction se tiendra à Paris dans quelques semaines, lors d’une visite qu’effectuera le président libanais.

La prospérité suppose également des réformes, elles sont « attendues et connues » et s’adressant à Aoun dans des termes empreints d’une chaleur amicale « vous les portez, et vous les défendez », la réforme de la justice, la réforme bancaire, la réforme du marché de l'énergie, la lutte contre la corruption, « toutes ces réformes nécessaires, c'est le gouvernement à venir qui le portera, elles sont indissociables de cette reconstruction ». 

L'ensemble de ces points poursuit Macron doit servir le troisième objectif, « celui d'une nation libanaise, réconciliée et unie dans son pluralisme », car la plus grande des appartenances « est celle à une république qui croit dans l'universel, et d'un pluralisme qui respecte toutes les religions, toutes les communautés leur donnent à chacune sa place ».

Ce n'est que dans cette unité, assure-t-il dans « ce pluralisme réconcilié que le chemin est possible », rendant hommage au peuple libanais, aux milliers de victimes que le pays a déploré depuis le déclenchement de la guerre, « une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui par l'irresponsabilité de quelques uns ».

Avant sa rencontre avec Aoun au palais de Baabda Macron avait déposé une gerbe au monument du soldat inconnu, puis il s’est livré à un exercice qu’il affectionne particulièrement, en déambulant dans le quartier de Gemayzeh, qui avait été dévasté par l’explosion du port de Beyrouth en 2020

Évoluant au milieu d’une foule de libanais qui l’ont accueilli par des applaudissements chaleureux, il a siroté un café puis il a regardé des livres sur la reconstruction de ce quartier, qu’il avait visité juste au lendemain de l’explosion.

Il a échangé en toute spontanéité avec les personnes qui l’entouraient, il a fait des selfies, bu des jus de fruits, partagé une pizza en écoutant attentivement les personnes qui s'adressent à lui.

« Vous êtes adorable » lui lance une vieille dame, « aidez le Liban » lui demande un homme, une autre personne lui fait part de sa crainte d’une reprise de la guerre.

« Bon courage » et « garder le moral », assène le président français à ses interlocuteurs, avant de souligner que l’ère qui s’ouvre est une ère d’espoir où chacun a sa part à accomplir.

Macron avait commencé sa visite par une rencontre avec le premier ministre libanais en exercice Najib Mikati, et deux entretiens avec le chef d’état major de la FINUL, le général Jean-Jacques Fatinet, puis avec le commandant des opérations spéciales au sein du mécanisme de surveillance du cessez le feu le Général Jasper Jeffers et du représentant de la France au sein de ce mécanisme le général Guillaume Pin Hun.

 


Le procureur de la CPI, Karim Khan, rencontre le nouveau dirigeant syrien 

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  • Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire
  • M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion

DAMAS: Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a été reçu vendredi par le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir après la chute de Bachar al-Assad accusé de crimes durant la guerre civile, a indiqué l'agence de presse officielle Sana.

M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion.

Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire.

Le groupe islamiste de M. Chareh, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a mené une coalition qui a renversé Assad le 8 décembre, plus de 13 ans après la répression sanglante de manifestations anti-Assad ayant déclenché une guerre qui a fait plus de 500.000 morts.

Les nouvelles autorités ont promis de rendre justice aux victimes des atrocités commises durant les décennies de règne du clan Assad, s'engageant à juger les responsables impliqués dans la torture des détenus.

Elles ont exhorté la communauté internationale à leur remettre les personnes recherchées qui ont fui.

La CPI, basée à La Haye, n'a pas été en mesure d'enquêter sur la Syrie car le pays n'a jamais ratifié le Statut de Rome, son traité fondateur.

En 2014, la Russie et la Chine ont opposé leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité visant à renvoyer le dossier syrien devant la CPI.

 


Explosion au port de Beyrouth: le juge reprend ses enquêtes après deux ans de suspension

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
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  • M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires
  • La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar, chargé d'enquêter sur la  gigantesque explosion meurtrière au port de Beyrouth a repris ses investigations et engagé des poursuites contre dix nouvelles personnes jeudi, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale du Liban, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6.500.

M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires.

La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël et la chute de Bachar al-Assad en Syrie.

M. Aoun et M. Salam se sont engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire et à empêcher toute ingérence dans le travail du juge, dans un pays où la culture de l'impunité prévaut.

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes".

Il a précisé que les interrogatoires débuteront à partir du 7 février. Des séances d'interrogatoire sont également prévues en mars et avril avec d'autres inculpés, parmi lesquels des anciens ministres et députés.

Selon la même source, M. Bitar prévoit ensuite de clore l'enquête et de la transmettre au procureur général près la Cour de cassation pour qu'il examine l'affaire, en vue de formuler un acte d'accusation.

"Espoir" 

"Les promesses faites par le président et le Premier ministre, puis la reprise de l'enquête (...) aujourd'hui, nous donnent l'impression qu'il y a un espoir que les droits des victimes, pour lesquels nous n'avons cessé de lutter, ne seront pas oubliés", a déclaré à l'AFP Cécile Roukoz, l'une des avocates des familles des victimes, qui a perdu son frère dans l'explosion.

Jeudi, le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a appelé à la "reprise d'une enquête indépendante", insistant sur la nécessité que les responsables "rendent des comptes" et proposant l'aide de son Bureau à cette fin.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Un premier juge chargé en 2020 de l'enquête avait dû jeter l'éponge, après avoir inculpé l'ex-Premier ministre, Hassan Diab, et trois anciens ministres.

Tarek Bitar s'était à son tour attaqué à des responsables politiques, mais a été confronté aux mêmes obstacles et à une demande du Hezbollah qu'il soit démis de ses fonctions.

Il avait repris son travail à la surprise générale en janvier 2023, inculpant plusieurs personnalités de haut rang, avant d'être poursuivi pour insubordination par le procureur général, une première dans l'histoire du Liban.

Les proches de victimes et de nombreuses ONG internationales ont demandé à plusieurs reprises la formation d'une commission d'enquête internationale, mais s'étaient heurtés à un refus officiel du Liban.

Dans son premier discours mardi, M. Salam a dit qu'il ferait "tout son possible pour rendre justice aux victimes de l'explosion".