Allemagne: l'extrême droite provoque un séisme politique à l'est et fragilise Scholz

Des manifestants affichent une banderole sur laquelle on peut lire « AfD ban now » et « Mario Voigt dit non à l'AfD » lors d'une manifestation devant le Parlement de Thuringe à Erfurt, dans l'est de l'Allemagne, le 1er septembre 2024, lors de la journée des élections régionales de Thuringe. (AFP)
Des manifestants affichent une banderole sur laquelle on peut lire « AfD ban now » et « Mario Voigt dit non à l'AfD » lors d'une manifestation devant le Parlement de Thuringe à Erfurt, dans l'est de l'Allemagne, le 1er septembre 2024, lors de la journée des élections régionales de Thuringe. (AFP)
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Publié le Lundi 02 septembre 2024

Allemagne: l'extrême droite provoque un séisme politique à l'est et fragilise Scholz

  • L'Alternative pour l'Allemagne (AfD) devient la première force politique en Thuringe et talonne les conservateurs en Saxe, deux Länder de l'ex-RDA
  • Le parti d'extrême droite revendique de diriger la région où il est arrivé en tête avec 32,8% des voix, mené par Björn Höcke, l'une des figures les plus radicales de la formation

BERLIN: L'extrême droite allemande se pose comme incontournable après des résultats record dans deux élections régionales dans l'est du pays, fragilisant davantage la coalition de centre gauche d'Olaf Scholz, un an avant les législatives.

"Il n'y aura plus de politique sans l'AfD", a prévenu Tino Chrupalla, le co-président de ce parti anti-migrants, aux positions pro-russes, qui a remporté une victoire inédite dimanche.

L'Alternative pour l'Allemagne (AfD) devient la première force politique en Thuringe et talonne les conservateurs en Saxe, deux Länder de l'ex-RDA.

Le parti d'extrême droite revendique de diriger la région où il est arrivé en tête avec 32,8% des voix, mené par Björn Höcke, l'une des figures les plus radicales de la formation,

Tout les autres partis ont déjà refusé de s'allier avec lui mais "ce pare-feu antidémocratique ne pourra être maintenu à long terme", a assuré lundi  Alice Weidel, coprésidente du parti.

"L'électeur a clairement tranché et il souhaite que l'AfD participe au gouvernement", a-t-elle dit sur la chaîne ARD.

En Thuringe, qui avait été la première à porter au pouvoir des nazis, en 1932, l'AfD disposerait d'une minorité de blocage, lui permettant notamment d'empêcher la nomination de juges.

Le quotidien Tagesspiegel parle d'un "séisme politique à l'est", la Süddeutsche Zeitung d'un "résultat alarmant pour les démocrates".

Outre l'AfD, le camp des opposants aux livraisons d'armes à l'Ukraine est renforcé par le succès du nouveau parti BSW, également très virulent contre l'immigration. Fondé avant les élections autour d'une personnalité de la gauche radicale, Sahra Wagenknecht, il obtient 11,8% en Saxe et 15,8% en Thuringe.

« Claque » pour Scholz 

En Saxe, l'AfD progresse de 3 points (30,6%), juste derrière les conservateurs de la CDU (31,9%), qui excluent là aussi toute alliance avec l'extrême droite mais auront du mal à trouver une majorité au parlement régional de Dresde.

La Hongrie du nationaliste Viktor Orban a salué le succès de l'AfD : "Les Länder allemands ont envoyé un message à Bruxelles et à Berlin : pas de migration, pas de concept de genre, pas de guerre", a commenté Balazs Orban, directeur politique du Premier ministre (sans lien de parenté).

Les scores de l'extrême droite dans ces régions où elle s'est enracinée ces dix dernières années constituent un nouveau revers pour les trois partis de la coalition au pouvoir, sociaux-démocrates, verts et libéraux, avant les législatives de septembre 2025.

Aux élections européennes de juin, ils avaient été sévèrement battus par l'opposition conservatrice et l'extrême droite.

Le SPD d'Olaf Scholz enregistre en Thuringe son pire résultat dans un scrutin régional, avec un score de 6,1%. Il fait également moins bien qu'il y a cinq ans en Saxe, avec 7,3%.

De quoi craindre le pire pour l'élection régionale qui se tiendra le 22 septembre dans le Brandebourg, la région autour de Berlin, actuellement dirigée par les sociaux-démocrates.

L'exécutif paie le mécontentement d'une partie de l'opinion publique, nourri par l'inflation ou encore la transition écologique que tente de mettre en place le gouvernement. Les disputes continuelles au sein de cet attelage tripartite ne font qu'alimenter son impopularité.

"C'est une très grande claque pour l'ensemble du gouvernement et particulièrement pour Scholz", a déclaré à l'AFP Marianne Kneuer, professeur de sciences politiques à l'université technique de Dresde.

Fragmentation

A la déroute annoncée par les sondages s'est ajouté l'impact de l'attentat qui a fait trois morts fin août à Solingen (ouest). L'auteur présumé, un réfugié syrien de 26 ans, aurait dû être expulsé, ce qui a relancé le débat sur l'immigration.

Les Verts sortent du parlement régional de Thuringe, n'étant pas parvenus à dépasser le seuil des 5% nécessaires. Ils se maintiennent de peu en Saxe.

La percée spectaculaire du parti BSW ajoute à la fragmentation du paysage politique. Le mouvement tente de combiner politiques économiques de gauche et conservatisme sur les questions de société comme l'immigration et l'environnement.

Il se pose en faiseur de rois dans la formation des gouvernements locaux, avec des exigences bien au-delà de la politique régionale : ses responsables ont réaffirmé lundi que toute alliance sera conditionnée au refus du déploiement de missiles américains de moyenne portée en Allemagne et au soutien à des négociations "de paix" entre l'Ukraine et la Russie.


Immigration: l'Allemagne rétablit des contrôles à toutes ses frontières

 Berlin commence lundi à rétablir pendant six mois des contrôles controversés à l'ensemble de ses frontières pour lutter contre l'immigration illégale, avec un risque d'effet domino pour la rentrée de la nouvelle Commission européenne. (AFP)
Berlin commence lundi à rétablir pendant six mois des contrôles controversés à l'ensemble de ses frontières pour lutter contre l'immigration illégale, avec un risque d'effet domino pour la rentrée de la nouvelle Commission européenne. (AFP)
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  • Des contrôles policiers mobiles et stationnaires avec la France, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Belgique et le Danemark vont ainsi s'ajouter à ceux déjà en place aux frontières avec la Pologne, la République tchèque, l'Autriche et la Suisse
  • En principe, de tels contrôles aux frontières intérieures sont proscrits au sein de l'Espace Schengen, mais en cas de menaces pour l'ordre public ou la sécurité, ils sont possibles pour une durée de six mois

FRANCFORT: Berlin commence lundi à rétablir pendant six mois des contrôles controversés à l'ensemble de ses frontières pour lutter contre l'immigration illégale, avec un risque d'effet domino pour la rentrée de la nouvelle Commission européenne.

Des contrôles policiers mobiles et stationnaires avec la France, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Belgique et le Danemark vont ainsi s'ajouter à ceux déjà en place aux frontières avec la Pologne, la République tchèque, l'Autriche et la Suisse.

En principe, de tels contrôles aux frontières intérieures sont proscrits au sein de l'Espace Schengen, mais en cas de menaces pour l'ordre public ou la sécurité, ils sont possibles pour une durée de six mois, avec prolongation par périodes de six mois pour une durée n'excédant pas deux ans.

La Commission européenne a réagi en rappelant que "de telles mesures doivent rester strictement exceptionnelles" et plaidé pour qu'elles soient "proportionnées".

Berlin a justifié sa décision en invoquant "la protection de la sécurité intérieure contre les menaces actuelles du terrorisme islamiste et de la criminalité transfrontalière".

Attentat 

Ces dernières semaines, l'Allemagne a été touchée par une série d'attaques islamistes commises par des étrangers, dont la plus meurtrière a été un attentat au couteau commis par un Syrien et revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique à Solingen (ouest) fin août. Il a fait trois morts.

Depuis, le gouvernement du chancelier Olaf Scholz a durci l'arsenal anti-immigration illégale, dans un contexte électoral compliqué pour lui, avec une forte pousse de l'extrême droite lors de deux scrutins régionaux début septembre. Un troisième est prévu à la fin de la semaine dans le Brandebourg, région frontalière de la Pologne.

Pendant des années, l'Allemagne s'est montrée particulièrement généreuse à l'égard des étrangers, ouvrant grand ses portes à plus d'un million de réfugiés, essentiellement syriens, lors de la crise migratoire en 2015-2016, puis après l'invasion par la Russie de l'Ukraine, en 2022, accueillant de nouveau plus d'un million d'exilés.

Sous la pression politique domestique, Berlin fait désormais machine arrière.

"Aucun pays au monde ne peut accueillir les réfugiés de manière illimitée", s'est justifiée la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser, même si le nombre total de demandes d'asile au cours des huit premiers mois de l'année (160.000) est en recul de 21,7% sur un an.

"@Bundeskanzler Scholz, bienvenue au club!", a lancé sur X le Premier ministre hongrois Viktor Orban, chef de file depuis des années dans l'UE d'une ligne très dure vis-à-vis des migrants.

Aux Pays-Bas aussi, le gouvernement vient de dévoiler des projets de restrictions drastiques en matière d'asile. La coalition au pouvoir aux Pays-Bas, incluant le Parti pour la liberté (PVV), d'extrême droite, veut ainsi entamer un processus pour déroger à certaines règles européennes en la matière.

Protestations

En Autriche, le ministre de l'Intérieur a déjà prévenu que Vienne "n'accepterait pas les personnes refoulées d'Allemagne" par les nouveaux contrôles.

En première ligne, la Grèce, actuellement confrontée à une forte hausse des arrivées en provenance de Turquie, a prévu d'envoyer son ministre de la Migration lundi à Berlin.

Son Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a jugé que "la réponse ne pouvait pas être la suppression unilatérale de Schengen et de renvoyer la balle aux pays qui ont des frontières avec l'extérieur de l'Europe".

Varsovie a parlé d'une mesure "inacceptable". "Il est très mauvais que les frontières intérieures de l'UE soient restituées. Cela touchera des millions de citoyens polonais, mais aussi allemands. La grande réussite de l'UE, l'espace Schengen, est mise en péril par de telles décisions", a dit le ministre polonais de l'Intérieur Tomasz Siemoniak.

Les travailleurs frontaliers craignent également de se voir inutilement gênés dans leurs déplacements.

Le SSW, parti de la minorité danoise du Schleswig-Holstein, région allemande frontalière du Danemark, a fustigé cette décision la qualifiant "d'actionnisme pur" et pointé les effets désastreux sur les quelque 12.800 salariés qui franchissent chaque jour la frontière.


Tentative présumée d'assassinat de Trump: les médias américains désignent un suspect

Les médias américains ont désigné Ryan Wesley Routh, que l'AFP avait interviewé en 2022 à Kiev où il s'était rendu en soutien au peuple ukrainien, comme l'auteur de la tentative présumée d'assassinat contre le candidat républicain à la présidentielle Donald Trump.(AFP)
Les médias américains ont désigné Ryan Wesley Routh, que l'AFP avait interviewé en 2022 à Kiev où il s'était rendu en soutien au peuple ukrainien, comme l'auteur de la tentative présumée d'assassinat contre le candidat républicain à la présidentielle Donald Trump.(AFP)
Le suspect s'est échappé des buissons dans lesquels il s'était caché et a pris la fuite à bord d'une voiture noire avant d'être retrouvé par les autorités, selon les médias. (AFP)
Le suspect s'est échappé des buissons dans lesquels il s'était caché et a pris la fuite à bord d'une voiture noire avant d'être retrouvé par les autorités, selon les médias. (AFP)
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  • Le suspect s'est échappé des buissons dans lesquels il s'était caché et a pris la fuite à bord d'une voiture noire avant d'être retrouvé par les autorités, selon les médias.
  • Les chaînes CNN et CBS ont rapporté que M. Routh était un constructeur indépendant de logements à Hawaï

WASHINGTON: Les médias américains ont désigné Ryan Wesley Routh, que l'AFP avait interviewé en 2022 à Kiev où il s'était rendu en soutien au peuple ukrainien, comme l'auteur de la tentative présumée d'assassinat contre le candidat républicain à la présidentielle Donald Trump.

Les médias américains ont indiqué que M. Routh, 58 ans, avait été arrêté après que des agents des services secrets américains eurent "ouvert le feu sur un homme armé" portant un fusil de type AK-47 près du terrain de golf de M. Trump en Floride, où l'ancien président était en train de jouer dimanche.

Le suspect s'est échappé des buissons dans lesquels il s'était caché et a pris la fuite à bord d'une voiture noire avant d'être retrouvé par les autorités, selon les médias.

Les chaînes CNN et CBS ont rapporté que M. Routh était un constructeur indépendant de logements à Hawaï. Il affiche un casier judiciaire s'étalant sur plusieurs décennies et publie régulièrement des articles sur la politique et l'actualité, critiquant parfois M. Trump.

M. Routh a clairement exprimé son soutien à l'Ukraine après l'invasion russe.

"JE SUIS PRÊT À PRENDRE L'AVION POUR CRACOVIE ET À ME RENDRE À LA FRONTIÈRE DE L'UKRAINE POUR ME PORTER VOLONTAIRE, ME BATTRE ET MOURIR... Puis-je être l'exemple que nous devons gagner ?", avait écrit M. Routh dans un message sur Twitter (depuis devenu X), en mars 2022.

L'AFP avait interviewé M. Routh à Kiev fin avril 2022, alors qu'il participait à une manifestation de soutien aux Ukrainiens piégés dans la ville portuaire de Marioupol.

"Poutine est un terroriste et il faut en finir avec lui. Nous avons donc besoin que tout le monde, dans le monde entier, arrête ce qu'il fait et vienne ici maintenant", avait-il déclaré à l'époque à l'AFP.

Les États-Unis soutiennent fermement l'Ukraine depuis que la Russie a envahi son territoire en février 2022.

Le président américain Joe Biden sera remplacé en janvier prochain soit par sa vice-présidente Kamala Harris, qui a indiqué qu'elle poursuivrait sa politique de soutien à l'Ukraine, soit par Donald Trump, qui n'a pas voulu dire lors d'un débat en début de semaine s'il souhaitait que Kiev gagne la guerre.

 


Donald Trump en toute sécurité après des coups de feu dans son entourage, selon sa campagne

Le candidat républicain à la présidence, l'ancien président Donald Trump, arrive à l'aéroport international Harry Reid pour embarquer dans un avion après un voyage de campagne à Las Vegas, samedi. (AP)
Le candidat républicain à la présidence, l'ancien président Donald Trump, arrive à l'aéroport international Harry Reid pour embarquer dans un avion après un voyage de campagne à Las Vegas, samedi. (AP)
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  • Reuters n'a pas pu déterminer immédiatement où se trouvait M. Trump au moment où la campagne a publié le communiqué.
  • M. Trump a été blessé lors d'une tentative d'assassinat en Pennsylvanie le 13 juillet.

WEST PALM BEACH, Floride : Le candidat républicain à la présidence Donald Trump est sain et sauf après des coups de feu tirés dans son entourage, a annoncé sa campagne dans un communiqué dimanche. Aucun autre détail n'est disponible.

Reuters n'a pas pu déterminer immédiatement où se trouvait M. Trump au moment où la campagne a publié le communiqué.

Le porte-parole de la campagne, Steven Cheung, n'a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire.

M. Trump a été blessé lors d'une tentative d'assassinat en Pennsylvanie le 13 juillet.

Selon le Wall Street Journal, M. Trump se trouvait à Palm Beach dimanche. Le club Mar-a-Lago de Trump est basé à Palm Beach.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com