BERLIN: Le Premier ministre britannique Keir Starmer est reçu mercredi à Berlin par le chancelier Olaf Scholz pour sa première série de visites bilatérales à l'étranger, qui va l'emmener ensuite à Paris et marque sa volonté de se rapprocher de l'Union européenne après le Brexit.
En fonction depuis juillet après 14 ans de pouvoir conservateur, Keir Starmer exclut de rejoindre le marché unique européen, l'union douanière ou le traité sur la libre circulation des personnes, quatre ans et demi après le divorce houleux du Brexit.
Mais il s'est engagé à rétablir une relation de confiance avec ses alliés européens et souhaite notamment négocier un nouveau pacte de sécurité et un meilleur accord commercial avec les 27.
Le Premier ministre, qui sera accueilli mercredi matin par une cérémonie militaire à Berlin, doit notamment évoquer avec son homologue allemand la négociation d'un nouvel accord bilatéral, sur le modèle du traité de "Lancaster House" signé entre la France et le Royaume-Uni en 2010.
Ce futur accord, qui constitue un "pilier de la remise à plat des relations du Royaume-Uni avec l'Europe", doit être finalisé en début d'année 2025 selon Downing Street.
Il doit permettre de stimuler les échanges commerciaux, d'accroître la coopération sur la sécurité et de renforcer l'"action commune contre l'immigration illégale", est-il indiqué.
Ce dernier thème est particulièrement sensible dans les deux pays, notamment à la suite d'attaques au couteau récentes: celle de Southport en Angleterre fin juillet a provoqué des émeutes racistes et islamophobes tandis que celle de Solingen vendredi a relancé le débat migratoire en Allemagne.
Après Berlin, Keir Starmer est attendu à Paris mercredi soir pour assister à la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques puis être reçu par le président Emmanuel Macron jeudi à l'Elysée.
Fin juillet, Londres et Berlin se sont déjà engagés à coopérer plus étroitement sur les questions de défense et de sécurité, avec la signature d'une déclaration présentée comme la première du genre entre alliés de l'Otan, qui doit notamment permettre de renforcer les industries de défense des deux pays.
Signe de cette volonté de renouer avec l'UE, le chef de la diplomatie britannique David Lammy avait lui aussi choisi Berlin pour son premier déplacement deux jours seulement après la victoire des travaillistes aux élections.
- "Ami et partenaire" -
Le nouvel accord discuté mercredi représente "une occasion unique, qui ne présente qu'une fois par génération pour redéfinir nos relations avec l'Europe", va faire valoir Keir Starmer auprès d'Olaf Scholz, a indiqué Downing Street.
"Nous devons franchir une étape par rapport au Brexit et réparer les relations brisées héritées du gouvernement précédent", doit-il aussi plaider, "non seulement pour résoudre le problème global de l'immigration illégale, mais aussi pour stimuler la croissance économique".
En juillet, deux semaines après son élection, le Premier ministre britannique, qui accueillait un sommet de la communauté politique européenne en Angleterre, avait promis que le Royaume-Uni serait "un ami et un partenaire" pour les 27 pays membres de l'UE.
Cette visite à Berlin offre l'occasion à Keir Starmer de construire une "relation importante" avec le dirigeant allemand, et de chercher du soutien pour ses futures politiques "en matière d'immigration, de commerce et de défense", relève pour l'AFP Sophia Gaston, du groupe de réflexion britannique Policy Exchange.
Lors de leur rencontre, les deux chefs de gouvernement devraient aussi évoquer le soutien militaire à l'Ukraine, dont ils sont parmi les plus gros contributeurs.
Les alliés occidentaux de Kiev ont réagi avec prudence à l'assaut sans précédent mené par l'Ukraine dans la région russe de Koursk depuis le 6 août, préparé "secrètement" selon Olaf Scholz et que l'Allemagne dit suivre "attentivement".
Ce dernier a toutefois réaffirmé que Berlin, deuxième fournisseur d'aide militaire à l'Ukraine après les Etats-Unis, continuerait à soutenir la lutte de Kiev contre l'invasion russe, malgré les projets visant à réduire de moitié le budget bilatéral dans ce domaine l'an prochain en 2025.
"Nous encourageons toujours nos alliés à maintenir leur soutien crucial à l'Ukraine", a déclaré de son côté un porte-parole de Keir Starmer avant la visite.