PARIS: Le président français Emmanuel Macron persiste et signe : non à la cohabitation avec un gouvernement de gauche.
Les consultations, qui ont duré deux jours et auxquelles les forces politiques ont été conviées, n’ont pas débouché sur un compromis permettant la désignation d’un nouveau Premier ministre.
Elles ont, en revanche, conforté le chef de l’État dans son refus de désigner la candidate du Nouveau Front populaire (NFP – coalition des forces de gauche), Lucie Castets, à la tête du nouveau gouvernement.
Quelques jours après les résultats des élections législatives anticipées du 7 juillet dernier, Macron avait fait savoir, dans un entretien télévisé, que même étant arrivé en tête avec 193 sièges parlementaires, le NFP ne disposait que d’une courte majorité qui le rendait inapte à gouverner le pays.
Cependant, il avait appelé les parlementaires fraîchement élus, à mettre à profit la trêve politique décrétée durant les Jeux olympiques de Paris pour se concerter sur la constitution d’un gouvernement de coalition large.
Un tel gouvernement serait, selon lui, le seul à même de garantir la stabilité institutionnelle, puisqu’un gouvernement de gauche minoritaire est voué à succomber à la première motion de censure parlementaire.
À défaut de faciliter la désignation du Premier ministre, les consultations avec les forces politiques lui ont permis de dégager un consensus qui neutralise la candidature de Castets.
Tour à tour, les représentants du centre, de la droite et de l’extrême droite ont affirmé leur rejet ferme d’un gouvernement de gauche, permettant ainsi à Macron de fermer la porte à cette option, dans un communiqué officiel publié lundi soir.
Le communiqué affirme qu’au terme des consultations, le président « a constaté qu’un gouvernement sur la base du seul programme et des seuls partis » du NFP « serait immédiatement censuré par l’ensemble » des groupes parlementaires.
« La stabilité institutionnelle de notre pays impose donc de ne pas retenir cette option » selon les termes du communiqué, qui indique qu’un nouveau tour de consultations est organisé sans la participation du NFP.
Face à ce résultat, les représentants du NFP, composé de La France insoumise (LFI – extrême gauche), du parti socialiste, des communistes et des écologistes ne mâchent pas leurs mots. « C’est une honte », « un abus de pouvoir », assurent-ils.
Fidèle à sa réputation, LFI fait cavalier seul et affirme que « toute proposition de Premier ministre autre que Castets fera l’objet d’une motion de censure », alors que la gauche appelle à une grande manifestation le 7 septembre prochain « contre le coup de force du président ».
L’entourage du président de la République réfute ces accusations et affirme qu’il est dans son rôle constitutionnel d’arbitre et que la poursuite des consultations a pour but de permettre au Premier ministre qui sera nommé d’avancer d’une manière normale.
Les discussions nourries du président avec les forces politiques ont montré, selon l’entourage présidentiel, que 377 députés rejetaient catégoriquement un gouvernement NFP.
Ces discussions ont montré la nécessité de désigner une personnalité capable de rassembler une grande majorité, qu’elle soit de droite ou de gauche. Sa tâche, assure l’entourage du président, serait de gouverner et non d’appliquer la politique présidentielle.
Répondant indirectement aux critiques de la gauche, ce même entourage rétorque que, contrairement à ce qui se dit, le président sait pertinemment que la majorité sortante a perdu et que les Français ont exprimé une demande de changement. Il n’y aurait donc chez lui aucune volonté de capter le pouvoir.
Il semble évident que la recherche d’un Premier ministre capable de rassembler autour de lui une majorité qui le mettrait à l’abri d’une motion de censure, si facile à dégainer dans un paysage politique aussi fragmenté, risque de prendre encore du temps.
Il en va de même de la constitution d’une large coalition gouvernementale dont les personnalités de gauche, notamment les socialistes et les communistes ne seront pas écartées, dans la mesure où elles sont prêtes à coopérer avec les autres forces politiques.
Mais le temps n’est pas ce qui manque à Macron, dont le second mandat présidentiel touche à sa fin en 2027. Savoir prendre tout son temps… tel est ce qui lui a permis de déjouer successivement deux cohabitations : la première avec le Rassemblement national arrivé en tête du premier tour des législatives anticipées du 28 juin et la seconde avec le NFP.