Macron prend tout son temps et écarte l’idée d’un gouvernement de gauche

Le président français Emmanuel Macron réagit avant sa rencontre avec le Taoiseach irlandais au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 27 août 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron réagit avant sa rencontre avec le Taoiseach irlandais au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 27 août 2024. (AFP)
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Publié le Mercredi 28 août 2024

Macron prend tout son temps et écarte l’idée d’un gouvernement de gauche

  • Le président « a constaté qu’un gouvernement sur la base du seul programme et des seuls partis » du NFP « serait immédiatement censuré par l’ensemble » des groupes parlementaires
  • « La stabilité institutionnelle de notre pays impose donc de ne pas retenir cette option » selon les termes du communiqué

PARIS: Le président français Emmanuel Macron persiste et signe : non à la cohabitation avec un gouvernement de gauche.

Les consultations, qui ont duré deux jours et auxquelles les forces politiques ont été conviées, n’ont pas débouché sur un compromis permettant la désignation d’un nouveau Premier ministre.

Elles ont, en revanche, conforté le chef de l’État dans son refus de désigner la candidate du Nouveau Front populaire (NFP – coalition des forces de gauche), Lucie Castets, à la tête du nouveau gouvernement.

Quelques jours après les résultats des élections législatives anticipées du 7 juillet dernier, Macron avait fait savoir, dans un entretien télévisé, que même étant arrivé en tête avec 193 sièges parlementaires, le NFP ne disposait que d’une courte majorité qui le rendait inapte à gouverner le pays.

Cependant, il avait appelé les parlementaires fraîchement élus, à mettre à profit la trêve politique décrétée durant les Jeux olympiques de Paris pour se concerter sur la constitution d’un gouvernement de coalition large.

Un tel gouvernement serait, selon lui, le seul à même de garantir la stabilité institutionnelle, puisqu’un gouvernement de gauche minoritaire est voué à succomber à la première motion de censure parlementaire.

À défaut de faciliter la désignation du Premier ministre, les consultations avec les forces politiques lui ont permis de dégager un consensus qui neutralise la candidature de Castets.

Tour à tour, les représentants du centre, de la droite et de l’extrême droite ont affirmé leur rejet ferme d’un gouvernement de gauche, permettant ainsi à Macron de fermer la porte à cette option, dans un communiqué officiel publié lundi soir.

Le communiqué affirme qu’au terme des consultations, le président « a constaté qu’un gouvernement sur la base du seul programme et des seuls partis » du NFP « serait immédiatement censuré par l’ensemble » des groupes parlementaires.

« La stabilité institutionnelle de notre pays impose donc de ne pas retenir cette option » selon les termes du communiqué, qui indique qu’un nouveau tour de consultations est organisé sans la participation du NFP.

Face à ce résultat, les représentants du NFP, composé de La France insoumise (LFI – extrême gauche), du parti socialiste, des communistes et des écologistes ne mâchent pas leurs mots. « C’est une honte », « un abus de pouvoir », assurent-ils.

Fidèle à sa réputation, LFI fait cavalier seul et affirme que « toute proposition de Premier ministre autre que Castets fera l’objet d’une motion de censure », alors que la gauche appelle à une grande manifestation le 7 septembre prochain « contre le coup de force du président ».

L’entourage du président de la République réfute ces accusations et affirme qu’il est dans son rôle constitutionnel d’arbitre et que la poursuite des consultations a pour but de permettre au Premier ministre qui sera nommé d’avancer d’une manière normale.

Les discussions nourries du président avec les forces politiques ont montré, selon l’entourage présidentiel, que 377 députés rejetaient catégoriquement un gouvernement NFP.

Ces discussions ont montré la nécessité de désigner une personnalité capable de rassembler une grande majorité, qu’elle soit de droite ou de gauche. Sa tâche, assure l’entourage du président, serait de gouverner et non d’appliquer la politique présidentielle.

Répondant indirectement aux critiques de la gauche, ce même entourage rétorque que, contrairement à ce qui se dit, le président sait pertinemment que la majorité sortante a perdu et que les Français ont exprimé une demande de changement. Il n’y aurait donc chez lui aucune volonté de capter le pouvoir.

Il semble évident que la recherche d’un Premier ministre capable de rassembler autour de lui une majorité qui le mettrait à l’abri d’une motion de censure, si facile à dégainer dans un paysage politique aussi fragmenté, risque de prendre encore du temps.

Il en va de même de la constitution d’une large coalition gouvernementale dont les personnalités de gauche, notamment les socialistes et les communistes ne seront pas écartées, dans la mesure où elles sont prêtes à coopérer avec les autres forces politiques.

Mais le temps n’est pas ce qui manque à Macron, dont le second mandat présidentiel touche à sa fin en 2027. Savoir prendre tout son temps… tel est ce qui lui a permis de déjouer successivement deux cohabitations : la première avec le Rassemblement national arrivé en tête du premier tour des législatives anticipées du 28 juin et la seconde avec le NFP.


Le procès du jihadiste Peter Cherif, proche des assaillants de Charlie Hebdo, s'ouvre à Paris

Egalement connu sous le pseudonyme d'Abou Hamza, Peter Cherif encourt la réclusion criminelle à perpétuité.  Converti à l'islam en 2003, il est, comme les frères Saïd et Cherif Kouachi avec qui il a grandi dans le 19e arrondissement de Paris, une des figures de la filière terroriste dite des Buttes-Chaumont (un quartier parisien). (AFP)
Egalement connu sous le pseudonyme d'Abou Hamza, Peter Cherif encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Converti à l'islam en 2003, il est, comme les frères Saïd et Cherif Kouachi avec qui il a grandi dans le 19e arrondissement de Paris, une des figures de la filière terroriste dite des Buttes-Chaumont (un quartier parisien). (AFP)
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  • Aujourd'hui âgé de 42 ans, il sera jugé par la cour d'assises spécialement composée pour association de malfaiteurs terroriste criminelle entre 2011 et 2018, période de sa présence au Yémen au sein d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa)
  • Peter Cherif comparaîtra aussi pour l'enlèvement et la séquestration en bande organisée en 2011, pendant plus de cinq mois, de trois ressortissants français, membres de l'ONG Triangle génération humanitaire

PARIS: Le procès du vétéran français du jihad Peter Cherif, soupçonné notamment d'avoir joué un rôle auprès de Chérif Kouachi, un des assaillants de Charlie Hebdo en 2015, s'ouvre lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris

Aujourd'hui âgé de 42 ans, il sera jugé par la cour d'assises spécialement composée pour association de malfaiteurs terroriste criminelle entre 2011 et 2018, période de sa présence au Yémen au sein d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa).

Peter Cherif comparaîtra aussi pour l'enlèvement et la séquestration en bande organisée en 2011, pendant plus de cinq mois, de trois ressortissants français, membres de l'ONG Triangle génération humanitaire.

Mais c'est sa potentielle implication dans la tuerie commise à Paris dans les locaux de l'hebdomadaire Charlie Hebdo par Chérif et Saïd Kouachi le 7 janvier 2015, âprement débattue lors de l'instruction, qui devrait être au coeur du procès.

Les juges d'instruction estiment qu'il a "facilité l'intégration au sein d'Aqpa d'un des frères Kouachi, très probablement Chérif", et qu'il avait "connaissance" de "la mission" de perpétrer un attentat en France confiée à son ami d'enfance lors d'un court séjour à l'été 2011 au Yémen.

Selon plusieurs témoins, dont la défunte compagne de Peter Cherif, Aqpa conseillait aux combattants étrangers arrivant au Yémen de retourner dans leurs pays d'origine commettre des attentats. Une suggestion qui aurait été faite aussi à Peter Cherif qui ne pouvait donc l'ignorer.

L'intéressé aurait en outre "maintenu des contacts" avec Chérif Kouachi lors de son retour en France.

« Rien à voir »

Devant les enquêteurs, Peter Cherif a contesté avoir su en quoi consistait cette mission qui aurait été confiée à son ami.

Entendu à l'automne 2020 comme témoin lors du procès des attentats de janvier 2015, commis notamment par les frères Kouachi avant qu'ils ne soient abattus par les forces de l'ordre, et qui ont fait au total 17 morts, il a assuré n'avoir "rien à voir" dans ces attaques, avant de se murer dans le silence.

Selon Me Sefen Guez Guez, l'un de ses avocats, Peter Cherif "sait que le procès Charlie Hebdo pèse lourd dans la balance mais il viendra porter une parole sincère".

Egalement connu sous le pseudonyme d'Abou Hamza, Peter Cherif encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Converti à l'islam en 2003, il est, comme les frères Saïd et Cherif Kouachi avec qui il a grandi dans le 19e arrondissement de Paris, une des figures de la filière terroriste dite des Buttes-Chaumont (un quartier parisien).

En 2004, il part combattre en Irak et est capturé quelques mois plus tard par les Américains dans les ruines de Falloujah.

Là-bas, il est condamné en 2006 à 15 ans de prison, mais il s'échappe en 2007 pour la Syrie. Il finit par se présenter à l'ambassade de France à Damas et est expulsé début 2008, puis mis en examen à Paris.

Il est jugé début 2011 mais prend la fuite, juste avant sa condamnation à cinq ans de prison, pour le Yémen, via la Tunisie et Oman.

Il y passe sept ans, avant de se rendre à Djibouti en 2018 sous une fausse identité, avec sa femme -- décédée depuis -- et ses deux enfants, et d'y être arrêté trois mois plus tard et d'être remis à la France.

Selon l'accusation, pendant son long séjour au Yémen, Peter Cherif a "rencontré Anwar al-Awlaqi", un prédicateur radical américano-yéménite, haut responsable d'Aqpa tué par drone en septembre 2011, "participé aux activités militaires du groupe, en ayant notamment combattu +brièvement+ selon lui", et "contribué à la fabrication d'engins explosifs improvisés, à la recherche de cibles pour les attentats".

Le procès est prévu jusqu'au 4 octobre.


Bayrou : "pour le renouvellement intégral ou quasi intégral du gouvernement"

Le président du Mouvement démocrate (MoDem) et maire de Pau, François Bayrou, arrive au palais présidentiel de l'Élysée à Paris le 23 août 2024. (Photo Dimitar DILKOFF / AFP)
Le président du Mouvement démocrate (MoDem) et maire de Pau, François Bayrou, arrive au palais présidentiel de l'Élysée à Paris le 23 août 2024. (Photo Dimitar DILKOFF / AFP)
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  • Le patron du Modem a appelé le chef du gouvernement à tenir compte dans la composition de son exécutif de la "diversité" et du "pluralisme" issu des urnes lors des législatives anticipées.
  • S'il y avait une "mainmise", "ça ne pourrait pas marcher", a assuré M. Bayrou.

PARIS : Le patron du MoDem François Bayrou a assuré dimanche qu'il était favorable à un renouvellement "intégral ou quasi intégral du gouvernement", tout en prévenant qu'une "mainmise" des Républicains sur l'exécutif du Premier ministre Michel Barnier "ne marcherait pas".

"Je suis pour le renouvellement intégral ou quasi intégral du gouvernement pour qu'on ait une autre approche, une autre sensibilité, d'autres visages", a déclaré M. Bayrou sur BFMTV, à un moment où Michel Barnier multiplie les contacts pour former son exécutif.

Le patron du Modem a appelé le chef du gouvernement à tenir compte dans la composition de son exécutif de la "diversité" et du "pluralisme" issu des urnes lors des législatives anticipées.

"Le message de cette élection c'est qu'on a besoin de rassembler nos forces pour affronter les défis qui sont devant nous", a-t-il expliqué, écartant "l'hypothèse" d'un gouvernement dominé par Les Républicains, la famille politique de Michel Barnier.

S'il y avait une "mainmise", "ça ne pourrait pas marcher", a assuré M. Bayrou, écartant que le Modem participe à un exécutif dominé par la droite, et disant ne pas croire que le Premier ministre puisse "s'enfermer dans une option partisane hyper-minoritaire."

Le président du groupe MoDem à l'Assemblée Marc Fesneau était déjà monté au créneau ce week-end, assurant dans La Tribune Dimanche qu'un groupe de 47 députés "ne peut pas imposer sa politique"; de même que le ministre démissionnaire Jean-Noël Barrot, également MoDem, qui a estimé dans le JDD que le poids de LR au gouvernement "ne saurait excéder celui de son groupe à l'Assemblée nationale".

Les LR ont approuvé jeudi le principe d'une participation au gouvernement que doit composer M. Barnier, membre de leur parti, nommé à Matignon par Emmanuel Macron deux mois après les législatives pour tenter de dénouer la crise politique liée à l'absence de majorité.

Les noms des principaux dirigeants LR (Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau, Annie Genevard) circulent pour une entrée au gouvernement.

Nommé le 5 septembre, Michel Barnier doit annoncer "la semaine prochaine" la composition de son gouvernement.


Des centaines de manifestants à Paris en soutien à "Femme, Vie, Liberté" en Iran

Cette photographie montre une pancarte lors d'une marche organisée à l'occasion du deuxième anniversaire d'un mouvement de protestation déclenché par la mort en détention de Mahsa Amini, 22 ans. Elle avait été arrêtée pour avoir prétendument enfreint le code vestimentaire des femmes, place de la Bastille, à Paris, le 15 septembre 2024. (Photo Sameer Al-DOUMY / AFP)
Cette photographie montre une pancarte lors d'une marche organisée à l'occasion du deuxième anniversaire d'un mouvement de protestation déclenché par la mort en détention de Mahsa Amini, 22 ans. Elle avait été arrêtée pour avoir prétendument enfreint le code vestimentaire des femmes, place de la Bastille, à Paris, le 15 septembre 2024. (Photo Sameer Al-DOUMY / AFP)
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  • La marche, organisée par un collectif d'une vingtaine d'associations de défense des droits humains, a également reçu le soutien de Benjamin Brière et Louis Arnaud.
  • L'Iran est accusé d'arrêter sans motif des Occidentaux et de s'en servir comme monnaie d'échange lors de négociations d'Etat à Etat. La diplomatie française qualifie ces prisonniers d'"otages d'Etat".

PARIS : C'est en scandant "Femme, Vie, Liberté" que des centaines de personnes ont marché dimanche à Paris pour apporter leur soutien à la société civile iranienne, deux ans après la mort de Mahsa Amini, Kurde iranienne tuée pour un voile mal porté en Iran, a constaté l'AFP.

Alors que 34 détenues iraniennes ont entamé une grève de la faim pour "commmémorer" le deuxième anniversaire de ce mouvement "Femme, Vie, Liberté", Chirinne Ardakani, avocate franco-iranienne, membre du collectif Iran Justice, a estimé que les "sacrifices" des Iraniens opposés au régime n'étaient "pas vain".

"Tout a changé en Iran, dans les mentalités, dans la société", a-t-elle déclaré à l'AFP. "On est passé d'une culture absolument patriarcale, où il n'était même pas question qu'elles puissent se dévoiler dans la rue, à un soutien massif à ces femmes".

Des prisonnières publient des écrits depuis leur lieu de détention, souligne-t-elle. "On a vu vraiment que le quartier des femmes de la prison d'Evin s'est imposé comme le bastion de la résistance dans cette lutte pour les Iraniennes, pour la démocratie, pour la liberté".

La marche, organisée par un collectif d'une vingtaine d'associations de défense des droits humains, a également reçu le soutien de Benjamin Brière et Louis Arnaud, deux Français qui avaient été arrêtés et détenus arbitrairement en Iran avant d'être libérés respectivement en mai 2023 et juin dernier.

L'Iran est accusé d'arrêter sans motif des Occidentaux et de s'en servir comme monnaie d'échange lors de négociations d'Etat à Etat. La diplomatie française qualifie ces prisonniers d'"otages d'Etat".

"Quelle ironie de me tenir ici, aujourd'hui, moi qui ai passé près de deux ans à la prison d'Evin pour ma supposée participation aux manifestations de septembre 2022", a souligné Louis Arnaud qui s'exprimait pour la première fois publiquement depuis sa libération.

"Oui, j'étais en prison, mais c'est un honneur immense que d'avoir pu vivre parmi vous, combattants de la liberté, qui avez partagé mes peines", a-t-il poursuivi.

Sylvie Brigot, directrice générale d'Amnesty International, a dénoncé la répression qui perdure. "On utilise toujours la peine de mort de manière massive comme instrument pour distiller la peur", a-t-elle déploré. "Et il y en a encore des milliers et des milliers de personnes détenues injustement sans procès."

Trois autres Français sont toujours détenus en Iran: le couple formé par Cécile Kohler et Jacques Paris, arrêtés en mai 2022 et accusés d'être des espions, ainsi qu'un prénommé Olivier, dont le nom de famille n'a pas été rendu public.