Harris promet à l'Amérique un "nouveau chemin" d'unité

La vice-présidente des États-Unis et candidate démocrate à l'élection présidentielle de 2024, Kamala Harris, salue la foule après avoir pris la parole lors du quatrième et dernier jour de la convention nationale du parti démocrate (DNC) au United Center de Chicago (Illinois), le 22 août 2024. (AFP)
La vice-présidente des États-Unis et candidate démocrate à l'élection présidentielle de 2024, Kamala Harris, salue la foule après avoir pris la parole lors du quatrième et dernier jour de la convention nationale du parti démocrate (DNC) au United Center de Chicago (Illinois), le 22 août 2024. (AFP)
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Publié le Vendredi 23 août 2024

Harris promet à l'Amérique un "nouveau chemin" d'unité

  • Kamala Harris a voulu "tracer un nouveau chemin" d'unité en acceptant jeudi l'investiture du Parti démocrate pour la présidentielle de novembre
  • L'essentiel pour elle n'était pas de détailler un programme, mais bien de convaincre l'Amérique de sa stature présidentielle

CHICAGO: Kamala Harris a voulu "tracer un nouveau chemin" d'unité en acceptant jeudi l'investiture du Parti démocrate pour la présidentielle de novembre, qui l'opposera à Donald Trump.

"Je promets d'être la présidente de tous les Américains", a dit la vice-présidente de 59 ans, vêtue d'un tailleur-pantalon sombre, sous les ovations assourdissantes des milliers de délégués.

Dans un discours plein d'autorité, souvent solennel, Kamala Harris a parfois pris des accents résolument patriotiques: "Dans le combat de toujours entre la démocratie et la tyrannie, je sais où je suis. Et je sais où doivent se tenir les Etats-Unis", a-t-elle déclaré.

Après avoir fini, sous la traditionnelle avalanche de ballons aux couleurs de l'Amérique, elle est restée sur scène à savourer l'exaltation, rejointe par son mari Doug Emhoff ainsi que par son colistier Tim Walz et des membres de leurs familles.

"Au nom de tous les Américains, peu importe leur parti, leur race, leur genre", "au nom de tous ceux dont l'histoire ne peut s'écrire que dans la plus grande nation du monde, j'accepte votre nomination pour devenir présidente des Etats-Unis", a lancé la candidate.

"Elle a voulu non seulement nous rassembler et nous rassurer mais aussi en appeler au camp adverse", a réagi Shani Henry, une déléguée du Montana.

Pour le plus grand discours de sa vie, la Californienne avait choisi comme fil rouge le parcours de sa mère, indienne.

"J'ai vu comme le monde la traitait parfois. Mais ma mère n'a jamais perdu son calme. Elle était forte,courageuse", a affirmé la candidate, ajoutant avoir appris d'elle "à ne jamais (se) plaindre de l'injustice, mais à agir contre".

- "Ami-ami" -

Kamala Harris a évidemment attaqué avec force son adversaire républicain.

"Nous savons à quoi ressemblerait un second mandat de (Donald) Trump. Tout est écrit dans le Projet 2025", a-t-elle déclaré en référence à un programme ultraconservateur confectionné par des proches du milliardaire dont l'objectif est, selon elle, de "ramener notre pays des années en arrière".

"Contrairement à Trump, je ne ferai pas ami-ami avec les dictateurs", a-t-elle ajouté, en promettant son soutien à l'Ukraine et à Israël, mais aussi l'"autodétermination" pour les Palestiniens.

L'ancienne procureure de Californie a parlé de réformer un système d'immigration "défaillant", de promouvoir une économie "qui permette à chacun de réussir" et de rétablir une garantie du droit à l'avortement dans tout le pays.

L'essentiel pour elle n'était toutefois pas de détailler un programme, mais bien de convaincre l'Amérique de sa stature présidentielle.

"Je serai une présidente qui nous réunit autour de nos plus hautes aspirations. Une présidente qui dirige et écoute", a déclaré Kamala Harris.

- Gravité -

Son allocution, même accompagnée de clameurs, a apporté une soudaine gravité à la convention démocrate, qui depuis lundi s'est déroulée dans une atmosphère de fête, avec une salle souvent transformée en vaste discothèque.

Mais point de Beyoncé. Les réseaux sociaux ont bruissé de rumeurs toute la journée sur une venue de l'immense star, qui a donné à la campagne son hymne officiel avec sa chanson "Freedom".

Devant Kamala Harris, la grande majorité des représentants et représentantes venus de tous les États américains portaient du blanc.

Cette couleur, associée aux grands combats politiques des femmes, témoigne de leur espoir de la voir devenir la première femme à diriger les États-Unis, après le scrutin du 5 novembre.

Son adversaire républicain, qu'elle affrontera lors d'un premier débat le 10 septembre, a inondé son réseau social de messages pendant le discours de la vice-présidente, en évoquant le "pire discours jamais prononcé" et en affirmant: "ELLE A FAIT DE NOUS UNE NATION EN DECLIN."

Les sondages donnent à Kamala Harris une légère avance dans les intentions de vote au niveau national.

Ce n'est en rien une garantie de victoire, à 74 jours d'un scrutin qui se jouera certainement, comme en 2016 et 2020, dans une poignée d’États clés.

Tant de choses peuvent se passer d'ici là. En quatre semaines ahurissantes, l'Amérique a bien vu son actuel président, Joe Biden, abandonner sa candidature et son ancien président, Donald Trump, être victime d'une tentative d'assassinat.

Vendredi, les lignes pourraient bouger encore. Selon les médias américains, le candidat indépendant Robert F. Kennedy Jr va jeter l'éponge et apporter son soutien au milliardaire républicain.

"Mettons-nous au boulot", a écrit sur X l'ancien président Barack Obama, dont la campagne de 2008 a été constamment évoquée cette semaine à Chicago, après le discours.


Le chef de l'ONU appelle à plus de "courage" avant le Sommet de l'avenir

Les résultats d'un vote pour reconsidérer et soutenir le statut de membre à part entière de la Palestine sont affichés lors d'une session de l'Assemblée générale de l'ONU, le 10 mai 2024. (AFP)
Les résultats d'un vote pour reconsidérer et soutenir le statut de membre à part entière de la Palestine sont affichés lors d'une session de l'Assemblée générale de l'ONU, le 10 mai 2024. (AFP)
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  • Antonio Guterres avait lancé en 2021 l'idée de ce sommet qui doit adopter le 22 septembre le "Pacte de l'avenir".
  • "j'appelle les Etats membres à agir vite, avec vision, courage, solidarité et dans un esprit de compromis" pour le Pacte de l'avenir, a insisté le secrétaire général.

NATIONS-UNIS : Le secrétaire général de l'ONU a appelé jeudi les dirigeants du monde à faire preuve de "vision" et de "courage" à l'approche du "Sommet de l'avenir" censé renforcer les outils internationaux pour faire face aux défis et menaces du XXIe siècle.

Antonio Guterres avait lancé en 2021 l'idée de ce sommet qui doit adopter le 22 septembre le "Pacte de l'avenir", en prélude à la grand-messe annuelle qui va réunir à l'ONU à New York plus d'une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement.

Mais alors que des négociations intenses se poursuivent, la dernière version en date du texte publiée fin août est décrite par de nombreux observateurs comme manquant largement d'ambition.

"Nous avons besoin d'une ambition maximale pendant ces derniers jours de négociation. Parce que les défis auxquels nous faisons face changent bien plus vite que notre capacité à les résoudre", a déclaré Antonio Guterres jeudi dans une déclaration par vidéo lors d'un événement virtuel organisé à dix jours du sommet.

"Nous n'avons pas de réponse mondiale efficace aux menaces nouvelles et même existentielles", a-t-il déploré, évoquant le changement climatique ou le développement de l'intelligence artificielle (IA) dans un "vide éthique et juridique". Mais aussi les "conflits féroces" actuels, la menaces nucléaire, le populisme, les divisions géopolitiques.

"Nos institutions ne peuvent pas suivre, parce qu'elles ont été dessinées pour une autre ère et un autre monde. Le Conseil de sécurité (de l'ONU) est coincé dans une faille temporelle, l'architecture financière internationale est obsolète et inefficace".

Alors "j'appelle les Etats membres à agir vite, avec vision, courage, solidarité et dans un esprit de compromis" pour le Pacte de l'avenir, a insisté le secrétaire général.

Pour le chancelier allemand Olaf Scholz, co-facilitateur des négociations avec la Namibie, il y a au moins une "bonne nouvelle": "une majorité des pays du monde sont d'accord sur les objectifs que l'humanité devrait viser, nous voulons un monde sûr, pacifique, juste, égalitaire, inclusif, durable et prospère", a-t-il déclaré lors de ce sommet virtuel.

"La Pacte nous offre la chance de changer le narratif de division, de polarisation et d'incertitude, une chance de montrer au monde que la coopération peut encore apporter des résultats, que le multilatéralisme est vivant", a-t-il ajouté, reconnaissant toutefois des "différences à surmonter" pour un accord.

Le texte actuellement sur la table présente une soixantaine d'"actions" dans des domaines allant de l'importance du multilatéralisme au respect de la charte de l'ONU et au maintien de la paix, de la réforme des institutions financières internationales à celle du Conseil de sécurité de l'ONU, ou encore la lutte contre le changement climatique, le désarmement, le développement de l'IA.


Japon: la course pour le poste de Premier ministre est lancée

Cette photo prise le 7 septembre 2024 montre quatre candidats à l'élection de la direction du Parti constitutionnel démocratique du Japon (CDP), principal parti d'opposition, posant pour une photo avant un débat au Club national de la presse du Japon, à Tokyo. (Photo by JIJI PRESS / AFP) / JAPAN OUT
Cette photo prise le 7 septembre 2024 montre quatre candidats à l'élection de la direction du Parti constitutionnel démocratique du Japon (CDP), principal parti d'opposition, posant pour une photo avant un débat au Club national de la presse du Japon, à Tokyo. (Photo by JIJI PRESS / AFP) / JAPAN OUT
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  • Neuf candidats, dont deux femmes, se sont officiellement déclarés en vue de l'élection interne au parti prévue le 27 septembre, a annoncé le PLD en lançant la campagne.
  • Dans ce pays qui n'a jamais eu de Première ministre, deux femmes se lancent aussi dans la course.

TOKYO : La course à la succession de Fumio Kishida, l'actuel Premier ministre japonais, a débuté jeudi avec un record de neuf candidats désireux de présider le Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir et de prendre la tête du gouvernement.

Neuf candidats, dont deux femmes, se sont officiellement déclarés en vue de l'élection interne au parti prévue le 27 septembre, a annoncé le PLD en lançant la campagne.

Selon le système politique nippon, le vainqueur de cette élection interne est assuré de succéder à M. Kishida, l'actuel Premier ministre devenu impopulaire.

Le 14 août, ce dernier avait renoncé à briguer un nouveau mandat à la tête du PLD, formation au pouvoir pratiquement sans discontinuer depuis 1945. Une décision qui l'oblige à abandonner la tête du gouvernement.

Parmi les principaux candidats au poste de président du PLD figurent l'ancien ministre de la Défense Shigeru Ishiba, âgé de 67 ans, et l'ex-ministre de l'Environnement Shinjiro Koizumi, 43 ans et fils d'un ancien Premier ministre populaire dans l'archipel.

"Je veux changer la politique du Japon, laissée pour compte par l'évolution du temps", a déclaré M. Koizumi, qui promet de déréglementer le marché du travail, une plus grande transparence des fonds politiques et la "résolution de problèmes qui font l'objet de débats depuis des années", comme permettre aux femmes mariées de conserver leur nom de naissance.

Alors que chaque candidat a bénéficié d'un temps de parole jeudi au siège du PLD, son rival M. Ishiba a lui souligné les tensions régionales, faisant notamment référence au test de missile balistique effectué le matin même par la Corée du Nord.

"Ils ne font pas ça pour plaisanter", a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité de construire une organisation comme l'Otan en Asie de l'Est.

Dans ce pays qui n'a jamais eu de Première ministre, deux femmes se lancent aussi dans la course.

La ministre de la Sécurité économique Sanae Takaichi, âgée de 63 ans et qui représente l'aile très conservatrice du parti, s'est engagée "à faire du PLD un parti auquel les Japonais peuvent croire", après de récents scandales politico-financiers.

Egalement candidate, l'actuelle ministre des Affaires étrangères, Yoko Kamikawa, 71 ans, est considérée comme une dirigeante habile mais elle ne bénéficie que d'un soutien limité au sein du parti.

- Peu de conséquences -

M. Kishida, 67 ans, est en poste depuis octobre 2021. Il a vu sa cote de popularité minée par l'inflation qui fragilise le pouvoir d'achat des ménages et par des scandales politico-financiers qui ont ébranlé le PLD.

Durant son mandat, le dirigeant a pris résolument parti pour l'Ukraine après l'invasion russe et s'est efforcé, avec le soutien des Etats-Unis, de renforcer la politique de défense japonaise face à l'affirmation de la Chine dans la région Asie-Pacifique.

Au classement de la longévité en poste des 35 Premiers ministres depuis la Seconde guerre mondiale, M. Kishida arrive en huitième position.

Si le changement de dirigeant ne devrait pas avoir de conséquences majeures sur la politique actuelle du gouvernement, les médias locaux spéculent sur le fait que le futur chef du gouvernement pourrait convoquer des élections législatives anticipées peu après sa nomination.

"La plupart des candidats font de généreuses promesses de dépenses, tandis que certains s'opposent aux hausses d'impôts prévues", a déclaré l'analyste James Brady, vice-président de la société de conseil Teneo.

La quatrième économie mondiale peine à se remettre en marche après la période Covid, avec un PIB en faible hausse de 0,7% au deuxième trimestre 2024.


Après leur débat, Harris et Trump ratissent les Etats au coeur de leur duel

La vice-présidente des États-Unis et candidate démocrate à l'élection présidentielle Kamala Harris (à droite) serre la main de l'ancien président des États-Unis et candidat républicain à l'élection présidentielle Donald Trump lors d'un débat présidentiel au National Constitution Center à Philadelphie, en Pennsylvanie, le 10 septembre 2024. (AFP)
La vice-présidente des États-Unis et candidate démocrate à l'élection présidentielle Kamala Harris (à droite) serre la main de l'ancien président des États-Unis et candidat républicain à l'élection présidentielle Donald Trump lors d'un débat présidentiel au National Constitution Center à Philadelphie, en Pennsylvanie, le 10 septembre 2024. (AFP)
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  • Les deux candidats à la Maison Blanche repartent jeudi à la conquête de ces précieuses voix
  • Après une trêve éphémère pour honorer la mémoire des victimes des attentats du 11-Septembre, l'ancien président républicain organisera un meeting de campagne en début d'après-midi dans l'Arizona

WASHINGTON: Le débat entre Donald Trump et Kamala Harris peut-il faire basculer des électeurs dans la poignée d'Etats susceptibles de décider du vainqueur de la présidentielle? Les deux candidats à la Maison Blanche repartent jeudi à la conquête de ces précieuses voix.

Après une trêve éphémère pour honorer la mémoire des victimes des attentats du 11-Septembre, l'ancien président républicain organisera un meeting de campagne en début d'après-midi dans l'Arizona.

Cet Etat de l'Ouest américain fut l'un des plus disputés de la présidentielle de 2020 -- Joe Biden l'a emporté de 10.000 fois face à Donald Trump -- et promet cette année un résultat tout aussi serré.

Le candidat républicain doit prononcer un discours axé sur l'économie depuis Tucson, une ville universitaire à une centaine de kilomètres de la frontière avec le Mexique.

- 60 ans de débats -

Sa rivale démocrate sera au même moment à l'autre bout du pays, en Caroline du Nord. La vice-présidente compte sur les voix des Afro-Américains et des jeunes, remotivés par sa candidature, pour l'emporter face au milliardaire républicain dans cet Etat bordé par l'Atlantique.

Comme lors des deux précédentes présidentielles, celle de 2024 pourrait se jouer à quelques milliers de voix dans certains comtés stratégiques de six ou sept Etats pivots, en raison du mode de scrutin, l'élection se jouant au suffrage universel indirect.

C'est donc vers ces Etats, répartis à travers le pays et dont l'Arizona et la Caroline du Nord font partie, que Donald Trump et Kamala Harris vont concentrer leurs efforts de campagne et investir l'essentiel de leur trésor de guerre.

La quinquagénaire veut tout particulièrement capitaliser sur son débat de mardi face à Donald Trump, qu'elle a dominé d'après la plupart des commentateurs.

Mais cette confrontation, visionnée par plus de 67 millions de téléspectateurs peut-elle réellement faire la différence?

Si ces rendez-vous télévisés sont depuis plus de 60 ans des moments forts de la campagne électorale, leur impact sur le scrutin reste souvent limité.

A une exception notable: le débat en juin entre Joe Biden et Donald Trump qui a grandement précipité le retrait du président démocrate de la course - l'un des plus grands bouleversements politiques de l'histoire moderne.

- "Mémoire courte" -

"La mémoire des électeurs est courte", affirme Kyle Kondik, politologue à l'université de Virginie, dans une note. L'analyste assure qu'il reste suffisamment de temps d'ici l'élection du 5 novembre "pour que l'impact du débat - s'il y en a un - s'estompe".

Et à en croire les sondages, une immense majorité des électeurs ont déjà choisi leur camp pour le scrutin. Ils penchent dans d'égales proportions pour la démocrate et pour le républicain, si l'on en croit ces enquêtes d'opinion.

Une nouvelle confrontation télévisée entre les deux candidats à la présidentielle n'est toutefois pas à exclure: la candidate démocrate a mis son rival républicain au défi de débattre une deuxième fois.

Le tempétueux septuagénaire n'a pas formellement accepté cette proposition, assurant dans un premier temps qu'il ne voulait pas "refaire le match". Avant de laisser entendre qu'il pourrait changer d'avis si ce nouveau duel était organisé par Fox News, la chaîne préférée de la droite américaine.

Un échange entre leurs colistiers est lui prévu le 1er octobre, à New York.