Hafla, une célébration de la culture du Moyen-Orient chez Sotheby's à Londres

L'œuvre « Nineteen Seventy-Seven » de l'artiste saoudien Saeed Gamhawi fait partie de l'exposition « Hafla » de Sotheby's à Londres. (Photo fournie)
L'œuvre « Nineteen Seventy-Seven » de l'artiste saoudien Saeed Gamhawi fait partie de l'exposition « Hafla » de Sotheby's à Londres. (Photo fournie)
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Publié le Vendredi 16 août 2024

Hafla, une célébration de la culture du Moyen-Orient chez Sotheby's à Londres

  • Le dernier volet « Hafla » présente 28 œuvres calligraphiques et coraniques provenant de la collection familiale du pionnier de l'art islamique, Bachir Mohammed
  • L'exposition « Hafla » a été inaugurée au moment où le Royaume-Uni connaissait des troubles civils dus en grande partie à des groupes d'extrême droite attisant l'islamophobie

DUBAÏ: Tout au long du mois d'août, Sotheby's organise « Hafla », une série de ventes présentée comme « une célébration de l'art du Moyen-Orient ».

« Hafla comprend quatre expositions : Khamseen : 50 ans d'art visuel saoudien, Masarat al-Hibr : des œuvres coraniques et calligraphiques exceptionnelles de la collection de la famille Bachir Mohammed, Les bijoux consultatifs A2Z chez Sotheby's, ainsi qu’une collection exclusive de sacs à main aux motifs inspirés de l'Arabie saoudite.

« Khamseen, explique Alexandra Roy, responsable de la vente d'œuvres modernes et contemporaines pour le Moyen-Orient chez Sotheby's, est la composante la plus importante de ‘Hafla’. Elle a été organisée en collaboration avec la galerie Hafez de Djeddah et son fondateur, Qaswra Hafez. Elle comprend des peintures, des sculptures, des photographies, des gravures et des installations datant des années 1960 jusqu'à aujourd'hui. »

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Le Coran bleu exposé chez Sotheby's Londres dans le cadre de l'exposition «Hafla». (Photo fournie)

« Nous connaissons Qaswra Hafez depuis longtemps et cela fait un moment qu'il envisage de réaliser ce projet », explique Alexandra Roy. « C'est un projet qui n'a que trop tardé. Il y a eu des expositions extraordinaires à Londres sur la culture visuelle saoudienne et, bien sûr, beaucoup d’événements se tiennent actuellement au sein du Royaume. C'est formidable d’y prendre part. »

« Sotheby's a participé aux deux biennales d'art organisées en Arabie saoudite, et nous allons de l’avant », ajoute-t-elle. « Nous avons 60 artistes (représentés) et c'est la première fois que certaines œuvres sont exposées. Nous remontons jusqu'à 1965 environ. Ce n’était pas facile de trouver des œuvres aussi anciennes, mais nous voulions vraiment montrer les œuvres des pionniers. »

« En réalité, je ne connaissais que très peu parmi ces artistes, alors j'ai lu à leur sujet et c'est assez incroyable. Beaucoup d'entre eux ont bénéficié de bourses d'études à l'étranger et ont étudié en Italie, en France, avant de revenir et de se charger eux-mêmes de monter des expositions. Même après 1979, période durant laquelle le Royaume est devenu plus conservateur, les artistes ont continué à produire. Ils se soutenaient également les uns les autres. »

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Collection exclusive de sacs inspirés de l'Arabie saoudite par Asprey, présentée à l'exposition «Hafla». (Photo fournie)

L'exposition montre également, selon Alexandra Roy, comment les artistes actuels du Royaume « réagissent à la promotion dont ils bénéficient aujourd'hui à l’échelle mondiale ».
Toutefois, souligne-t-elle, Khamseen n'est qu'une exposition « introductive ». « Nous aurions pu aller beaucoup plus loin. J'espère qu'il s'agira d'un premier pas vers tant d'autres. »
On retrouve l’autre grande influence saoudienne dans la collection exclusive de sacs à main créée par la marque de luxe britannique Asprey en collaboration avec Nuun, la maison de joaillerie fondée par la princesse Nourah Alfaisal.

« Nous sommes en contact avec la princesse Nourah depuis plusieurs années. C'est une personnalité très intéressante qui a une grande variété de projets personnels », explique Sophie Stevens, directrice et spécialiste des bijoux pour la région Mena chez Sotheby's. « C'est une personne qui a beaucoup de talent et d'ambition. C’est une figure très, très importante de la scène culturelle saoudienne. Elle était très enthousiaste à l’idée de cette exposition, car il s'agit d'une excellente plateforme pour évoquer ces initiatives. Nous organisons plusieurs événements, conférences et initiatives éducatives avec elle pendant l'exposition Hafla. »

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Une paire de boucles d'oreilles de SABBA, qui fait partie de l'exposition A2Z Advisory Jewelry à Hafla. (Photo fournie)

« Au début de l'année, elle a travaillé en étroite collaboration avec Asprey, afin de créer cinq modèles pour leur sac pochette 1781 Asprey, en utilisant des textiles basés sur les cinq principales régions d'Arabie saoudite », poursuit Sophie Stevens. « Nous avons pensé que, dans le cadre de cette initiative sur le luxe, c'était parfait en termes de mélange entre l'héritage saoudien et l'une des plus anciennes maisons de luxe britanniques. »

L'autre volet de l'aspect luxe de « Hafla » est la collaboration avec A2Z, fondée en 2018 par Abdelrahman al-Zayani, que Stevens décrit comme le principal conseiller du Golfe en matière de bijoux et d'art.

« Nous reprenons l'espace du salon Sotheby's sur New Bond Street et nous allons exposer environ 140 pièces qui s'inspirent du design oriental ou qui s’y rapportent de quelconque manière », explique-t-elle. « Nous avons donc de superbes créations du siècle dernier – de superbes pièces Art déco, des pierres de couleur phénoménales, de superbes diamants – et nous avons aussi quelques-uns des plus grands créateurs contemporains du moment. C'est un excellent mélange. Nous organiserons également quelques conférences éducatives. Nous en organisons une avec (Al-Zayani), sur l'art de collectionner. Ce sera formidable d'explorer ce sujet avec lui. »

Le dernier volet « Hafla » présente 28 œuvres calligraphiques et coraniques provenant de la collection familiale du pionnier de l'art islamique, Bachir Mohammed.

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Firman avec tughra de Soliman le Magnifique (r. 1520-66), Turquie, Empire ottoman, daté de 973 H_1565 J.-C. (Photo fournie)

« Nous partons des premiers exemples de l'écriture du IXe siècle jusqu'aux itérations contemporaines du XXIe siècle », explique Frankie Keyworth, spécialiste de l'art islamique et indien. « Il s'agit d'un mélange de feuillets coraniques et de feuillets séculaires calligraphiées, afin de retracer l'évolution de l'écriture et la façon dont chaque région a créé sa propre identité en utilisant l'écriture dans certaines de ses œuvres. »

Keyworth considère deux œuvres comme particulièrement spéciales: un bifolio du célèbre Coran bleu et un firman (mandat) enluminé portant le tughra (monogramme calligraphique servant de signature officielle) de Soliman le Magnifique, datant de 1565.

En ce qui concerne le premier, M. Keyworth déclare : « Nous avons vu des feuillets individuels du (Coran bleu) vendus aux enchères ou exposés, mais il est vraiment passionnant d'avoir un bifolio, car cela permet de se rendre compte de son ampleur. »

Le firman, quant à lui, est décrit par Keyworth comme étant « si complexe, si finement enluminé. Vous voyez cette belle interaction – comment le monogramme calligraphié s'associe à la décoration pour créer cette œuvre d'art à part entière ».

L'exposition « Hafla » a été inaugurée au moment où le Royaume-Uni connaissait des troubles civils dus en grande partie à des groupes d'extrême droite attisant l'islamophobie. Bien que la série de ventes ait été planifiée longtemps à l'avance, le moment choisi pour présenter la culture du Moyen-Orient est particulièrement opportun.

« Je pense que c'est extrêmement important et que c'est un moyen très efficace de favoriser les échanges et la compréhension culturelle », déclare Stevens. « J'attends avec impatience l'aspect éducatif, car je pense qu'il permettra de mieux comprendre les choses. »

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Des luttes à l'innovation : Comment le calligraphe saoudien Abdulaziz Al-Rashedi a révolutionné l'écriture arabe

3punt 5. (Fourni)
3punt 5. (Fourni)
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  • « Je ressens une lumière sacrée dans les lettres », déclare Abdulaziz Al-Rashedi

DUBAÏ : La première passion du calligraphe saoudien et professeur d'arts Abdulaziz Al-Rashedi a toujours été le stylo. Son intérêt pour l'écriture a commencé à l'école primaire dans les années 1980, dans sa ville natale de Médine.

Al-Rashedi parle de tenir un stylo comme un musicien pourrait parler de son instrument. Aux yeux du calligraphe, l'écriture est un acte artistique, comme une danse, qui possède sa propre magie.

« Ce que j'aimais dans le stylo, c'était la façon dont l'encre en coulait », confie-t-il à Arab News. « Le stylo m'a conduit à mon amour pour la calligraphie arabe. »

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Al-Rashedi parle de la tenue d'un stylo comme un musicien parlerait de la tenue de son instrument. (Fourni)

Cependant, il a dû faire face aux défis posés par l'environnement social conservateur du Royaume dans les années 1980 et 1990.

« Les gens ne considéraient pas l'art comme quelque chose d'important. À cette époque, ils pensaient que l'art ne rapportait pas d'argent. Pour eux, c'était une perte de temps », explique-t-il. « Dans un tel environnement déprimant, je souffrais du manque d'intérêt des gens. Ils disaient que l'écriture me distrairait de mes études. Mais en réalité, cela m'encourageait à étudier. »

Son intérêt pour la calligraphie n'a pas échappé à tout le monde. Le père d'Al-Rashedi, aujourd'hui décédé, l'a toujours soutenu.  

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3punt 2. (Fourni)

« Il croyait en l'écriture et en sa préservation », déclare Al-Rashedi. « Il pensait que je faisais quelque chose d'important de ma vie, même si d'autres pensaient le contraire. Ils comparaient cela à des gribouillages. En réalité, je faisais de l'art tout seul. Aucun de mes amis ne partageait cet intérêt avec moi et il n'y avait aucun institut de calligraphie pour encourager ce talent. La situation était très difficile. »

Mais en 1993, Al-Rashedi a appris qu’il existait en effet un maître calligraphe saoudien vivant à Médine : Ahmad Dia. Ce dernier a gentiment accepté de lui enseigner les bases de la calligraphie arabe. Et, peut-être tout aussi important, il l’a fait dans sa maison, qu'Al-Rashedi compare à une école, un musée et un lieu de rencontre pour calligraphes.

« J'étais jeune, mais il me traitait comme un homme », se souvient l'artiste. « Pour nous, les calligraphes, il était comme un père spirituel, qui a planté en nous une graine de détermination. Il nous a toujours encouragés et ne nous a jamais réprimandés si notre écriture n'était pas parfaite. »

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3punt 4. (Fourni)

Al-Rashedi est resté en contact avec son mentor jusqu'à la mort de Dia en 2022, lors de la pandémie de COVID. « Lorsqu'il est mort, c'est comme si la lumière s'était éteinte », confie-t-il.

Al-Rashedi s'est également formé en recopiant les œuvres d'une autre figure importante : Hashem Al-Baghdadi, le calligraphe et éducateur irakien influent, qui a publié des ouvrages sur les règles de la calligraphie arabe. Al-Rashedi décrit l'époque avant les réseaux sociaux comme une « période véritablement sombre », où il n'y avait aucune opportunité d'organiser des expositions ou de partager son travail avec les autres.

« Les gens ne communiquaient pas entre eux. C’était une période qui manquait (d’opportunités) et même de bons matériaux, comme des stylos et du papier », se souvient-il.

Mais avec l’avènement des réseaux sociaux, notamment Facebook, et l’ouverture de quelques galeries d’art, dont Athr Gallery à Djeddah en 2009, les choses ont considérablement changé. Aujourd’hui, Al-Rashedi peut partager ses œuvres sur Instagram et d’autres plateformes, montrant les compétences qu’il a perfectionnées au cours de trois décennies de pratique.

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Sa fascination pour l'écriture a commencé à l'école primaire, dans les années 80, dans sa ville natale de Madinah. (Fourni)

La calligraphie arabe est une forme d’art respectée à l’échelle internationale, existant depuis des milliers d’années, utilisée dans les textes islamiques et présente sur des monuments à travers le monde. Quel est donc son secret de longévité ?

« Je me demande souvent pourquoi les courbes de la calligraphie arabe fascinent les gens depuis si longtemps, et je pense que cela a inévitablement un lien avec sa sainteté », explique-t-il. « Allah a été une source d’inspiration pour les calligraphes et leur innovation dans l’écriture. Je ressens une lumière sacrée dans les lettres de la calligraphie arabe. »

Mais Al-Rashedi pense également que, pendant de nombreuses années, la calligraphie est restée figée dans une ornière, sans être touchée par l’innovation ou la créativité modernes.

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3punt 6. (Fourni)

« Beaucoup de calligraphes ont littéralement affirmé que la calligraphie arabe avait atteint sa limite et que personne ne pouvait y ajouter quoi que ce soit de nouveau », dit-il. « Une telle idée est incorrecte. »

En effet, Al-Rashedi a inventé sa propre forme de calligraphie arabe, qu’il appelle « 3punt ». (Il explique que le nom fait référence à la taille des lettres, qui sont écrites à l’aide de trois stylos différents.)

« Cela repose sur l’idée de réduire l’épaisseur des lettres. Habituellement, un seul stylo est utilisé en calligraphie arabe. Mais j’ai découvert que l’épaisseur traditionnelle de l’écriture arabe et l’utilisation d’un seul stylo empêchent l’ajout de nouvelles formes d’écriture au système. »

Basée sur un ensemble de règles strictes, la calligraphie 3punt d’Al-Rashedi contient 55 « sous-types d’écriture », explique-t-il. Elle possède une légèreté et une élégance propres, avec des lignes fluides et soigneusement chorégraphiées en écriture arabe fine.

En fin de compte, Al-Rashedi estime que la calligraphie arabe est une question de liens.  

« Si nous regardons l’écriture latine ou chinoise, sur des lettres comme ‘n’, ‘e’ ou ‘r’, elles se composent de parties distinctes. Mais avec la calligraphie arabe, vous pouvez connecter six ou sept lettres d’un seul trait », dit-il. « Sans aucun doute, l’écriture arabe — en tant que forme d’art — est supérieure à d’autres types d’écriture. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Inauguration d'une exposition Christian Dior à Riyad

Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
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  • «Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite
  • L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit

RIYAD: Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du créateur de mode Christian Dior est désormais ouverte au Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année.

«Christian Dior: couturier du rêve», une exposition couvrant plus de 75 ans de créativité et de design, ainsi que les œuvres qu'il a inspirées, est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite.

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«Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite. (Photo fournie)

L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit spécialement conçu pour l'exposition par l'historienne de l'art Florence Muller et la scénographe Nathalie Crinière.

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L'exposition couvre plus de 75 ans de créativité et de design et le travail que Dior a inspiré. (Photo fournie)

Parmi les points forts de l'exposition figurent des hommages à certains des grands classiques de Dior, tels que Miss Dior et J'adore, ainsi qu'un hommage au sac Lady Dior, sous la forme du projet Dior Lady Art.

Faisal Bafarat, directeur général de l'Autorité générale pour le divertissement, a officiellement inauguré l'exposition mercredi. Les billets sont disponibles sur la plateforme WeBook.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diva libanaise Fairouz souffle ses 90 bougies

La diva libanaise Fairuz se produit lors d'un rare concert à Beyrouth le 7 octobre 2010. (AFP)
La diva libanaise Fairuz se produit lors d'un rare concert à Beyrouth le 7 octobre 2010. (AFP)
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  • Dernière légende vivante de la chanson arabe, Fairouz a soufflé jeudi ses 90 bougies alors que son pays, le Liban qu'elle a tant célébré, est plongé dans une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël
  • Les internautes ont enflammé la Toile en diffusant les chansons de la diva, rare symbole d'unité nationale dans le pays divisé, alors que les médias de tous bords lui rendaient hommage

BEYROUTH: Dernière légende vivante de la chanson arabe, Fairouz a soufflé jeudi ses 90 bougies alors que son pays, le Liban qu'elle a tant célébré, est plongé dans une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël.

Les internautes ont enflammé la Toile en diffusant les chansons de la diva, rare symbole d'unité nationale dans le pays divisé, alors que les médias de tous bords lui rendaient hommage.

En 2020, le président français Emmanuel Macron, en visite à Beyrouth, s'était rendu au domicile de Fairouz et l'avait décorée de la Légion d'honneur.

"A celle qui incarne l'âme de cette région avec dignité, un bel anniversaire", a-t-il écrit jeudi sur son compte Instagram.

"La voix de Fairouz est mon pays", a pour sa part écrit sur Facebook le célèbre compositeur libanais Marcel Khalifé.

Après s'être produite pendant plus d'un demi-siècle de Beyrouth à Las Vegas, en passant par Paris et Londres, la star n'apparait plus en public depuis plus d'une décennie.

"Quand vous regardez le Liban aujourd'hui, vous voyez qu'il ne ressemble aucunement au Liban que je chante", regrettait la diva dans une interview au New York Times en 1999, en allusion aux décennies de guerres et de destructions.

Au plus fort de la guerre civile, elle avait chanté "Je t'aime, Ö Liban, mon pays" ("Bhebbak ya Lebnane"), une chanson devenue iconique.

Fairouz a exalté son Liban natal mais également l'amour, la liberté et la Palestine.

Elle a donné vie aux paroles de grands poètes arabes --les Libanais Gibrane Khalil Gibrane, Saïd Akl ou l'Egyptien Ahmed Chawki--, tandis que ses chants patriotiques se sont incrustés dans la mémoire des Libanais et du reste du monde arabe.

Nouhad Haddad de son vrai nom, elle est née en 1934 dans une modeste famille chrétienne qui habitait le quartier de Zokak el-Blatt, visé lundi par une frappe israélienne.

Engagée à la radio, le compositeur Halim al-Roumi, impressionné, lui donne son surnom.

Dans les années 1950, elle épouse le compositeur Assi Rahbani qui, avec son frère Mansour, révolutionne la chanson et la musique arabe traditionnelles en mêlant morceaux classiques occidentaux, russes et latino-américains à des rythmes orientaux, sur une orchestration moderne.

C'est après ses premiers concerts au Festival international de Baalbeck, au milieu des ruines de ce site libanais antique près duquel s'abattent actuellement les bombes israéliennes, que la carrière de Fairouz s'envole.

Adulée par les aînés, elle devient l'icône des jeunes lorsque son fils Ziad, enfant terrible de la musique libanaise, lui composera des chansons influencées par des rythmes de jazz.