Royaume-Uni: un mois après son arrivée au pouvoir, Starmer face à sa première crise

Des policiers font la garde pendant une manifestation 'Assez, c’est assez' appelée par des militants d’extrême droite à Weymouth, Le 4 août 2024,  liés à la désinformation sur un massacre qui a tué trois jeunes filles  (Photo de JUSTIN TALLIS / AFP)
Des policiers font la garde pendant une manifestation 'Assez, c’est assez' appelée par des militants d’extrême droite à Weymouth, Le 4 août 2024, liés à la désinformation sur un massacre qui a tué trois jeunes filles (Photo de JUSTIN TALLIS / AFP)
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Publié le Lundi 05 août 2024

Royaume-Uni: un mois après son arrivée au pouvoir, Starmer face à sa première crise

  • Les violences ont débuté sur fond de fausses informations en ligne sur le profil du suspect, présenté comme un demandeur d'asile de confession musulmane.
  • Un message de fermeté lancé par celui qui pendant cinq ans a dirigé le parquet en Angleterre et au Pays de Galles, y compris pendant les émeutes qui ont secoué le pays en 2011.

LONDRES : Arrivé à Downing Street il y a tout juste un mois, le Premier ministre britannique Keir Starmer se trouve, après plusieurs jours de violents heurts imputés à l'extrême droite, confronté à sa première crise. Pour laquelle il semble taillé, tout du moins pour l'instant.

Le 5 juillet, le dirigeant travailliste de 61 ans prenait les rênes du pays. Lundi, il a présidé sa première réunion de crise, consacrée aux émeutes qui secouent plusieurs ville du pays après l'attaque dans laquelle trois fillettes ont été mortellement poignardées dans la ville de Southport (nord-ouest de l'Angleterre).

Les violences ont débuté sur fond de fausses informations en ligne sur le profil du suspect, présenté comme un demandeur d'asile de confession musulmane. L'adolescent de 17 ans est en réalité né à Cardiff, et est, selon la BBC, d'origine rwandaise.

Keir Starmer multiplie les interventions: conférence de presse jeudi, allocution télévisée dimanche et réunion de crise lundi, à l'issue de laquelle il a encore averti les émeutiers qu'ils subiraient "toute la force de la loi" avec des condamnations "rapides".

Un message de fermeté lancé par celui qui pendant cinq ans a dirigé le parquet en Angleterre et au Pays de Galles, y compris pendant les émeutes qui ont secoué le pays en 2011 après la mort d'un jeune homme métis, Mark Duggan, tué par la police.

Selon Steven Fielding, professeur de science politique à l'université de Nottingham, "d'une certaine manière, c'est la crise parfaite pour lui". Non pas que Keir Starmer l'ait souhaitée, mais selon l'universitaire, les thèmes de "la loi et l'ordre" siéent parfaitement au dirigeant travailliste.

Mais là où certains, à l'instar du député de la droite dure Nigel Farage, évoquent ceux qui prennent part aux heurts en "voulant établir un lien entre ce qu'ils font et la question de l'immigration", Keir Starmer s'attaque au problème "d'une manière très claire et implacable", analyse le politologue.

"Il le définit comme une question de loi et d'ordre plutôt qu'une question qui ait quoi que ce soit à voir avec l'immigration", souligne-t-il. Le propos du chef du gouvernement consiste à dire: "Quoi que vous pensiez, il n'y a aucune excuse pour ce genre de violences".

- Le "souffle" de Farage -

Les conservateurs, de leur côté, sont accusés y compris par une ancienne conseillère sous trois dirigeants tories, Sara Khan, d'avoir préparé par leur rhétorique répandant division et guerres culturelles un terrain favorable à la violence d'extrême droite.

Sur l'échiquier politique, relève le politologue, "ce sont eux qui sont le plus en difficulté car ils veulent être un parti de la loi et l'ordre, mais ils ont Nigel Farage (...) qui leur souffle sur le cou". Ce dernier, dont le parti a obtenu 14% des voix aux dernières législatives, "trouve des excuses aux gens qui descendent dans la rue", là où les conservateurs, qui pansent leurs blessures après la défaite électorale, semblent divisés sur la question.

Toujours est-il que Keir Starmer est attendu sur la manière dont il entend faire baisser l'immigration, comme il s'y est engagé pendant la campagne et sur la manière de lutter contre les discours haineux.

Fin juillet, il a lancé une agence gouvernementale destinée à améliorer la formation pour mieux répondre aux besoins du marché du travail afin de moins dépendre de l'immigration.

Le Guardian (gauche) souligne que M. Starmer a pris le parti de "condamner explicitement l'extrême droite" et condamner les violences comme "jamais acceptables". "Mais viendra bientôt peut-être un moment où il aura besoin de se confronter de manière plus forte à la rhétorique anti-migrants qui est derrière ces violences, qu'elle vienne des manifestants ou des responsables politiques", avertit le journal.

Le Times (centre-droit) note de son côté la nécessité d'exprimer un "patriotisme sain, optimiste pour contrebalancer la version plus sombre de l'English Defence League", groupuscule d'extrême droite mis en cause mais qui n'a plus vraiment d'existence structurée depuis des années.

"Pour le juriste Starmer, porter ce message sera peut-être plus dur que ses mesures judiciaires sévères", note le journal, "mais cela compte": "Dans les mois qui viennent, nous verrons quel genre de Premier ministre nous avons."


Ukraine : Zelensky accuse la Russie de violer le cessez-le-feu qu'elle a pourtant annoncé

Un couple passe devant des drapeaux et des portraits de soldats tombés au combat à un mémorial improvisé pour les combattants ukrainiens et étrangers tombés au combat, sur la place de l'Indépendance à Kiev, le 19 avril 2025,Le président russe Vladimir Poutine a annoncé samedi une trêve de Pâques dans le conflit en Ukraine, qui débutera ce soir et durera jusqu'au 20 avril 2025 à minuit. (Photo Sergei SUPINSKY / AFP)
Un couple passe devant des drapeaux et des portraits de soldats tombés au combat à un mémorial improvisé pour les combattants ukrainiens et étrangers tombés au combat, sur la place de l'Indépendance à Kiev, le 19 avril 2025,Le président russe Vladimir Poutine a annoncé samedi une trêve de Pâques dans le conflit en Ukraine, qui débutera ce soir et durera jusqu'au 20 avril 2025 à minuit. (Photo Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • « Guidée par des considérations humanitaires, la partie russe décrète une trêve de Pâques.
  • En fin de journée, Volodymyr Zelensky a toutefois assuré sur X que « des assauts russes se poursuivaient dans plusieurs secteurs du front », tandis qu'une alerte antiaérienne retentissait à Kiev. 

KIEV : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé samedi la Russie de violer le cessez-le-feu que Vladimir Poutine venait d'annoncer pour Pâques et que l'Ukraine s'était engagée à respecter, ce qui constituerait la pause la plus significative dans les combats depuis le début du conflit il y a trois ans.

« Guidée par des considérations humanitaires, la partie russe décrète une trêve de Pâques aujourd'hui, de 18 heures (15 heures GMT) à minuit entre dimanche et lundi (21 heures GMT dimanche). Je donne l'ordre de cesser toutes les hostilités pendant cette période », a déclaré le chef de l'État russe.

« Nous supposons que la partie ukrainienne suivra notre exemple », a-t-il ajouté, tout en demandant aux forces russes de se tenir prêtes à une « réponse immédiate et complète » en cas de « violations de la trêve ».

« Si la Russie est prête à vraiment s'engager, l'Ukraine fera de même », a écrit le président ukrainien sur X, ajoutant qu'il proposait « d'étendre le cessez-le-feu au-delà du 20 avril ».

En fin de journée, Volodymyr Zelensky a toutefois assuré sur X que « des assauts russes se poursuivaient dans plusieurs secteurs du front », tandis qu'une alerte antiaérienne retentissait à Kiev. 

Le gouverneur de la région de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, a pour sa part fait état d'attaques de drones russes au même moment.

« Les combats se poursuivent et les attaques russes continuent », a déclaré samedi soir le chef d'état-major de l'armée ukrainienne. « Dans certaines zones de la ligne de front, l'artillerie russe continue d'être entendue, malgré la promesse de silence du dirigeant russe. Des drones russes sont utilisés. »

« Poutine vient de faire des déclarations sur sa prétendue volonté de mettre fin aux hostilités. Nous savons que ses paroles ne sont pas dignes de confiance et nous examinerons les actes, pas les paroles », a mis en garde Andriy Sybiga, le ministre ukrainien des Affaires étrangères. 

Samedi, la Russie a par ailleurs annoncé avoir échangé 246 prisonniers de guerre ukrainiens contre le même nombre de prisonniers russes, ainsi que 31 blessés ukrainiens et 15 blessés russes.

Les Émirats arabes unis, médiateurs dans ce dossier, ont confirmé l'opération dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères publié samedi soir, saluant « le plus grand échange de prisonniers depuis le début de la guerre ».

La Pâques, l'une des plus importantes fêtes du calendrier chrétien qui commémore la résurrection du Christ, est célébrée cette année dimanche, à la même date par les catholiques et les orthodoxes.

Des tentatives d'instaurer un cessez-le-feu à cette occasion en Ukraine ont déjà eu lieu à deux reprises depuis le début du conflit en février 2022.

La trêve ordonnée samedi par M. Poutine intervient alors que les efforts de l'administration de Donald Trump pour trouver une issue au conflit en Ukraine semblent s'enliser ces derniers jours.

Par ailleurs, la Russie a revendiqué samedi avoir « libéré » 99,5 % de la région russe de Koursk, cible en août 2023 d'une offensive surprise des forces ukrainiennes.

Une telle progression replacerait à nouveau la totalité du front sur le sol ukrainien, ce qui renforcerait la confiance de la Russie.

À Moscou, Evgeniy Pavlov, 58 ans, a exprimé son scepticisme à l'égard de la trêve annoncée.

« Il ne faut pas donner de répit à l'Ukraine. Si nous insistons, cela signifie que nous devons aller jusqu'au bout », a-t-il dit à l'AFP.


Canada: participation élevée pour le vote anticipé

Un bénévole installe des panneaux de signalisation pour diriger les gens vers un bureau de vote lors du vote anticipé à Montréal, Québec, Canada, le 19 avril 2025. (Photo par ANDREJ IVANOV / AFP)
Un bénévole installe des panneaux de signalisation pour diriger les gens vers un bureau de vote lors du vote anticipé à Montréal, Québec, Canada, le 19 avril 2025. (Photo par ANDREJ IVANOV / AFP)
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  • Selon les données préliminaires d'Elections Canada envoyées à l'AFP, plus de 2 millions de Canadiens ont voté dès le premier jour du vote par anticipation vendredi, soit une augmentation de 36 % par rapport au même jour lors des élections de 2021.
  • Le pays est confronté à une crise sans précédent avec son voisin américain.

MONTREAL : L'organisme chargé des élections au Canada a noté samedi une participation anticipée élevée, qui témoigne d'un « engouement pour le vote » à une semaine d'un scrutin législatif dominé par les tensions avec le voisin américain.

Selon les données préliminaires d'Elections Canada envoyées à l'AFP, plus de 2 millions de Canadiens ont voté dès le premier jour du vote par anticipation vendredi, soit une augmentation de 36 % par rapport au même jour lors des élections de 2021.

Les électeurs canadiens peuvent voter par anticipation jusqu'à lundi soir, avant le scrutin du 28 avril. Vendredi, de longues files d'attente se sont formées devant des bureaux de vote dans plusieurs grandes villes du pays et l'attente a duré jusqu'à deux heures, ont rapporté des superviseurs à l'AFP.

« C'est une élection particulière à cause de ce qui se passe avec les États-Unis », explique à l'AFP Josée Fournier, rencontrée devant un bureau de vote à Montréal samedi. 

Le pays est confronté à une crise sans précédent avec son voisin américain, et « c'est sérieux ce qui se passe », ajoute l'agent de ressources humaines de 60 ans, qui a hésité jusqu'au bout avant de faire son choix.

Raphaël Collomb, 35 ans, a suivi de très près la campagne en « lisant tout dans les médias et les programmes des candidats ». Son souhait ? « Que l'économie aille mieux et qu'il y ait plus de tranquillité pour tout le monde », dit-il à l'AFP.

Donald Trump multiplie les menaces douanières et les attaques contre la souveraineté du pays, ce qui incite de nombreux électeurs canadiens à voter pour le parti perçu comme le plus apte à faire face au président américain.

Selon les derniers sondages, les Libéraux du Premier ministre sortant Mark Carney recueillent environ 44 % des voix, contre 38 % pour les conservateurs. Viennent ensuite le Nouveau parti démocratique (NPD, gauche) avec 8 % des intentions de vote, puis le Bloc québécois (parti indépendantiste qui ne présente des candidats qu'au Québec) avec 5 %.  


Des milliers d'Américains manifestent contre Trump

Une personne crie à côté d'une image du président Donald Trump alors que des gens participent à une manifestation organisée pour « Protéger les migrants, protéger la planète » le 19 avril 2025 à New York. Les organisateurs de la manifestation nationale ont déclaré que les manifestations visaient à dénoncer la « prise de contrôle hostile du gouvernement » par l'administration Trump. Adam Gray//Getty Images via AFP)
Une personne crie à côté d'une image du président Donald Trump alors que des gens participent à une manifestation organisée pour « Protéger les migrants, protéger la planète » le 19 avril 2025 à New York. Les organisateurs de la manifestation nationale ont déclaré que les manifestations visaient à dénoncer la « prise de contrôle hostile du gouvernement » par l'administration Trump. Adam Gray//Getty Images via AFP)
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  • Des milliers d'Américains sont descendus dans la rue samedi à New York et dans d'autres grandes villes du pays pour une deuxième journée de mobilisation anti-Trump en l'espace de deux semaines.
  • « Les immigrés sont les bienvenus ici », criaient les manifestants réunis devant la bibliothèque de la plus grande ville des États-Unis, à quelques encablures de la célèbre Trump Tower du milliardaire. 

NEW-YORK : Des milliers d'Américains sont descendus dans la rue samedi à New York et dans d'autres grandes villes du pays pour une deuxième journée de mobilisation anti-Trump en l'espace de deux semaines.

« Pas de roi en Amérique » ou « Résistons à la tyrannie » pouvait-on lire sur des pancartes lors de la manifestation new-yorkaise, à côté d'images du président américain affublé d'une moustache à la Hitler.

« La démocratie court un grand danger », a déclaré à l'AFP Kathy Valy, 73 ans, une descendante de survivants de la Shoah, qui affirme que ce que ses parents lui ont raconté à propos de la montée du nazisme dans les années 1930 « est en train de se passer ici ».

« La différence avec les autres fascistes (...) c'est que Trump est trop bête pour être efficace et que son équipe est divisée », se rassurait-elle.

Les manifestants ont particulièrement dénoncé la politique anti-immigration de la Maison Blanche, alors que la Cour suprême a suspendu les expulsions d'immigrés sur la base d'une loi de 1798 sur « les ennemis étrangers ».

« Les immigrés sont les bienvenus ici », criaient les manifestants réunis devant la bibliothèque de la plus grande ville des États-Unis, à quelques encablures de la célèbre Trump Tower du milliardaire. 

Des contestataires se sont aussi rassemblés devant la Maison Blanche à Washington, bien qu'en nombre apparemment inférieur à la précédente mobilisation du samedi 5 avril, qui avait réuni des dizaines de milliers de personnes.

Benjamin Douglas, 41 ans, a dénoncé : « L'administration Trump mène un assaut contre l'État de droit et le fait qu'il faut empêcher l'État d'empiéter sur les droits des gens qui vivent ici, aux États-Unis. »

M. Douglas, un Américain d'origine palestinienne portant un keffieh sur la tête, tenait une pancarte en soutien à Mahmoud Khalil, un étudiant arrêté le mois dernier à New York et menacé d'expulsion pour avoir organisé des manifestations contre la guerre à Gaza.

L'administration républicaine s'en prend à des personnes « afin de faire monter la xénophobie et d'éroder des protections juridiques bien établies », accuse-t-il. 

Des rassemblements ont également été signalés à l'extérieur de concessions Tesla, la marque automobile propriété d'Elon Musk, milliardaire chargé par Donald Trump de réformer en profondeur la fonction publique.

La mobilisation était organisée par un groupement baptisé 50501, en référence aux 50 États du pays et à l'objectif de 50 manifestations. L'ensemble de ces actions doit aboutir à un mouvement d'opposition unique au milliardaire républicain.

Le mouvement constitue « une réponse décentralisée et rapide aux actes anti-démocratiques et illégaux de l'administration Trump et de ses alliés ploutocrates », explique-t-il sur son site internet.

Selon cette organisation, quelque 400 manifestations étaient prévues dans la journée et 50501 a appelé des millions de personnes à descendre dans la rue.

Toutefois, il est difficile d'obtenir des chiffres précis, de nombreux services de police refusant de fournir des estimations.