TUNISIE: La Cour d'appel de Tunis a réduit à huit mois de prison la peine prononcée à l'encontre du chroniqueur Borhen Bssais, condamné en mai aux côtés d'un autre journaliste au nom d'un décret réprimant les "fausses nouvelles", a annoncé vendredi son avocat à l'AFP.
Le tribunal "a décidé de réduire la peine de (Borhen) Bssais de douze mois à huit mois", a déclaré Me Nizar Ayed.
M. Bssais, un présentateur célèbre de médias privés, et Mourad Zeghidi, un commentateur politique, avaient été condamnés le 22 mai à six mois de prison pour diffusion de "fausses nouvelles" dans des médias et sur les réseaux sociaux, et six mois supplémentaires pour "de fausses déclarations dans le but de diffamer autrui".
Ils avaient été interpellés le 11 mai pour des déclarations dans des émissions à la radio et à la télévision ainsi que des publications sur les réseaux sociaux, considérées comme critiques du pouvoir du président Kais Saied.
Selon son avocat, Borhen Bssais avait été condamné pour "atteinte au président à travers des émissions radio et des déclarations" sur internet entre 2019 et 2022. "Je suis un animateur donc je dois présenter toutes les opinions quelles que soient leurs orientations", s'était-il défendu à son procès.
M. Saied, élu démocratiquement en 2019 mais auteur d'un coup de force à l'été 2021 lui ayant permis d'accaparer tous les pouvoirs, a récemment annoncé qu'il comptait briguer un deuxième mandat lors de la présidentielle fixée au 6 octobre.
Des poursuites avaient été engagées à l'encontre des deux chroniqueurs en vertu du décret-loi 54, promulgué en 2022 par M. Saied, officiellement pour lutter contre les "fausses nouvelles" mais décrié pour une interprétation très large.
En un an et demi, plus de 60 personnes -- journalistes, avocats et opposants à M. Saied -- ont été poursuivies sur la base de ce texte.
A l'issue d'une visite de quatre jours à Tunis, la secrétaire générale de l'ONG Amnesty International Agnès Callamard, a dénoncé vendredi un "recul drastique" en matière de droits humains en Tunisie, et une "institution judiciaire mise à mal".
Elle a fustigé une multiplication des "arrestations et poursuites arbitraires touchant l'opposition, les journalistes, les militants, les avocats, les magistrats, les syndicalistes, les entrepreneurs, les fonctionnaires, les migrants".