Tunisie: réduction de peine à huit mois pour le chroniqueur Borhen Bssais

La Cour d'appel de Tunis a réduit à huit mois de prison la peine prononcée à l'encontre du chroniqueur Borhen Bssais, condamné en mai aux côtés d'un autre journaliste au nom d'un décret réprimant les "fausses nouvelles".
La Cour d'appel de Tunis a réduit à huit mois de prison la peine prononcée à l'encontre du chroniqueur Borhen Bssais, condamné en mai aux côtés d'un autre journaliste au nom d'un décret réprimant les "fausses nouvelles".
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Publié le Dimanche 28 juillet 2024

Tunisie: réduction de peine à huit mois pour le chroniqueur Borhen Bssais

  • M. Bssais, un présentateur célèbre de médias privés, et Mourad Zeghidi, un commentateur politique, avaient été condamnés le 22 mai à six mois de prison pour diffusion de "fausses nouvelles"
  • Ils avaient été interpellés le 11 mai pour des déclarations dans des émissions à la radio et à la télévision ainsi que des publications sur les réseaux sociaux, considérées comme critiques du pouvoir du président Kais Saied

TUNISIE: La Cour d'appel de Tunis a réduit à huit mois de prison la peine prononcée à l'encontre du chroniqueur Borhen Bssais, condamné en mai aux côtés d'un autre journaliste au nom d'un décret réprimant les "fausses nouvelles", a annoncé vendredi son avocat à l'AFP.

Le tribunal "a décidé de réduire la peine de (Borhen) Bssais de douze mois à huit mois", a déclaré Me Nizar Ayed.

M. Bssais, un présentateur célèbre de médias privés, et Mourad Zeghidi, un commentateur politique, avaient été condamnés le 22 mai à six mois de prison pour diffusion de "fausses nouvelles" dans des médias et sur les réseaux sociaux, et six mois supplémentaires pour "de fausses déclarations dans le but de diffamer autrui".

Ils avaient été interpellés le 11 mai pour des déclarations dans des émissions à la radio et à la télévision ainsi que des publications sur les réseaux sociaux, considérées comme critiques du pouvoir du président Kais Saied.

Selon son avocat, Borhen Bssais avait été condamné pour "atteinte au président à travers des émissions radio et des déclarations" sur internet entre 2019 et 2022. "Je suis un animateur donc je dois présenter toutes les opinions quelles que soient leurs orientations", s'était-il défendu à son procès.

M. Saied, élu démocratiquement en 2019 mais auteur d'un coup de force à l'été 2021 lui ayant permis d'accaparer tous les pouvoirs, a récemment annoncé qu'il comptait briguer un deuxième mandat lors de la présidentielle fixée au 6 octobre.

Des poursuites avaient été engagées à l'encontre des deux chroniqueurs en vertu du décret-loi 54, promulgué en 2022 par M. Saied, officiellement pour lutter contre les "fausses nouvelles" mais décrié pour une interprétation très large.

En un an et demi, plus de 60 personnes -- journalistes, avocats et opposants à M. Saied -- ont été poursuivies sur la base de ce texte.

A l'issue d'une visite de quatre jours à Tunis, la secrétaire générale de l'ONG Amnesty International Agnès Callamard, a dénoncé vendredi un "recul drastique" en matière de droits humains en Tunisie, et une "institution judiciaire mise à mal".

Elle a fustigé une multiplication des "arrestations et poursuites arbitraires touchant l'opposition, les journalistes, les militants, les avocats, les magistrats, les syndicalistes, les entrepreneurs, les fonctionnaires, les migrants".


Pourquoi Israël se concentre sur la frontière avec le Liban?

De la fumée s'échappe du site d'une frappe israélienne qui a ciblé la zone frontalière sud-libanaise de Bani Hayyan, le 19 septembre 2024. (Photo AFP)
De la fumée s'échappe du site d'une frappe israélienne qui a ciblé la zone frontalière sud-libanaise de Bani Hayyan, le 19 septembre 2024. (Photo AFP)
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  • L'Iran et le Hezbollah pro-iranien ont accusé Israël d'être à l'origine de ces explosions meurtrières d'appareils de radiomessagerie, mais aucun responsable israélien n'a jusqu'ici confirmé ou infirmé ces accusations.
  • Ces échanges d'hostilités ont fait des centaines de morts au Liban, pour la plupart des combattants, et des dizaines en Israël. Ils ont aussi contraint des dizaines de milliers de personnes des deux côtés de la frontière à fuir leur domicile.

JERUSALEM : Une vague d'explosions meurtrières visant des membres du Hezbollah s'est produite cette semaine au Liban, quelques jours seulement après l'annonce par Israël de son intention d'étendre à sa frontière nord avec le Liban la guerre menée actuellement contre le Hamas dans la bande de Gaza.

L'Iran et le Hezbollah pro-iranien ont accusé Israël d'être à l'origine de ces explosions meurtrières d'appareils de radiomessagerie, mais aucun responsable israélien n'a jusqu'ici confirmé ou infirmé ces accusations.

Ces événements ont augmenté la probabilité d'une guerre à grande échelle avec le Hezbollah.

Pourquoi maintenant?

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza le 7 octobre, Israël et le Hezbollah se livrent à des échanges de tirs quasi quotidiens, le mouvement islamiste libanais affirmant soutenir ainsi le Hamas, son allié palestinien.

Ces échanges d'hostilités ont fait des centaines de morts au Liban, pour la plupart des combattants, et des dizaines en Israël. Ils ont aussi contraint des dizaines de milliers de personnes des deux côtés de la frontière à fuir leur domicile.

Plusieurs membres du gouvernement israélien, à commencer par le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, ont souligné cette semaine l'importance pour les familles dans le nord d'Israël de pouvoir retourner chez elles.

"Nous utiliserons tous les moyens nécessaires pour rétablir la sécurité à notre frontière nord, de manière à ce que nos citoyens puissent rentrer chez eux en toute sécurité", a déclaré M. Netanyahu lors d'une visite dans le nord du pays.

Mais ce retour nécessite la paix dans le nord, ce qui est très peu probable à court terme, a déclaré Calev Ben-Dor, un ancien analyste au ministère israélien des Affaires étrangères.

"La logique initiale, partagée par Israël et l'administration (du président américain Joe) Biden, était qu'un cessez-le-feu à Gaza conduirait à la tranquillité dans le nord", a-t-il déclaré à l'AFP.

Toutefois, avec le temps, "les chances d'un cessez-le-feu à Gaza s'amenuisent", au moment même où "la plupart des objectifs militaires d'Israël à Gaza ont été atteints", ce qui laisserait à Israël une marge de manœuvre pour réaffecter ses unités.

Kobi Michael, analyste à l'Institut Misgav pour la sécurité nationale et la stratégie sioniste, estime lui aussi que l'armée israélienne peut aujourd'hui se permettre de redéployer ses effectifs.

"L'armée peut gérer la situation avec moins d'effectifs, et l'attention et la concentration peuvent ainsi se déplacer vers le nord", a-t-il déclaré à l'AFP.

Pour M. Michael, "l'idée que Israël ne puisse pas jouir de sa souveraineté sur les parties nord du pays est quelque chose qui ne peut pas être toléré".

Quels sont les objectifs?

La stratégie actuelle d'Israël reste une inconnue pour la plupart des analystes.

Les Etats-Unis, le plus proche allié d'Israël, et l'émissaire spécial du président américain, Amos Hochstein, en visite cette semaine en Israël, préfèrent une solution diplomatique qui permettrait le retour des Israéliens dans le nord du pays et éloignerait le Hezbollah et son important arsenal de roquettes.

"Ni la France ni les Etats-Unis ni même le gouvernement libanais ne semblent avoir d'influence sur le retrait du Hezbollah de la frontière et sur le respect de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies" appelant notamment à une cessation totale des hostilités, a déclaré M. Ben-Dor.

Pour M. Michael, les objectifs militaires israéliens seraient de chasser les combattants du Hezbollah de la zone située entre le fleuve Litani et la frontière israélo-libanaise à une trentaine de km, et d'empêcher leur retour.

Il a comparé la situation à l'occupation israélienne du sud du Liban pendant 18 ans, jusqu'en 2000, et dit s'attendre cette fois à une forme différente de "contrôle militaire sur le sud du Liban".

En l'absence d'accord, l'analyste a dit s'attendre à une invasion terrestre.

Quel soutien à la guerre?

"Les Israéliens pensent évidemment que le Hezbollah doit se retirer de la frontière, mais ils se disent aussi que la voie diplomatique ne fonctionnera peut-être pas", avance M. Ben-Dor.

"La principale difficulté du gouvernement (israélien) est qu'il n'a pas la confiance de l'opinion publique", ajoute-t-il.

Et pour M. Kobi, "l'électorat israélien soutient pleinement une guerre totale contre le Hezbollah".


Proche-Orient: les chefs de la diplomatie française et américaine appellent à la désescalade

Le ministre français sortant des Affaires étrangères et européennes, Stéphane Sejourne (à droite), serre la main du secrétaire d'État américain Antony Blinken au Quai d'Orsay (ministère français des Affaires étrangères), à Paris, le 19 septembre 2024. (Photo AFP)
Le ministre français sortant des Affaires étrangères et européennes, Stéphane Sejourne (à droite), serre la main du secrétaire d'État américain Antony Blinken au Quai d'Orsay (ministère français des Affaires étrangères), à Paris, le 19 septembre 2024. (Photo AFP)
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  • "Nous sommes coordonnés pour passer les messages de désescalade", a déclaré Stéphane Séjourné.
  • "Nous ne voulons voir aucune escalade de la part d'aucune partie qui rende la situation encore plus difficile", a souligné de son côté son homologue américain Antony Blinken.

PARIS : Les chefs de la diplomatie française et américaine ont appelé jeudi à Paris l'ensemble des parties "à la désescalade au Proche-Orient", se disant "très préoccupés" alors que les attaques visant le Hezbollah au Liban et attribuées à Israël exacerbent les craintes d'une guerre totale dans la région.

"Nous sommes coordonnés pour passer les messages de désescalade", a déclaré Stéphane Séjourné. "Nous ne voulons voir aucune escalade de la part d'aucune partie qui rende la situation encore plus difficile", a souligné de son côté son homologue américain Antony Blinken.

Ils ont insisté sur la nécessité de trouver une solution diplomatique à la guerre larvée à la frontière israélo-libanaise.

"Il y a un vrai problème qui doit être résolu en ce qui concerne le nord d'Israël et le sud du Liban", a ainsi réagi le secrétaire d'Etat américain tandis que son homologue français a estimé que "le Liban ne se remettrait pas d'une guerre totale".

Les explosions imputées par le Hezbollah à Israël, qui n'a pas démenti, se sont produites mardi et mercredi au moment où le chef de la diplomatie américaine se trouvait justement au Caire, pour discuter avec les autorités égyptiennes des négociations en vue d'une trêve dans la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.

Antony Blinken et Stéphane Séjourné ont par ailleurs évoqué la situation en Ukraine, assurant du soutien indéfectible des Etats-Unis et de la France au pays en guerre contre la Russie.

"Je suis mobilisé depuis maintenant des mois avec notre appareil diplomatique pour regarder comment éviter les contournements des sanctions, continuer à soutenir les Ukrainiens, et nous continuerons à soutenir l'Ukraine (...) jusqu'à ce que le conflit cesse, et jusqu'à ce que la Russie cesse son agression en Ukraine", a réagi le ministre français, qui vient d'être nommé commissaire européen.

Antony Blinken devait se rendre à l'Elysée pour y voir le président Emmanuel Macron.

Il reviendra ensuite au Quai d'Orsay pour un dîner avec Stéphane Séjourné ainsi que leurs homologues italien Antonio Tajani et britannique David Lammy. L'Allemande Annalena Baerbock sera, elle, représentée.


Blinken à Paris alors que les attaques au Liban font craindre l'embrasement

Le ministre français des Affaires étrangères et européennes sortant, Stéphane Sejourne (à droite), accueille le secrétaire d'État américain Antony Blinken au Quai d'Orsay (ministère français des Affaires étrangères), à Paris, le 19 septembre 2024. (Photo Alain JOCARD AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères et européennes sortant, Stéphane Sejourne (à droite), accueille le secrétaire d'État américain Antony Blinken au Quai d'Orsay (ministère français des Affaires étrangères), à Paris, le 19 septembre 2024. (Photo Alain JOCARD AFP)
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  • Washington a appelé toutes les parties à ne pas envenimer la situation déjà très tendue.
  • "La réunion se concentrera sur la crise au Moyen-Orient, avec une attention particulière sur l'état des négociations en cours sur le cessez-le-feu à Gaza et la situation au Liban.

PARIS : Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est arrivé jeudi à Paris pour participer à une réunion sur le Proche-Orient sous l'égide de la France, alors que les attaques visant le Hezbollah au Liban et attribuées à Israël exacerbent les craintes d'une guerre totale dans la région.

Washington, qui n'a pas explicitement condamné ces attaques par appareils électroniques interposés qui ont fait des dizaines de morts et des milliers de blessés, a appelé toutes les parties à ne pas envenimer la situation déjà très tendue, tout comme la France.

Mais les Etats-Unis se trouvent visiblement dans l'embarras alors qu'ils s'efforcent de relancer les négociations en vue d'une trêve dans la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.

Les explosions imputées par le Hezbollah à Israël, qui n'a pas démenti, se sont produites mardi et mercredi au moment où le chef de la diplomatie américaine se trouvait justement au Caire, pour discuter avec les autorités égyptiennes de ces négociations.

Antony Blinken, qui ne restera que quelques heures à Paris, doit faire le point de la situation auprès de ses homologues français Stéphane Séjourné, italien Antonio Tajani et britannique David Lammy, l'Allemande Annalena Baerbock se faisant représenter, a-t-on confirmé de sources diplomatiques.

Il doit aussi se rendre à l'Elysée pour y voir le président Emmanuel Macron.

"La réunion se concentrera sur la crise au Moyen-Orient, avec une attention particulière sur l'état des négociations en cours sur le cessez-le-feu à Gaza et la situation au Liban. La question du renforcement du soutien à l'Ukraine sera également abordée", avait indiqué mercredi soir le chef de la diplomatie italienne dans un communiqué confirmant sa participation.

Antony Blinken s'était rendu à Kiev la semaine dernière où il a rencontré le président Volodymyr Zelensky.

Quant à Gaza, les négociations sous l'égide des Etats-Unis, de l'Egypte et du Qatar autour d'un cessez-le-feu accompagné de la libération des otages encore retenus par le Hamas sont actuellement dans l'impasse, Israël et le mouvement islamiste palestinien se renvoyant la responsabilité de l'échec des tractations.

"Ce qui manque (…) c'est la volonté politique" de conclure, a déploré mercredi le chef de la diplomatie américaine au Caire. Selon lui, un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza permettrait aussi de réduire les tensions dans le nord d'Israël où se déplace le "centre de gravité" d'une guerre qui entrera le 7 octobre prochain dans sa deuxième année. Ce jour-là, le Hamas avait mené une attaque sans précédent contre Israël.