Moyen-Orient: «  acteur pertinent  », l'UE s'active pour l'après-guerre de Gaza

La guerre dans la bande de Gaza a beau saper les espoirs, ténus, d'une paix durable entre Israël et Palestiniens, l'envoyé spécial de l'Union européenne (UE) au Moyen-Orient reste déterminé à oeuvrer pour une solution à deux Etats, malgré la ferme opposition du gouvernement israélien. (AFP).
La guerre dans la bande de Gaza a beau saper les espoirs, ténus, d'une paix durable entre Israël et Palestiniens, l'envoyé spécial de l'Union européenne (UE) au Moyen-Orient reste déterminé à oeuvrer pour une solution à deux Etats, malgré la ferme opposition du gouvernement israélien. (AFP).
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Publié le Samedi 20 juillet 2024

Moyen-Orient: «  acteur pertinent  », l'UE s'active pour l'après-guerre de Gaza

  • Diplomate discret, M. Koopmans inscrit son action dans la ligne de la déclaration du Conseil européen sur le Moyen-Orient de 1980, dite de Venise, affirmant notamment "le droit à l'existence et à la sécurité de tous les Etats de la région"
  • Cette feuille de route se heurte aux entraves structurelles des Vingt-Sept en matière de diplomatie, en particulier la nécessité de trouver des consensus entre des gouvernements aux positions et intérêts différents

JERUSALEM: La guerre dans la bande de Gaza a beau saper les espoirs, ténus, d'une paix durable entre Israël et Palestiniens, l'envoyé spécial de l'Union européenne (UE) au Moyen-Orient reste déterminé à oeuvrer pour une solution à deux Etats, malgré la ferme opposition du gouvernement israélien.

Aujourd'hui, la "priorité" est d'"aider à mettre un terme aux souffrances à Gaza", tout en tentant d'éviter "une guerre régionale", qui gagnerait notamment le Liban, et de relancer le "processus de paix", détaille Sven Koopmans dans un entretien à l'AFP.

Diplomate discret, M. Koopmans inscrit son action dans la ligne de la déclaration du Conseil européen sur le Moyen-Orient de 1980, dite de Venise, affirmant notamment "le droit à l'existence et à la sécurité de tous les Etats de la région, y compris Israël" ainsi que "la reconnaissance des droits légitimes du peuple palestinien", notamment celui "à l'autodétermination".

Cette feuille de route se heurte aux entraves structurelles des Vingt-Sept en matière de diplomatie, en particulier la nécessité de trouver des consensus entre des gouvernements aux positions et intérêts différents.

Le grand écart entre le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, et des pays comme la Hongrie ou la République tchèque, témoigne de cette disparité. Le premier dénonce "des violations du droit international" par Israël dans la bande de Gaza, quand Budapest et Prague ont freiné les sanctions européennes contre des colons israéliens en Cisjordanie occupée.

Léger mouvement

En poste depuis 2021, l'envoyé spécial de l'UE affirme toutefois qu'en coulisses, Bruxelles est bien l'une des capitales où l'on s'active pour une sortie de crise, et que tous les Etats membres conviennent de la nécessité de la création d'un Etat palestinien.

L'UE est "le premier partenaire commercial des Israéliens, le plus important bailleur des Palestiniens", avance ce diplomate néerlandais.

"Nous sommes le voisin politique le plus important des deux parties. Bien sûr, nous ne sommes pas le partenaire le plus important sur les questions de sécurité, mais nous sommes un acteur important et pertinent".

Les reconnaissances en mai et juin de l'Etat de Palestine par trois membres de l'UE - Espagne, Irlande et Slovénie - peuvent selon lui "contribuer" à une solution diplomatique à un conflit vieux de plusieurs décennies.

"Il y a un léger mouvement général, qui fait que davantage d'Etats membres que par le passé disent qu'il n'est pas nécessaire" que cette reconnaissance "se fasse à la toute fin" d'un processus de paix, affirme M. Koopmans.

Les déclarations répétées du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et de membres de son gouvernement, affirmant une opposition ferme et de principe à la reconnaissance d'un Etat palestinien, ne le découragent pas.

M. Netanyahu "a un point de vue différent de celui d'une grande partie du reste du monde", note M. Koopmans. Le fait que "les uns ou les autres" rejettent une idée "ne veut pas dire qu'on devrait arrêter de travailler".

D'ailleurs, "je n'ai entendu personne s'opposant à la solution à deux Etats dire ce qu'il propose à la place", ajoute-t-il, s'exprimant avant l'adoption cette semaine par le Parlement israélien d'une résolution contre "la création d'un Etat palestinien".

Invitation à Israël

Pour évoquer l'après-guerre à Gaza, où le conflit a été déclenché par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, le 7 octobre, l'UE a reçu fin mai les ministres de plusieurs pays arabes, Arabie saoudite, Egypte, Emirats arabes unis, Jordanie, et Qatar.

Via le mécanisme PEGASE, mis en place en 2008, elle soutient l'Autorité palestinienne et lui a versé 25 millions d'euros début juin pour contribuer au paiement des salaires et retraites des fonctionnaires.

La Commission européenne a en outre annoncé samedi le déblocage d'un "soutien financier d'urgence" de 400 millions d'euros de subventions et prêts, à verser entre juillet et septembre "sous réserve de progrès dans la mise en œuvre du programme de réforme de l'Autorité palestinienne".

"L'UE veut voir l'Autorité palestinienne réussir" et "renforcer" le gouvernement siégeant à Ramallah afin qu'il "puisse gouverner à Gaza quand ce sera possible", affirme M. Koopmans.

Il qualifie d'"inacceptable" tout autant le blocage aux portes de la bande de Gaza des camions d'aide humanitaire que la colonisation israélienne et les violences qu'elle engendre en Cisjordanie occupée.

Pour discuter de la "situation à Gaza" et du "respect des droits humains", l'UE a envoyé début juin une invitation à Israël, qui a donné son accord à une rencontre, au deuxième semestre 2024, sous la présidence tournante du Conseil de l'UE par la Hongrie.

"Je suis certain que cette réunion donnera lieu à des discussions très approfondies sur ce que nous attendons de notre partenaire israélien", commente M. Koopmans.


Les Etats-Unis ont frappé des installations Houthies au Yémen à l'aide de bombardiers B-2

Un bombardier furtif B-2 survole le Washington Monument sur le National Mall, lors des célébrations de la fête de l'indépendance à Washington DC, le 4 juillet 2020. Le 16 octobre 2024, les États-Unis ont mené plusieurs frappes de bombardiers B-2 sur des installations de stockage d'armes dans des zones du Yémen contrôlées par les rebelles huthis soutenus par l'Iran, selon l'armée et le ministère de la défense américains. (AFP)
Un bombardier furtif B-2 survole le Washington Monument sur le National Mall, lors des célébrations de la fête de l'indépendance à Washington DC, le 4 juillet 2020. Le 16 octobre 2024, les États-Unis ont mené plusieurs frappes de bombardiers B-2 sur des installations de stockage d'armes dans des zones du Yémen contrôlées par les rebelles huthis soutenus par l'Iran, selon l'armée et le ministère de la défense américains. (AFP)
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  • Les Etats-Unis ont frappé cinq dépôts souterrains de munitions des rebelles Houthis au Yémen à l'aide de bombardiers stratégiques furtifs B-2
  • Il s'agit du premier emploi connu à ce jour de bombardiers B-2 par les forces américaines depuis le début de leurs frappes contre les Houthis

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont frappé cinq dépôts souterrains de munitions des rebelles Houthis au Yémen à l'aide de bombardiers stratégiques furtifs B-2, a annoncé mercredi soir le ministre de la Défense américain Lloyd Austin.

"Les forces américaines ont ciblé plusieurs installations souterraines des Houthis abritant plusieurs types d'armes que les Houthis ont utilisé pour cibler des navires civils et militaires dans toute la région", a indiqué M. Austin dans un communiqué.

Il s'agit du premier emploi connu à ce jour de bombardiers B-2 par les forces américaines depuis le début de leurs frappes contre les Houthis, un groupement soutenu par l'Iran.

"L'emploi de bombardiers furtifs à long rayon d'action B-2 Spirit de l'armée de l'air américaine prouve la capacité de frappe" américaine "à tout moment et en tout lieu", s'est félicité M. Austin, évoquant une "démonstration sans pareille".

Les Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, mènent depuis des mois des attaques contre Israël et les navires qui leur seraient liés, en affirmant agir en solidarité avec le mouvement islamiste palestinien Hamas, opposé à Israël dans la bande de Gaza depuis un an.

En réponse, les Etats-Unis et le Royaume-Uni procèdent régulièrement à des frappes contre des installations houthies, mais sans être parvenus à ce stade à anéantir la capacité opérationnelle du mouvement.


L'agence atomique iranienne juge « improbable » une attaque d'Israël sur des sites nucléaires.

Installations d'enrichissement atomique au centre de recherche nucléaire de Natanz, en Iran. (AFP/File)
Installations d'enrichissement atomique au centre de recherche nucléaire de Natanz, en Iran. (AFP/File)
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  • Mercredi, l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) a estimé qu'une éventuelle attaque israélienne contre ses installations nucléaires « ne réussirait pas »
  • Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé que son pays déciderait seul des éventuelles cibles à frapper en Iran

TEHERAN : Mercredi, l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) a estimé qu'une éventuelle attaque israélienne contre ses installations nucléaires « ne réussirait pas » ou ne causerait pas de « sérieux dommages », tout en jugeant un tel scénario « improbable ».

Ces déclarations interviennent sur fond d'escalade entre l'Iran et Israël. L'Iran a lancé le 1^(er) octobre quelque 200 missiles sur Israël, qui a juré d'y riposter.

« Il est très improbable » qu'une attaque se produise, a affirmé le porte-parole de l'OIEA, Behrouz Kamalvandi, dans une interview accordée à l'agence de presse iranienne Nournews, estimant qu'il s'agirait d'un acte « stupide ».

« Dans le cas d'une attaque sur un site clé, soyez sûrs, elle ne réussira pas » et il « est très peu probable qu'ils (Israël) nous causent de sérieux dommages », a-t-il ajouté, précisant que l'Iran serait en mesure de « rapidement compenser » tout dégât potentiel.

Les tirs de missiles du 1er octobre ont été présentés par l'Iran comme des représailles à l'assassinat en juillet à Téhéran du chef du Hamas palestinien, Ismaïl Haniyeh, imputé à Israël, et à celui de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah libanais pro-iranien, tué dans une frappe israélienne le 27 septembre près de Beyrouth.

Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé que son pays déciderait seul des éventuelles cibles à frapper en Iran, malgré les appels du président américain Joe Biden à épargner les sites pétroliers et nucléaires.

« Toute attaque contre les infrastructures iraniennes entraînera une réponse plus forte », a mis en garde mardi le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, cité par la télévision d'État.


Des entreprises israéliennes interdites au salon Euro naval de novembre à Paris

Le porte-avions français Charles de Gaulle (Photo, AFP)
Le porte-avions français Charles de Gaulle (Photo, AFP)
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JERUSALEM : Mercredi, Israël a accusé le président Emmanuel Macron de faire « honte » à la France après la décision du gouvernement français d'interdire à des entreprises israéliennes d'exposer leurs matériels lors du salon de défense Euronaval début novembre, près de Paris.

« Les actes du président français Macron sont une honte pour la France et les valeurs du monde libre qu'il affirme vouloir protéger », a affirmé sur X le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant.

« La décision de discriminer une nouvelle fois l'industrie de la défense israélienne en France profite aux ennemis d'Israël en temps de guerre », a-t-il ajouté.

Il a également accusé M. Macron de vouloir « mettre en place un embargo sur les armes » après que le président français a appelé la semaine dernière à « cesser les exportations d'armes » utilisées par Israël à Gaza et au Liban.

La France « a adopté et ne cesse de mettre en œuvre une politique hostile envers Israël », a estimé le ministre israélien.

Les organisateurs du salon Euronaval, consacré au secteur naval de défense, avaient auparavant indiqué que celui-ci n'accueillerait ni stands ni matériels israéliens lors de sa prochaine édition, à la demande du gouvernement français.

« Le gouvernement français a fait part le mardi 15 octobre à Euronaval de sa décision de valider la participation des délégations israéliennes au salon Euronaval 2024, sans stands ni exposition de matériels », a précisé dans un communiqué l'organisation du salon, selon laquelle « sept entreprises israéliennes sont concernées par cette décision ».

- Le ton monte - 

« Conformément à la décision du gouvernement français, les entreprises et les ressortissants israéliens qui le souhaitent seront accueillis au salon selon les modalités précitées », a-t-on ajouté.

« Euronaval se prépare à accueillir chaque entreprise et chaque visiteur dans le respect des directives internationales et gouvernementales. Près de 500 entreprises et 22 000 visites sont attendues pour la 29^e édition du salon, du 4 au 7 novembre au Parc des expositions de Paris-Nord Villepinte (dans la banlieue nord de Paris), ont rappelé les organisateurs.

Fin mai, la présence des industriels israéliens de la défense au salon Eurosatory avait été annulée par décision du gouvernement, sur fond d'offensive israélienne dans la bande de Gaza. Cette décision avait ensuite été contredite par la justice.

La décision concernant Euronaval intervient dans un contexte où le ton est monté ces derniers jours entre Emmanuel Macron et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, alors que les opérations israéliennes se poursuivent à Gaza, un an après l'attaque meurtrière du groupe palestinien Hamas en Israël et contre le Hezbollah au Liban.

Le 5 octobre, M. Macron avait déjà estimé que « la priorité » pour un cessez-le-feu était « qu'on revienne à une solution politique, qu'on cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza ».

Ses déclarations avaient suscité la colère de M. Netanyahu, qui les avait qualifiées de « honte ».

Paris appelle avec insistance à un cessez-le-feu à la fois à Gaza et au Liban. Le pays dénonce les frappes israéliennes ainsi que les tirs israéliens jugés « délibérés » contre des positions des Casques bleus de la force de paix de l'ONU dans le sud du Liban (Finul), dont plusieurs ont été blessés.