Israël s'enfonce dans la bande de Gaza alors que le Hamas accuse Netanyahu de dresser de nouveaux "obstacles" à la conclusion d'un accord

Les habitants de Gaza ont déclaré que les chars avançaient depuis au moins trois directions et atteignaient le cœur de la ville de Gaza, soutenus par des tirs israéliens nourris depuis l'air et le sol. (Reuters)
Les habitants de Gaza ont déclaré que les chars avançaient depuis au moins trois directions et atteignaient le cœur de la ville de Gaza, soutenus par des tirs israéliens nourris depuis l'air et le sol. (Reuters)
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Publié le Mardi 09 juillet 2024

Israël s'enfonce dans la bande de Gaza alors que le Hamas accuse Netanyahu de dresser de nouveaux "obstacles" à la conclusion d'un accord

  • Offensives en cours à Daraj et Tuffah à l'est et à Tel Al-Hawa, Sabra et Rimal plus à l'ouest.
  • La poussée des blindés lourds intervient alors que l'Égypte, le Qatar et les États-Unis intensifient leurs efforts de médiation en vue d'un pacte de cessez-le-feu.

GAZA : Les forces israéliennes ont avancé plus profondément dans la plus grande ville de la bande de Gaza à la poursuite de militants qui s'y étaient regroupés, faisant fuir lundi des milliers de Palestiniens d'une zone ravagée au cours des premières semaines de la guerre qui dure depuis neuf mois.
Le Hamas a déclaré qu'il avait fait preuve de souplesse dans les pourparlers indirects sur un cessez-le-feu et la libération des otages et a accusé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de dresser des "obstacles", y compris la dernière escalade. L'incursion dans la ville de Gaza a eu lieu alors qu'Israël et le Hamas semblaient se rapprocher pour combler les lacunes des négociations.
Les troupes israéliennes ont de nouveau combattu les militants dans des zones qui, selon l'armée, avaient été largement nettoyées il y a plusieurs mois dans le nord de la bande de Gaza. L'armée a ordonné des évacuations avant les raids, mais les Palestiniens ont déclaré que personne ne se sentait en sécurité. La plupart des 2,3 millions d'habitants ont été déplacés, souvent à plusieurs reprises. Des centaines de milliers de personnes sont entassées dans des camps de tentes étouffants.
Israël a ordonné l'évacuation du nord de la bande de Gaza au cours des premières semaines de la guerre et a empêché la plupart des habitants d'y retourner. Mais des centaines de milliers de Palestiniens restent sur place, vivant dans des abris ou dans les décombres de leurs maisons.
"Nous avons fui dans l'obscurité au milieu des frappes intenses", a déclaré Sayeda Abdel-Baki, une mère de trois enfants qui s'était réfugiée chez des parents dans le quartier de Daraj. "C'est mon cinquième déplacement.
Les habitants ont fait état de tirs d'artillerie et de chars, ainsi que de frappes aériennes. Le ministère de la santé de Gaza, dont l'accès au nord est limité, n'a pas immédiatement fait état de victimes.
Israël a émis des ordres d'évacuation supplémentaires pour d'autres quartiers du centre de la ville de Gaza. L'armée a déclaré qu'elle disposait de renseignements montrant que des militants du Hamas et du groupe plus petit du Jihad islamique se trouvaient dans la zone, et a appelé les habitants à se diriger vers le sud, vers la ville de Deir Al-Balah.
Israël accuse le Hamas et d'autres militants de se cacher parmi les civils. À Shijaiyah, un quartier de la ville de Gaza qui a connu des semaines de combats, l'armée a déclaré que les troupes avaient effectué des raids et détruit des écoles et une clinique qui avaient été transformées en complexes militants.
La guerre a décimé de larges pans du paysage urbain et provoqué une catastrophe humanitaire.
Obstacles à un accord
Israël et le Hamas ne semblent pas avoir été aussi proches depuis des mois d'un accord de cessez-le-feu qui interromprait les combats en échange de la libération de dizaines d'otages capturés par le Hamas lors de l'attaque du 7 octobre qui a déclenché la guerre.
Le directeur de la CIA, William Burns, est retourné dans la région lundi pour des entretiens au Caire, selon la chaîne de télévision publique égyptienne Qahera TV, proche des services de sécurité. Une délégation israélienne se rendait également dans la capitale égyptienne, selon les médias israéliens.
Mais des obstacles subsistent, même après que le Hamas a accepté de céder sur sa principale exigence, à savoir qu'Israël s'engage à mettre fin à la guerre dans le cadre de tout accord. Des responsables ont déclaré à l'Associated Press que l'ampleur des destructions causées par l'offensive israélienne était un élément clé de ce changement.
Le Hamas souhaite toujours que les médiateurs garantissent que les négociations se concluent par un cessez-le-feu permanent, selon deux responsables au fait des négociations. Le projet actuel stipule que les médiateurs - les États-Unis, le Qatar et l'Égypte - "feront de leur mieux" pour que les négociations aboutissent à un accord de cessation de la guerre.
Israël a rejeté tout accord qui l'obligerait à mettre fin à la guerre avec le Hamas, une condition que M. Netanyahu a réitérée dimanche.
Le Hamas a déclaré dans un communiqué lundi qu'il "offrait de la flexibilité et de la positivité" pour faciliter un accord, alors que "Netanyahu met davantage d'obstacles sur la voie des négociations, intensifie son agression et ses crimes contre notre peuple et persiste dans ses tentatives de le déplacer de force afin de contrecarrer tous les efforts visant à parvenir à un accord".
Les deux responsables ont indiqué qu'il y avait également une impasse sur la question de savoir si le Hamas pouvait choisir les prisonniers célèbres détenus par Israël qu'il souhaite voir libérés en échange d'otages. Certains prisonniers ont été condamnés pour avoir tué des Israéliens, et Israël ne veut pas que le Hamas détermine qui sera libéré. Les responsables ont parlé sous le couvert de l'anonymat parce qu'ils n'étaient pas autorisés à discuter de ces discussions sensibles avec les médias.
Les bombardements éloignent les secouristes des corps
À l'intérieur de la bande de Gaza, les habitants ne voient pas la fin de leurs souffrances.
Maha Mahfouz a fui sa maison avec ses deux enfants et de nombreux voisins dans le quartier Zaytoun de la ville de Gaza. Elle a déclaré que leur zone n'était pas incluse dans les derniers ordres d'évacuation, mais "nous sommes paniqués parce que les bombardements et les tirs sont très proches de nous".
Fadel Naeem, directeur de l'hôpital Al-Ahli, a déclaré que les patients avaient fui l'établissement alors qu'il n'y avait pas d'ordre d'évacuation pour la zone environnante. Il a précisé que ceux qui se trouvaient dans un état critique avaient été évacués vers d'autres hôpitaux du nord de la bande de Gaza.
Marwan Al-Sultan, directeur de l'hôpital indonésien, a déclaré avoir reçu 80 patients et blessés d'Al-Ahli qui étaient entassés dans "tous les coins".
"De nombreux cas nécessitent des interventions chirurgicales urgentes. Beaucoup souffrent de tirs directs dans la tête et ont besoin de soins intensifs. Le carburant et les fournitures médicales s'amenuisent", a-t-il déclaré dans un message texte. Il a ajouté que l'hôpital avait également reçu 16 corps de personnes tuées lors de l'incursion israélienne, dont la moitié étaient des femmes et des enfants.
Mahmoud Bassal, porte-parole des secouristes de la défense civile, qui opèrent sous l'égide du gouvernement du Hamas, a déclaré que les quartiers de Tufah, Daraj et Shijaiyah étaient devenus inaccessibles en raison des bombardements israéliens. Dans un message vocal, il a indiqué que l'armée avait bombardé des maisons dans le quartier de Jaffa, à Gaza, et que les secouristes avaient "vu des personnes allongées sur le sol et n'avaient pas pu les récupérer".
La guerre a tué plus de 38 000 personnes à Gaza, selon le ministère de la santé, qui ne fait pas de distinction entre les combattants et les civils dans son décompte.
Le raid transfrontalier du Hamas du 7 octobre a tué 1 200 personnes dans le sud d'Israël, dont la plupart étaient des civils, selon les autorités israéliennes. Les militants ont pris environ 250 personnes en otage. Environ 120 d'entre elles sont toujours en captivité et un tiers serait mort.


Macron à Beyrouth: soutien ferme aux Libanais et leurs nouveaux dirigeants, pour une ère nouvelle

Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
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  • Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité
  • C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry

PARIS: En se rendant à Beyrouth, quelques jours après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la désignation du nouveau premier ministre Nawaf Salam, le président français Emmanuel Macron a voulu confirmer que la France se tient fermement aux côtés du Liban et des Libanais, dans cette nouvelle ère qui s’ouvre.

C’est une ère porteuse de grands espoirs, pour un pays qui semblait voué au chaos, à cause de l’ineptie de sa classe politique et de ses luttes internes. C’est ce qu’il a voulu constater par lui-même en allant au contact des nouveaux dirigeants et du peuple libanais.

Mais c’est également une ère de défis complexes et difficiles, tant le Liban est fragilisé au niveau de ses institutions, de son économie et de son tissu social par des pratiques mercantiles et communautaires, les ingérences externes, puis récemment une guerre avec Israël qui a laissé une partie de son territoire en lambeaux.

Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité et consolider son unité.

C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry.

S’exprimant devant les journalistes à la suite de son tête-à-tête avec Aoun au palais présidentiel de Baabda il a souligné que la souveraineté passe par le respect du cessez-le-feu instauré entre le Liban et Israël le 26 novembre dernier et qu’il a qualifié de «succès diplomatique historique qui a permis de sauver des vies». Avec pour effet la nécessité de consolider le mécanisme de surveillance dont la France fait partie.

Cela implique une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus.

 Soulignant que « des résultats ont été obtenus » à ce niveau, Macron a estimé qu’ils « doivent se fédérer, se confirmer dans la durée », avec « un retrait total des forces israéliennes, et un monopole total de l'armée libanaise sur les armes ».

C'est pourquoi ajoute Macron « nous soutenons, avec force la montée en puissance des forces armées libanaises et leur déploiement dans le sud du pays » tout en continuant à « consolider l'appui international en matière d'équipement de formation, et de soutien financier ».

Cet effort est soutenu par, la France à titre bilatéral et « je sais aussi que nos amis, l'arabie saoudite le Qatar les pays de la région sont prêts à faire davantage » ajoute-t-il, tout en travaillant « avec vous à la démarcation de la ligne bleue pour dégager une solution pérenne au bénéfice de la sécurité de tous ».

Macron a par ailleurs rappelé que cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban, et que le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, « constitue aussi un enjeu majeur ». 

L’autre pilier étant la prospérité au bénéfice de tous, il exprimé l’espoir d’une formation rapide du nouveau gouvernement pour mener à bien cette tâche et subvenir à l’urgence humanitaire qui n’est pas révolue.

La nécessité de réformer

La France assure t-il veille à ce que les engagements pris le 24 octobre à Paris soient tenus et qu'ils se traduisent matériellement au profit des populations déplacées par la guerre, Mais « au-delà des réponses d'urgence, la communauté internationale doit anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures des habitations détruites par la guerre, tout particulièrement au sud, où le million de déplacés libanais sont rentrés pour trouver leur maison et leur village réduits en cendres ».

À ce propos Macron a précisé qu’une conférence internationale pour la reconstruction se tiendra à Paris dans quelques semaines, lors d’une visite qu’effectuera le président libanais.

La prospérité suppose également des réformes, elles sont « attendues et connues » et s’adressant à Aoun dans des termes empreints d’une chaleur amicale « vous les portez, et vous les défendez », la réforme de la justice, la réforme bancaire, la réforme du marché de l'énergie, la lutte contre la corruption, « toutes ces réformes nécessaires, c'est le gouvernement à venir qui le portera, elles sont indissociables de cette reconstruction ». 

L'ensemble de ces points poursuit Macron doit servir le troisième objectif, « celui d'une nation libanaise, réconciliée et unie dans son pluralisme », car la plus grande des appartenances « est celle à une république qui croit dans l'universel, et d'un pluralisme qui respecte toutes les religions, toutes les communautés leur donnent à chacune sa place ».

Ce n'est que dans cette unité, assure-t-il dans « ce pluralisme réconcilié que le chemin est possible », rendant hommage au peuple libanais, aux milliers de victimes que le pays a déploré depuis le déclenchement de la guerre, « une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui par l'irresponsabilité de quelques uns ».

Avant sa rencontre avec Aoun au palais de Baabda Macron avait déposé une gerbe au monument du soldat inconnu, puis il s’est livré à un exercice qu’il affectionne particulièrement, en déambulant dans le quartier de Gemayzeh, qui avait été dévasté par l’explosion du port de Beyrouth en 2020

Évoluant au milieu d’une foule de libanais qui l’ont accueilli par des applaudissements chaleureux, il a siroté un café puis il a regardé des livres sur la reconstruction de ce quartier, qu’il avait visité juste au lendemain de l’explosion.

Il a échangé en toute spontanéité avec les personnes qui l’entouraient, il a fait des selfies, bu des jus de fruits, partagé une pizza en écoutant attentivement les personnes qui s'adressent à lui.

« Vous êtes adorable » lui lance une vieille dame, « aidez le Liban » lui demande un homme, une autre personne lui fait part de sa crainte d’une reprise de la guerre.

« Bon courage » et « garder le moral », assène le président français à ses interlocuteurs, avant de souligner que l’ère qui s’ouvre est une ère d’espoir où chacun a sa part à accomplir.

Macron avait commencé sa visite par une rencontre avec le premier ministre libanais en exercice Najib Mikati, et deux entretiens avec le chef d’état major de la FINUL, le général Jean-Jacques Fatinet, puis avec le commandant des opérations spéciales au sein du mécanisme de surveillance du cessez le feu le Général Jasper Jeffers et du représentant de la France au sein de ce mécanisme le général Guillaume Pin Hun.

 


Le procureur de la CPI, Karim Khan, rencontre le nouveau dirigeant syrien 

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  • Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire
  • M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion

DAMAS: Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a été reçu vendredi par le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir après la chute de Bachar al-Assad accusé de crimes durant la guerre civile, a indiqué l'agence de presse officielle Sana.

M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion.

Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire.

Le groupe islamiste de M. Chareh, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a mené une coalition qui a renversé Assad le 8 décembre, plus de 13 ans après la répression sanglante de manifestations anti-Assad ayant déclenché une guerre qui a fait plus de 500.000 morts.

Les nouvelles autorités ont promis de rendre justice aux victimes des atrocités commises durant les décennies de règne du clan Assad, s'engageant à juger les responsables impliqués dans la torture des détenus.

Elles ont exhorté la communauté internationale à leur remettre les personnes recherchées qui ont fui.

La CPI, basée à La Haye, n'a pas été en mesure d'enquêter sur la Syrie car le pays n'a jamais ratifié le Statut de Rome, son traité fondateur.

En 2014, la Russie et la Chine ont opposé leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité visant à renvoyer le dossier syrien devant la CPI.

 


Explosion au port de Beyrouth: le juge reprend ses enquêtes après deux ans de suspension

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
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  • M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires
  • La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar, chargé d'enquêter sur la  gigantesque explosion meurtrière au port de Beyrouth a repris ses investigations et engagé des poursuites contre dix nouvelles personnes jeudi, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale du Liban, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6.500.

M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires.

La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël et la chute de Bachar al-Assad en Syrie.

M. Aoun et M. Salam se sont engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire et à empêcher toute ingérence dans le travail du juge, dans un pays où la culture de l'impunité prévaut.

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes".

Il a précisé que les interrogatoires débuteront à partir du 7 février. Des séances d'interrogatoire sont également prévues en mars et avril avec d'autres inculpés, parmi lesquels des anciens ministres et députés.

Selon la même source, M. Bitar prévoit ensuite de clore l'enquête et de la transmettre au procureur général près la Cour de cassation pour qu'il examine l'affaire, en vue de formuler un acte d'accusation.

"Espoir" 

"Les promesses faites par le président et le Premier ministre, puis la reprise de l'enquête (...) aujourd'hui, nous donnent l'impression qu'il y a un espoir que les droits des victimes, pour lesquels nous n'avons cessé de lutter, ne seront pas oubliés", a déclaré à l'AFP Cécile Roukoz, l'une des avocates des familles des victimes, qui a perdu son frère dans l'explosion.

Jeudi, le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a appelé à la "reprise d'une enquête indépendante", insistant sur la nécessité que les responsables "rendent des comptes" et proposant l'aide de son Bureau à cette fin.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Un premier juge chargé en 2020 de l'enquête avait dû jeter l'éponge, après avoir inculpé l'ex-Premier ministre, Hassan Diab, et trois anciens ministres.

Tarek Bitar s'était à son tour attaqué à des responsables politiques, mais a été confronté aux mêmes obstacles et à une demande du Hezbollah qu'il soit démis de ses fonctions.

Il avait repris son travail à la surprise générale en janvier 2023, inculpant plusieurs personnalités de haut rang, avant d'être poursuivi pour insubordination par le procureur général, une première dans l'histoire du Liban.

Les proches de victimes et de nombreuses ONG internationales ont demandé à plusieurs reprises la formation d'une commission d'enquête internationale, mais s'étaient heurtés à un refus officiel du Liban.

Dans son premier discours mardi, M. Salam a dit qu'il ferait "tout son possible pour rendre justice aux victimes de l'explosion".