Macron pourrait endosser "l'alliance de toutes les droites", selon Mélenchon

Le fondateur du parti de gauche La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Melenchon s'exprime lors du dernier meeting de campagne du principal candidat de LFI aux élections européennes à Toulouse, dans le sud de la France, le 1er juin 2024, avant les prochaines élections européennes. (Photo: AFP)
Le fondateur du parti de gauche La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Melenchon s'exprime lors du dernier meeting de campagne du principal candidat de LFI aux élections européennes à Toulouse, dans le sud de la France, le 1er juin 2024, avant les prochaines élections européennes. (Photo: AFP)
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Publié le Vendredi 05 juillet 2024

Macron pourrait endosser "l'alliance de toutes les droites", selon Mélenchon

  • Si aucune majorité claire ne se dégageait après le deuxième tour dimanche soir, "ce qui se présentera, c'est l'alliance de toutes les droites", a prédit sur TF1 l'Insoumis qui plaide pour que son camp décroche "une majorité absolue"
  • M. Mélenchon a balayé la possibilité que ses partenaires de gauche puissent s'allier à M. Macron dans une grande coalition qui exclurait LFI

PARIS: Emmanuel Macron pourrait être contraint d'endosser "l'alliance de toutes les droites" s'il n'y avait pas de majorité absolue à l'Assemblée à l'issue des législatives, car "il en va de son siège" de président, a affirmé jeudi l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon.

Si aucune majorité claire ne se dégageait après le deuxième tour dimanche soir, "ce qui se présentera, c'est l'alliance de toutes les droites", a prédit sur TF1 l'Insoumis qui plaide pour que son camp décroche "une majorité absolue".

Cette alliance, qui serait composée de "macronistes, des LR et le RN", serait "possible parce qu'ils ont déjà beaucoup voté ensemble à l'Assemblée nationale", a-t-il ajouté, prenant l'exemple de "la loi immigration".

"Donc ils ont l'habitude de faire des choses ensemble et leur programme est assez voisin", a affirmé M. Mélenchon.

Selon le chef de file des Insoumis, Emmanuel Macron "va accepter l'alliance de toutes les droites parce qu'il en va de son siège". Car "s'il n'y a pas de majorité, la solution pour sortir de l'impasse c'est que lui il s'en aille. Ce qui est d'ailleurs assez normal. C'est lui qui est le responsable", a-t-il fait valoir.

Sans majorité, "il n'est pas vrai que le pays serait ingouvernable. Il ne l'est que si monsieur Macron décide qu'il doit le rester", a insisté M. Mélenchon, évoquant le précédent du président Alexandre Millerand qui a été contraint de démissionner en 1924 après l'avènement du cartel des gauches aux élections législatives.

L'ancien président François Hollande, interrogé sur LCI, est également revenu sur les cas où un président de la République n'a pas voulu "reconnaître le fait majoritaire", citant lui aussi Alexandre Millerand.

"Si nous étions dans ce cas de figure, ça voudrait dire que le président s'oppose au verdict du peuple. Je pense qu'il ne le fera pas. Il respectera parce que c'est la tradition républicaine (...) même si c'était le Rassemblement national, l'extrême droite, qui était majoritaire", a-t-il déclaré.

M. Mélenchon a balayé la possibilité que ses partenaires de gauche puissent s'allier à M. Macron dans une grande coalition qui exclurait LFI.

"Je ne crois pas qu'ils le feront", a-t-il dit, car "personne n'a envie de porter la chasuble du traître toute sa vie".


Législatives: construire une majorité relative va prendre "plusieurs semaines", assure Maillard (Renaissance)

Le nouveau député (MP) français du parti Renaissance Sylvain Maillard arrive pour une journée d’accueil à l’Assemblée nationale à Paris le 8 juillet 20 (AFP),
Le nouveau député (MP) français du parti Renaissance Sylvain Maillard arrive pour une journée d’accueil à l’Assemblée nationale à Paris le 8 juillet 20 (AFP),
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  • "Les Français ont choisi une Assemblée avec trois blocs de taille relativement comparable", a souligné le député, au lendemain du second tour des élections législatives.
  • "On n'a pas cette culture de la coalition en France. On a commencé les différents contacts. Il faut arrêter cette fadaise de croire que la gauche va construire une majorité", a-t-il poursuivi.

PARIS : "Trouver une coalition de majorité relative", qui n'inclura selon lui ni le RN ni LFI, "va prendre plusieurs semaines", a estimé lundi le député de Paris Sylvain Maillard (Renaissance) en arrivant à l'Assemblée nationale.

"Les Français ont choisi une Assemblée avec trois blocs de taille relativement comparable", a souligné le député, au lendemain du second tour des élections législatives, remportées par l'union de la gauche, devant le camp présidentiel et l'extrême droite et ses alliés.

"On doit construire une majorité, ça va être le travail des prochaines semaines pour trouver une coalition de majorité relative" sur "des items importants comme le pouvoir d'achat, la sécurité, avec tout l'arc républicain, pas LFI, pas le RN, tous les autres députés ont vocation à construire cette majorité relative. Ça va prendre plusieurs semaines", a poursuivi auprès de la presse l'ancien président du groupe Renaissance.

"On n'a pas cette culture de la coalition en France. On a commencé les différents contacts. Il faut arrêter cette fadaise de croire que la gauche va construire une majorité", a-t-il poursuivi.

"Ça ne durera pas deux jours, on a besoin de prendre du temps, il faut construire quelque chose de solide qui tienne les trois prochaines années", a-t-il encore dit.


Législatives: Le ministre français des Finances met en garde contre un risque de "crise financière" et de "déclin économique"

Le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire (AFP).
Le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire (AFP).
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  • "L'application du programme de rupture du Nouveau Front populaire", arrivé en tête des législatives, "détruirait les résultats de la politique que nous avons conduite depuis sept ans", estime sur X le ministre.
  • A l’issue du second tour des élections législatives dimanche, aucun camp ne semble en mesure de gouverner seul.

PARIS : Le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a mis en garde lundi contre le risque de "crise financière" et de "déclin économique de la France" que constituait selon lui "la nouvelle donne politique" issue des élections législatives dimanche, où aucun camp politique n'a réussi à dégager de majorité absolue.

"L'application du programme de rupture du Nouveau Front populaire", arrivé en tête des législatives, "détruirait les résultats de la politique que nous avons conduite depuis sept ans", estime sur X le ministre, en poste à Bercy depuis 2017 et l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron.

"Ce projet est exorbitant, inefficace et daté. Sa légitimité est faible et de circonstances. Il ne doit pas s’appliquer", juge le ministre de l'Economie.

A l’issue du second tour des élections législatives dimanche, aucun camp ne semble en mesure de gouverner seul: ni le Nouveau Front populaire (gauche, 190 sièges), ni le camp présidentiel (autour de 160 sièges), ni le RN et ses alliés (extrême droite plus de 140 sièges) n'ont obtenu la majorité absolue de 289 députés à l'Assemblée nationale.

Afin d'éviter le risque de "blocage" et de "crise de régime", Bruno Le Maire estime nécessaire d'"associer toutes les forces de la nation" pour "répondre sans délai" à la "colère et aux inquiétudes légitimes de nos concitoyens, notamment les 10 millions qui ont voté pour le Rassemblement national".

"Toutes les forces politiques qui croient dans l’économie de marché, dans le redressement des finances publiques, dans la transition énergétique, dans la construction européenne et dans le rétablissement sans faille de l’autorité de l’Etat doivent donc se dégager de leurs intérêts partisans", a appelé Bruno Le Maire.

"La place de la France au XXIème siècle se joue maintenant", ajoute-t-il.


Législatives: les quatre raisons qui ont tenu le Rassemblement national en échec

Le Premier ministre français Gabriel Attal prononce un discours à la suite des premiers résultats du deuxième tour des élections législatives françaises à Matignon à Paris le 7 juillet 2024. (AFP)
Le Premier ministre français Gabriel Attal prononce un discours à la suite des premiers résultats du deuxième tour des élections législatives françaises à Matignon à Paris le 7 juillet 2024. (AFP)
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  • sondage après sondage, c'est vers le camp du tout-sauf-RN que la dynamique a basculé, coupant net l'élan de l'extrême droite, jusqu'au résultat de dimanche soir.
  • Le député sortant Sébastien Chenu - réélu au premier tour - avait mis le feu au poudre en expliquant que les Français disposant d'une autres nationalité seraient exclus d'une liste d'emplois jugés sensibles.

PARIS : Front républicain, impréparation des candidats et dérapages en série: malgré un gain d'une cinquantaine de députés, le Rassemblement national apparaît comme le grand perdant des législatives, plombé par une campagne d'entre-deux-tours qui a viré au cauchemar.

- Seuls contre tous -

Auréolés de leur triomphe aux européennes puis au premier tour des législatives, les lepénistes entendaient s'appuyer sur leur dynamique d'une part, sur la désorganisation et les divergences stratégiques de leurs adversaires d'autre part, pour s'imposer au second.

Le RN pariait sur un scénario comparable à celui des précédentes législatives de 2022, lorsque la majorité macroniste s'était embourbée dans des (non-)consignes de vote illisibles entre les deux tours - 89 candidats RN avaient finalement été élus.

C'était sans compter sur la très forte participation, qui a permis la mise en place au second tour de centaines de triangulaires.

Paradoxalement, c'est cette configuration réputée favorable au RN - arrivé en tête dans une immense majorité de circonscriptions - qui a accéléré la constitution de "fronts républicains", dans une mouvement sans bavure  - ou presque - de la part de l'ensemble des forces politiques opposées à Jordan Bardella.

Face à l'hypothèse d'une majorité absolue des lepénistes à l'Assemblée, des dizaines de candidats de gauche (130) et macronistes (80) se sont désistés et ont permis d'ostraciser le parti à la flamme.

Et, sondage après sondage, c'est vers le camp du tout-sauf-RN que la dynamique a basculé, coupant net l'élan de l'extrême droite, jusqu'au résultat de dimanche soir.

-  Plafond de verre -

Le RN avait compté lors du premier tour ses bastions: une quarantaine de ses candidats avaient été élus dès le premier tour, dont Marine Le Pen, une première dans l'histoire du parti qui voulait y voir un présage heureux.

Las: les lepénistes ont à nouveau été confrontés à un plafond de verre, d'autant plus solide que sur 158 triangulaires, 149 ont été converties en duel. Et le parti d'extrême droite n'est parvenu à convaincre plus d'une moitié d'électeurs que dans 39 d'entre elles.

La contre-performance est d'autant plus amère pour le RN que la participation au second tour a été historiquement forte: le signe d'une mobilisation contre l'extrême droite, quand Jordan Bardella pariait au contraire sur le fait que les "fronts populaires" jugés "contre nature" nourriraient l'abstention.

- Brebis galeuses -

Dès le dépôt des candidatures, des dizaines de candidats RN ont été épinglés pour des propos litigieux publiés sur les réseaux sociaux, souvent à caractère raciste. Devant l'ampleur du phénomène, Jordan Bardella avait été obligé de reconnaître des "brebis galeuses" parmi ses prétendants députés, pas plus de cinq selon lui.

Anecdotique ou pas, l'affaire a remis en lumière les obsessions du parti d'extrême droite et de ses militants, à rebours de la stratégie de dédiabolisation chère à Marine Le Pen.

De même, les débats locaux d'entre-deux-tours ont jeté une lumière crue sur l'amateurisme de nombre de candidats et renvoyé les lepénistes à leur historique procès en incompétence.

- Binationaux -

Les troupes de Jordan Bardella ont trébuché sur la question de la binationalité, qu'elles ont pourtant elles-mêmes mis au cœur du débat public.

Le député sortant Sébastien Chenu - réélu au premier tour - avait mis le feu au poudre en expliquant que les Français disposant d'une autres nationalité seraient exclus d'une liste d'emplois jugés sensibles.

Interrogé dans la foulée, Jordan Bardella n'avait pas voulu déjuger M. Chenu, par ailleurs vice-président de l'Assemblée lors de la précédente législature.

Mais en voulant minimiser la portée de la mesure - "à peine quinze personnes" - ou en donnant des exemples - "un directeur de centrale nucléaire franco-russe" -, il a tout de même contribué à ce que le sujet s'impose au centre de la campagne. Pire: son ambiguïté a laissé penser que le RN opérait une distinction entre Français.

Jusqu'aux propos d'un haut cadre du parti, Roger Chudeau, sur la nomination de l'ancienne ministre socialiste de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, une "Franco-marocaine" dont la nomination fut une "erreur", estimait-il, en évoquant plus largement un risque de "double loyauté" des binationaux.