Elections britanniques: les travaillistes remportent la majorité absolue au Parlement

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Publié le Vendredi 05 juillet 2024

Elections britanniques: les travaillistes remportent la majorité absolue au Parlement

  • Le parti devra faire face à un électorat blasé et impatient de changement, dans un contexte sombre de malaise économique, de méfiance croissante à l'égard des institutions et d'effritement du tissu social.

Le parti devra faire face à un électorat blasé et impatient de changement, dans un contexte sombre de malaise économique, de méfiance croissante à l'égard des institutions et d'effritement du tissu social.
Londres : Keir Starmer deviendra vendredi le nouveau Premier ministre britannique, après que son parti d'opposition de centre-gauche, le Labour, a remporté une victoire écrasante aux élections législatives, mettant fin à 14 ans de règne de la droite conservatrice.
"Le parti travailliste a remporté ces élections générales et j'ai appelé Sir Keir Starmer pour le féliciter de sa victoire", a déclaré Rishi Sunak, l'air sombre, après avoir été réélu à son siège.
"Aujourd'hui, le pouvoir va changer de mains de manière pacifique et ordonnée, avec la bonne volonté de toutes les parties", a ajouté le chef de file des conservateurs, qui a qualifié les résultats de "dégrisants" et a déclaré qu'il assumait la responsabilité de la défaite.
Lors d'un rassemblement triomphal du parti dans le centre de Londres, M. Starmer, âgé de 61 ans, a déclaré aux militants qui l'acclamaient que "le changement commence ici" et a promis une "décennie de renouveau national", plaçant "le pays en premier, le parti en second".
Il a toutefois prévenu que le changement ne se ferait pas du jour au lendemain, même si les travaillistes ont arraché un grand nombre de sièges aux conservateurs dans tout le pays, y compris ceux d'au moins huit membres du cabinet.
Le ministre de la défense, Grant Shapps, a été le plus grand perdant de la soirée, avec d'autres grands noms, dont la ministre de premier plan Penny Mordaunt et le principal partisan du Brexit, Jacob Rees-Mogg, qui ont également été battus.
Le ministre des finances Jeremy Hunt s'est accroché pour rester député, mais seulement avec 891 voix d'avance.
Les travaillistes ont dépassé les 326 sièges nécessaires pour obtenir une majorité globale dans le parlement de 650 sièges à 04h00 GMT, le résultat final étant attendu plus tard dans la matinée de vendredi.
Un sondage de sortie des urnes publié par les chaînes de télévision britanniques après la fermeture des bureaux de vote à 21h00 GMT jeudi a indiqué que le Labour était en passe de revenir au pouvoir pour la première fois depuis 2010, avec 410 sièges et une majorité de 170 sièges.
Les conservateurs n'obtiendraient que 131 sièges à la Chambre des communes - un record - le vote de droite étant apparemment complété par le parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui pourrait obtenir 13 sièges.
Les centristes bénéficieraient d'un autre coup de pouce : les libéraux-démocrates, plus petits partis d'opposition, obtiendraient 61 sièges, détrônant ainsi le Parti national écossais (10 sièges), qui deviendrait le troisième parti le plus important.
Les résultats globaux prévus confirment la tendance à la droitisation des plus proches alliés occidentaux de la Grande-Bretagne, avec l'extrême droite en France qui aspire au pouvoir et Donald Trump qui semble prêt à faire son retour aux États-Unis.
Les journaux britanniques se sont tous concentrés sur le retour imminent du parti travailliste au pouvoir pour la première fois depuis l'éviction de Gordon Brown par David Cameron en 2010.
"Keir We Go", titre le Daily Mirror, qui soutient les travaillistes. "La Grande-Bretagne voit rouge", a déclaré The Sun, l'influent tabloïd de Rupert Murdoch, qui s'est rangé derrière les travaillistes pour la première fois depuis 2005.
M. Sunak présentera sa démission au chef de l'État, le roi Charles III, qui demandera alors à M. Starmer, en tant que chef du plus grand parti au Parlement, de former un gouvernement.
Le pire résultat obtenu par les conservateurs lors d'élections précédentes est de 156 sièges, en 1906. L'ancien leader William Hague a déclaré à Times Radio que les projections seraient "un résultat catastrophique en termes historiques".
Mais Tim Bale, professeur de politique à l'université Queen Mary de Londres, a déclaré que ce résultat n'était "pas aussi catastrophique que certains le prédisaient" et que les conservateurs devraient maintenant décider de la meilleure façon de riposter.
L'ancienne ministre de l'intérieur de droite Suella Braverman et Mme Mordaunt, qui était chef de file de la Chambre des communes, ont toutes deux déclaré que les conservateurs avaient échoué parce qu'ils n'avaient pas écouté le peuple britannique.
Mais le champion du Brexit, M. Farage, qui a finalement réussi à devenir député à la huitième occasion, n'a jamais caché son intention de prendre le contrôle du parti.
"Il y a un énorme vide au centre-droit de la politique britannique et mon travail est de le combler", a-t-il déclaré après une victoire confortable à Clacton, dans l'est de l'Angleterre.
La résurgence du Labour est un revirement stupéfiant par rapport à il y a cinq ans, lorsque l'ancien dirigeant de gauche dure Jeremy Corbyn a conduit le parti à sa pire défaite depuis 1935, lors d'une élection dominée par le Brexit.
M. Starmer a pris ses fonctions au début de l'année 2020 et a entrepris de ramener le parti au centre, en le rendant plus éligible et en éliminant les querelles intestines et l'antisémitisme qui lui ont fait perdre des soutiens.
Les sondages d'opinion ont donné au parti travailliste une avance constante de 20 points sur les conservateurs au cours des deux dernières années, ce qui a donné un air d'inéluctabilité à la victoire du parti travailliste, la première depuis celle de Tony Blair en 2005.
M. Starmer est confronté à une liste de tâches impressionnante : croissance économique anémique, services publics débordés et sous-financés en raison de coupes sombres, ménages en difficulté financière.
Il a également promis un retour à l'intégrité politique, après une période chaotique marquée par cinq premiers ministres conservateurs, dont trois en quatre mois, par des scandales et par la corruption.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018. 


À un mois du vote, le nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney, est en tête

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'exprime lors d'une conférence de presse au port de Montréal, à Montréal, Canada, le 28 mars 2025.  (Photo ANDREJ IVANOV / AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'exprime lors d'une conférence de presse au port de Montréal, à Montréal, Canada, le 28 mars 2025. (Photo ANDREJ IVANOV / AFP)
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  • Le président américain, ses déclarations, sa personnalité et la menace qu'il fait peser sur l'économie et la souveraineté canadienne sont en effet le point central de cette campagne.
  • Selon tous les experts, la question que les Canadiens vont se poser au moment de déposer leur bulletin le 28 avril sera simple : qui de Mark Carney ou de Pierre Poilievre pourra le mieux affronter Donald Trump ces prochaines années ?

MONTREAL : À quatre semaines des élections législatives au Canada, le Premier ministre et candidat libéral Mark Carney est en tête des sondages devant le conservateur Pierre Poilievre. Il semble réussir son pari d'incarner, aux yeux des électeurs, la personne idéale pour faire face à Donald Trump.

Le président américain, ses déclarations, sa personnalité et la menace qu'il fait peser sur l'économie et la souveraineté canadienne sont en effet le point central de cette campagne.

Selon tous les experts, la question que les Canadiens vont se poser au moment de déposer leur bulletin le 28 avril sera simple : qui de Mark Carney ou de Pierre Poilievre pourra le mieux affronter Donald Trump ces prochaines années ?

« L'économie est le principal enjeu pour moi dans cette élection, ainsi que tout ce qui touche au libre-échange avec les États-Unis », raconte à l'AFP Carol Salemi, une électrice d'Ottawa.

« Nous avons besoin d'une véritable négociation sur le commerce avec eux et d'un dirigeant fort pour le faire », ajoute-t-elle.

« Il nous faut quelqu'un de ferme face aux États-Unis. Il semble que tout le monde soit d'accord sur ce point et c'est une bonne chose », renchérit Danielle Varga, 22 ans.

Et à ce jeu-là, il semble bien que, pour l'instant, la préférence des électeurs se porte sur Mark Carney. Ce novice en politique, qui a dirigé les banques centrales du Canada et de Grande-Bretagne, a remplacé Justin Trudeau mi-mars au poste de Premier ministre.

Après une semaine de campagne, il a complètement renversé la tendance des derniers mois : le dirigeant libéral de 60 ans est maintenant en tête dans tous les sondages et pourrait même être en mesure de former un gouvernement majoritaire. 

« C'est l'élection la plus importante de notre vie », a-t-il martelé samedi. « Elle est cruciale pour redéfinir notre relation avec les États-Unis, défendre le Canada et bâtir une économie forte et unifiée », a-t-il poursuivi devant des électeurs de sa circonscription à Ottawa.

La semaine dernière, il a dû interrompre sa campagne après l'annonce par Donald Trump de son intention d'imposer des droits de douane de 25 % sur les importations de voitures. Une mesure qui viendrait s'ajouter aux tarifs douaniers déjà appliqués par Washington sur l'acier et l'aluminium.

Dans la foulée, les deux hommes ont eu un appel qualifié d'« extrêmement constructif » par le président américain. Un changement de ton de sa part, qui n'est pas passé inaperçu au nord de la frontière. 

- « Période exceptionnelle » -

De son côté, le conservateur Pierre Poilievre, 45 ans, a lancé sa campagne en mettant l'accent sur des réductions d'impôts, l'amélioration de l'accès au logement et le développement des ressources naturelles pour contrer les pressions américaines.

Cet homme politique de carrière cherche à tordre le cou à l'idée qu'il serait proche du président américain, devenue un handicap dans le contexte actuel.

« Le président Trump veut voir les libéraux rester au pouvoir. Nous savons pourquoi : avec eux, le Canada est faible et ils laisseront nos investissements s'enfuir vers les États-Unis", a-t-il estimé dimanche.

Les autres partis, notamment le Nouveau parti démocratique (NPD) de Jagmeet Singh et le Bloc Québécois de Yves-François Blanchet, peinent à faire entendre leur voix en pleine crise nationale.

« C'est vraiment une période exceptionnelle », juge Geneviève Tellier, professeure de sciences politiques à Ottawa, qui estime que « le Canada est à la recherche d'un sauveur ».

Selon elle, le « discours ferme » de Mark Carney jeudi, expliquant que « les relations avec les États-Unis ne seraient plus jamais comme avant », parle aux électeurs.

Les Canadiens se tournent vers Mark Carney, car « ils veulent de la sécurité et une figure rassurante en temps de crise », renchérit Daniel Beland, de l'université McGill de Montréal.

Dans ce pays de 41 millions d'habitants, dont le chef d'État en titre est le roi d'Angleterre, 343 sièges sont à pourvoir lors de cette élection anticipée. Le parti qui obtiendra la majorité (donc au minimum 172 députés) formera le prochain gouvernement et son chef deviendra Premier ministre.