Législatives: Macron réunira le gouvernement lundi midi

Le président français Emmanuel Macron s'adresse à la presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 28 juin 2024. (Photo: AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse à la presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 28 juin 2024. (Photo: AFP)
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Publié le Samedi 29 juin 2024

Législatives: Macron réunira le gouvernement lundi midi

  • Gabriel Attal et les membres du gouvernement se retrouveront autour du chef de l'Etat, à six jours du second tour, alors que l'hypothèse d'une accession de l'extrême droite au pouvoir est sur la table
  • Emmanuel Macron n'a toujours pas publiquement tranché, mais semble se diriger vers un mot d'ordre "ni RN ni LFI", une position fustigée à gauche et critiquée jusque dans son propre camp

PARIS: Emmanuel Macron réunira le gouvernement lundi à 12H à l'Elysée, au lendemain du premier tour des législatives, a appris l'AFP de sources gouvernementales.

Gabriel Attal et les membres du gouvernement se retrouveront autour du chef de l'Etat, à six jours du second tour, alors que l'hypothèse d'une accession de l'extrême droite au pouvoir est sur la table.

Dans le camp présidentiel, l'un des enjeux de l'entre-deux-tours sera la question des consignes de vote face au RN et du désistement ou non des macronistes si un candidat d'un autre parti est mieux placé face à l'extrême droite en cas de triangulaires.

Emmanuel Macron n'a toujours pas publiquement tranché, mais semble se diriger vers un mot d'ordre "ni RN ni LFI", une position fustigée à gauche et critiquée jusque dans son propre camp.

Samedi, les électeurs de certains territoires se rendent déjà aux bureaux de vote pour le premier tour à Saint‑Pierre‑et‑Miquelon, aux Antilles, en Guyane, en Polynésie française ou ceux vivant sur le continent américain, avant le scrutin dimanche dans l'Hexagone.


Sous la présidence d'Emmanuel Macron, des crises à répétition

Le président français Emmanuel Macron et ses alliés ont entamé le 1er juillet 2024 une semaine de campagne intense en vue du second tour des élections législatives(Fournie)
Le président français Emmanuel Macron et ses alliés ont entamé le 1er juillet 2024 une semaine de campagne intense en vue du second tour des élections législatives(Fournie)
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  • Début 2023, le projet impopulaire du camp présidentiel de repousser de deux ans à 64 ans l'âge légal de départ à la retraite suscite une mobilisation de plus de trois mois,
  • Le 9 juin 2024, le Rassemblement national ressort en tête des européennes avec 31% des voix. Dans la foulée, le chef de l'Etat dissout, à la surprise générale, l'Assemblée nationale, convoquant des législatives anticipées.

PARIS : Le pari perdu d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale, aboutissant à un score historique du RN qui pourrait entrer à Matignon après le 7 juillet, s'inscrit dans une longue série de crises depuis son arrivée au pouvoir en 2017.

Voici les plus marquantes.

- Les Gilets Jaunes -

Cette mobilisation anti-gouvernementale, née sur les réseaux sociaux initialement contre la hausse des taxes sur les carburants, mobilise 282.000 personnes le 17 novembre 2018 à travers le pays. Les manifestants  occupent des rond-points et bloquent des routes.

Le mouvement atteint son paroxysme le 1er décembre avec le saccage de l'Arc de Triomphe.

Après plusieurs samedis de violence, Emmanuel Macron cède à certaines revendications: il fait marche arrière sur la hausse des taxes sur les carburants, les tarifs de l'électricité et du gaz sont gelés, le Smic est revalorisé.

Le mouvement, qui décroît à partir du printemps 2019, est marqué par 11 morts, 23 éborgnés et quelque 2.500 blessés parmi les manifestants ainsi que 1.800 blessés chez les forces de l'ordre.

- "Guerre" contre le Covid-19 -

L'épidémie mondiale de coronavirus arrive en France début 2020, tuant cette année-là presque 70.000 personnes et faisant tourner le pays au ralenti.

Le 17 mars, Emmanuel Macron décrète la "guerre sanitaire" et un premier confinement, alors que l'hôpital croule sous les cas.

Face aux variants successifs, l'exécutif impose des restrictions dans la vie quotidienne, comme le port du masque ou le pass sanitaire.

- Bras de fer sur les retraites -

Début 2023, le projet impopulaire du camp présidentiel de repousser de deux ans à 64 ans l'âge légal de départ à la retraite suscite une mobilisation de plus de trois mois, avec des cortèges dépassant trois fois 1,2 million de personnes, selon la police.

Des raffineries, transports, et ports sont bloqués. La grève des éboueurs transforme les trottoirs parisiens en poubelles à ciel ouvert. Le roi Charles III repousse même sa première visite officielle en France.

Le 16 mars, la Premier ministre Elisabeth Borne actionne le 49.3 pour adopter, sans vote, la loi, validée par le Conseil constitutionnel malgré les recours de la gauche et les tentatives de motions de censure, devenues fréquentes dans une Assemblée nationale où le président ne dispose que d'une majorité relative depuis sa réélection en 2022.

- Emeutes après la mort de Nahel -

Le 27 juin, des violences urbaines éclatent dans le pays après la mort de Nahel, un jeune de 17 ans tué par un tir policier lors d'un contrôle routier à Nanterre (Hauts-de-Seine). Un acte qualifié d'"inexcusable" et "inexplicable" par le chef de l'Etat.

Les émeutes mobilisent 45.000 policiers cinq nuits successives, avec près de 4.000 interpellés. Emmanuel Macron annonce un projet de "loi d'urgence" pour accélérer la reconstruction dans les villes touchées par les destructions.

Le policier accusé de la mort de l'adolescent est mis en examen pour homicide volontaire et écroué, puis remis en liberté sous contrôle judiciaire.

- Défaite aux européennes et dissolution surprise -

Le 9 juin 2024, le Rassemblement national ressort en tête des européennes avec 31% des voix. Dans la foulée, le chef de l'Etat dissout, à la surprise générale, l'Assemblée nationale, convoquant des législatives anticipées.

Le RN et la coalition de gauche Nouveau Front populaire ambitionnent d'accéder à Matignon.

- Score historique du RN au 1er tour des législatives -

Trois semaines plus tard, le 30 juin, le RN et ses alliés remportent plus d'un tiers des suffrages tandis que le parti à la flamme engrange 39 députés dès le premier tour. Le camp présidentiel confirme sa déroute des européennes, en troisième position.

Gauche et macronie appellent à des désistements au second tour qui se mettent en place cahin-caha pour tenter d'empêcher que l'extrême droite dispose d'une majorité absolue au soir du 7 juillet.


France : tractations politiques pour éviter une majorité absolue à l'extrême droite

Un journaliste tient des cartes marquées "Législatives 2024" lors de la soirée électorale du parti au pouvoir Renaissance alors que les résultats du premier tour des élections législatives sont attendus à Paris le 30 juin 2024.
Un journaliste tient des cartes marquées "Législatives 2024" lors de la soirée électorale du parti au pouvoir Renaissance alors que les résultats du premier tour des élections législatives sont attendus à Paris le 30 juin 2024.
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  • le Rassemblement national (RN, extrême droite) et ses alliés obtiennent leur meilleur score au premier tour d'un scrutin, avec 33,14% des suffrages et 10,6 millions de voix.
  • Cependant, le scénario d'une Assemblée nationale bloquée, sans alliances majoritaires envisageables parmi les trois blocs en présence, reste aussi une possibilité.

PARIS : Au lendemain du score sans précédent de l'extrême droite en France, la constitution d'un front républicain pour l'empêcher d'avoir une majorité absolue au second tour des législatives est au coeur d'intenses tractations politiques lundi, particulièrement dans le camp du président Macron, qui a du mal à adopter une position claire.

Entre consignes de vote et désistements de candidats, les manoeuvres s'intensifiaient lundi à l'issue d'un premier tour particulièrement scruté à l'étranger, et au cours duquel les Français ont massivement voté, avec un taux de participation de 66,71%.

Trois semaines après le séisme politique provoqué par le président Emmanuel Macron avec sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale, le Rassemblement national (RN, extrême droite) et ses alliés obtiennent leur meilleur score au premier tour d'un scrutin, avec 33,14% des suffrages et 10,6 millions de voix.

Ces élections suscitent l'intérêt -et souvent l'inquiétude- en Europe, où la France est un des piliers de l'UE. Le Premier ministre polonais Donald Tusk a évoqué lundi un "grand danger" pour la France et l'Europe. Le scrutin est également scruté par la Russie, qui a dit lundi suivre de "très près les élections en France".

Le RN a frappé un grand coup, en faisant élire 39 députés dès le premier tour, à commencer par sa figure de proue Marine Le Pen.

Le Nouveau Front populaire réunissant les formations de gauche a obtenu près de 27,99% des suffrages et compte déjà 32 élus.

Le camp présidentiel d'Emmanuel Macron confirme la déroute des européennes et arrive en troisième position avec seulement 20,04% des suffrages, en tête seulement dans 65 circonscriptions.

Le jeune président du RN, Jordan Bardella, 28 ans, a demandé aux Français de lui donner dimanche prochain une majorité absolue au second tour, qui sera "l'un des plus déterminants de toute l'histoire de la Ve République" française, fondée en 1958.

"Il nous faut une majorité absolue", a lancé de son côté Marine Le Pen.

Si Jordan Bardella devenait Premier ministre, ce serait la première fois qu'un gouvernement issu de l'extrême droite dirigerait la France depuis la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle un régime collaborationniste non élu avait été mis en place.

Le père de Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen, avait cofondé en 1972, avec deux anciens Waffen-SS, le Front national (devenu RN en 2018). M. Le Pen avait alors choisi le même emblème que celui du parti néo-fasciste italien: une flamme tricolore.

Obsédé par l'immigration et les juifs, Jean-Marie Le Pen a été condamné plusieurs fois pour ses dérapages.

- "Cacophonie" -

Alors que le traditionnel "front républicain" en France contre le RN apparaît moins systématique que par le passé, le parti est en mesure d'obtenir une forte majorité relative voire une majorité absolue, ce qui pourrait contraindre Emmanuel Macron à une cohabitation inédite et houleuse.

Cependant, le scénario d'une Assemblée nationale bloquée, sans alliances majoritaires envisageables parmi les trois blocs en présence, reste aussi une possibilité.

"Nous avons sept jours pour éviter à la France une catastrophe", a déclaré le député européen social-démocrate Raphaël Glucksmann, qui a appelé tous les candidats arrivés en troisième position à se désister au second tour.

Mais pour son allié de la gauche radicale La France insoumise (LFI), cela vaudra seulement là où le RN est "arrivé en tête", a précisé son chef de file Jean-Luc Mélenchon.

L'alliance de la gauche dénonce en tout cas la "cacophonie" au sein de la majorité présidentielle qui a du mal à exprimer une position unique sur le second tour.

Tout plutôt que le "projet funeste" du RN, c'est la ligne défendue par le Premier ministre Gabriel Attal, qui a lui aussi reconnu que "cela passera par le désistement de (ses) candidats" en "troisième position". Mais seulement pour avantager "un autre candidat qui défend les valeurs de la République", a-t-il ajouté.

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a de son côté appelé lundi à voter pour "le camp social-démocrate" qui n'inclut pas LFI, devenue un repoussoir pour certains électeurs de gauche et de droite.

La présidente sortante de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, appelle elle à une "grande coalition" comprenant aussi le parti de la droite traditionnelle (Les Républicains).

En l'état, les projections des instituts de sondage anticipent une large majorité relative d'au moins 240 sièges pour le RN, voire une courte majorité absolue jusqu'à 295 sièges sur 577 sièges.

Mais ces projections sont faites avant désistements. Car le résultat du scrutin se joue en grande partie d'ici à mardi 18H00, échéance fixée aux candidats pour décider de se maintenir ou de se retirer.

"Même si les électeurs ne suivent pas les consignes mécaniquement de leurs responsables politiques, on aura un effet qui jouera plutôt en défaveur du RN", a commenté le directeur général délégué de l'institut Ipsos Brice Teinturier.


Législatives: le RN et ses alliés en tête dans plus de la moitié des triangulaires potentielles

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Clé du second tour des législatives, 310 circonscriptions sont dans une situation potentielle de triangulaire - voire quandrangulaire - dont 161 où le Rassemblement national et ses alliés d'extrême droite sont arrivés en tête, ce qui devrait entraîner de nombreux désistements à gauche et dans le camp macroniste.

Le résultat du scrutin se joue en grande partie d'ici à mardi 18H00, échéance fixée aux candidats pour décider de se maintenir ou de se retirer.

En particulier dans les 305 circonscriptions où trois concurrents peuvent se maintenir, et les cinq autres où quatre prétendants sont qualifiés.

Or dans plus de la moitié de ces territoires, l'extrême droite s'est placée en première position, le plus souvent sous l'étiquette RN (134 candidats) et dans les autres cas d'un parti allié (27 candidats), selon un décompte de l'AFP à partir des chiffres du ministère de l'Intérieur.

Dans ce cas de figure, les consignes sont claires à gauche: les candidats du Nouveau Front populaire arrivés troisièmes sont censés se désister au profit du deuxième, quel que soit son profil.

Ce cas de figure concerne 90 circonscriptions, où la gauche devrait a priori s'effacer, dans la plupart des cas au profit de la coalition Ensemble pour la République (63) ou d'un candidat LR (14).

Mais dans 62 autres cas, le Nouveau Front populaire est sur la deuxième marche du podium, devant le camp macroniste. Dans cette configuration, la tendance est plutôt à un désistement des candidats Ensemble et Horizons concernés, mais la ligne n'est pas clairement arrêtée, en particulier si cela ouvre la voie à des duels entre RN et LFI.