Au Royaume-Uni, les travailleurs immigrés, coeur battant du système de santé

Des travailleurs de la santé tiennent des pancartes sur un piquet de grève devant l'hôpital St Thomas à Londres, le 6 février 2023, alors que le Royaume-Uni fait face à la plus grande série de grèves dans le secteur de la santé. (Photo: AFP)
Des travailleurs de la santé tiennent des pancartes sur un piquet de grève devant l'hôpital St Thomas à Londres, le 6 février 2023, alors que le Royaume-Uni fait face à la plus grande série de grèves dans le secteur de la santé. (Photo: AFP)
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Publié le Vendredi 28 juin 2024

Au Royaume-Uni, les travailleurs immigrés, coeur battant du système de santé

  • A l'heure où les deux principaux partis en lice pour les législatives britanniques ont promis de faire baisser l'immigration, médecins, experts et une exposition mettent en avant le rôle souvent passé sous silence de ces travailleurs étrangers
  • "Il y a un déficit de formation, un manque de nouvelles recrues, et depuis la pandémie en particulier, des niveaux de stress élevés qui ont amené des gens à quitter" le NHS

LONDRES: Des services d'urgences aux magasins d'optique en passant par les laboratoires d'analyses, les travailleurs étrangers forment une grande partie des employés du secteur de la santé au Royaume-Uni et sont essentiels au NHS, le vénéré système de soins gratuit britannique.

A l'heure où les deux principaux partis en lice pour les législatives britanniques ont promis de faire baisser l'immigration, médecins, experts et une exposition mettent en avant le rôle souvent passé sous silence de ces travailleurs étrangers, et avertissent du risque de limiter leur arrivée.

Le NHS "est une énorme institution et emploie environ un travailleur sur dix au Royaume-Uni", dont environ un sur six est né hors du Royaume-Uni, remarque Matthew Plowright, directeur du Migration Museum.

Ce musée londonien abrite actuellement une exposition, "Heart of the nation" (le coeur de la nation), qui retrace le parcours de milliers de médecins ou infirmières venus des quatre coins du monde à travers les décennies depuis l'origine du NHS, en 1948.

A la création du service de santé, le pays manquait cruellement de soignants, dont beaucoup avaient fui un Royaume-Uni dévasté par la guerre pour bâtir une nouvelle vie aux Etats-Unis, au Canada ou en Australie. Les autorités se sont alors efforcées de recruter à l'étranger, notamment dans l'ancien empire britannique.

"Heart of the nation" rappelle par exemple la trajectoire de Ludwig Guttmann, neurochirurgien ayant fui l'Allemagne nazie et arrivé au Royaume-Uni en 1938 avant de soigner les blessés de guerre britanniques et de créer un ancêtre des jeux paralympiques.

Ou celle de l'infirmière Allison Williams, arrivée de Trinidad dans les années 60, qui raconte dans l'exposition la solitude des débuts en Angleterre, mais aussi l'amitié avec les autres infirmières, et la famille fondée avec un autre londonien d'origine caribéenne.

"Le Royaume-Uni est particulièrement dépendant des recrutements internationaux pour ses infirmières", constate Martyn Campbell, responsable des politiques internationales au syndicat sectoriel RCN, interrogé par l'AFP.

"Crise de main d'oeuvre"

Naomi Fulop, professeure de gestion des secteurs de la santé à l'université de Londres UCL, parle de son côté d'une "crise de main d'oeuvre" dans le secteur du soin à la personne.

"Il y a un déficit de formation, un manque de nouvelles recrues, et depuis la pandémie en particulier, des niveaux de stress élevés qui ont amené des gens à quitter" le NHS, poursuit-elle.

Sans oublier le Brexit, entré en vigueur en 2021, qui fait que "les travailleurs venant de l'Union européenne se sont raréfiés", ajoute Mme Fulop.

D'autres secteurs font face aux mêmes déficits de main d'oeuvre: le tourisme, la restauration et l'agriculture, notamment.

En pleine campagne des législatives, qui se tiennent le 4 juillet, le parti conservateur mené par le Premier ministre Rishi Sunak promet toutefois de diminuer de moitié l'immigration régulière dans le pays.

Le chef de l'opposition travailliste, Keir Starmer, bien placé pour remporter le scrutin selon les sondages, s'est lui aussi engagé à faire baisser l'immigration pendant la campagne, sans donner toutefois de chiffres.

Le professeur d'endocrinologie Parag Singhal, porte-parole du syndicat de médecins indiens britanniques Bapio, interrogé par l'AFP, relativise ces déclarations, parlant de "rhétorique politique" face à des besoins de main d'oeuvre qualifiée tels qu'il sera difficile de diminuer l'arrivée des travailleurs internationaux.

D'autant que "dans l'ensemble le Royaume-Uni réussit l'intégration" de ses immigrés, note Christian Dustmann, professeur d'économie à l'université UCL.

Pour preuve de cette intégration, il pointe la classe politique et dirigeante: de l'actuel Premier ministre conservateur, Rishi Sunak, d'origine indienne, à d'anciens ministres des Finances comme Sajid Javid et Kwasi Kwarteng, eux aussi d'origine immigrée, "c'est assez unique comparé à d'autres pays européens, y compris la France ou l'Allemagne".


«Tout est sur la table »: le Canada se prépare à répondre aux menaces économiques de Trump

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'exprime lors d'une conférence de presse à Rideau Cottage à Ottawa, Canada, le 6 janvier 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'exprime lors d'une conférence de presse à Rideau Cottage à Ottawa, Canada, le 6 janvier 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants provinciaux ont déclaré mercredi que toutes les options étaient sur la table pour répondre à la possible augmentation des droits de douane par les Etats-Unis
  • Depuis que le président élu américain a annoncé son intention de faire passer les taxes douanières à 25% avec ses voisins pour son retour à la Maison Blanche lundi prochain, le Canada cherche une parade

OTTAWA: Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants provinciaux ont déclaré mercredi que toutes les options étaient sur la table pour répondre à la possible augmentation des droits de douane par les Etats-Unis, tout en gardant l'espoir d'éviter une guerre commerciale.

Depuis que le président élu américain a annoncé son intention de faire passer les taxes douanières à 25% avec ses voisins pour son retour à la Maison Blanche lundi prochain, le Canada cherche une parade.

"Si l'administration américaine choisit de mettre en œuvre son augmentation des droits de douane, nous réagirons de manière ciblée, énergique et résolue", a expliqué Justin Trudeau.

"Tout est sur la table", a-t-il ajouté.

Selon une source gouvernementale à l'AFP, Ottawa réfléchit notamment à imposer des droits de douane plus élevés sur certains produits en acier, sur les céramiques telles que des toilettes et des éviers, de la verrerie et du jus d'orange de Floride.

Les dirigeants des provinces et de l'opposition ont également évoqué la possibilité de bloquer les exportations de pétrole, d'électricité et de minéraux critiques du Canada.

Mais la Première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, s'est désolidarisée de ses collègues sur ce point, refusant mercredi de signer le communiqué final de la réunion. Elle s'oppose à toute perturbation en matière d'exportations pétrolières: plus de trois millions de barils de pétrole sont expédiés quotidiennement depuis sa province vers les États-Unis.

"L'Alberta n'acceptera tout simplement pas de droits de douane sur l'exportation de notre énergie ou d'autres produits, et nous ne soutenons pas non plus une interdiction des exportations de ces mêmes produits", a-t-elle posté sur X.

A l'inverse, son homologue de l'Ontario, moteur économique du pays, préconise une réponse forte. "Je suis désolé mais lorsque quelqu'un attaque votre pays et tente de priver des gens de leurs moyens de subsistance, il faut se battre comme on ne l'a jamais fait auparavant", a déclaré Doug Ford.

Ce dernier a expliqué que 500.000 emplois seraient en danger dans sa province si Donald Trump augmentait les droits de douane à 25%.

Cette mesure serait catastrophique pour le Canada selon les experts. Les Etats-Unis en sont en effet le premier partenaire commercial et la destination de 75% de ses exportations. Près de 2 millions de personnes au Canada en dépendent, sur une population de 41 millions d'habitants.


Le secrétaire d'État désigné par Trump appelle à une « diplomatie audacieuse » pour mettre fin à la guerre en Ukraine

Le sénateur américain Marco Rubio témoigne devant une audience du comité sénatorial des relations étrangères sur sa nomination à la fonction de secrétaire d’État, au Capitole de Washington, DC, le 15 janvier 2025. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
Le sénateur américain Marco Rubio témoigne devant une audience du comité sénatorial des relations étrangères sur sa nomination à la fonction de secrétaire d’État, au Capitole de Washington, DC, le 15 janvier 2025. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
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  • L'actuel sénateur républicain de Floride a affirmé que le principal problème de l'Ukraine n'était pas qu'elle soit « à court d'argent », mais plutôt « à court d'Ukrainiens ».
  • « La vérité, c'est que dans ce conflit, la Russie ne peut en aucun cas s'emparer de l'ensemble de l'Ukraine », a-t-il affirmé.

WASHINGTON : Marco Rubio, désigné secrétaire d'État par Donald Trump, a appelé mercredi à une « diplomatie audacieuse » des États-Unis pour mettre un terme à la guerre menée en Ukraine par la Russie.

« Cette guerre doit cesser, et cela devrait être la politique officielle des États-Unis que nous voulons qu'elle cesse », a déclaré le probable futur chef de la diplomatie américaine lors de son audition de confirmation au Sénat.

L'actuel sénateur républicain de Floride a affirmé que le principal problème de l'Ukraine n'était pas qu'elle soit « à court d'argent », mais plutôt « à court d'Ukrainiens ».

« La vérité, c'est que dans ce conflit, la Russie ne peut en aucun cas s'emparer de l'ensemble de l'Ukraine », a-t-il affirmé.

Mais « il est également irréaliste de croire qu'une nation de la taille de l'Ukraine, aussi compétente soit-elle (...), puisse repousser ces gens jusqu'à l'endroit où ils se trouvaient la veille de l'invasion » en 2022, a ajouté Marco Rubio.

Le 20 janvier, dès son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a promis de résoudre le conflit en « 24 heures », ce qui fait craindre à l'Ukraine d'être forcée à faire des concessions majeures en échange de la paix. Or, Moscou a gagné du terrain ces derniers mois, tandis que l'armée ukrainienne, épuisée, manque de moyens.

Mercredi, Marco Rubio a également affirmé que « le rôle des États-Unis et de l'OTAN au XXI^e siècle » devait être remis en question.

Tout en reconnaissant l'importance de l'Alliance atlantique pendant la Guerre froide, le sénateur a affirmé qu'il était important pour les États-Unis d'avoir « non seulement des alliés de défense », mais aussi « des alliés de défense compétents, capables de défendre leur région ».

Début janvier, Donald Trump avait déclaré que les pays de l'Otan devaient accroître leur budget de défense pour le porter à 5 % de leur PIB.

Le président élu ne cache pas son mépris pour l'Alliance atlantique, pilier de la sécurité en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Il avait notamment semé la panique durant la campagne électorale en menaçant de ne plus garantir la protection des pays de l'Otan face à la Russie tant que ceux-ci ne consacreraient pas un budget suffisant à leur défense.


L'UE appelle les 27 à scruter les investissements des entreprises à l'étranger pour endiguer les fuites de technologies

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  • La Commission européenne a recommandé aux États membres de l'UEd'examiner les risques d'investissements étrangers de leurs entreprises, craignant des fuites de technologies
  • Bruxelles recommande aux Vingt-Sept de « réexaminer » les « risques pour la sécurité économique » des transactions entre les entreprises européennes et celles de « pays tiers »

BRUXELLES : La Commission européenne a recommandé mercredi aux États membres de l'UE d'examiner les risques d'investissements étrangers de leurs entreprises, craignant des fuites de technologies dans trois secteurs clés : les semi-conducteurs, l'intelligence artificielle et le quantique.

Bruxelles recommande aux Vingt-Sept de « réexaminer » les « risques pour la sécurité économique » des transactions entre les entreprises européennes et celles de « pays tiers » dans ces trois domaines.

La Commission ne mentionne pas l'invasion russe en Ukraine, la concurrence de la Chine ou l'arrivée au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis, mais le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, évoque le contexte « géopolitique » et les « risques potentiels » qu'il peut entraîner.

« L'objectif est d'empêcher les investissements sortants de l'UE d'avoir une incidence négative sur la sécurité économique de l'Union en veillant à ce que des technologies et un savoir-faire essentiels ne tombent pas entre de mauvaises mains », a expliqué la Commission.

Le réexamen demandé par Bruxelles « doit durer 15 mois et couvrir les transactions en cours et passées, en remontant jusqu'au 1^(er) janvier 2021 ».

Les États membres sont invités à fournir un premier rapport d'avancement pour le 15 juillet, puis un rapport complet sur les risques identifiés pour le 31 mars 2026.

La souveraineté industrielle est au cœur du nouveau mandat de l'exécutif européen, dans le sillage du rapport de Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) et ancien Premier ministre italien, qui doit être publié en 2024.

L'Europe accuse un retard économique par rapport aux États-Unis et accroît sa dépendance envers la Chine, a-t-il mis en garde.