WASHINGTON: Deux astronautes américains sont revenus sains et saufs sur Terre dimanche à bord d'une capsule de SpaceX après deux mois dans l'espace, une mission de démonstration qui ouvre la voie à des vols habités réguliers avec ce nouveau véhicule spatial pour la Nasa.
"Bienvenue sur Terre, et merci d'avoir volé sur SpaceX", a annoncé le chef des opérations de SpaceX, Mike Heiman, aux astronautes, qui ont répondu qu'ils allaient bien. "C'était un honneur et un privilège", a dit le commandant Doug Hurley.
En moins d'une heure, à bord du Dragon de SpaceX, Doug Hurley et son coéquipier Bob Behnken sont passés d'une vitesse de 28.000 km/h en orbite à une vitesse de 24 km/h au moment de l'amerrissage au large de la Floride aux Etats-Unis, quatre grands parachutes s'étant ouverts comme prévu en fin de descente.
Leur capsule roussie par l'infernale rentrée atmosphérique a amerri au large de Pensacola dans le golfe du Mexique, site choisi pour éviter une tempête tropicale plus à l'Est.
De nombreux bateaux de plaisance un peu trop curieux, dont un battant un pavillon "Trump", se sont rapprochés et ont dû être éloignés à une distance sûre, avant que la capsule ne puisse être hissée sur le navire de récupération de SpaceX.
Une vidange de vapeurs toxiques émanant d'un réservoir de carburant de la capsule a retardé l'ouverture de l'écoutille, pour éviter un empoisonnement des hommes à leur sortie. Une heure et quart après leur amerrissage, "Bob" et "Doug", meilleurs amis dans la vie, ont finalement pu sortir, sur des civières vraisemblablement en raison de la nécessaire réadaptation à la gravité terrestre. Ils regagneront Houston par les airs dans la journée.
"Merci pour les étapes les plus difficiles, les parties les plus importantes des vols habités sont la mise en orbite et le retour à la maison en sécurité", a dit Bob Behnken en remerciant les équipes de SpaceX, avec qui il s'entraînait depuis cinq ans.
Ce n'est qu'après leur sortie confirmée de la capsule que le fondateur de la société, Elon Musk, s'est levé de sa console, dans la salle de contrôle de SpaceX près de Los Angeles, applaudissant un succès historique pour la société qu'il a fondée en 2002, et qui a battu Boeing dont la propre capsule ne sera pas prête avant l'an prochain au plus tôt.
L'aller-retour réussi vers la Station spatiale internationale (ISS) met fin au monopole russe pour l'accès à la station depuis que les Américains ont mis au garage leurs navettes spatiales, en juillet 2011.
La Nasa utilisera Dragon deux fois par an pour envoyer quatre astronautes à la fois, dont un Japonais lors de la prochaine mission en septembre, et l'Européen Thomas Pesquet au printemps 2021.
La Nasa cliente
La Nasa estime qu'une nouvelle "ère" s'ouvre car SpaceX va redonner aux Etats-Unis un accès à l'espace, moins cher que ses programmes précédents. Pour trois milliards accordés depuis 2011 dans le cadre d'un contrat à prix fixe, SpaceX a entièrement développé un nouveau taxi spatial et promis six allers-retours vers l'ISS. L'agence spatiale se voit désormais comme une cliente d'un dynamique secteur spatial privé.
Donald Trump avait assisté en personne au décollage le 30 mai depuis la Floride, et il a salué le retour des deux hommes dimanche sur Twitter.
Après deux mois dans l'ISS, et plusieurs sorties dans l'espace, les deux hommes ont quitté samedi la station autour de 23H34 GMT. Ils ont passé la nuit à bord, sans incident, puis ont enfilé leurs combinaisons spatiales pour la fin du voyage, phase la plus périlleuse car aucun sauvetage n'est possible si le bouclier thermique faillit, ou si les parachutes ne s'ouvrent pas.
La Nasa a changé le site de retour initialement prévu sur la côte Atlantique, en raison de la tempête tropicale Isaias, qui balaie la côte Est de la Floride.
La capsule, dont l'exemplaire présent avait été baptisé Endeavour, est réutilisable: elle sera réparées et inspectée afin de revoler pour la mission du printemps 2021, avec Thomas Pesquet à bord.