Libye: jadis fertile, une zone montagneuse en proie au dérèglement climatique

M'hamed Maakaf verse un bidon d'eau sur un figuier qu'il s'échine à maintenir en vie sur un plateau du Djebel Nefoussa, en Libye, où le dérèglement climatique pousse des villageois à abandonner leurs terres et élevages. (AFP).
M'hamed Maakaf verse un bidon d'eau sur un figuier qu'il s'échine à maintenir en vie sur un plateau du Djebel Nefoussa, en Libye, où le dérèglement climatique pousse des villageois à abandonner leurs terres et élevages. (AFP).
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Publié le Lundi 17 juin 2024

Libye: jadis fertile, une zone montagneuse en proie au dérèglement climatique

  • Les champs autour du village de Kabao étaient encore "verdoyants et prospères jusqu'au début du millénaire et les gens aimaient venir s'y promener"
  • Située à 200 kilomètres au sud-ouest de Tripoli, cette zone "très pluvieuse jusqu'à la décennie 1986-1996", était connue pour ses plantations d'oliviers, figuiers et amandiers

KABAO: M'hamed Maakaf verse un bidon d'eau sur un figuier qu'il s'échine à maintenir en vie sur un plateau du Djebel Nefoussa, en Libye, où le dérèglement climatique pousse des villageois à abandonner leurs terres et élevages.

Les champs autour du village de Kabao étaient encore "verdoyants et prospères jusqu'au début du millénaire et les gens aimaient venir s'y promener", explique à l'AFP cet agriculteur de 65 ans, en tunique et sarouel traditionnels blancs.

Située à 200 kilomètres au sud-ouest de Tripoli, cette zone "très pluvieuse jusqu'à la décennie 1986-1996", selon lui, était connue pour ses plantations d'oliviers, figuiers et amandiers.

Aujourd'hui, le spectacle est désolant: au milieu d'un désert rocailleux battu par le vent, les arbustes, souffrant du manque de pluies et de températures dépassant les normales saisonnières, peinent à produire des fruits ou sont complètement asséchés.

La Libye, dont plus de 90% de la superficie est désertique, est l'un des six pays les plus secs au monde, selon l'ONU, avec des précipitations annuelles tombées de 400 mm en 2019, à 200 mm sur le littoral et une demande en eau bien supérieure à la disponibilité.

Le Djebel Nefoussa, région montagneuse de l'ouest de la Libye, qui culmine à 968 mètres d'altitude abrite environ un demi-million de personnes sur une population de 7 millions.

Mélange de villages arabes et berbères, le massif et les plaines se vident progressivement de leurs agriculteurs, chassés par le stress hydrique qui s'est accentué ces dernières années.

« Exode »

"Il ne s'agit pas seulement d'une pénurie d'eau ou de cultures qui se meurent à cause de la sécheresse. Il y a une dimension démographique et humaine avec l'exode de centaines de familles vers la capitale et les villes côtières", déplore Mourad Makhlouf, maire de Kabao.

"La vie en montagne est désormais très exigeante et coûteuse", ajoute-t-il.

La plupart des éleveurs ont vendu leurs moutons ou chèvres pour éviter de les voir mourir.

"Comment peut-on supporter cette situation qui pousse les éleveurs à vendre leurs bêtes parce qu'elles leur coûtent (en eau et nourriture) le double de leur valeur?", explique Suleiman Mohamad, un fermier de Kabao, pour qui "vivre sans eau, c'est une mort certaine".

Sans pluie, les nappes phréatiques ne sont plus alimentées et la sécheresse détruit les oliveraies.

"Des milliers d'oliviers sont morts, certains hérités de nos aïeux et vieux de 200 ans", se désole M. Maakaf, devant un amas de troncs secs.

"Avec d'autres villageois, nous venons arroser nos parcelles deux à trois fois par semaine mais l'eau coûte cher", souligne le sexagénaire.

Un ballet incessant de camions-citernes, entre la station de pompage située dans la vallée et les villages des hauteurs, leur permet de tenir.

Grâce à des fonds publics, la municipalité vend de l'eau aux habitants à un prix subventionné de 25 dinars (environ 5 euros) par cargaison de 12.000 litres, c'est "l'une des solutions proposées avec les puits et les réservoirs", explique le maire.

Par contre, lorsque les convoyeurs sont des entrepreneurs privés, "le camion qui achemine l'eau sur 40 ou 50 km de distance, demande 150 à 160 dinars" (environ 30 euros) pour une cargaison, selon M'hamed Maakaf.

« Menaces émergentes »

Faute de pluies suffisantes, la manne précieuse provient de la Grande Rivière Artificielle, un projet pharaonique réalisé dans les années 80 sous le régime de Kadhafi, qui constitue aujourd'hui la principale source d'approvisionnement en eau en Libye.

Puisant l'eau fossile non renouvelable des nappes aquifères au coeur du désert dans le sud du pays, des tuyaux géants la transportent vers les villes et régions du nord, fournissant environ 60% des besoins du pays.

"Le manque d'eau est l'une des plus grandes menaces émergentes à laquelle fait face la Libye" qui doit "prendre des mesures pro-actives" contre la sécheresse, le risque de désertification et l'élévation du niveau de la mer, estime le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Si le pays nord-africain a signé la Convention de l'ONU sur les changements climatiques en 2015 et ratifié l'Accord de Paris sur le climat en 2021, il n'a présenté ni stratégie de réduction des risques, ni plan d'adaptation au changement climatique.

"La sécheresse ne concerne pas uniquement le Djebel Nefoussa mais tout le pays. La Libye a besoin d'un plan de secours (...) qui ne sera pas la solution à tout mais permettra de s'adapter", estime le maire de Kabao.


Le prince héritier d'Arabie saoudite invite les dirigeants du CCG, de la Jordanie et de l'Égypte à une réunion informelle

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman. (SPA)
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  • Cette rencontre informelle fait suite à des réunions similaires qui se tiennent périodiquement depuis de nombreuses années entre les dirigeants des pays du CCG, de la Jordanie et de l'Égypte
  • "L'action arabe commune et toute décision pertinente seront inscrites à l'ordre du jour du prochain sommet arabe extraordinaire, qui se tiendra en Égypte le 4 mars"

RIYADH : Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a invité les dirigeants des pays du Conseil de coopération du Golfe, de la Jordanie et de l'Égypte à une réunion vendredi à Riyad, a indiqué jeudi une source officielle.

Cette rencontre informelle fait suite à des réunions similaires qui se tiennent périodiquement depuis de nombreuses années entre les dirigeants des pays du CCG, de la Jordanie et de l'Égypte, renforçant ainsi la coopération et la coordination.

"L'action arabe commune et toute décision pertinente seront inscrites à l'ordre du jour du prochain sommet arabe extraordinaire, qui se tiendra en Égypte le 4 mars", a ajouté la source.


Syrie: sept civils tués dans une déflagration liée à des munitions non explosées

La guerre, déclenchée en 2011 par la répression des manifestations antigouvernementales, a fait plus de 500.000 morts et déplacé plusieurs millions de personnes.  Un million de munitions explosives ont été utilisées durant cette période, selon des estimations internationales reprises par Handicap international. (AFP)
La guerre, déclenchée en 2011 par la répression des manifestations antigouvernementales, a fait plus de 500.000 morts et déplacé plusieurs millions de personnes. Un million de munitions explosives ont été utilisées durant cette période, selon des estimations internationales reprises par Handicap international. (AFP)
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  • Un journaliste de l'AFP a vu des membres de la défense civile travailler à dégager les décombres et à extraire les victimes de la maison détruite
  • Mohammed Ibrahim, membre de la défense civile à Idleb, a déclaré qu'ils avaient reçu un signalement "d'une explosion d'origine inconnue à Nayrab. Lorsque les équipes se sont rendues sur place, elles ont trouvé des munitions non explosées"

AL-NAYRAB: Au moins sept civils ont été tués jeudi en Syrie dans une déflagration liée à des munitions non explosées éparpillées sur le territoire après la guerre civile, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

"Sept civils, dont une femme et un enfant, ont été tués lorsque des munitions stockées dans une maison ont explosé", dans la province d'Idleb (nord-ouest), a indiqué l'OSDH, précisant qu'il s'agissait d'un bilan provisoire.

La veille, l'ONG Handicap international (HI) a averti que deux tiers de la population syrienne étaient exposés aux 100.000 à 300.000 munitions non explosées.

Un journaliste de l'AFP a vu des membres de la défense civile travailler à dégager les décombres et à extraire les victimes de la maison détruite.

Mohammed Ibrahim, membre de la défense civile à Idleb, a déclaré qu'ils avaient reçu un signalement "d'une explosion d'origine inconnue à Nayrab. Lorsque les équipes se sont rendues sur place, elles ont trouvé des munitions non explosées".

Des habitants ont confié à l'AFP que le propriétaire avait stocké les munitions à proximité de la maison. Selon l'OSDH, il s'agit d'un ferrailleur qui collectait des munitions non explosées pour leur contenu métallique.

Les journalistes n'ont pas été autorisés à s'approcher du site par crainte de nouvelles explosions.

La guerre, déclenchée en 2011 par la répression des manifestations antigouvernementales, a fait plus de 500.000 morts et déplacé plusieurs millions de personnes.

Un million de munitions explosives ont été utilisées durant cette période, selon des estimations internationales reprises par Handicap international.

Quinze millions de Syriens sont exposés aux munitions non explosées éparpillées sur l'ensemble du territoire après 14 ans de guerre civile, d'après la même source.

"C'est un désastre absolu", s'est émue Danila Zizi, responsable du programme Syrie de HI, lors d'un entretien avec l'AFP.

Alors que 800.000 déplacés internes et 280.000 réfugiés sont rentrés chez eux en Syrie depuis la chute en décembre de Bachar al-Assad, selon l'ONU, ce phénomène "constitue une menace sérieuse pour la sécurité des civils" et aura des "conséquences sur les efforts de redressement du pays", déplore HI.


L'aéroport international de Beyrouth, dernière poudrière du conflit entre Israël et l'Iran

L'interdiction par le Liban de deux vols de Mahan Air a déclenché des manifestations pro-Hezbollah et une attaque contre un convoi de la Finul, à la lumière des préparatifs pour les funérailles de Hassan Nasrallah. (AFP)
L'interdiction par le Liban de deux vols de Mahan Air a déclenché des manifestations pro-Hezbollah et une attaque contre un convoi de la Finul, à la lumière des préparatifs pour les funérailles de Hassan Nasrallah. (AFP)
L'interdiction par le Liban de deux vols de Mahan Air a déclenché des manifestations pro-Hezbollah et une attaque contre un convoi de la Finul, à la lumière des préparatifs pour les funérailles de Hassan Nasrallah. (AFP)
L'interdiction par le Liban de deux vols de Mahan Air a déclenché des manifestations pro-Hezbollah et une attaque contre un convoi de la Finul, à la lumière des préparatifs pour les funérailles de Hassan Nasrallah. (AFP)
Les forces anti-émeutes de l'armée libanaise dispersent les manifestants du Hezbollah qui tentent de bloquer la route de l'aéroport international de Beyrouth, le 15 février 2025 (AFP).
Les forces anti-émeutes de l'armée libanaise dispersent les manifestants du Hezbollah qui tentent de bloquer la route de l'aéroport international de Beyrouth, le 15 février 2025 (AFP).
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  •  La décision du Liban de bloquer les vols iraniens déclenche des manifestations en faveur du Hezbollah, alors que les États-Unis et Israël tentent de réduire le financement du groupe
  • Les analystes avertissent que l'escalade des tensions pourrait raviver la guerre avec Israël, le Hezbollah risquant plus qu'il ne peut se le permettre

LONDRES: Quelques semaines après que le Liban a formé son premier gouvernement en plus de deux ans, offrant une lueur d'espoir à ce pays en crise, la décision de bloquer les vols commerciaux entre Beyrouth et Téhéran menace de relancer l'instabilité.

Le 13 février, le Liban a empêché un avion iranien d'atterrir à l'aéroport international Rafic Hariri après qu'Israël a accusé le Corps des gardiens de la révolution islamique d'Iran d'utiliser des vols commerciaux civils pour acheminer clandestinement des fonds au Hezbollah.

Téhéran a rapidement riposté en bloquant les vols libanais.

Le timing de cette querelle la rend particulièrement délétère. Le Liban devrait recevoir des dizaines de milliers de visiteurs dimanche pour les funérailles du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, tué lors d'une frappe aérienne israélienne le 27 septembre.

L'interdiction par le Liban des vols iraniens a suscité des protestations parmi les partisans du Hezbollah, qui ont bloqué la route menant à l'aéroport, se sont heurtés à l'armée libanaise et ont même attaqué un convoi transportant des soldats de la paix de l'ONU, incendiant un véhicule et en blessant deux.

Makram Rabah, professeur adjoint à l'Université américaine de Beyrouth, estime que la décision du nouveau gouvernement libanais de bloquer les vols iraniens va au-delà des efforts déployés pour lutter contre la contrebande de fonds illicites.

«Je crois sincèrement qu'il ne s'agit pas seulement d'une question de contrebande d'argent, ce que les Gardiens de la révolution iraniens tentent de faire, mais qu'il y a aussi des armes en jeu», a-t-il déclaré à Arab News.

Les manifestants du Hezbollah brandissent un portrait encadré de leur chef Hassan Nasrallah lors d'un rassemblement le long de la route de l'aéroport international de Beyrouth, le 15 février 2025. Ils sont entourés par des soldats de l'armée libanaise  (AFP)

«Les autorités libanaises ont été exhortées par la communauté internationale, en particulier par les États-Unis, à adopter une position ferme à cet égard.»

Les vols iraniens atterrissant à Beyrouth étaient déjà soumis à des inspections strictes, qui ont également été étendues aux vols en provenance d'Irak afin d'empêcher que des fonds illicites ne parviennent au Hezbollah via le voisin iranien, a rapporté le journal Asharq Al-Awsat.

Au début du mois, Iraqi Airways a annulé un vol régulier en provenance de Bagdad, les sources aéroportuaires de Beyrouth évoquant soit une protestation contre les mesures de sécurité renforcées, soit des problèmes logistiques.

Cette décision a été prise après qu'un transporteur iranien a été soumis à des contrôles de sécurité rigoureux à l'aéroport de Beyrouth le mois dernier, car on le soupçonnait de transporter des fonds destinés au Hezbollah.

Ces mesures «sont nécessaires compte tenu de la récente guerre au Liban et de l'engagement du Liban à respecter les protocoles de sécurité convenus avec les États-Unis», qui ont contribué à négocier le cessez-le-feu du 27 novembre entre Israël et le Hezbollah, a déclaré à Asharq Al-Awsat une source chargée de la sécurité de l'aéroport.

Il s'agit de «mesures préventives» destinées à empêcher le seul aéroport international du Liban de devenir une cible potentielle d'attaques israéliennes, a ajouté la source.

De telles mesures pourraient également refléter les nouvelles réalités politiques au Liban depuis que le Hezbollah a été battu par Israël au cours du conflit qui a duré un an et qui a vu la direction de la milice amputée de ses dirigeants. Son arsenal, autrefois redoutable, a été considérablement réduit.

Des partisans du mouvement islamiste chiite libanais Hezbollah jettent des pierres lors d'affrontements avec les forces anti-émeutes de l'armée libanaise sur la route de l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, le 15 février 2025. (AFP)

Yeghia Tashjian, coordinateur du groupe des affaires régionales et internationales à l'Institut Issam Fares pour la politique publique et les affaires internationales à l'Université américaine de Beyrouth, pense que le Liban est «entré dans une nouvelle ère» depuis le cessez-le-feu.

«Malheureusement, peu de gens sont conscients des conséquences et des étapes qui auraient suivi la signature de l'accord de cessez-le-feu du 27 novembre», a déclaré M. Tashjian à Arab News.

«Le Liban est entré dans une nouvelle ère où le gouvernement subit d'énormes pressions de la part des États-Unis et d'Israël. On a le sentiment que la reconstruction et l'aide occidentale seront conditionnées à des réformes et à la mise en œuvre complète de la résolution 1701».

Le cessez-le-feu conclu sous l'égide des États-Unis exigeait la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée pour mettre fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah. Elle demandait au Hezbollah de se déplacer au nord du fleuve Litani et à l'armée libanaise et aux forces de maintien de la paix de l'ONU de se déployer dans le sud.

L'accord du 27 novembre exigeait également que les troupes israéliennes se retirent du Liban dans les 60 jours. Cependant, un grand nombre d'entre elles restent dans les villes frontalières. En outre, l'organisation Armed Conflict Location and Event Data Project a enregistré 330 frappes aériennes et bombardements israéliens entre le 27 novembre et le 10 janvier.

La résolution 1701 avait permis de maintenir une paix relative dans la région jusqu'à ce que l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas contre le sud d'Israël déclenche la guerre à Gaza. En soutien à ses alliés du Hamas, le Hezbollah a commencé à tirer des roquettes sur le nord d'Israël, déclenchant des affrontements transfrontaliers qui ont rapidement dégénéré.

Au cours du conflit, Israël a demandé aux compagnies aériennes iraniennes et irakiennes de ne pas atterrir à Beyrouth, car elles étaient soupçonnées de transporter des fonds et des armes au Hezbollah. Ces compagnies aériennes ont d'abord refusé, mais ont repris leurs vols après le cessez-le-feu du 27 novembre.

Toutefois, à la suite d'un avertissement lancé la semaine dernière par les États-Unis, selon lequel Israël pourrait abattre des transporteurs commerciaux iraniens entrant dans l'espace aérien libanais, Beyrouth a interdit deux vols de Mahan Air, ont déclaré des responsables de la sécurité libanaise à l'agence de presse AFP.

Téhéran a condamné les menaces israéliennes en les qualifiant de «violation du droit international» et a appelé le 14 février l'Organisation de l'aviation civile internationale à «mettre fin au comportement dangereux d'Israël contre la sûreté et la sécurité de l'aviation civile».

liban

Malgré les appels du Hezbollah et de l'Iran à revenir sur cette interdiction, les autorités libanaises sont allées plus loin lundi en prolongeant indéfiniment la suspension des vols à destination et en provenance de l'Iran, qui devait initialement être levée le 18 février, en raison des menaces israéliennes de bombarder l'aéroport de Beyrouth.

Tashjian, de l'Institut Issam Fares, estime que l'interdiction doit être considérée dans le contexte plus large des efforts visant à démanteler le Hezbollah et d'autres groupes armés non étatiques au Liban.

Un membre des forces anti-émeutes de l'armée libanaise tire un coup de fusil alors qu'elles tentent de disperser une tentative organisée par le Hezbollah de bloquer la route de l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, le 15 février 2025. (AFP)

«La mise en œuvre de la résolution 1701 ne concerne pas uniquement la zone située au sud du fleuve Litani, comme beaucoup le pensent», a-t-il déclaré. «En lisant attentivement le nouvel accord, en particulier le premier paragraphe, il est clair que toute forme de force non autorisée doit être démantelée.»

«C'est dans ce contexte que la pression sur le Hezbollah augmente. Dans les semaines à venir, nous pourrions assister à des pressions supplémentaires, principalement sur les entreprises de micro-finance affiliées au Hezbollah.»

L'universitaire et analyste libanais Rabah estime que le nouveau gouvernement de Beyrouth «doit faire le ménage et se montrer plus agressif dans la défense de sa souveraineté».

La question de l'aéroport et son enchevêtrement dans la lutte régionale pour le pouvoir n'est qu'une phase, a-t-il déclaré, ajoutant qu'«il y aura d'autres façons de défier le Hezbollah, et le Hezbollah ripostera certainement en défiant l'État».

«Il s'agit pour le Hezbollah, ainsi que pour Nabih Berri (président du Parlement) et Haraket Amal (le mouvement Amal), de reconnaître que leurs armes ne sont plus une option – et c'est fondamentalement l'un des défis les plus difficiles à relever.»

Des soldats israéliens passent devant des armes et d'autres équipements pris aux combattants du Hezbollah dans le sud du Liban l'année dernière. (AFP)

Toutefois, il est peu probable que ce changement se produise immédiatement, estime Firas Modad, analyste du Moyen-Orient et fondateur de Modad Geopolitics.

«Le Hezbollah et ses partenaires cherchent à montrer qu'ils conservent un pouvoir national important et agissent pour empêcher toute idée de désarmement du groupe», a déclaré M. Modad à Arab News.

«Ils ont utilisé l'aéroport de Beyrouth, un point de pression international et très important, pour ce faire. Leur excuse est que le Liban a interdit les vols iraniens en raison des menaces israéliennes.»

«Il convient toutefois de noter que les vols étaient interdits même lorsque le Hezbollah contrôlait le ministère libanais des Travaux publics et des Transports.»

Cette photo prise le 29 juillet 2024 montre des passagers regardant l'écran des horaires des vols à l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth après que leurs vols ont été retardés ou annulés au milieu des combats entre le Hezbollah et les forces israéliennes. (AFP)

Il a ajouté: «L'Iran et le Hezbollah semblent avoir décidé de faire pression sur les nouvelles autorités libanaises dès le début pour s'assurer que les chiites ne sont pas exclus politiquement.»

«C'est étrange car les partis chiites (Hezbollah et Amal) ont pu choisir leurs ministres de la même manière que tous les autres partis (ont été) représentés dans le nouveau cabinet.»

Si le nouveau cabinet libanais semble avoir mis le Hezbollah sur la touche, le groupe et son allié Amal, dirigé par Berri, ont été autorisés à nommer quatre des 24 ministres, dont le ministre des Finances Yassin Jaber – l'un des postes les plus convoités du gouvernement.

Cette décision a été prise après que l'envoyé adjoint de Washington pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus, a déclaré le 7 février, après avoir rencontré le président Joseph Aoun, que les États-Unis rejetaient l'idée d'une participation du Hezbollah au gouvernement libanais.

Le président Joseph Aoun (au centre) rencontre l'envoyée spéciale adjointe des États-Unis au Moyen-Orient Morgan Ortagus (3e à gauche) au palais présidentiel de Baabda, à l'est de Beyrouth, le 7 février 2025. (Photo distribuée par l'AFP)

Modad estime «qu'il est très probable que le Liban restera soumis à une forte pression internationale et aux menaces israéliennes pour empêcher le Hezbollah de se refinancer, de financer la reconstruction et de se réarmer».

«Le Hezbollah n'a pas la capacité d'affronter Israël ou l'Occident pour empêcher cela», a-t-il ajouté. «Il s'attaque donc au maillon le plus faible, c'est-à-dire à ses partenaires et rivaux nationaux au Liban.»

Qualifiant cette tactique d'«extrêmement imprudente», M. Modad a déclaré: «Le Hezbollah sait qu'il risque une guerre sur trois fronts, contre ses rivaux intérieurs, Israël et les milices djihadistes syriennes.»

Il a ajouté: «La rhétorique utilisée par le Hezbollah pour justifier ses actions est qu'il est de la responsabilité de l'État de reconstruire le Liban et d'affronter Israël.»

Sur cette photo prise le 26 novembre 2024, des secouristes libanais arrivent sur le site d'une frappe aérienne israélienne qui a visé un bâtiment dans la capitale Beyrouth, dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AFP)

«Le Hezbollah sait très bien que l'État libanais n'a pas cette capacité, ni pour financer la reconstruction, ni pour défier militairement Israël. Et si Israël attaque l'aéroport, cela pourrait relancer la guerre et entraîner des dégâts encore plus importants.»

«Simplement, le Hezbollah prend le risque d'une escalade qu'il ne peut pas se permettre. Il est blessé et tient donc à montrer qu'il reste fort. Cela pourrait entraîner des conflits non calculés qui porteraient gravement atteinte au Liban – et au Hezbollah.»

Faisant écho au point de vue de Modad, Tashjian, de l'Institut Issam Fares, a déclaré que le Liban n'était pas en mesure de résister aux exigences américaines.

«Les ressources du Liban, en particulier après la guerre suicidaire, sont limitées», a-t-il déclaré. «Beyrouth ne peut donc pas résister à la pression américaine, notamment en raison des changements régionaux et de la réticence de l'Iran à soutenir ses alliés non étatiques.»

Le Liban, qui souffre toujours d'une crise financière débilitante qui s'est emparée du pays depuis 2019, était déjà paralysé par des années de déclin économique, de paralysie politique et d'autres crises avant la guerre du Hezbollah contre Israël.

Pour aller de l'avant, M. Tashjian estime que «le Liban a besoin d'une diplomatie proactive». Il s'agit notamment de mettre en œuvre la résolution 1701 et de s'engager avec les États-Unis, tout en travaillant «avec les dirigeants chiites pour s'assurer que ces politiques n'isolent pas la communauté».

Des voyageurs devant prendre un vol à l'aéroport international de Beyrouth le 15 février 2025 marchent avec leurs bagages alors que des partisans du Hezbollah bloquent la route menant à l'aéroport le 15 février 2025 (AFP).

En outre, il suggère de proposer des solutions alternatives pour remédier aux perturbations des vols, telles qu'un engagement avec l'Iran pour assurer les vols de la compagnie nationale libanaise, Middle East Airlines, ou l'inspection des vols iraniens à l'arrivée à Beyrouth.

«Une politique étrangère équilibrée est nécessaire pour prévenir toute explosion sociale et politique au Liban», a-t-il déclaré.

«Les provocations militaires israéliennes et les violations du cessez-le-feu se poursuivent, tandis que le Hezbollah s'efforce de comprendre la situation d'après-guerre et de convaincre son public que le pays est entré dans une nouvelle ère, différente de celle de l'après-guerre de 2006.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com