MARSEILLE: Dans une actualité rythmée par les conflits, le Festival de Marseille propose, à partir de vendredi, 24 spectacles de chorégraphes français et étrangers pour repenser l’expression de cette violence à travers l’art et la danse.
Des scènes de théâtre à l'archipel du Frioul, pour un opéra maritime face à la deuxième ville de France, en passant par des parcs et friches, 18 lieux singuliers accueilleront représentations de danse et performances mais également ateliers et projections des quatre coins du monde du 14 juin au 6 juillet.
Le chorégraphe israélien Emanuel Gat, présentera Freedom Sonata, sa nouvelle création et première œuvre marseillaise, comme une ode sensible et lumineuse à sa ville d'accueil et à la culture méditerranéenne.
Reconnu mondialement après ses 30 ans de carrière qu'il fête cette année, il est aussi connu pour ses prises de positions critiquant la politique israélienne à l'égard des Palestiniens. Lors de la représentation de Story Water au festival d'Avignon en 2018, il avait projeté des statistiques sur la situation à Gaza.
La chorégraphe Robyn Orlin d'Afrique du Sud, Botis Seva et Nivine Kallas du Liban ou encore la chorégraphe et danseur belges Anne Teresa de Keersmaeker et Radouan Mriziga sont aussi à l'affiche.
Chaque année, un spectacle "déborde" en associant les habitants de Marseille, explique aussi Marie Didier, directrice du Festival de Marseille depuis 2022.
Pour cette édition 2024, Maryam Kaba, danseuse, chorégraphe et activiste franco-ivoirienne, et Marie Kock, journaliste et autrice, présentent Joie UltraLucide.
Sur la scène, vingt femmes d’âges, de cultures et de milieux différents qui se sont rencontrées à la Maison des femmes, lieu d’accueil pour personnes vulnérables et victimes de violence, libèrent le corps et la parole.
Autre temps fort du festival, la première représentation à Marseille de la pièce Age of Content de (La)Horde, ballet national de la ville, et collectif qui a contribué entre autres derrière le Celebration Tour de Madonna l'année dernière.
Connecter l'ici et l'ailleurs
Ils interrogent la danse à l’ère d’internet et en particulier de tous les flux d'images, de sons, de mouvements et de contenus qui nous traverse tous les jours et partout.
Ce qui ressort, dans la programmation du festival c'est "comment, dans un monde qui est violent, les artistes trouvent des outils et des véhicules à travers l'art, pour représenter la violence et la mettre à distance", déclare à l'AFP Marie Didier, directrice du festival.
Pour être accessible au plus grand nombre dans une ville où le taux de pauvreté dépasse les 50% dans certains quartiers, le festival applique un tarif très bas pour les billets (10 euros) avec des réductions de 5 euros aux étudiants et moins de 12 ans et propose des places à un euro via les partenaires de la billetterie solidaire.
Une accessibilité qui passera aussi par un gros travail fait pour que les personnes atteintes d'un handicap aient leur place: audio-description ou souffleurs d'images, personnes chuchotant une description à l'oreille pour les malvoyants, gilets vibrants pour mieux ressentir les sensations pour les malentendants.
"La spécificité du festival, c’est d'essayer de connecter les gens, ceux qui viennent de très loin et ceux qui sont ici, ceux qui sont loin des scènes et ceux dont c’est le quotidien. Être dans toute la ville, ça connecte aussi les gens à l’art, les projets passent près de chez eux", souligne Marie Didier.